CHAPITRE 2

Le point de vue de Valérie

J'éprouve des sentiments ambivalents à propos de ce qui s'est passé ce soir. Cela ne m'empêche pas de sourire à l'idée de revoir Fred.

Serrant ma veste contre moi, je descends de la voiture et commence à marcher vers son appartement.

Maintenant que j'y pense, je ne sais pas vraiment si maman ne veut pas soutenir ma relation avec Fred parce qu'il n'est pas aussi riche que l'homme avec qui ils veulent que je sois mariée, ou parce qu'il me trompe.

Fred n'a triché que deux fois.

Si Brenda ne l'avait pas aimé, peut-être qu'il ne m'aurait pas trompée une fois de plus. Brenda est une garce, et je vais lui prouver qu'elle n'est qu'une garce.

Fred et moi, nous nous aimons. Il m'aime beaucoup et je ressens la même chose. C'est un amoureux passionné et gentil. Il prend soin de moi et m'adore.

L'amour que j'avais perdu chez moi depuis des années, à cause de nos difficultés à maintenir notre statut, Fred a su me le redonner. Il m'a témoigné tant d'amour que je n'ai pas pu m'empêcher de tomber profondément amoureuse de lui.

Fred ne m'a pas abandonnée quand je pensais qu'il le ferait. Je pensais qu'il allait se lasser de moi, mais non. Il revenait sans cesse. Il continuait à m'aimer.

Comment puis-je abandonner soudainement, alors que c'est ce que Brenda veut ? Elle veut que nous soyons séparés pour pouvoir l'avoir pour elle toute seule.

Je ne laisserai pas ça arriver. Fred est à moi.

L'atmosphère est inhabituellement calme, et je me rends compte que j'ai dû passer beaucoup de temps au club-house à réfléchir à tout avant de décider de venir ici.

Eh bien, je pensais que Fred serait là aussi, mais non. Je n'ai pas bu d'alcool, car je savais que j'irais chez lui s'il ne venait pas.

J'ai besoin de lui. J'ai besoin de parler à quelqu'un.

S'il ne m'avait pas trompée avec Brenda, c'est à elle que je me serais confiée, mais Brenda n'est plus une amie. Elle n'est rien d'autre qu'une traîtresse.

Notre amitié me manque déjà, mais cela ne veut pas dire que je l'accepterai à nouveau comme amie.

Je suis sortie de la maison depuis midi, lorsque ma mère m'a annoncé la nouvelle de mes fiançailles, s'attendant à ce que je saute de joie à l'idée d'être fiancée à un putain de milliardaire et que je me précipite dans ma chambre pour me préparer à le rencontrer.

Je ne suis pas un enfant, bon sang. Je suis une adulte.

Pourquoi penserait-elle que je serais excitée par cette nouvelle ?

Je monte sur le porche et sors ma main de la poche de ma veste pour frapper à la porte de Fred.

Après avoir frappé, je replonge ma main dans la veste et j'attends.

Il n'y a pas de réponse, et je me demande s'il n'est pas encore rentré. D'habitude, il ferme à 21 h, et il est déjà 23 h. J'étais au club dès 20 h, à l'attendre. J'ai quitté le club peu après 22 h.

Je retire ma main et frappe à nouveau. Je suis accueillie par le silence.

Je soupire profondément et sors mon téléphone pour l'appeler. Il sonne un moment, mais il ne décroche pas.

Ressentant une colère soudaine, je frappe plus fort et plus agressivement à la porte, et elle s'ouvre immédiatement.

— Où étais-tu passé ? J'étais…

— Hé, bébé.

Il est torse nu alors qu'il me tire dans une étreinte rapide.

Lorsqu'il me libère de son étreinte, je hausse un sourcil suspicieux. Je frappe depuis plus de cinq minutes et je n'ai pas eu de réponse. Mais après l'avoir appelé et frappé à nouveau, il est venu ouvrir.

Torse nu !

Que se passe-t-il ?

— Fred ?

Je l'appelle en remarquant qu'il évite mon regard. Penché contre l'encadrement de la porte, comme pour m'empêcher d'entrer dans son appartement, je sais qu'il se trame quelque chose.

Ce n'est pas comme Fred. Il adore que je vienne lui rendre visite. Il adore me faire des câlins.

Je prévois de passer la nuit dehors, et c'est le seul endroit où je souhaite passer la nuit.

Avec lui.

Dans ses bras. Pour me consoler et m'assurer que tout ira bien.

— Chérie, qu'est-ce que tu fais là ? J'allais justement t'appeler,

me dit-il en levant les yeux vers moi avec un grand sourire.

Je sors mes mains et les croise autour de ma poitrine.

Mon cœur se serre. Fred recommence. Il agit bizarrement, car il a dû faire quelque chose de mal encore une fois.

Sans lui répondre, je le repousse et entre dans l'appartement. Je ne devrais pas penser à sa trahison pour le moment. Ma principale préoccupation est de passer la nuit ici. Je ne peux pas rentrer ce soir. Je veux que ma mère réalise son erreur et change d'avis sur cette histoire de fiançailles.

Ce n'est pas pour moi.

— Bébé…

appelle Fred derrière moi et attrape mon bras, me faisant tourner pour lui faire face.

— Fred ?

Je n'arrive pas à croire qu'il fasse ça. Est-ce qu'il m'empêche de passer la nuit ici ?

Il ne dit rien, alors je lui arrache la main et me retourne. C'est là que je comprends la raison de son geste.

Des vêtements sont éparpillés sur le sol du salon. Il y a environ cinq vêtements par terre, et une paire de talons hauts.

Un léger halètement s'échappe de ma bouche tandis que mon regard se déplace instinctivement vers l'escalier menant à la pièce à l'étage, où Fred et moi nous blottissons habituellement jusqu'à l'aube.

— Val, ce n'est pas ce que tu penses.

Il se place devant moi, essayant de se défendre.

— Fred.

Je ne prononce aucun mot. Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Je ne sais pas comment réagir.

Je n'arrive pas à croire que Fred me trompe encore. Après deux nuits passées à le surprendre avec ma meilleure amie, il ne prend même pas la peine de venir me voir pour savoir comment je vais. Il est resté à la maison à coucher avec une autre femme.

Est-ce parce que je lui ai dit que je n'étais pas prête pour le sexe ? A-t-il du mal à contrôler ses envies ? Pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé ?

Juste avant qu'une larme ne coule sur ma joue, il me prend dans ses bras.

— Je t'aime, Val. Crois-moi. Ce n'est qu'un malentendu…

À ce stade, je ne peux plus contenir ma colère. Quand je l'ai surpris avec Brenda, je n'ai crié ni giflé aucun d'eux. Je suis partie en silence. Aucun d'eux ne m'a couru après, et ça m'a brisé qu'ils puissent enfin reprendre leurs activités d'avant mon interruption.

— Un malentendu ?

Mon bras engourdi le repousse. La poussée est dure, car il atterrit sur le canapé.

— Vous appelez ça un malentendu ? Vous êtes fou ? Pour qui me prenez-vous, hein ?!

Je me surprends à crier et à pleurer, tout en ramassant chaque morceau de tissu pour le lui jeter au visage.

Cela ne devrait pas arriver. Rien ne semble plus se passer comme je le souhaite ou comme je l'ai prévu.

Cette nuit n'est pas censée se passer comme ça. Je suis censée être chaleureusement accueillie par Fred. Je suis censée être dans la cuisine avec lui en ce moment, à le regarder préparer le dîner, parce que j'ai une faim de loup.

Après avoir mangé, on devrait s'embrasser ou jouer à un jeu. On devrait aussi se faire des câlins pour s'endormir, mais rien de tout cela ne se produit.

Fred est un salaud, menteur et tricheur.

Ramassant les talons du sol, je les lui lance dans un accès de colère, mais il les esquive en sautant par-dessus le canapé.

Juste à ce moment-là, je vois quelqu'un apparaître dans l'escalier, dans mon champ de vision périphérique.

Réalisant que ça doit être la chienne avec laquelle il me trompe, je me force à ne pas regarder, repoussant ma curiosité de voir le visage.

Je prends mon téléphone sur la table où je l'ai laissé tomber et je me dirige vers la porte, serrant ma veste contre moi et ne prenant pas la peine d'essuyer les larmes sur mon visage.

Avant que je puisse tourner la poignée de porte pour sortir, une voix m'arrête.

— Bonjour, Valérie,

m'appelle une voix familière, et je me retourne lentement pour voir le sourire de victoire sur son visage.

Brenda ?

J'ai failli crier. Encore Brenda ? Ça fait combien de temps que ça dure ?

Je tourne mon regard vers Fred, mais il ne me regarde pas. Son regard est fixé au sol, et il n'a pas l'audace de me regarder.

J'ai fait le mauvais choix en sortant avec lui. Je pensais pouvoir le conquérir et éviter à Brenda le plaisir de le perdre, mais maintenant je sais que j'ai perdu cette bataille.

Je ne pourrai jamais gagner, car Fred ne le mérite même pas. Il a l'occasion de me choisir à sa place, à cet instant même, mais il ne le fera pas.

Pour gagner, il faut adopter une approche différente. Pour avoir le dernier mot, je devrais probablement rencontrer ce soi-disant milliardaire et me venger de ces deux personnes qui comptaient tant pour moi.

Sans un mot, j'ouvre la porte et je me précipite dehors, les larmes aux yeux.