– Tu mangeais où avant ? me demande Mathis. On ne t’a jamais vu au self.
– Dans le gymnase. Habituellement ma mère me prépare mon déjeuner à emporter.
– Une chance pour nous qu’elle ne l’ait pas fait aujourd’hui alors, réplique Max.
– Elle n’est pas là cette semaine et je crois que mon parrain l’a fait exprès, dis-je en me sentant un peu mal à l’aise.
Les paroles de Célia ne cessent de me revenir en tête et je ne sais pas trop quoi en penser, ni comment réagir à l’attention des garçons.
– La personne la plus sage que tu connaisses ? demande Mathis en réagissant à mes dernières paroles.
– Oui, ris-je en sentant la pression retomber.
– Et pourquoi est-ce que tu t’entraînes autant ?
Sa curiosité me plaît beaucoup.
– Je voudrais intégrer une école de danse l’an prochain.
– Vraiment ? Laquelle ? C’est peut-être la même que ma sœur…
– Atica’Dance
Mathis hausse les sourcils, James se tourne vers moi avec étonnement, mais ne dit rien et je vois Dereck sourire sans pour autant me regarder. Mon cœur se réchauffe. Je ne sais pas si ça se voit parce que James tourne la tête vers Dereck et ce dernier tourne le regard vers moi. Cette joie me surprend et me scotche à mon siège. James prend ma main.
– Ça va ? s’inquiète-t-il dans un murmure.
– Très bien, dis-je en appuyant ma réponse avec un sourire.
Il me relâche, non sans avoir laissé un morceau de papier au creux de ma main avant.
– C’est loin ? demande Max.
– Non, c’est à trente minutes en voiture, mais vu que je déménage cet été, je serai encore plus près. Enfin, il faut d’abord que je réussisse le concours d’entrée !
Mathis a l’air satisfait de ma réponse au contraire de Max.
– Moi, j’ai une autre question ? dit froidement quelqu’un que je n’avais encore jamais entendu s’exprimer jusque-là.
Étonnée, je lève les yeux dans sa direction.
– Comment t’as fait pour foutre une raclée à James ? demande le gars qui est toujours derrière Dereck.
– Reed, ferme-la, grognent James et Dereck d’une même voix.
Les yeux rivés aux siens, je comprends quelque chose que je n’avais pas compris dès le début. Foutue louve ! Reed est un loup et il sait qui je suis.
– Tu le sais parfaitement, grincé-je.
– J’aimerais bien savoir aussi, ajoute Mathis.
Il détourne mon attention et la pression dans mes poings se calme. Je le remercie intérieurement pour son intervention. Je lui souris, rougissant légèrement en repensant à la scène. Je jette un œil à James qui sourit à son tour.
Je dois faire attention à ma réponse, car si Mathis est aussi un loup, les autres sont humains et ne comprendraient pas…
– Dans ma famille, les filles sont élevées comme des princesses, mais mon parrain a toujours voulu que je sois aussi une combattante. De ce fait, mon père et lui m’apprennent à me battre depuis que je sais marcher.
Il lève un sourcil d’étonnement. Reed n’a pas l’air satisfait, que voulait-il que je réponde ?
– Ils sont militaires ? demande Eli.
– En quelque sorte…
Je regarde l’heure sur mon téléphone.
– Il faut que je vous laisse, je dois aller m’entraîner.
– On peut venir te voir ? demande Mathis avec espoir.
– Quand vous voulez, réponds-je avec le sourire.
Je débarrasse mon plateau et tombes sur James sur le chemin de la sortie.
– T’as assuré tout à l’heure, me souffle-t-il.
– Merci.
Il m’embrasse sur la joue et me laisse aller.
Quand je sors des vestiaires en tenue de sport, je vois Mathis, Max, Eli et Célia dans les gradins et James sur les tapis.
– Je peux t’aider à t’entraîner ?
– Si tu veux, ris-je. Ça me changera des mannequins en bois.
Il finit au tapis et nos spectateurs sifflent, mais au moment où je me relève, il me prend par surprise et je finis à terre, son corps plaquant le mien au sol.
– Ne baisse jamais ta garde, murmure-t-il tout près de mon visage.
Il finit par me faire un bisou sur la joue et s’écarte pour se relever et m’aider. Puis, je lance la musique pour danser la dernière demi-heure. Et mes spectateurs me rejoignent pour la danse défouloir et cette fois, James participe.
Ensuite, je vais prendre une douche au vestiaire.
– Alors, tu me crois maintenant ? me dit Célia en me faisant sursauter.
– Oui, j’en suis consciente, mais je ne peux pas lui donner ce qu’il veut.
– Personne ne t’y oblige, mais lâche-toi un peu, et si ce n’est pas James, alors un autre !
***
Le même rituel s’opère toute la semaine : je mange avec une partie de l’équipe de foot et Célia, certains assistent à mes entraînements et participent quand ils le peuvent.
James est revenu quelques fois avec le visage amoché. Il ne veut pas me dire avec qui il se bat, ni pourquoi.
– Tanya. Je voulais m’excuser pour ce que j’ai dit la première fois qu’on s’est vu, me dit-il en me prenant à l’écart.
– Pourquoi avoir dit ça ?
– Tu m’as troublé, je n’ai pas su gérer mes émotions quand j’ai vu tous les gars à tes pieds…
– Ils ne sont pas tous à mes pieds. Et je n’ai pas voulu toute cette attention…
– Je sais, je suis juste un idiot.
– Je te pardonne.
– Merci princesse.
Mathis continue de me poser beaucoup de questions pour apprendre à me connaître et je m’intéresse à sa vie en retour. Dereck et Reed sont fidèles à eux-mêmes. Célia sort officiellement avec Eli. Je suis heureuse pour mon amie, mais je ressens parfois une pointe de jalousie envers son bonheur.
Sur le petit papier que James m’avait discrètement glissé dans la main lundi, il y avait son numéro de téléphone. Nous discutons tous les soirs, mais je parle aussi beaucoup avec Mathis qui m’a directement demandé mon numéro mardi matin en arrivant.
On est vendredi, je me lève et me prépare comme à mon habitude depuis une semaine, mais en descendant prendre le petit-déjeuner, il y a une seringue et un flacon rempli d’un liquide bleu violet posé sur le comptoir.
– Bonjour ma beauté, comment ça va ce matin ?
– Bonjour parrain, ça va. C’est quoi, ça ?
– Tes parents sont retenus encore quelques jours, mais ils nous ont envoyé ce qu’ils ont trouvé pour calmer ta louve jusqu’à ta première transformation.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Un sérum. Fabriqué par une sorcière avec qui la meute travaille régulièrement. Il devrait pouvoir garder ta louve sous contrôle.
– Tu vas devoir me l’injecter ?
– Oui ma beauté, une injection tous les deux jours jusqu’à ton anniversaire.
– D’accord, vas-y.
– Donne ça à James, au cas où tu te sentes perdre à nouveau le contrôle, il saura quoi en faire, me dit-il après l’injection.
Il me donne un flacon et trois seringues dans une boîte conçue pour leur transport.
Quand je quitte la maison, je me sens déjà plus légère, comme si un poids sur mes épaules s’était envolé.
En arrivant au lycée, je salue notre bande de copains et prends James à part une minute pour lui donner ce que Parrain m’a confié.
– Il a dit que tu saurais quoi en faire…
– Tu as déjà reçu une injection ?
– Il y a une heure environ.
– OK, dit-il, sérieux, avec un signe de tête.
– Je suis désolée que ce soit toi qui en endosses la responsabilité, lui dis-je contrite.
–Ne t’inquiète pas pour ça, princesse.
Il me prend un instant dans ses bras, puis nous rejoignons le groupe, et Mathis me prend la main pour m’attirer à lui.
– Tu viens au match demain ?
–Célia ne m’a jamais laissé en louper un avant qu’on vous connaisse, alors ce n’est pas maintenant que je vais y échapper ! is-je en rigolant.
– Ça te dirait de venir voir l’entraînement ce soir ?
– Bien sûr, avec plaisir, dis-je en comprenant le sous-entendu.
Son sourire s’élargit et je me sens rougir. La cloche retentit, mais je ne lâche pas sa main, il en profite pour entrelacer nos doigts en m’accompagnant jusqu’à ma salle de court.
– Rendez-vous à la pause, me dit-il en arrivant devant ma salle.
– J’ai hâte, dis-je alors qu’il glisse son autre main sur mes reins.
Ses yeux brillent quand il me regarde. Il se penche vers moi et je me hisse à sa rencontre pour échanger un baiser qui fait s’envoler des milliers de papillons dans mon ventre.
– Je n’ai plus envie de te lâcher maintenant, me dit Mathis en appuyant son front contre le mien.
– Je te retrouve dans deux petites heures, promis.
Un dernier baiser et j’échappe à son étreinte avant la dernière sonnerie.
– J’en reviens pas ! s’exclame Célia quand je m’assois à notre table. Je commençais à croire que ça n’arriverait jamais !– Tu me sous-estimes, pétasse.– Salope.– Moi aussi, je t’aime.J’ai les nerfs en pelotes, le prof nous lâche en retard et nous a bouffées cinq minutes de pause ! Avec Célia, on se précipite dans les couloirs pour rejoindre la cour, où les garçons nous attendent. Mathis est de dos, assis sur un muret. Je le surprends en l’entourant de mes bras et en posant un baiser sur sa joue.– Hey ! Salut mon cœur ! me dit-il, joyeux.Il est vraiment trop chou. Il m’attire dans ses bras pour un baiser et me garde sur ses genoux. Max est visiblement énervé, mais je ne vais pas m’excuser de m’être attaché à quelqu’un qui s’intéresse à moi de toutes les manières possibles.– Pourquoi vous arrivez si tard ? Nous demande Eli.– Le prof de philo nous séquestrait, déclare Célia.– J’ai eu peur que tu aies changé d’avis,
– Tu mangeais où avant ? me demande Mathis. On ne t’a jamais vu au self.– Dans le gymnase. Habituellement ma mère me prépare mon déjeuner à emporter.– Une chance pour nous qu’elle ne l’ait pas fait aujourd’hui alors, réplique Max.– Elle n’est pas là cette semaine et je crois que mon parrain l’a fait exprès, dis-je en me sentant un peu mal à l’aise.Les paroles de Célia ne cessent de me revenir en tête et je ne sais pas trop quoi en penser, ni comment réagir à l’attention des garçons.– La personne la plus sage que tu connaisses ? demande Mathis en réagissant à mes dernières paroles.– Oui, ris-je en sentant la pression retomber.– Et pourquoi est-ce que tu t’entraînes autant ?Sa curiosité me plaît beaucoup.– Je voudrais intégrer une école de danse l’an prochain.– Vraiment ? Laquelle ? C’est peut-être la même que ma sœur…– Atica’DanceMathis hausse les sourcils, James se tourne vers moi avec ét
Je me réveille avec un mal de tête terrible. Célia grogne à côté de moi signifiant une douleur identique.– Comment tu fais pour subir ça tous les week-ends ? murmuré-je.– Parle moins fort, supplie-t-elle.Je ris de sa remarque parce que moins fort que ça, c’est de la télépathie. Je m’extirpe des draps, non sans difficulté et je descends à la cuisine chercher du paracétamol.Je constate que je suis toujours vêtue de ma robe et de la chemise. Je fais ce que je n’ai pas osé faire hier soir : sentir la chemise pour détecter un quelconque parfum.Je suis tellement bouleversée par cette odeur enivrante, qui me rappelle quelque chose, sans que je sois capable de définir ce que c’est, que je dois prendre le temps de m’asseoir une minute.Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, me rappelant la migraine qui m’assaille et je poursuis ma descente.– Bonjour ma beauté, me dit parrain en me tendant un verre qui contient déjà le médicament effervescent.– Bonjour parrain, merci beau
– James !Je ne lui laisse pas le temps de réagir et je le prends dans mes bras.– Je suis désolée, m’en veux pas, s’il te plaît !Je lui fais un bisou sur la joue et j’entends Stronger résonner dans les enceintes, alors je lâche un James complètement choqué, pour aller danser. On pousse la table basse et tout le monde nous rejoint pour la chorégraphie, sauf les trois mêmes qu’hier. James ne s’est toujours pas remis de mon élan de tendresse envers lui, celui qui voulait le frapper hier a l’air très mécontent et le troisième reste impassible.– Putain, meuf ! Même en talons aiguilles, tu gères la danse ! crie Célia en se jetant dans mes bras. T’es une déesse !– Comment ça se fait qu’on te découvre que maintenant me demande Mathis alors qu’il distribue une nouvelle tournée.– Je me faisais discrète.– Et qu’est-ce qui t’a poussé à sortir de l’ombre ?– La personne la plus sage que je connaisse m’a dit que j’avais grand besoin de décompresser et de me changer les idées.– Pour mon plus
Célia m’a créé plusieurs tenues, elle veut pour ça me trouver les chaussures assorties. Elle m’entraîne dans un immense magasin du centre commercial dans lequel je n’ai encore jamais mis les pieds. Elle le connaît par cœur, elle pourrait le parcourir les yeux fermés. Elle m’entraîne donc dans les rayons me faisant essayer tout ce qui lui passe par la tête, m’expliquant avec quoi elle l’imagine porté.Je suis impressionnée par la quantité d’achats effectués pour à peine une centaine de dollars. Même si Célia n’a pas pu s’empêcher de m’acheter des trucs pour la même somme que j’ai dépensée.– Tu seras une vraie bombe avec ça ! s’exclame Célia en rentrant à la maison.– Merci, mais tu n’aurais jamais dû dépenser autant ! dis-je mal à l’aise.– Si mes parents me faisaient l’honneur de leur présence de temps en temps, peut-être que je ferais attention à ce que je dépense… En attendant, je fais ce que je veux, me dit-elle avec colère envers ses parents. J’ai été élevée par une quinzaine de
– Comment sa louve peut-elle se manifester alors qu’elle ne s’est pas encore présentée ? demande mon père à Stephen.Ils discutent assis à l’îlot de la cuisine pendant que je bois un chocolat chaud dans le canapé.– Probablement pour les mêmes raisons qui vous ont poussées à devoir vous éloigner de la meute.– Est-ce qu’il arrivera à rester loin d’elle encore deux semaines ?– Il n’aura pas vraiment le choix…– De quoi est-ce que vous parlez ? Pourquoi avons-nous quitté la meute, papa ? demandé-je alors qu’ils ne répondent pas à ma première question.– Pour ta sécurité. Je te l’ai déjà dit, Tanya.– Papa. Qu’est-ce qui menace ma sécurité ? insisté-je.– Toi-même, cède-t-il après avoir jeté un œil à Stephen.– Comment ça ? Qu’est-ce que ça veut dire ? demandé-je interloquée.– Ta louve est, en quelque sorte, précoce, m’explique parrain. Elle a tenté de prendre forme à plusieurs reprises quand tu étais petite fille. T’éloigner de la meute était la meilleure solution pour la calmer et la