Le paysage s’éveille lentement, baigné d’un mélange de brume et de lumière. Le ciel, à la fois nuageux et bleu, laisse filtrer les premières lueurs d’un soleil paresseux. Sur les flancs du mont Kakoulima, les arbres verdissent, plus denses et luxuriants que jamais. Les cascades dévalent la montagne dans un tumulte puissant, se mêlant aux marigots comme des veines d’argent sur un corps vivant.
Coyah, cette ville à la fois majestueuse et discrète, s’étire à l’ouest de la Guinée Conakry, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Chaude, humide, débordante de vie et de contrastes, elle semble tissée entre les montagnes et la mer. Les bâtisses mêlent tradition et modernité : maisons en banco et villas en béton, mosquées aux minarets élancés, églises aux vitraux colorés, écoles vibrantes et bâtiments officiels qui veillent sur la ville comme des sentinelles immobiles.
La brise de décembre souffle doucement, chargée de l’haleine sèche de l’harmattan. Dans le quartier calme de Coyah Centre, une maison se dresse, fière et isolée sur une falaise. C’est celle des Diallo. Une demeure carrelée de blanc, ornée de vitres teintées et ceinte d’une haute clôture. Cinq chambres, un vaste salon aux fauteuils verts à dossier haut, une étagère débordante de corans, des murs blancs rehaussés de vert. Le carrelage scintille. L’intérieur respire l’ordre, la foi et la rigueur.
Dans l’une de ces chambres, une silhouette fine se redresse lentement. Nora. Elle écarte la couverture blanche de coton et pose ses pieds nus sur le sol froid. Son lit, sculpté avec finesse, semble sortir d’un conte peul. Ses longs cheveux noirs glissent jusqu’à ses reins. Son visage, typique de Dalaba, porte la noblesse tranquille des hauts plateaux : grands yeux tombants, nez aquilin, lèvres pleines, peau claire et luisante.
Sans un mot, elle entre dans la salle de bain attenante. L’eau tiède coule, puis les gestes rituels prennent le relais. Ablutions. Robe longue, hijab soigneusement ajusté. Elle déroule son tapis de prière, fait face à la Qibla et lève les mains. L'appel d’Allah s’élève dans le silence de l’aube. Puis, assise près de son lit, elle ouvre le Coran à la sourate 47. Sa voix basse, rythmée et posée, s’élève dans l’intimité du matin.
Mais au salon, une voix brise cette paix.
— Cette paresseuse est toujours au lit ! NORA !
Fatima. La tante. Une femme imposante, élancée malgré ses rondeurs, le visage ovale, des yeux rieurs et inquisiteurs à la fois. Sa peau, aussi claire que celle de Nora, brille dans la lumière dorée. Elle s’installe dans le fauteuil et boit une gorgée d’eau avant de reprendre.
— Nora ! Tu dors encore ?
— Oui, ma tante, répond la voix calme de la jeune fille, mêlée d’une légère appréhension.
« Mon Dieu », pense-t-elle. « Encore éveillée, elle ne me laissera jamais terminer une page. »
Elle range précipitamment son tapis, referme son Coran avec douceur, puis ouvre la porte qui grince légèrement. Nora traverse le salon, la tête baissée.
— Bonjour ma tante.
— Combien de fois t’ai-je dit de te lever tôt ? gronde Fatima.
— J’étais réveillée… Je lisais juste…
— Je lisais ! répète sa tante en l’imitant d’un ton moqueur. Allez, le soleil n’attend pas.
— D’accord, ma tante.
Une voix joyeuse dévale l’escalier.
— Je viens avec toi !
C’est Khadija, surnommée affectueusement Lulu. Elle attrape la rampe noire et descend les marches, son sourire éclatant illuminant son visage brun. Ses cheveux crépus glissent sur ses épaules, sa robe longue lui donne une allure gracieuse.
— Lulu ! s’exclame Nora avec tendresse.
— Combien de fois t’ai-je dit de ne pas appeler ma fille ainsi ? lance Fatima sèchement. Son nom est Khadija !
Nora baisse les yeux, mordillant sa lèvre.
— Désolée, ma tante.
— Maman, j’aime quand elle m’appelle Lulu, proteste Khadija.
— Tu retournes dans ta chambre et tu prends un bain, tout de suite.
— Mais maman...
— Lu… je veux dire Khadija, écoute-la. Vas-y, dit doucement Nora.
Khadija fait la moue, les bras croisés, mais obéit. Puis Nora se dirige vers la cuisine, au fond du couloir. Elle n’a pas encore franchi le seuil qu’une voix grave la fait sursauter.
— Je n’aime pas quand tu travailles.
Elle se fige. Son cœur s’emballe. Ses yeux balayent la cuisine. Personne. Et pourtant… elle sent une présence. Une chose qui ne vient pas de ce monde.
— Oh, n’aie pas peur, dit à nouveau la voix.
Et il apparaît.
Un être aux contours flous, presque translucide. Grand, magnifique, inquiétant. Ses vêtements sombres flottent autour de lui. Ses yeux verts brillent d’une lumière surnaturelle, son visage est d’une beauté troublante, presque irréelle. Il ne semble pas appartenir à l’humanité.
Nora recule, paniquée.
— Il est le Très-Haut, le Plus Grand, murmure-t-elle d’une voix tremblante.
Elle récite le verset 255 de la sourate Al-Baqara. L’air vibre. Le djinn porte les mains à ses oreilles, grimace, recule.
— Arrête, arrête ! hurle-t-il, furieux. Pourquoi fais-tu ça ?
— Ne t’approche pas de moi, Lyés, lance Nora, le regard fixe.
Il fait un pas en arrière, ses yeux toujours rivés sur elle.
— Tu me rejettes toujours. Mais je reviendrai. Accepte-moi, et je te donnerai tout ce que tu désires.
La jeune fille ferme les yeux. Sa voix se fait plus ferme, plus ancrée :
« Je cherche la protection du Seigneur des hommes,
Le Souverain des hommes, Dieu des hommes, contre le mal du mauvais conseiller, furtif, qui souffle le mal dans la poitrine des hommes, qu’il soit un djinn ou un être humain. »Lyés recule encore. Une lueur de rage passe dans ses yeux avant qu’il ne disparaisse, comme aspiré par l’ombre d’un mur.
Seule dans la cuisine, Nora tremble encore. Mais son cœur est calme. Elle sait que ce n’est que le début.
Elle lit, la voix tremblante mais ferme, les versets de la 114e sourate du Coran. Les mots sacrés glissent de ses lèvres comme une prière de feu. Son cœur bat si fort qu’elle a l’impression qu’il résonne dans toute la pièce. Elle a beau s’être habituée à sa présence, cette terreur sourde ne l’a jamais quittée. Il est là. Encore.
En face d’elle, Lyés, le jeune homme aux traits presque irréels, la regarde. Une larme glisse le long de sa joue. Il semble bouleversé, mais Nora ne s’arrête pas. Plus elle récite, plus sa voix s’affermit.
— Tu n’es pas fatigué de ruiner ma vie ? lance-t-elle d’une voix tranchante.
Lyés esquisse un sourire glacial. Ses yeux d’un noir insondable brillent d’une étrange intensité.
— Je protège juste ce qui m’appartient. Je ne partage pas, Nora. Je ne peux pas t’approcher aujourd’hui… mais je peux te surveiller.
— Je ne t’appartiens pas, réplique-t-elle avec fureur.
Le sourire de Lyés s’élargit. Il s’avance lentement, chaque mouvement dégageant une élégance presque inhumaine.
— Je sais que tu aimes les hommes aux cheveux longs. Regarde, je les laisse pousser pour toi. Joli, non ? Je suis le plus bel homme de la terre, avoue-le.
Et il dit vrai. Sa beauté est envoûtante, presque surnaturelle. Mais cela s’explique : il n’est pas un homme. Il est un djinn. Un être d’un autre monde, dangereux, insaisissable. Pourtant, il revient toujours vers elle. Mais pourquoi ? Que veut-il réellement ? De l’amour… ou le contrôle ?
— Je suis le futur roi de ma tribu, Nora. Et toi, tu es ma reine.
Elle le fixe, le cœur glacé.
— Lyés… pourquoi ne choisis-tu pas une autre voie ? Rejoins l’Islam. Cherche le bien. Ne vois-tu pas qu’il est encore temps ?
Il éclate de rire, un rire profond, inquiétant.
— Je suis un dieu sur cette terre, Nora. Pourquoi voudrais-tu que je me prosterne ?
À cet instant, un bruissement derrière elle la fait sursauter. La vieille Fatima vient d’entrer dans la cuisine. Elle s’arrête net, fronçant les sourcils en voyant sa nièce parler seule, les yeux fixés sur un point invisible.
— À qui tu parles, ma fille ? demande-t-elle, méfiante.
Nora tourne vivement la tête, déstabilisée.
— Euh… à… à personne, tata, répond-elle en bégayant.
Fatima regarde autour d’elle, mais ne voit rien. Le silence dans la cuisine semble s’épaissir. Elle cligne des yeux, puis reprend d’un ton bourru :
— Tu as fini de cuisiner au moins ?
Nora va répondre non, confuse, mais son regard tombe sur la marmite électrique… pleine. Elle écarquille les yeux. Elle est certaine de n’avoir encore rien préparé. La nourriture fume comme si elle venait tout juste d’être servie. Elle déglutit difficilement.
Et alors, elle le voit : Lyés tourne autour de sa tante, la regardant de haut en bas avec une attention inquiétante. Nora sent la panique l’envahir.
— Va nettoyer la table, dépêche-toi, ordonne Fatima en s’éloignant.
— Oui, tout de suite.
Mais dans son mouvement, la vieille dame heurte Lyés. Il s’immobilise. Son regard se durcit, noir de colère. Nora sent son sang se glacer. Elle le connaît assez pour savoir qu’il ne pardonne jamais.
— Lyés… s’il te plaît, elle ne t’a pas vu. Ne lui fais rien. Pardonne-lui. Je t’en supplie.
Il la fixe longuement, ses pupilles brillant d’un éclat étrange, puis souffle doucement :
— Je ne pardonne jamais… mais si c’est toi qui le demandes, alors… je le fais pour toi.
Et il disparaît, comme s’il n’avait jamais été là, avalé par les murs, l’air, le silence.
Nora reste figée, le cœur battant. Elle sait que ce n’est qu’un répit. Il reviendra. Toujours.
C'est très vite que Khadija cours vers sa mère, s'assoit à côté d'elle et la secoue sans qu'elle ne réagisse, son cœur commence alors à battre de peur, puis elle dit : —Papa, je crois que quelque chose est arrivé à maman. Elle a dit avec les larmes aux yeux. La joie de tout le monde disparaît, ils s'approchent tous de Fatima pour s'occuper d'elle, car même si elle est méchante, elle reste reste quand un membre de la famille Diallo. Ils la transporte dans sa chambre et appelle le docteur, alors qu'il sont tous dans la chambre, Nora est assise au chevet de sa tante, pour la première fois le jeune Nacim constate que Nora ressemble de trop à sa tante sûrement parce que Fatima et Djamila se bagaraient pendant la grossesse, les deux se battaient tous les jours voilà pourquoi le père de Nora avait fini par chasser sa sœur de chez lui pour qu'elle puisse rentrer chez leurs défunt parents et Fatima continue de garder cette haine. C'est après dix minutes que le docteur arrive, il ausculte Fat
La jeune fille s'approche de son bien aimé, le touche, puis le regarde dans les alors que l'inquiétude remplie ses yeux. — Tu vas bien ? Elle a demandé. — Oui. Il a répondu, puis il dit : ce n'est qu'un chien. — Il aurait pu te mordre tu sais. Elle a ajouté. — Oui, mais tu m'as protégé. Dit-il. Elle sourit et rougit en même temps, elle s'accroche à sa main et ils prennent la route pour partir, cependant Nora se continue de savoir la cause de la venu de ce chien enragé, elle n'a pas la tête tranquille. C'est après quelques minutes qu'ils arrivent à la maison des Diallo sur la falaise. Nacim dépose le panier sur les petites marches et s'assoit juste à côté, la jeune fille prend ses vêtements pour les accrochés sur les cordes dans la cour afin qu'ils sèchent, le jeune homme la contemple travailler en souriant et en lui prenant en photo. Djamila sort de la maison avec le téléphone de Nora à la main, elle regarde sa fille travailler et dit : — Te voilà enfin chérie, ton Ousta
Nora et Nacim se regardent avec amour leurs cœurs battant la chambre et leurs yeux petillant de joie, la jeune Khadija qui est très compréhensive les laisse seule, le jeune homme s'approche de Nora en lui souriant, la jeune fille baisse les yeux suivie de la tête, puis dit avec timidité : — Qu'est-ce que tu fais ici ? Elle a demandé. — Je suis venu voir comment tu vas, mais on m'a dit que tu es au marigot alors j'ai décidé de venir. Il a répondu. — Tu n'aurais pas dû, tu vas trempés le bas de tes vêtements avec tout cette eau qui coule. Dit-elle. — Oublie ça, pourquoi tu es venu ici ? Il l'a demandé, puis il ajoute : tu sais très bien que tu n'es pas complètement guéri et ce genre d'endroit est le demeure des djinn. — Ne t'inquiète pas, y'a Allah me protége. Elle a répondu. — Oui, je sais, mais il faut aussi faire attention parfois. Il rétorque. — Bon,bon, d'accord c'est promis. Elle lui a promis. Le regard de Nacim tombe sur le panier remplit de vêtements derrière Nora, il co
— Lâ ilâha illâ l-lahu Muhammad rassoulullah sa l-lalâhu wa aleihi wa Salam ( il n'y a pas d'autre divinité qu'Allah et Muhammad est son messager ). Djamila a dit sous le choc. — Oui. Rama a crié, puis elle avoue : c'est moi, je suis celle qui est derrière tout ça, je suis responsable de l'état Nora, j'ai toujours essayé de la tuer depuis son enfance. — Subuhana-Lah ( gloire et pureté à Allah). Nacim a dit. Nora s'est réveillée, elle s'assoit dans le lit la couverture sur ses genoux, elle continue de regarder Rama qui ne cesse de crier en avouant tout, elle est surprise, ses yeux se remplissent de larmes. Nacim fait signe à son père d'amener les femmes ailleurs c'est-à-dire sa mère, Djamila, Khadija et Nora pour qu'il puisse parler seul à seul avec Rama, son père attire leur attention des femmes en disant : — Et si on laissait Nacim faire son travail... Il n'a même pas fini de parler quand Djamila lui dit : — On ira nulle part d'accord. — Euh... d'accord. Nacim ferme
Il la fait sortir de l'hôpital, l'embarque dans sa voiture, monte aussi et démarre, alors qui conduit sur l'autoroute de Coyah, il la regardait à travers le rétroviseur, la voir dans un état aussi pitoyable fait fondre son cœur, il accélère en implorant y'a Allah de la garder pendant que la jeune à du mal à respirer. La famille Diallo le suit dernière dans la voiture de Mohammed. Nacim arrive chez lui au bout de quelques minutes, sort de sa voiture, soulève Nora et l'amène à l'intérieur, monsieur traverse le salon, entre dans sa chambre et dépose la jeune fille dans son lit, ses parents viennent le retrouver pour savoir ce qui ne va pas. — Fils, qu'est-ce qui s'est passé ? Son père a demandé. Il dépose les clés de sa voiture sur sa commode, retire son bourka de sa tête et regarde son père. — Papa, j'ai besoin d'un peu d'intimité, je te raconterais tout plus tard. Il a dit. — Tu es sûr de savoir ce que tu fais ? Je veux dire, tu n'as pas besoin de mon aide. Aboubakir a demandé. —
C'est avec la main gauche que Moussa a saisi le cou de Lyés et l'a soulevé. Le jeune Lyés était très faible à cause du blessure que le père de Nacim lui avait fait en plus de cela, il ne fait pas le poids contre Moussa qui est d'ailleurs plus âgé et plus fort que lui, il l'étrangle alors que le jeune Lyés essaye de retirer sa main sur son cou, mais il a beau essayer Moussa le tient fermement. — Ne t'avise plus jamais de te mettre sur mon chemin. Moussa a dit avec colère. Il jette Lyés avec force, ce dernier se cogne contre un arbre avant de tomber au sol et se casse le bras droite, le jeune djinn crie très fort sous l'effet de la douleur. La jeune Nora a sursauté quand elle a entendu les cris du jeune djinn, un vent frais la frappe et hisse son hijab, la peur envahit son corps. Les cris de Lyés réssonnent toujours dans ses oreilles couverts par son hijab, elle se lève, regarde la sortie et touche son cœur, elle a soudainement un mauvais pressentiment. Sa mère a remarqué son inquiètu