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Chapitre V : Le Pacte de Chair et d'Or

Author: Audrey sih
last update Last Updated: 2025-06-18 01:26:19

Chapitre V

(Aube chez les Adjoke - 5h17)

Le coq n'avait pas encore chanté qu'Eniko était déjà réveillée, les yeux rivés sur le plafond fissuré de sa chambre d'enfance. Les trois nuits depuis leur "accord" avaient transformé son lit en champ de bataille - draps en boue, oreiller marqué de larmes séchées.

Un bruit de casserole dans la cuisine lui fit dresser l'oreille. Sa mère était debout depuis l'aube, comme si préparer du gari pouvait changer leur destin.

Bzzz.

Son téléphone vibra.

Kenneth - 5:23.

"Sois présentable. Ma famille n'adopte pas les chiens errants."

Elle serra l'appareil jusqu'à craquer l'écran protecteur.

(Rituel du Matin - 6:45)

Sa mère la brossa comme une enfant, les dents serrées.

— "Redresse-toi. Ils t'achètent, pas besoin de leur montrer ta honte en plus."

Le peigne en os accrocha à une natte rebelle. Eniko ne broncha pas. Depuis trois jours, la maison sentait le mensonge et l'huile d'arachide brûlée.

— "Kévi dort encore ?"

— "À l'église depuis 5h," cracha son père depuis la porte. "Le seul Adjoke qui ait du repentir."

Le regard qu'ils échangèrent aurait pu vitrifier les murs.

(Arrivée des Mayala - 8h30 précises)

Le cortège fit trembler les vitres :

- 2 Range Rover blindés

- 1 Mercedes noire aux vitres teintées

- 4 motards policiers (payés pour l'occasion)

Kenneth sortit une cravate en soie remplacée par un boubou en coton d'apparence modeste - un déguisement de "homme du peuple" pour la galerie.

— "Ma future femme," annonça-t-il à la cantonade en lui saisissant le poignet trop fort.

Sa mère à lui, Madame Hortense Mayala, la détailla comme on juge une pièce de bétail :

— "Les hanches sont étroites. On fera des échographies mensuelles."

(Cérémonie des Ancêtres - 10h00)

Sous le hangar décoré de pagnes kente, Eniko dut :

1. S'agenouiller 17 fois (un record)

2. Boire une mixture qui lui brûla l'œsophage

3. Jurer fidélité devant un féticheur aux ongles jaunis

Kenneth, pendant ce temps, jouait les maris comblés. Personne ne vit quand il lui glissa :

— "Demain 8h à la clinique. Et pour une fois, lave-toi. Tu pues la pauvreté."

Elle sourit pour les invités tout en murmurant :

— "C'est drôle, je me suis pourtant frottée à ton père ce matin. Oh pardon, c'était toi ? Difficile à distinguer sous la crasse de votre argent sale."

Le coup de coude qu'il lui enfonça dans les côtes passa pour une caresse.

(Repas de Fiançailles - 13h30)

Le banquet aurait pu nourrir le quartier :

- 20 kilos de viande de brousse

- Du riz au gras en montagnes

- Des bouteilles de champagne à faire rougir la France

Eniko, assise entre la tante germaine et une cousine jalouse, compta :

- 23 regards méprisants

- 7 allusions à sa "fertilité douteuse"

- 1 main de Kenneth sur sa cuisse (qu'elle écrasa avec une fourchette)

Les Mayala partirent enfin, non sans que Madame Hortense ne "oublie" délibérément un chèque de 5 millions sur la table basse - assez pour acheter leur silence, pas assez pour effacer leur honte.

(7h15 - Quartier Akpakpa, devant la maison des Adjoke)

Le soleil n'avait pas encore dissipé la brume matinale quand la Bentley noire s'arrêta dans un crissement de pneus devant la modeste maison. Le chauffeur, un géant au cou de taureau, toqua trois fois à la porte avant même qu'Eniko n'ait fini d'enfiler ses chaussures.

"Vous êtes en retard", grogna-t-il en inspectant sa tenue - une robe en soie vert émeraude que Kenneth lui avait fait livrer la veille. Le tissu la démangeait comme une seconde peau mensongère.

Dans la cuisine, son père évitait son regard en sirotant un café trop noir. Sa mère, les yeux rougis, lui tendit un toast à moitié brûlé.

"Mange. On sait jamais avec ces gens-là..."

Eniko écrasa la tartine du poing.

"T'inquiète maman, ton précieux investissement ne mourra pas de faim avant d'avoir pondu l'héritier."

Le silence qui suivit fut plus lourd que toutes les insultes.

(8h03 - Couloirs de la Clinique Suisse)

Les talons aiguilles claquaient sur le marbre poli, chaque écho lui martelant le crâne. Kenneth l'attendait devant l'ascenseur, un dossier à la main, vêtu d'un costume trois pièces qui coûtait probablement le loyer annuel de ses parents.

"T'avais prévu de venir en clocharde ou c'est juste ton nouveau look ?" lança-t-il en lui jetant un coup d'œil méprisant.

Elle sentit la colère lui monter comme une marée noire.

"Excuse-moi, j'ai oublié que ton sperme magique nécessitait une mise en scène. Ça te dérange si je respire aussi, ou il faut que je demande la permission ?"

Les infirmières baissèrent les yeux, gênées. Kenneth lui attrapa le coude avec une brutalité feutrée.

"Tu vas te tenir à carreau, ou je fais transférer ton frère à la prison centrale ce midi même."

(9h17 - Bureau du Dr. Lissouba)

Le médecin avait le sourire lisse des hommes habitués à servir les puissants. Il étala les résultats devant eux comme un marchand présentant sa marchandise.

"Excellente nouvelle ! Votre profil génétique est exceptionnellement compatible. Taux de réussite estimé à 97%."

Kenneth eut un sourire de requin.

"Entendez-vous ça, Adjoke ? Vous êtes enfin bonne à quelque chose."

Le stylo qu'Eniko serrait dans sa main craqua sous la pression.

"Et pour l'insémination artificielle ?" demanda-t-elle d'une voix qu'elle voulait neutre.

Le médecin échangea un regard avec Kenneth avant de se racler la gorge.

"Malheureusement, le protocole standard prendrait six à huit mois. Or, les clauses successorales exigent..."

"Qu'on fasse ça comme des animaux, c'est ça ?" l'interrompit Eniko, la voix soudain tremblante.

Le bureau sembla basculer autour d'elle. Kenneth, lui, paraissait aussi détendu qu'en terrasse de café.

"Techniquement, trois fois suffiront probablement. Je suis fertile comme un lapin, tu verras."

La gifle résonna comme un coup de feu. Le médecin sursauta, Kenneth se contenta de passer une langue sur sa lèvre fendue, le regard brillant d'une satisfaction perverse.

"Tu préfères quoi ?" murmura-t-il. "Trois minutes de dégoût... ou quinze ans de prison pour ton frérot ?"

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