Chapitre 14 23h17 La lumière bleutée de mon téléphone éclaire ma chambre d'une lueur fantomatique. Je suis recroquevillée sous la couette, l'appareil collé à mon oreille, à écouter la voix rauque d'Enzo qui me raconte sa journée avec ce mélange de passion et d'épuisement qui me fait toujours sourire. "—...et quand j'ai vu que le coach nous faisait recommencer les sprints pour la troisième fois, j'ai cru que j'allais mourir, litéralement. Mendez a vomi derrière les tribunes, le pauvre." Je mords mon oreiller pour étouffer mon rire. "Quel gentleman. T'as au moins tenu sa tresse pendant qu'il rendait son âme ?" Sa réponse est un grognement moqueur qui me fait frissonner. "T'es sadique, toi. Alors, ce week-end ?" Je ferme les yeux, sentant mon cœur faire un bond périlleux dans ma poitrine. Depuis trois jours, tout semble trop facile entre nous. Ses messages qui arrivent pile quand je pense à lui, ces attentions qui me font rougir comme une ado, cette façon qu'il a de me regarde
Chapitre XIIIJe marche vers la fac avec des pas traînants, chaque mouvement de la robe contre mes jambes me rappelant cruellement à quel point je suis sortie de ma zone de confort. Le tissu trop léger, trop soyeux, me donne l'impression d'être nue sous les regards insistants qui se posent sur moi. Des regards surpris, amusés, parfois admiratifs - mais tous me brûlent comme autant de petits soleils."Putain de robe", je murmure entre mes dents, regrettant amèrement d'avoir cédé à cette folie passagère. Chaque pas vers l'entrée de la fac est un supplice, chaque coup d'œil jeté dans ma direction me fait monter la chaleur à mes tempes.Et puis je les vois.Michael, toujours aussi décontracté, adossé contre le mur. Lucas, encore un peu pâle à cause de sa grippe. Et Mehdi... Mehdi, debout près des marches, les bras croisés, son regard sombre planté droit sur moi."Salut les gars", je lance, m'efforçant à un ton naturel qui sonne faux même à mes oreilles.Michael me répond avec son enthousi
Chapitre XIIMes doigts tremblent légèrement en parcourant une énième fois l'historique de nos messages. Chaque mot d'Enzo semble gravé au fer rouge dans ma mémoire. Je ferme les yeux, sentant la chaleur me monter aux tempes plutôt qu'aux joues - cette réaction physique que je ne peux contrôler et qui me trahit à chaque fois. Comment ai-je pu me laisser prendre à ce jeu ? Lui, l'éternel séducteur, et moi, celle qui se vantait de ne jamais tomber dans ces pièges.J'éteins brutalement l'écran, laissant le téléphone tomber sur le matelas avec un bruit sourd. La nuit est épaisse derrière mes rideaux, mais le sommeil refuse de venir. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes. Et si tout ça n'était qu'une distraction pour lui ? Un passe-temps entre deux conquêtes plus faciles ? Je me retourne violemment, enfouissant mon visage dans l'oreiller. ---Le réveil sonne comme une alarme de prison. 7h15, le parc dans vingt minutes. Mon estomac se noue à cette simple pensée.Debout devant mon placard
Chapitre XI17h30 - Falaise des Goudes Le vent fouette mes cheveux tandis que je fixe désespérément l'horizon, refusant de croiser son regard. Mes lèvres picotent encore - un souvenir vivace de ce putain de baiser qui m'a retourné les tripes. Il s'appuie contre le capot de son Audi, trop calme, trop sûr de lui. "Alors ?" Je plisse les yeux. "Alors quoi ?" "Tu fais la muette depuis cinq minutes." Un sourire en coin. "Je commence à me demander si je t'ai embrassée ou assommée." Je lui lance un regard noir. "C'était... bizarre." "Bizarre ?" Il éclate de rire. "Vraiment ?" "Oui. Inapproprié. Gênant. Choisis ton terme." Il se redresse et avance vers moi, lentement, comme on approche un animal sauvage. Je recule d'un pas, butant contre le pare-chocs. "Jordan." Sa voix est douce, trop douce même. "Si c'était si 'bizarre', pourquoi tu as répondu ?" Je rougis jusqu'aux oreilles. "J'ai pas répondu, j'ai... subi." "Ah oui ?" Il place une main de chaque côté de moi, m'empri
Chapitre X 7h30 - Terrain d'entraînementL'odeur du café brûlé et de l'herbe humide me saute au visage en poussant le portail. Je suis en retard - une première - mais le terrain est presque vide. Seulement Mehdi et Michael qui s'échauffent, Lucas absent pour cause de grippe.Mon père m'attendait hier soir dans l'entrée, les yeux brillants :"Alors ma championne ? Comment s'est passé ton dîner ?""Bien." J'avais grimpé l'escalier sans le regarder, sentant le regard pesant de ma mère dans mon dos. Elle n'avait rien dit. Elle savait, elle savait toujours.Michael me lance un regard en coin tout en faisant des passes contre le mur."Alors Jordan ? On a droit aux détails croustillants ?"Je lui envoie un tacle sec pour récupérer le ballon."T'as que ça à foutre ?"Mehdi reste silencieux, concentré sur ses lacets. Je sens la tension rouler en vagues depuis son coin de terrain."Bon sang, respire un coup Mehdi, t'es rouge comme une tomate", ricane Michael.C'est alors que Mehdi lève les
Chapitre IX Ma mère pose deux tasses de café fumant sur la table. La sienne, noire comme la nuit, sans sucre. La mienne, noyée sous trois cuillères de sucre et un nuage de lait. Elle s’assoit en face de moi avec la lenteur calculée d’un juge prêt à rendre son verdict. "Alors." Elle prend une première gorgée brûlante, ne clignant même pas des yeux. "Explique-moi comment on en est arrivés là." Je fais tourner ma tasse entre mes doigts, sentant la chaleur traverser la céramique. "C’est bête, en fait. Je me suis pris un ballon dans la tête au stade, il s’est excusé, on a discuté..." "Et il t’a offert des places pour le match." Je lève les yeux, surprise. "Papa t’a dit ?" "Non." Elle esquisse un sourire. "Mais hier soir, je l’ai surpris en train de danser dans le salon en répétant 'ma fille connaît Enzo Lacroix' comme un mantra." Je cache mon visage dans mes mains. "Oh mon Dieu, c’est gênant..." Ma mère pose sa tasse. "Écoute, ma chérie. Je ne vais pas t’interdire ce dîner