Chaque année, à la même date, l’air sentait l’amertume. Cela fait quatre ans que son père, Charles Bellamy, patriarche rusé et impitoyable du Bellamy Group avait rendu son dernier souffle. Et pourtant, Cassandra se souvenait encore du dernier regard intense, sévère, mais chargé d’un amour silencieux qu’il lui avait lancé depuis son lit d’hôpital. Il n’avait jamais été démonstratif de ses sentiments. Mais son amour était tourné vers l'éducation de son seul enfant, Cassandra.
Son père l’avait élevée comme un soldat dans la dureté, pas comme une douce princesse. Ce matin-là, Cassandra ouvrit les yeux dans sa chambre trop vaste et froide dans laquelle seul les souvenirs d'une vie de solitude l'accompagnait. Elle repoussa les draps de soie avec raideur. Tira les rideaux lentement pour laisser passé la brise tiède qui glissait entre les baies vitrées. Elle était de mauvaises humeurs pas cause d’un mauvais rêve ou un cauchemar, mais de cette absence qui collait à sa peau. Une blessure ancienne camouflée sous les parfums de luxe et les tailleurs sur-mesure. les journées de surmenage au travail sans repos, sont pour elle une échappatoire à cette solitude laissé en héritage par ses parents. Le silence avait un goût amer. Charles Bellamy, son père, son mentor, son mur et son épée, avait été enterré. Elle se sentait sans repère. Elle ne pleurait plus. Pas aujourd’hui. Pas depuis longtemps. Mais à l’intérieur, une colère muette grondait. Elle tourna la tête vers la petite boîte noire posée sur sa table de nuit : le briquet en or gravé de son père. Son dernier cadeau. Il ne lui avait jamais dit « je t’aime ». Il lui avait dit :« Tiens-toi droite. Dirige ou tu seras dirigée. » Elle aurait tant voulu qu’il la prenne dans ses bras, parfois. Juste une fois. Mais il ne savait pas aimer comme ça. Il avait aimé en lui transmettant le feu, le contrôle, la guerre. Assise face à sa coiffeuse, elle fixa son reflet. Aucune larme. Aucune faiblesse. Elle se l'était juré depuis le jour où elle avait perdu sa mère. Elle n’avait que huit ans. Une disparition brutale, mystérieuse. Un corps jamais retrouvé. Un dîner qui s'était terminé dans le silence, puis une chambre vide. Elle avait cherché sa mère pendant des années, d'abord en appelant, puis en criant… puis en se taisant. Personne n'avait su lui expliquer. Et elle avait appris très tôt que poser trop de questions faisait peur aux adultes. C’est ce jour-là que son père avait changé. Fini les histoires du soir. Finis les câlins maladroits. Il l’avait regardée avec dureté et dit : « Le monde ne te fera pas de cadeaux, Cassie. Alors toi non plus. » Depuis, Cassandra Bellamy n’avait plus pleuré. Aujourd'hui, jour de comemoration de la mort du père de Cassandra, est aussi le jour où le Conseil de l'entreprise allait se réunir. Et ils allaient encore tenter de lui rappeler que, malgré ses résultats, malgré son autorité, malgré ses sacrifices… elle n’était qu’une femme. Une femme dans un monde de vieux messieurs trop polis pour la haïr à voix haute. Mais ils n’avaient pas connu la Cassandra d’après. Pas celle que son père avait formée à coups de dossiers de fusion-acquisition au lieu de poupées. Pas celle qui, à huit ans, avait vu sa mère disparaître sans un cri, sans une trace, sans une explication. Pas celle qui avait dû apprendre à étouffer les pleurs dans des draps de soie pendant que les tabloïds spéculaient sur un scandale. Charles Bellamy, fou de douleur, avait alors transformé sa fille en héritière redoutable. « Un jour, tu dirigeras ce groupe. Et ce jour-là, tu n’auras le droit de pleurer qu’une fois : en signant ta victoire. » Elle n’avait jamais oublié. À quinze ans, elle lisait les rapports financiers du Bellamy Group mieux que certains directeurs. À dix-huit, elle menait les négociations. À vingt, elle dirigeait l’empire. Sans faillir. Sans fléchir. Comme un homme. Comme son père l’aurait voulu. Le vide, le trou, le silence, son père l’avait comblé par l’exigence. Il avait dit : « Tu n’es pas une petite fille. Tu es une Bellamy. Et un Bellamy ne tombe jamais. » Et aujourd’hui, même avec toutes les parts majoritaires, même avec les chiffres, même avec la peur qu’elle inspirait, son oncle Vincent et les actionnaires historiques faisaient bloc. Ils la saluaient en souriant, mais attendaient qu’elle chute. Qu’elle faiblisse. Qu’elle tombe amoureuse. Qu’elle montre son ventre. Mais Cassandra Bellamy ne tombait pas. Elle portait les cicatrices de l’enfance dans des escarpins Louboutin. Et même si ses ongles étaient parfaitement vernis, elle savait frapper là où ça faisait le plus mal. Aujourd’hui ne serait pas un jour de deuil. Ce serait un rappel à eux et à elle-même qu’elle n’avait pas survécu à tout ça pour qu’on l’écarte d’un empire qu’elle avait déjà conquis. Il était 6h13 Quand Cassandra sortit lentement du lit, laissant tomber les draps comme on abandonne un souvenir. Pieds nus sur le sol en marbre glacé, elle marcha jusqu’à la salle de bain sans un mot, sans un soupir. Même le silence semblait respecter son autorité. Face au miroir, pour vérifier que tout était toujours à sa place : le masque, la force, l’inaccessibilité. Ses cheveux, noirs comme une nuit sans lune, étaient lissés en un chignon bas impeccable. Pas une mèche ne dépassait. Sa peau impeccable, sans défaut apparent.Aucun signe de fatigue, même si la nuit avait été courte. Elle appliqua une crème légère, puis un voile de fond de teint. Elle choisit un tailleur crème, signé d’un couturier français coupe ajustée, épaule affirmée, cintré à la taille. Ni trop strict, ni trop sensuel. Juste assez pour que personne n’oublie à qui ils parlent. Sous son blazer, il y'avait une soie nude et fine presque invisible. Puis, enfin, elle se regarda une dernière fois dans le miroir. Un seul mot traversa son esprit. "Imprenable."La lumière du matin filtrait à travers les voilages de la chambre, douce mais implacable. Le temps est particulièrement clément aujourd'hui. Cassandra ouvrit les yeux , son corps était engourdi par l’alcool de la veille. Elle s'etait réveillé avec une gueule de bois mais son esprit était lucide pour scanner les alentours. Le lieu où elle se trouvait ne lui semblait pas familière. Sous le choc, elle se lève immédiatement du lit. Elle constate qu'elle n’était pas dans son lit au Manoir Bellamy ni chez Élodie ni chez Camille. Elle était en alerte, Heureusement ou malheureusement les souvenirs de son aventure d'hier avec Nolan lui sont revenus en esprit. “Je suis probablement chez Nolan”La maison est magnifique, le plafond est haut, un drap soyeux sur sa peau nue ou presque son souffle se bloqua. Elle se redressa en remarquant un t-shirt ample qu’elle ne reconnaissait pas glissait sur son épaule. Elle vérifie chaque centimètre de son corps, de peur d'avoir fait quelques c
Au bout d'un certain temps, il la libérera, Cassandra est à bout de souffle. Il était amusé par son visage toute rouge. Elle était presqu'entrain de jouir mais il ne la pas laisser l'atteindre. C'etait une manière pour lui de la punir. Il se pencha à son oreille. — Tu es trop ivre, Cassie. Elle recula d’un millimètre. Le sol semblait fondre sous ses pieds. Son corps criait pour qu’il continue, qu’il la prenne. Il passa une main dans ses cheveux, lentement, les enroulant autour de ses doigts. Puis la relâcha brusquement, sans la brusquer. — Non. Elle cligna des yeux, surprise et troublée. — Non ? répéta-t-elle confuse, comme un écho perdu. Mais lui ne bougea pas. Il resta là, les bras le long du corps, la dominant sans geste, seulement par sa présence. — Je sais ce que tu penses, je pourrais, murmura-t-il. Tu me le laisserais. Ton corps me le crie. Mais je ne veux pas de ta confusion. Ni de ta
Le silence régnait dans la villa Cruz. Tous les employés étaient déjà couchés. Le silence enveloppait la chambre seulement troublé par le souffle irrégulier de Cassandra qui dormait toujours. Ce silence épais, chargé de non-dit qui électrise l’air quand les corps sont proches et que les décisions basculent dans l’irrévocable.Cassandra dans une semi-conscience s'était levée chancelante attirée par quelque chose de plus fort qu’elle ou peut-être le vertige dû aux faits qu’elle est saoule. Elle s’était placée face à Nolan, toujours dans sa robe noire qui s'accrochait à ses formes comme une seconde peau. Sa respiration saccadée, ses joues rougies par l’alcool, ses yeux brillants d’un mélange dangereux de désir, de défi et de confusion. Cassandra faisait des choses qu'elle n'oserait jamais faire dans la sobriété. Nolan la trouvait mignonne avec cette attitude comme une petite chatte.Nolan était debout devant elle, sombre et inébranlable. Il la dominait par sa silhou
La nuit était tombée sur Florentis, enrobant les rues luxueuses d’une chaleur étouffante, moite, presque indécente. Cassandra sortit du SUV avec une élégance vacillante. Talons aiguilles, robe noire fendue, regard maquillé d’ombres charbonneuses. Elle retrouve ses amies Camille et Élodie dans le bar. Après quelques verres, elle décide d'aller aux toilettes mais trop instable, elle se fait aider par une de ses amies. Son rire cristallin fendit l’air tandis qu’elle s’agrippait au bras d’Élodie. — Tu marches comme une biche sur glace, souffla son amie en la retenant avant qu’elle ne titube sur le trottoir du Velvet Club. — C’est l’effet libérateur d'une dizaine de cocktails ? murmura Cassandra, les yeux brillants d’alcool et de fatigue. Dans le bar feutré, la musique électro-jazz ondulait dans les airs. Canapés en velours, lumières tamisées, silhouettes bien habillées. La table qu’on leur avait attribuée était en retrait, comme il se devait pour les gros bonnets. Mais ce soir, Cassand
— Non, Contre les illusions. Elle se retourna et leurs regards se croisèrent trop longtemps et trop intensément. Un silence et une tension suspendue entre eux. À une courte distance d'eux se trouvait un homme qui les observait dans le silence et la discrétion, c'était Maxime Delcourt. Cassandra le remarqua, Nolan aussi. — Tu es surveillée, murmura-t-il. — Tu crois que je ne le sais pas ? Il baissa les yeux un instant. Puis les releva. Plus sérieux. — Tu es en train de franchir une ligne. Ce que tu creuses… ça ne se limite pas à Vincent. — Je sais. Il sembla hésiter. Puis approcha un peu plus. À quelques centimètres de ses lèvres. — Tu n’as plus le luxe d’hésiter, Cassandra. Tu dois choisir : le feu ou la chute. Elle planta ses yeux dans les siens. Il la troublait. Il la tentait. Mais elle ne plierait pas. — Alors brûlons, Nolan. Mais que ce soit moi qui décide quand. Il lui tendit la main, et sans comprendre pourquoi, elle la prit. Juste quelques secondes. U
Il est 22h47 , le silence était tombé sur la tour Bellamy comme un voile de plomb. Cassandra n’était pas rentrée chez elle. Elle détestait ce bureau, mais ce soir, elle y trouvait un refuge. Assise dans le fauteuil de son père, elle fit tourner entre ses doigts le briquet gravé à ses initiales : C.B. Un geste automatique. Une habitude héritée. Un murmure dans sa tête. La voix lointaine de Charles Bellamy : « Tu ne peux faire confiance à personne, Cassandra. Même pas à ceux que tu aimes. » Elle détestait que cette voix soit encore là. Qu’il soit encore là. Elle ouvrit un tiroir, en sortit une photo ancienne. Sa mère, souriante. Helena, dans une robe ivoire, tenant Cassandra bébé. Et à l’arrière-plan… Nolan. Très jeune. Quinze ans, peut-être. Elle n’avait jamais remarqué qu’il était déjà là. Toujours là. Pourquoi ? Pourquoi sa mère l’avait-elle approché de leur monde ? Pourquoi ce regard triste sur le cliché ? Une faille, une vérité, quelque chose lui échappait. Un bip