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Chapitre 2

ผู้เขียน: FatimaZakaria
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-06-14 17:24:31

Elle cligne lentement des yeux, encore un peu troublée, puis réalise : il est vraiment parti. Un soupir discret s’échappe de ses lèvres. Comment a-t-il pu parler de nourriture dans un moment pareil ?

Nora attrape une serviette, baisse la marmite sur le feu. Sa vie, elle-même peine à la décrire. Une vie d’ombres, de gestes silencieux, de regards fuyants.

— Noraaah !

La voix stridente de la grande tante Fatima fend l’air.

Sans perdre une seconde, elle met les aliments dans les glacières blanc et rose, éteint le poêle d’un geste rapide en appuyant sur l’interrupteur mural. Elle traverse le couloir étroit, la serviette posée sur l’avant-bras, les glacières calées contre ses hanches.

Dans la salle à manger, elle dispose tout sur la grande table sculptée entourée de ses six chaises. Elle installe chaque assiette, chaque cuillère, dans un silence millimétré. Sa tante, assise face à elle, l’observe sans cligner des yeux. Comme un rapace, prête à fondre à la moindre erreur.

Mais Nora ne fléchit pas. Elle se concentre, jusqu’à la dernière cuillère alignée. Puis, elle quitte la pièce pour monter à l’étage.

Les marches grincent sous ses pas. À droite, le couloir s’étire. Une, deux, trois chambres, puis la porte de son oncle. Elle frappe. Une fois. Deux. Trois. Enfin, il ouvre.

Un vieil homme en sort, la barbe si fournie qu’elle semble engloutir son visage. Chauve, les yeux noirs profonds, la peau foncée et marquée. Il sourit, un sourire fissuré mais sincère.

— Le petit-déjeuner est prêt, annonce Nora avec douceur.

— C’est toi qui as tout préparé ? s’étonne le vieil oncle Mohammed.

— Euh… Lulu devait m’aider, mais elle a pris son bain. Alors, j’ai fait vite.

— Elle doit t’aider, pourtant. KHADIJA !

— Ne t’inquiète pas, tonton. Elle m’aide tous les jours, ment-elle doucement, pour éviter la discorde.

— C’est vrai ? demande-t-il, dubitatif.

Nora détourne habilement :

— La nourriture va refroidir… Allons-y !

Elle attrape son bras, l’entraîne vers l’escalier. Il rit et lui pince le nez comme lorsqu’elle était plus petite. Elle répond par un sourire éclatant, ses dents blanches contrastant avec sa peau d’ébène.

Mais en bas, dès que les yeux froids de la tante croisent les siens, Nora lâche discrètement le bras du vieil homme. Elle s’éclipse vers la cuisine.

— Où tu vas ? lance Khadija derrière elle.

Elle hésite. Pas de réponse. Juste une pirouette :

— Commence à manger, je reviens.

Mais son oncle l’arrête : — Nora, viens t’asseoir.

Elle hoche la tête lentement. Les mains jointes, elle jette un regard à sa tante, dont les yeux brûlent d’agacement. Pourtant, elle s’approche. Tiraille une chaise. S’assoit prudemment. Ses doigts tremblent.

— Mange, lui dit gentiment Khadija.

Nora avance sa main. Mais elle sent le regard de feu sur sa nuque. Elle ne peut pas. Pas ici. Pas sous ces yeux-là. Alors, brusquement, elle se lève et s’enfuit dans la cuisine.

Khadija tente de la suivre. Sa mère l’arrête net.

— Je vais voir ce qu’elle a, décide le vieil homme.

— Elle n’a rien ! siffle Fatima.

— Papa… gémit Khadija, le regard inquiet.

— Je vais voir, répète Mohammed, déterminé.

Dans la cuisine, Nora fait semblant de laver les assiettes. L’eau coule. Elle frotte machinalement. Son oncle entre, soupire en la voyant.

— Pourquoi t’es-tu levée comme ça ?…

— Ne t’en fais pas, tonton. Je n’ai pas faim. Je dois finir mon travail et ensuite je pourrai me reposer un peu.

Elle évite ses yeux, mais son ton est assuré. Il sait qu’elle ment. Il le sent. Mais il sent aussi sa force. Sa dignité. Sa résilience.

Il lui caresse tendrement la tête.

— Tu es sûre ?

— Bien sûr. Va manger, tonton.

— N’oublie pas de manger, hein.

— Je ne vais pas oublier mon ventre, dit-elle avec un petit rire.

Il rit aussi. Il propose même de lui rapporter quelque chose en rentrant. Elle refuse avec un sourire doux. Elle sait que Fatima ne le permettrait jamais.

Une fois seule, Nora soupire. Sa tante ne cesse de lui rappeler qu’elle lui doit tout : un toit, un lit, une éducation. Mais en vérité, cette maison est une cage dorée. La routine y est faite de douleurs muettes et de silences forcés.

Pourtant, elle garde la foi. Une foi immense. Une lumière en elle. Elle croit fermement que sa vie changera. Allah veille.

L’après-midi passe à toute vitesse. Nora nettoie, range, balaie. À la fin, elle file dans sa chambre, prend une douche, fait ses ablutions. Elle s’habille : un hijab bleu assorti à sa tunique, des chaussettes noires. Non pas par froid, mais par respect.

Elle glisse le Coran dans son sac, l’accroche à son épaule. Prête pour le Marcage.

Juste au moment où elle s’apprête à sortir, son téléphone sonne. Elle tourne la tête.

Et elle sourit.

Le nom affiché sur l’écran illumine son visage.

Le vieux Mohammed lui rend son sourire et lui propose, comme souvent, de lui rapporter quelque chose en rentrant du travail. Nora refuse poliment  elle sait que sa grand-tante n’acceptera jamais. Mais le vieil homme insiste avec douceur. Elle lui sourit largement, le cœur réchauffé par tant de bonté, puis le regarde quitter la cuisine en traînant les pieds.

Sa grand-tante ne manque jamais de lui rappeler qu’elle lui doit la vie  qu’elle l’a sortie d’un endroit misérable pour lui offrir un toit, une chambre, une existence dans sa luxueuse maison. Pourtant, cette vie n’a rien d’un cadeau. C’est une routine d’amertume, un quotidien tissé de silence et de corvées.

Mais Nora est une fille pieuse, solidement ancrée dans ses convictions. Elle le sait, quelles que soient ses souffrances, un jour, tout changera. Allah le Tout-Puissant veille sur elle.

Elle termine la vaisselle, essuie ses mains, range les assiettes une à une. Sa cousine, la petite Khadija, veut l’aider à tout prix, mais la grand-tante s’y oppose fermement. Alors Khadija se contente de la regarder, les yeux pleins de compassion. Les deux filles se parlent sans un mot, un langage de regards tendres et silencieux.

La journée s’étire. Nora travaille sans relâche, matin et après-midi. Quand enfin elle regagne sa chambre, elle se sent lourde, vidée. Mais elle ne se laisse pas aller. Elle prend une douche, fait ses ablutions, puis s’apprête à se rendre au Marcage  ce lieu sacré où l’on étudie le Coran. Elle enfile un hijab bleu assorti à ses vêtements, des chaussettes noires bien remontées. Non, elle n’a pas froid. Elle respecte sa foi, chaque détail compte.

Elle glisse le livre sacré dans son sac qu’elle attache autour de son cou. Juste au moment où elle s’apprête à sortir, son téléphone vibre. Elle tourne la tête, aperçoit le nom affiché, et un sourire éclaire aussitôt son visage.

— Oh, ma chère Aïda...

Elle décroche, les yeux brillants.

— J’imagine que tu t’apprêtes à aller au Marcage ? demande Aïda avec sa vivacité habituelle.

— Oui, répond Nora, puis elle enchaîne : Comment va ton mari ?

— Il va bien, alhamdoulillah. Peux-tu demander un congé pour moi aujourd’hui ?

— Tu ne viens pas ?

— Non, je dois aider mon mari avec des travaux urgents. Et comme je n’ai pas le numéro d’Oustaz Aboubakir… tu peux prévenir pour moi ?

— Pas de souci, je m’en occupe.

— Super, ma princesse. Mais dis-moi, tu sais qu’il est encore tôt pour y aller, non ?

Aïda s’inquiète. Elle connaît la maladie de son amie, ces crises soudaines qui l’assaillent. Elle n’aime pas l’idée qu’elle sorte seule. Elle propose d’envoyer sa sœur l’accompagner, mais celle-ci est absente. Elles plaisantent un peu, échangent quelques mots tendres, puis raccrochent.

Mais Nora change d’humeur aussitôt. Non, elle ne va pas se laisser enfermer. Pas encore. Pas à cause de cette maladie, pas à cause des "attaques de démons", comme les anciens disent. Elle inspire profondément, prend son sac, sort de la chambre, traverse la cour, descend la falaise, emprunte une ruelle poussiéreuse entre les maisons. Certaines sont carrelées, d'autres en terre. Elle jette un œil à sa petite montre au poignet.

Elle continue encore quelques minutes, puis arrête un taxi-moto. Elle grimpe à l’arrière, serre son sac contre elle, et fixe l’horizon. Perdue dans ses pensées, elle pense à sa vie. À ses amies toutes mariées, installées, aimées. Et elle ? Cinq mariages, et rien. Que des blessures. Mais elle remet tout entre les mains de Dieu. Lui seul connaît l’heure du soulagement.

La route devient plus large. Ils atteignent enfin l’axe principal, bordé de boutiques, d’ateliers, d’écoles, d’hôpitaux, de magasins. Le vent soulève les pans de son hijab, joue dans les plis de son vêtement. Ils tournent à gauche, la route redevient poussiéreuse. Bientôt, ils entrent dans un quartier calme, parsemé de maisons massives.

Elle descend devant une maison aux lourds portails noirs, paie le conducteur, puis pousse les battants. L’intérieur est paisible, serein. Deux maisons superposées, toutes vitrées, se dressent l’une contre l’autre. Plus loin, une bâtisse séparée, semblable à une mosquée. Le sol est recouvert de nattes. C’est le Marcage.

Nora avance lentement sur les galets blancs. Puis elle l’entend.

Une voix. Une voix douce, mielleuse, mélodieuse. Quelqu’un récite le Coran. Elle s’arrête, figée. Jamais elle n’a entendu pareille beauté. Poussée par la curiosité, elle suit le son.

Et elle le voit.

Un homme. Jeune. Clair de peau comme elle. Coiffé d’un turban, assis à la place habituelle de son Oustaz. Son visage semble sculpté. Deux yeux ambrés d'une intensité rare, un petit nez finement dessiné, des lèvres rosées, et ces longs cils qui battent doucement à chaque nouveau verset.

Il ne lève pas les yeux. Concentré, immergé dans sa récitation.

> « Allah est Celui qui a élevé [bien haut] les cieux sans piliers visibles. Il S’est établi sur le Trône et a soumis le soleil et la lune… »

(Sourate Ar-Ra'd)

Nora reste là, les yeux grands ouverts, figée. Son cœur bat plus vite. Son regard ne parvient pas à se détacher de lui. Chaque mot, chaque vibration de cette voix semble s’enrouler autour d’elle. Elle se sent flotter. Comme dans un rêve. Un rêve éveillé.

Le vent se lève soudain. Fort. Brutal. Les rideaux volent, les portes claquent, les feuilles tourbillonnent. Un frisson traverse la jeune fille. Elle revient à elle. Elle cherche autour d’elle la cause de ce vent enragé.

Le jeune homme lève enfin les yeux.

Et leurs regards se croisent.

Il la voit. Belle. Élégante. Le hijab flottant derrière elle comme un voile céleste, sa main droite posée sur ses yeux pour se protéger de la poussière. Il l’observe, troublé. Il n’a jamais vu une femme aussi… lumineuse.

Et quelque chose change. Là, en silence. Un fil invisible vient d’être tendu. Entre deux inconnus que tout sépare… sauf peut-être l’appel mystérieux d’un destin qui s’éveille.

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