Charnelle
La journée passa en un brouillard de tâches et de gestes mécaniques. Tout semblait flou, distordu par les pensées envahissantes que je n’arrivais pas à repousser. Adrien n’était plus simplement le patron auquel je devais rendre des comptes, il était devenu quelque chose de beaucoup plus complexe, une énigme qui me déstabilisait, m'attirait et m’effrayait à la fois. Chaque fois que je croisais son regard, je ressentais une tension palpable, une énergie presque électrique dans l’air, comme si nous étions en équilibre sur le bord d’un précipice, prêts à nous laisser emporter par ce qu'il y avait entre nous.
Je me retrouvais à l'éviter dans les couloirs, à feindre de ne pas le voir lorsqu'il se rapprochait. Pourtant, chaque mouvement de ma part semblait attirer son attention encore plus. Il savait. Je le savais. Et à chaque instant où nos regards se croisaient, c’était comme si le temps ralentissait, que tout le reste du monde disparaissait autour de nous.
L’après-midi arriva, et le rythme de travail semblait plus lent, comme suspendu, figé par l'inévitabilité de ce qui se passait entre nous. Je jetai un œil par la fenêtre de mon bureau. Il faisait beau dehors, mais à l’intérieur, dans ma tête, c’était un chaos. Je savais que je devais reprendre le contrôle de la situation, que je ne pouvais pas continuer à me laisser emporter par des émotions que je n’arrivais même pas à nommer. Pourtant, une petite voix en moi, timide et insidieuse, me disait que ce n'était peut-être pas une mauvaise chose. Peut-être que c'était ce dont j'avais besoin. Mais quel était le prix à payer ?
À cet instant, la porte de mon bureau s'ouvrit soudainement, me faisant sursauter. Je n’avais pas entendu d’abord les pas, et la surprise me fit presque trébucher. C’était lui. Adrien. Il n’avait pas frappé, il était simplement entré, comme s'il savait que j'étais perdue dans mes pensées et qu'il n'y avait pas besoin de formalités.
"Charnelle," dit-il, d’un ton calme, presque intime. Son regard perça instantanément la coquille que j’avais formée autour de moi. Je voulais détourner les yeux, feindre une indifférence, mais je n’y parvenais pas.
"Oui ?" répondis-je, ma voix trahissant une nervosité que je n'avais pas su dissimuler.
Il s’approcha de mon bureau d’un pas mesuré, comme si chaque mouvement était calculé. Il s'arrêta à quelques mètres de moi, à une distance qui était à la fois trop proche et trop loin, juste assez pour me faire sentir sa présence sans la possibilité d’échapper à la situation. Il me fixa un instant, puis haussant légèrement les sourcils, il dit :
"Tu sais, Charnelle, je t’ai vue ce matin. Tu n’es pas aussi sûre de toi que tu veux le faire croire."
Je restai silencieuse, mon regard fuyant le sien. Comment pouvait-il savoir ? Comment pouvait-il percevoir cette fragilité en moi, celle que je m’efforçais de cacher à tout prix ?
"Je…" Je m’interrompis, incapable de formuler une réponse. Tout ce que je voulais, c’était que ce moment passe, que je puisse retrouver mon calme, me réfugier dans ma routine habituelle. Mais il ne m’en laissait pas la possibilité. Il était là, présent, et il attendait. Il attendait que je fasse le premier pas, ou que je cède.
Il s'assit enfin en face de moi, sur le coin de mon bureau, croisant les bras, un sourire presque amusé sur les lèvres. "Tu sais, tu n’es pas obligée de jouer ce rôle, Charnelle. Ce masque de contrôle, de rigueur, c’est évident que ce n’est pas toi."
Je frissonnai sous ses mots, comme s'il venait de percer un secret que j'avais soigneusement enfoui. Il avait raison, et c’était cela qui me perturbait le plus : il savait exactement ce que je ressentais, même si je faisais de mon mieux pour ne rien laisser paraître. Il n’y avait aucune frontière entre ce que j’étais et ce qu’il percevait. Il voyait à travers moi, et je me sentais vulnérable, comme jamais auparavant.
Je tentai de reprendre contenance, mais mes doigts trémolaient légèrement sur le bureau. "Je suis… je suis juste concentrée sur mon travail," réussis-je à articuler, mais ma voix manquait de fermeté. Cela sonnait faux, et je le savais. Mais que pouvais-je dire de plus ?
Adrien se pencha un peu en avant, réduisant encore la distance entre nous, si bien que je pouvais presque sentir la chaleur de son corps, cette proximité qui me déstabilisait. "Le travail, oui… mais il y a autre chose, Charnelle. Ce n’est pas juste ça, et tu le sais."
Je sentais le poids de ses mots m’envahir. Une partie de moi voulait le repousser, le renvoyer à ses préoccupations professionnelles, mais une autre partie de moi se sentait irrésistiblement attirée par lui, par ce qu’il représentait, par ce qu’il semblait prêt à me donner… ou à me faire perdre.
Il se redressa, comme s'il sentait que j’étais sur le point de craquer. "Je ne veux pas te mettre mal à l’aise, Charnelle. Mais je crois qu’il est temps que tu acceptes ce que tu ressens. C’est une étape difficile, je le sais. Mais tu n’as pas à tout contrôler. Laisse-toi aller un peu."
Les mots résonnèrent en moi, profondément. Laisser aller. Lâcher prise. Était-ce ce que je voulais vraiment ? Cette idée me terrifiait. Mais en même temps, l’envie de le suivre, de céder à cette attraction, devenait de plus en plus forte. Le désir, à la fois une promesse et une menace, m’enveloppait. Je ne savais plus où je commençais et où il finissait.
"Je…" Je n’arrivais plus à trouver mes mots. Il avait raison, je le savais. Mais c’était une vérité que je n’étais pas prête à accepter. Pas encore.
Il se leva lentement, il s'approche de moi , mon cœur bat à cent à l'heure . Plus il approche , plus je recule jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place derrière moi . Ses yeux me scrutent comme un prédateur.
Il est maintenant à un centimètre de moi et je sens son souffle contre ma joue , je ne sais plus où me mettre , sa présence est si forte ! Elle m'écrase littéralement , il se penche encore et je l'observe , je crois qu'il va m'embrasser , il se penche de plus en plus . Je lève la tête attendant qu'il m'embrasse enfin ......mais....il recule , merde , il était si prêt !
Il m’observant une dernière fois. "Tu as besoin de temps, je comprends. Mais tu ne peux pas lutter contre ça éternellement, Charnelle. Parce que, un jour, tu n’auras plus le choix."
Et avant même que je puisse répondre, il tourna les talons et sortit du bureau, me laissant seule avec mes pensées tourbillonnantes. J'étais dans un piège que j'avais contribué à tisser, et je savais, au fond de moi, que chaque minute qui passait m'enfonçait un peu plus dans cette situation.
Ce n'était plus une question de choix. C'était une question de quand. Quand est-ce que je finirais par céder à la tentation ?
Charnelle Adrien me serre plus fort, et je sens sa respiration devenir plus irrégulière. Ses doigts se crispent autour de moi, comme s’il avait besoin de me sentir, de se rassurer.— Oui, il a accepté. Il… il m’a dit qu’il me laissait tout. Tout ce qu’il a bâti. Et qu’il voulait que je prenne ma place, ma véritable place.Je le regarde, cherchant une trace de doute dans ses yeux, mais il n’y en a pas. Il est déterminé. Plus que jamais.— Alors, c’est fini. Il n’y a plus d’obstacles, n’est-ce pas ? Je le regarde, cherchant dans ses yeux une réponse, une confirmation.Il hoche la tête, une lueur de soulagement et de fierté dans son regard.— Oui. Plus rien ne pourra nous séparer, Charnelle. Nous allons avancer, et ce que ton père n’a pas pu accepter, nous le ferons ensemble. Pour notre futur. Pour ce que nous sommes. Et pour notre enfant.Je souris, le cœur léger. Peu importe ce qui se passera demain. Nous avons franchi cette étape. Et désormais, nous allons écrire notre histoire à deu
CharnelleLes jours passent, et chaque instant qui s’écoule me rapproche un peu plus de ce futur que nous avons imaginé, ensemble. Mon ventre s'arrondit doucement, et avec chaque mouvement de cet enfant qui grandit en moi, je sens une force nouvelle s’éveiller en moi. Une force que je n’avais pas imaginée, mais qui semble guider mes pas. Adrien et moi avançons côte à côte, une main dans l'autre, dans une harmonie nouvelle, plus forte que jamais.La décision de son père, ce changement de dynamique, continue de me travailler. Adrien n’a plus à se battre contre une ombre. Le poids de l’héritage, des attentes, semble enfin avoir été levé. Pourtant, je sais que le chemin devant lui ne sera pas forcément plus simple. Il devra assumer ce rôle avec une force nouvelle, une conviction nouvelle. Et je serai là, toujours. Pour le soutenir. Pour l’aimer.Ce matin-là, après un petit-déjeuner tranquille, nous décidons de sortir de la villa pour prendre l’air. Un moment pour nous deux, loin des respo
CharnelleLes jours qui suivent sont empreints d’une énergie nouvelle, comme si chaque instant était chargé de promesses. Adrien et moi avons pris le temps de célébrer ce moment, cette nouvelle étape qui s’ouvre devant nous. Mais au fond de moi, une certitude s'est installée : je suis prête. Prête à devenir mère, prête à affronter ce futur aux côtés d’Adrien. Ensemble, nous avons traversé tant d’obstacles, et aujourd’hui, un tout nouveau chapitre s’écrit.Ce matin-là, comme tant d’autres, le soleil se lève doucement, effleurant les rideaux de notre chambre avec une lumière dorée. Adrien dort à mes côtés, son corps chaud et rassurant contre le mien. J’aime ces moments de calme, ces instants où la réalité semble s’éloigner, où nous ne sommes plus qu’unis dans la quiétude. Mais mon esprit est aussi rempli de pensées. La nouvelle, cette annonce que j’ai faite à Adrien, résonne encore dans ma tête comme un doux écho : nous allons être parents. Et c’est un bonheur simple, pur, qui me traver
Adrien Je me lève de la table, le cœur battant plus fort maintenant que j’ai pris ma décision. Mon père a peut-être voulu me pousser dans une direction stratégique, mais ce n’est pas pour cela que j’agirai. Ce sera parce que j’aime Charnelle, parce que je suis prêt à l’unir à moi pour la vie. Et cela, c’est ma propre décision.Je lui adresse un dernier regard, un regard déterminé.— Je reviendrai vers toi quand le moment sera venu.Je quitte la pièce, mon esprit déjà tourné vers ce qui doit arriver. Ce n’est pas une simple question de pouvoir. C’est une question de cœur.CharnelleLes jours ont passé, mais quelque chose dans l’air semble encore plus lourd que d’habitude. Adrien est plus distant ces derniers temps, plus concentré sur l'avenir, ses pensées tournées vers des décisions qu’il ne me partage pas encore. Pourtant, je sens cette tension qui persiste entre nous, même lorsque ses mains effleurent les miennes avec une tendresse qui dissimule bien des tourments.Il m’a promis qu’
AdrienLa soirée s'étire dans une atmosphère de tension palpable, alors que je me gare devant la demeure de mon père. La maison, imposante comme toujours, me regarde comme un monstre silencieux. Je la connais bien, chaque recoin, chaque pièce où les secrets se cachent et où l’ombre de mon père semble toujours peser sur tout ce qui se passe sous son toit. Ce soir, je ne suis pas ici pour recevoir des leçons sur le pouvoir ou sur les affaires. Non, ce soir, il y a quelque chose d’autre qui m’attend.Je prends une profonde inspiration et monte les marches menant à l’entrée. Le serveur me laisse entrer et m’accompagne jusqu’à la salle où il m’attend. Je le vois, là, à la tête de la table, son regard toujours aussi acéré, scrutant chaque geste, chaque parole comme une arme. Il me fait signe de m’installer.— Prends place, me dit-il d’un ton neutre, sans chaleur, comme d’habitude.Je m’assois en face de lui, son regard me transperçant. Il semble plus vieux ce soir, fatigué, mais toujours au
AdrienCharnelle et moi échangeons un regard, partagé entre la gratitude et la méfiance. Ce dîner a peut-être été l’occasion de nous annoncer à la famille, mais il a aussi révélé tout un réseau de tensions sous-jacentes, de pouvoirs en jeu et de futurs compromis. La famille, l’entreprise, la nouvelle génération… Tout cela se mêle en une seule et même entité, prête à engloutir ce que nous avons de plus précieux.Et alors que nous nous préparons à partir, je suis plus que jamais convaincu qu’à partir de maintenant, il nous faudra être plus forts que jamais. Pour le bébé. Pour notre avenir. Pour nous.Les jours suivant le dîner ont été une suite d’entretiens avec des partenaires d’affaires, de réunions interminables et de décisions stratégiques. Mon père a fait en sorte de maximiser la visibilité de notre annonce, et maintenant tout le monde sait que nous attendons un enfant. Il n'y a plus de place pour les doutes, et tout le monde attend de voir ce que nous allons faire ensuite.Je le s