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Chapitre 6

Author: Élise Bernard

Claire, entendant des bruits venant de la chambre, s’est précipitée à l’intérieur. « Majesté ! Que se passe-t-il… »

Avant même que Claire n’ait pu terminer sa phrase, un cri de colère furieuse s’est élevé depuis le lit à baldaquin : « Sortez ! »

C’était la voix d’un homme ! Claire a compris immédiatement que quelque chose n’allait pas et, instinctivement, a voulu appeler à l’aide.

Mais soudain, un serviteur personnel du roi, s’empressant de rentrer dans la chambre, s’est placé devant elle et, baissant la voix, lui a lancé : « Espèce d’imbécile ! C’est Sa Majesté le Roi ! »

Claire est restée figée, bouche bée. Le… Roi ? Celui dont la réputation de tyran impitoyable et sanguinaire n’était plus à faire ? Pourquoi est-il arrivé sans prévenir, si tard dans la nuit ?

Sous les tentures du lit.

Une grande main masculine pressait fortement l’épaule d’Isabelle, tandis que l’autre tenait fermement son poignet, le forçant à lâcher son couteau. Son corps se penchait lourdement au-dessus d’elle, tel un lion en chasse, acculant sa proie.

Isabelle aurait pu tenter de se libérer, mais dès qu’elle a reconnu l’identité de l’homme, elle a cessé toute résistance.

Dans l’obscurité, elle ne pouvait distinguer les traits de son visage. Mais l’aura de violence et de menace qu’il dégageait était suffocante.

« Reine… tu n’as rien à expliquer ? » La voix de l’homme était basse, emplie d’une oppression qui pouvait glacer le sang.

Si cela avait été une autre femme de la noblesse, elle serait déjà dans un état de panique, se tordant de terreur. Mais Isabelle est demeurée étrangement calme.

« Pour ma propre protection, Majesté, j’ai l’habitude de porter cet objet. Je n’avais pas l’intention de troubler Votre Majesté. »

Elle n’était pas une jeune fille douce et timide comme sa sœur Elodie. Son ton était direct et froid, sans aucune tentative de flatterie. Elle parlait comme si elle faisait face à un ennemi, et non à son propre mari.

L’homme a laissé échapper un rire glacial. Il a arraché sans effort le couteau de ses mains et s’est assis, jouant avec l’arme, l’examinant sous la faible lumière de la lune qui perçait à travers la fenêtre.

La chambre était plongée dans un silence de mort, à peine perturbé par les respirations des deux personnes.

Isabelle s’est redressée lentement, gardant une certaine distance, respectant la règle de « ne pas bouger tant que la menace n’est pas claire ».

Soudain, l’homme s’est tourné vivement, levant le bras et plaçant la lame glacée du couteau contre la fine peau de son cou.

Isabelle est restée immobile, sans chercher à fuir.

« Je tue généralement ceux qui sont trop intelligents pour leur bien, » a-t-il dit, d’une voix glaciale.

Isabelle a répondu calmement, presque comme une vérité indiscutable : « Vous êtes le Roi, ce que vous décidez est forcément juste, ceux qui méritent de mourir… meurent. »

« Ha… ha… ha… »

Le rire de l’homme, à la fois puissant et terrifiant, a résonné dans la pièce. Il s’est penché ensuite brusquement en avant, saisissant Isabelle par le cou, la poussant violemment contre les colonnes sculptées du lit.

Elle s’est retrouvée prise au piège, son visage à quelques centimètres du sien, son souffle chaud frappant son visage : « Alors, dis-moi, ma Reine, devrais-je te tuer ? »

Il traînait sur chaque mot, comme s’il s’amusait à torturer ses nerfs.

Isabelle a senti la pression de sa main sur son cou. Bien que cela ne suffît pas à l’étouffer immédiatement, la douleur était bien présente. « Ma vie est entre vos mains, Majesté, ce n’est pas à moi de décider. »

« Je te demande de répondre ! » La brutalité de l’homme a percé dans sa voix, une menace qui glaçait le sang.

« Si je devais répondre moi-même… » Isabelle a soutenu son regard, même dans l’obscurité, ses yeux aussi froids que l’acier, « Alors… il ne faudrait pas me tuer. »

Sa réponse était directe, presque provocante.

« Il ne faut pas ? » Les yeux du roi brillaient d’une froideur encore plus inquiétante dans l’obscurité. « J’ai entendu dire que ma Reine, avant le mariage, a été victime d’un brigandage. Elle n’est donc plus… vierge. »

Isabelle est restée calme, répondant d’une voix égale. « Les rumeurs sont rarement dignes de foi, Majesté… Si vous voulez savoir si je suis vierge, vous n’avez qu’à le vérifier vous-même. »

« Très bien. Faisons donc cette expérience. »

Dès que la phrase faisait prononcée, elle faisait brutalement renversée sur le lit.

La force de l’homme était terrifiante.

Isabelle s’est sentie soulagée qu’elle soit ici. Si cela avait été Elodie, elle aurait sans doute été blessée ou terrorisée.

Soudain, un objet froid et dur s’est enfoncé dans son ventre. Et plus encore, l’homme lui a saisit la main et l’a forcée à toucher l’objet — c’était le manche du couteau.

À son oreille, une voix démoniaque a chuchoté.

« Je déteste la saleté. Ma Reine, fais-le toi-même. »

Une colère froide a envahi Isabelle. Cet homme n’avait aucune humanité ! Elle s’est sentie réconfortée qu’Elodie ne soit pas là pour subir une telle humiliation et terreur. Sa main tremblait, mais ce n’était pas de peur, c’était de rage pure.

« Reine, si tu ne le fais pas, je n’hésiterai pas à faire appeler quelqu’un pour t’aider. »

La voix du tyran a résonné, sans aucune compassion pour elle.

Un éclat de résolution a traversé les yeux d’Isabelle. Elle n’est pas restée indécise. Elle a levé la main et a commencé à dénouer les rubans de sa chemise de nuit…
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