Chapitre 2

Au téléphone, la voix d'Hugo était teintée d'une vive surprise, « Tu veux divorcer ? Comment ça, si soudainement ? Tu t'es disputée avec Maxime ? »

Sophie a serré son téléphone, la voix lasse, « Non. J'en ai juste assez… Je ne veux plus continuer avec lui. »

Pendant ces sept années, elle avait pris l'habitude de ne parler que des choses agréables avec son frère.

Sans doute voulait-elle prouver qu'elle menait une vie heureuse. Peu importait combien Maxime était froid avec elle, ou combien il était épuisant d'élever un fils turbulent, elle n'avait jamais rien confié à son frère.

Il était donc naturel qu'Hugo soit surpris.

Peut-être parce qu'un lien invisible unissait frère et sœur, il est resté silencieux un long moment, sans poser la moindre question.

« Très bien. Quand peux-tu rentrer ? Je viendrai te chercher, toi et Lucas. »

Sophie a marqué une pause. « Lucas reste avec Maxime. Je ne l'emmène pas. »

Hugo a eu le souffle coupé. « Tu peux vraiment t'en séparer ? N'aie pas peur, Sophie. Si tu veux divorcer, je t'aiderai à demander la garde. »

« Ce n'est pas nécessaire, Hugo. Quand j'aurai réglé quelques affaires importantes, je te recontacterai. »

Craignant qu'il n'insiste, Sophie, la main tremblante, a raccroché brusquement.

Elle s'est assise sur le canapé, vidée de toute force.

Depuis la naissance de Lucas, elle n'avait jamais songé à quitter Maxime. Jamais elle n'aurait imaginé que la dernière goutte d'eau viendrait de son fils.

Elle avait prétexté devoir régler quelques affaires ; mais en vérité, il n'y avait rien à régler. Leur mariage n'avait jamais existé que sur le papier. Un faux acte, sans trace d'elle dans le livret de famille des Lefèvre. Il lui suffisait de faire ses valises et de partir pour effacer toute trace entre elle, Maxime et leur fils.

Sophie a repris ses esprits et est montée dans la chambre pour préparer ses affaires.

Soudain, la porte s'est ouverte.

Le petit Lucas est entré, un jouet à la main. En voyant sa mère ranger ses vêtements, il a eu un air surpris. « Maman, pourquoi tu fais ta valise ? Tu vas où ? »

Sophie s'est retournée vers lui. C'était sa propre chair, et pourtant, elle a eu l'impression de le regarder comme un étranger.

« Je pars en voyage. »

Le visage du petit garçon s'est illuminé. « Vraiment ? Quand est-ce que tu pars ? »

L'enfant ne savait pas dissimuler sa joie, sa voix trahissait son impatience.

Le cœur de Sophie s'est serré. « Je pars dans deux jours… pour longtemps. »

Lucas a souri de plus belle. « D'accord ! Bon voyage alors, maman ! »

Il a sauté allègrement hors de la pièce, pressé d'appeler Aurélie pour lui raconter la nouvelle.

Regardant son fils s'éloigner, Sophie a froncé les sourcils et n'a pas pu s'empêcher de rappeler, « Il est déjà plus de sept heures du soir… Tes devoirs… »

Lucas a gémi, « Oh maman, tu es encore sur mon dos ! Avant, tu attendais toujours vingt heures pour m'aider ! Pourquoi tu me presses ? »

Sophie a refermé les lèvres, un sourire amer aux coins de la bouche.

« Désolée… Ce sera la dernière fois. »

Lucas l'a trouvée étrange ce soir-là.

Normalement, elle lui aurait rappelé que la maîtresse vérifiait les devoirs, qu'il valait mieux les finir tôt pour se coucher plus vite.

Mais il n'y a pas prêté attention. En partant, il a même claqué la porte avec humeur.

Sophie s'est approchée du bureau et a sorti les manuels qu'elle utilisait pour l'aider à étudier. Elle les a alignés soigneusement sur la table. Sur chaque livre, elle avait surligné les points essentiels, même pour les exercices du CP.

Tout cela, Maxime ne s'en occupait jamais. Elle prenait tout en charge, l'éducation, la discipline, la santé. Et pourtant, c'était elle que son fils critiquait le plus.

Pendant six ans, elle s'était dévouée corps et âme. Lucas avait de très bonnes notes, jouait du piano et de la guitare, était vigoureux et en bonne santé. Mais tous ses efforts ne valaient pas les quelques jouets et l'indulgence excessive d'Aurélie.

Une larme est tombée sur sa main.

Sophie l'a essuyée aussitôt, puis elle a continué à ranger les affaires de son fils, étiquetant soigneusement chaque catégorie.

À vingt heures, elle n'est pas allée frapper à la porte de Lucas pour les devoirs.

Lucas, ravi, a cru qu'elle avait oublié l'heure. Il est resté à jouer tranquillement.

Fatigué, il s'est endormi sans s'en rendre compte.

Le majordome, pensant que Sophie s'en occupait, n'a pas vérifié.

Vers vingt et une heure, Maxime est rentré du travail.

En entendant la porte s'ouvrir, Sophie a sursauté. Ses doigts ont tremblé, et elle a envoyé le message qu'elle venait de rédiger à son médecin.

[Bonjour Docteur, il n'est finalement pas nécessaire de programmer l'opération. Je vais suivre un traitement conservateur et me faire soigner en Amérique.]

Maxime a jeté un coup d'œil vers la salle à manger. La table était vide, sans la soupe légère que Sophie lui préparait chaque soir.

Il rentrait souvent tard, mangeait mal, et avait l'estomac fragile.

Chaque soir, elle lui faisait cette soupe légère.

Son regard s'est voilé d'étonnement. Puis, en croisant celui de Sophie, ses yeux se sont adoucis. « Et la soupe de ce soir ? »

Sophie s'est tournée calmement vers lui. « Je me sens pas bien… Je n'en ai pas fait. »

Maxime, en desserrant sa cravate, s'est arrêté net. « Tu es malade ? Tu saignes souvent du nez, ton visage est très pâle… Je vais engager deux domestiques de plus. Tu veux tout faire toi-même, mais tu vas t'épuiser. »

Il a déposé ce qu'il tenait et a posé sa paume chaude contre le front de Sophie.

Elle s'est laissé faire, sans le repousser. Soudain, un souvenir lui a traversé l'esprit. Avant la nuit de l'accident, Maxime lui parlait à peine ; avec elle, il avait toujours l'air distrait. Sous l'effet de la drogue, il avait perdu le contrôle, emporté par une fièvre étrangère, laissant sur sa peau des traces qu'elle avait mises des jours à effacer.

Le lendemain matin, Maxime s'était éveillé pâle, les oreilles rouges. Gêné, mais décidé, il l'avait empêchée de partir, répétant qu'il devait assumer, qu'il voulait être responsable.

À partir de ce jour-là, il avait vraiment changé. Avec les autres, il restait froid, réservé, mais avec elle, tout devenait douceur et attention…

« Tu n'as pas de fièvre, mais tu es si pâle », a murmuré Maxime au-dessus d'elle. « Tu veux un peu de gâteau au sakura ? »

Sophie a levé les yeux vers la petite boîte rose.

C'était son dessert préféré, le gâteau au sakura.

À Virelia, il n'y avait pas un seul cerisier. Seule la pâtisserie Velours Sucré en vendait chaque mercredi, en quantité limitée.

Elle en avait goûté un par hasard cinq ans plus tôt, et en était restée nostalgique.

Depuis, Maxime en achetait chaque mercredi, sans manquer une seule semaine.

Elle avait été profondément touchée. Elle avait cru que, sous sa froideur, il l'aimait réellement. Mais à présent, elle voyait bien qu'elle s'était trompée.

Cinq années de gâteaux au sakura fidèlement rapportés ne signifiaient rien, pas plus que leur mariage, qui n'avait jamais existé d'un point de vue légal.

Le regard de Sophie s'est assombri.

« Tu n'en veux pas ? » a demandé Maxime.

Elle a murmuré : « Je n'ai pas d'appétit. »

Maxime allait répondre quand il a aperçu un sac posé dans un coin du canapé.

La fermeture éclair était entrouverte, laissant dépasser la moitié d'un dossier médical.

Son regard s'est durci. « Tu as fait un examen ? »

Il s'est penché pour le prendre, mais Sophie a retenu un pan de sa chemise.

Elle a esquissé un sourire, « Ce n'est rien, j'ai juste eu un peu de fièvre. »

Maxime a soupiré, lui caressant les cheveux. « Je vais demander à la cuisinière de te faire un velouté de courge. »

Sophie a serré les poings. « Maxime… Si un jour j'ai une maladie incurable, qu'est-ce que tu ferais ? »

Il s'est figé. Une peur étrange a traversé son regard. « Ne dis pas de bêtises. Tu n'as rien de grave. Si tu ne vas pas bien, je t'emmènerai à l'hôpital. »

Sophie a eu un léger sourire. « Dis-moi, depuis sept ans de mariage, tu ne m'as jamais rien caché ? Si tu me dis la vérité maintenant, je peux tout pardonner et accepter. »

Maxime s'est raidi, le visage soudain fermé. « Je ne t'ai rien caché. Qu'est-ce qui te prend ? »

« Rien », a répondu Sophie en détournant les yeux. « J'ai peut-être trop cogité dernièrement. Mais écoute, Maxime, je déteste le mensonge. Si jamais tu m'as menti, je disparaîtrai complètement. Nous ne nous reverrons plus, ni toi, ni moi, ni Lucas. »

Maxime est resté muet. Une étrange inquiétude lui a traversé le cœur, comme s'il pressentait une catastrophe imminente.

Il a souri doucement. « Ma chère, notre famille ne sera jamais séparée. Ne dis pas de sottises. Je vais voir Lucas. »

Il est entré dans la chambre de l'enfant et a refermé la porte.

Le cœur de Sophie s'est glacé.

Il n'y avait plus rien à regretter.

Elle a sorti les clés de la maison et de la voiture, ainsi qu'une lettre d'adieu.

Ils n'avaient jamais été mariés. Il n'y avait donc ni certificat de divorce à récupérer, ni accord à signer, ni partage de biens à prévoir.

Cette maison et la Rolls-Royce dans le garage, Maxime les lui avait offertes.

Elle les lui rendait, pour effacer le dernier lien entre eux.

Sophie a posé les clés et l'enveloppe sur le bureau de Maxime. Puis, tirant sa valise prête depuis longtemps, elle a franchi la porte et s'est perdue dans la nuit.