~~~~~ Veronica White ~~~~~
Je n'ai aucune envie d'organiser une soirée pour me présenter à tous et me faire des alliés. C'est une idée de Marcos, mon bras droit, qui pense que cela pourrait m'aider à gagner le respect des autres. Comme si un simple rassemblement pouvait effacer le fait que je suis l'héritière d'un empire, orpheline depuis quelques mois. Alors que je n'ai que vingt-quatre ans.
Mes parents sont morts dans un crash d'avion, laissant derrière eux non seulement leur richesse incommensurable, mais aussi une pression écrasante. Ils étaient extrêmement riches, tellement riche qu'aucune entreprise dans tout les États-Unis ne pouvait rivaliser avec les entreprises White. Même pas le Walmart, des Walton.
En entrant dans la salle de fête, je sens déjà les regards sur moi. Les chefs d'entreprise se pressent autour des buffets et échangent des sourires faux et des politesses superficielles. Je les salue un à un, reconnaissant leurs visages grâce aux longues séances de préparation avec Marcos. Il m'a appris à connaître chacun d'eux, à sourire au bon moment et à prononcer les phrases qu'ils veulent entendre. Mais tout cela me semble si artificiel. Ce n'est pas moi, ça.
Alors que je fais semblant de m'intéresser aux banalités que l'on me sert, mon regard est attiré par un homme assis seul à une table dans un coin. Étrangement, il n'a pas été mentionné par Marcos. Je n'ai pas vu de photos de lui. Qui était-il ? Je l'observe discrètement pendant qu'il prend un appel. Il est beau, captivant même, le plus séduisant que j’aie croisé depuis mon retour à New York.
Il raccroche et glisse son téléphone dans la poche intérieure de sa veste. Une veste qui me rappelle quelque chose… Oui !! Je voulais offrir la même à mon père il y a deux ans. Je ne sais pas pourquoi mais il dégage une sorte d'aura intrigante.
Je me détourne de l'homme ennuyeux avec qui je parlais et m'approche de lui. Pourquoi suis-je si attirée par cet inconnu ? À mesure que je me rapproche, je remarque la chevalière sur son doigt. J'adore les hommes qui savent porter des bijoux ; cela leur donne une élégance indéniable. En plus, ses doigts sont longs et délicats, presque artistiques.
Une fois assez près de lui pour qu'il puisse m'entendre, je lance sans réfléchir :
_ Beau costume !!
C'est tout ce que j'ai trouvé à dire ? Mon cœur se mit à battre alors qu'il tournait le regard vers moi. Ses yeux marrons se mette à me fixer, scrutant chaque détail de mon corps. Je ne sais pas quoi dire. Son silence autant que son regard me déstabilise.
Maintenant que je suis assez proche, je peux le confirmer : c'est le plus bel homme que j'ai jamais rencontré. Sa coiffure aux ondulations parfaites, ses sourcils naturellement dessinés, ses lèvres qui semblent sculptées... Et ses doigts qui jouent avec le verre dans ses mains, tout cela me fait ressentir des palpitations que je n'ai jamais connues auparavant. Gênée, je décide de briser la glace :
_ Laissez-moi deviner. Collection automne Coco Chanel, il y a deux ans ? Je le voulais pour mon père. Je l'ai commandé mais ils m'ont dit que c'était déjà vendu.
Il émet un petit sourire en coin qui me fait chavirer. Waouh ! Mais qu'est-ce qu'il est séduisant ! Avec ce charisme dans son regard, j'ai l'impression de me perdre totalement.
_ Alors j'ai eu de la chance, répond-il simplement.
Sa voix... Oh mon Dieu ! J'ai l'impression que je pourrais mourir là, tout de suite. Elle est si douce et envoûtante que je pourrais l'écouter pendant des heures.
_ Quelle impolie !! dis-je. Je ne me suis pas présentée. Je suis Veronica White.
Je m'attendais à ce qu'il fasse une fixation sur mon nom mais il me prend simplement la main que je lui tends en disant :
_ Je suis Melrick, Melrick Hart.
_ Ravie de vous rencontrer, Melrick, enchaîné-je.
_ Le plaisir est partagé.
Sans lui demander et sans attendre qu'il me le demande, je prends place à côté de lui. C'était plus fort que moi. J'avais besoin de le connaître.
_ Vous êtes la reine de la soirée, me dit-il. Pourquoi choisissez-vous de vous asseoir près de moi ?
Encore une fois, sa voix...
_ Parce que c'est le seul endroit où je me sens actuellement bien, je lui réponds. Parlez-moi de vous.
Je suis audacieuse, je le sais. Mais il me plaît.
_ Qu'est-ce que vous voulez savoir ? me demande-t-il.
_ Quelque chose que vous aimeriez me dire, je réponds.
_ Je suis à la recherche d'un emploi, me lance-t-il.
Mon cœur rate un battement. En lui demandant de me parler de lui, je pensais qu'il parlerait d'autres choses... Je sais pas trop... Sa situation matrimoniale, par exemple.
_ Quoi !? je m'exclame.
_ Je suis à la recherche d'un boulot, répète-t-il.
Il est sérieux là ? Il porte un costume qui ne coûte pas moins de un million de dollars, une chevalière probablement en or et une montre Rolex. Comment peut-il prétendre être à la recherche d'un travail ?
_ Vous bluffez, n'est-ce pas ?
J'essaie d'esquisser un sourire.
_ Non, pas du tout, me répond-il. C'est pour ça que je suis ici. Pour voir si l'un des chefs d'entreprise présents m'offrirait un travail ou même un rendez-vous.
Je reste interdite.
_ Mais votre costume...
_ Je me le suis offert il y a deux ans, lorsque j'étais encore le PDG de reality.
Reality ? L'entreprise qui a fait faillite il y a près de deux ans ? C'est lui qui le dirigeait ? Si c'est vrai alors c'est possible qu'il ne travaille toujours pas. Ce n'est pas facile d'avoir un boulot en étant ex PDG d'une entreprise qui a fait faillite. C'est même presqu' impossible.
Pourquoi ne pas en profiter ? S'il a besoin d'un travail, pourquoi ne pas lui en donner ? Sans hésiter, je lui demande :
_ Et si on allait danser ?
Il arque un sourcil, et je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point il est beau. Mon cœur s'emballe à cette pensée. J'ai envie de l'embrasser… mais je sais que je ne devrais pas. Il semble hésiter alors j'insiste :
_ Comme ça, vous en profiterez pour me parler de vos compétences.
Il se lève, et je suis éblouie par sa stature imposante. Je peux voir ses muscles se dessiner à travers sa chemise ajustée malgré la veste qu'il porte. Un parfait gentleman, il me tend la main avec une élégance qui me fait sourire.
_ M'accorderiez-vous cette danse ? demande-t-il.
_ Certainement, lui réponds-je en prenant sa main.
Je me lève alors et, ensemble, nous nous glissons sur la piste de danse. La musique enveloppe nos corps alors qu'il commence à me parler de ses compétences et de ses expériences. Mais en réalité, je n'écoute rien. Mes pensées sont ailleurs. Je suis distraite par son parfum enivrant qui chatouille mes sens et m'emmène dans un tourbillon de sensations.
Ma main repose sur son torse, et je sens son rythme cardiaque battre sous mes doigts. Mon cœur palpite à chaque mouvement que nous faisons ensemble.
Nous dansons pendant quelques minutes avant que Marcos ne vienne me chercher.
_ Veronica, il faut que je te parle, me lance-t-il en interrompant notre danse.
Je lève les yeux au ciel, agacée par son intervention.
_ Bon timing, Marcos, dis-je avec un ton sarcastique, espérant qu'il comprenne que j'apprécie peu cette interruption.
_ Veronica, j'ai besoin qu'on discute, répète-t-il avec une insistance qui frôle l'impertinence.
_ Je suis occupée, rétorque-je, irritée.
_ Arrête de faire tes caprices, c'est important, insiste-t-il.
Mon cœur se serre légèrement. Qu'est-ce qui peut bien être si urgent ? Je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi il veut à tout prix. Ne voit-il pas que je suis occupée ?
_ Ça va devoir attendre, dis-je fermement.
Je me tourne alors vers Melrick, qui semble un peu confus.
_ Veronica, tu vas devoir venir, me lance à nouveau Marcos avec un sérieux qui me déstabilise.
Je soupire profondément. Ce n'est pas le moment pour des urgences.
_ D'accord, je viens avec toi, lui dis-je finalement. Mais je t'interdis de m'interrompre une prochaine fois. Donne-moi une carte.
Il acquiesce sans discuter et me tend une carte avec un air résigné. Je me tourne vers Melrick et lui tends la carte en disant :
_ Appelez-moi demain à neuf heures. Passez une merveilleuse nuit.
_ Merci, me répond-il avec un sourire sincère. Vous aussi.
J'éprouve un léger pincement au cœur en quittant cette danse inachevée avec lui. Mais je suis Marcos maintenant, un sourire aux lèvres. La soirée n'a pas été le gâchis que j'avais imaginé ; au contraire, elle a pris une tournure inattendue. J'ai fait une rencontre incroyable.
Je sors et ferme la porte derrière moi d’un geste vif car je n'ai pas envie qu'il voit mes enfants et je n'ai pas envie non plus qu'ils le voient. Je le fixe et il me fixe. _ Qu’est-ce que tu fais ici ? je murmure, les bras croisés. Tu n'as alors rien retenu de ce qu'on s'est dit hier ? Je le fixe sans ciller, bien que tout mon corps hurle de l’intérieur. _ Tu crois vraiment que j’allais repartir comme ça sans revoir mon fils ? réplique-t-il d’un ton bas. Je suis venu voir Roy. _ Non. BMa réponse est immédiate. Je ne prends même pas le temps d’y mettre des formes. _ Cassandra… commence-t-il. _ Tu n’as aucun droit sur lui, Melrick. Aucun, le coupé-je, sans attendre. Tu ne l’as pas vu grandir et tu ne sais rien de sa vie. Et aujourd’hui, tu débarques ici comme si tu pouvais t’improviser père ? Je retiens ma voix de trembler. Je lui tiens tête mais mes entrailles sont nouées. _ J’ai toujours été son père, que tu le veuilles ou non, siffle-t-il. Il a mon sang
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Le soleil monte doucement dans le ciel au dehors. Il est à peine sept heures du matin, mais la maison bourdonne déjà. Célina est la première à apparaître, encore ensommeillée, un doudou dans les bras. Je lui tends un bol de lait chaud et elle me gratifie d’un sourire, les yeux encore collés de sommeil. Quelques minutes plus tard, Sienna surgit dans la pièce en courant. Elle grimpe sur sa chaise et me dit : _ Maman, on fait des pancakes aujourd’hui ? Je souris malgré moi. C’est notre petit rituel du samedi matin, mais aujourd’hui, on est mardi. Néanmoins, je cède. _ D’accord, mais seulement si tu aides à la pâte. Elle tape dans ses mains, ravie, pendant que je sors les ingrédients. Roy descend enfin. Il a toujours été matinal, mais il aime trop râler. C’est sa façon de protester contre le réveil. Je le salue d’un baiser sur la tempe, mais je remarque que son regard est songeur ce matin. Il semble ailleurs et préoccupé. Je n’insiste
~~~~~ Grégory Smith ~~~~~ Je pousse la porte de chez moi et je le referme doucement. Au salon, comme je m’y attendais, ma mère est assise dans son fauteuil préféré, les jambes croisées, un livre à la main et ses lunettes glissées sur l’arête de son nez. Elle ressemble à une vieille reine anglaise en pleine inspection de ses sujets. Sauf qu’ici, le seul sujet, c’est moi. Je m’approche à pas comptés, mais évidemment, elle relève la tête avant que j’aie franchi la moitié du salon. Rien ne lui échappe, même pas à son âge. _ Bonsoir, Majesté, dis-je avec un large sourire en m’inclinant légèrement. Elle lève les yeux au ciel et sourit en coin. _ Arrête ton cinéma, Greg, et viens m’embrasser. Je m’exécute sans tarder et l’embrasse tendrement sur la joue. Je prends place sur le canapé en face d’elle, m’étire comme si j’avais couru un marathon… alors que j’ai seulement dîné et failli embrasser une femme qui me hante depuis des mois. Je suis fatigué, oui, mais de pensées.
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je ne vais pas bien, pas du tout après ce qui s'est passé aujourd'hui. Melrick à Boston, ça change tout. Je n'ai pas envie qu'il décide de m'enlever mon fils et encore moins mes deux petites princesses. Je ne sais pas ce que je dois faire pour ne pas les perdre. Ce sont mes enfants... les miens. Je refuse de le laisser me les enlever. Je touille distraitement la sauce dans la casserole lorsque Greg, adossé au plan de travail à côté de moi, tente une nouvelle approche pour m’aider. J'ai d'abord refusé car je voulais cuisiner seule, perdre mon esprit dans quelque chose de de simple, sans avoir à penser à tout ce qui m'angoisse. Mais Greg a insisté avec une telle douceur que je n'ai pas eu le cœur de refuser plus longtemps. Ainsi, nous voilà, côte à côte, lui découpant des légumes avec soin, et moi m'occupant des plats principaux. Pendant de longues minutes, nous travaillons en silence. Puis, naturellement, Greg engage la conversation : _ Tu cui
Je reste quelques secondes planté là, incapable de bouger, encore sonné par ce que je viens de voir. Cependant, lorsque je vois la voiture de Greg s’éloigner lentement du trottoir, mon instinct reprend le dessus. Sans perdre de temps, je remonte dans le taxi qui m'attend à quelques mètres. _ Suivez cette voiture noire, vite, ordonné-je au chauffeur. Sans poser de questions, il démarre tout en gardant une distance raisonnable pour ne pas éveiller de soupçons. Le cœur battant à tout rompre, je fixe intensément la voiture de Greg, comme si ma vie en dépendait. Je dois savoir où ils vont. Je dois comprendre quelle place cet homme a prise dans la vie de mon fils... et peut-être aussi dans celle de Cassandra. Après quelques minutes de trajet, Greg s’arrête devant une petite glacerie située dans une rue. Je demande au chauffeur de s’arrêter également, un peu plus loin, pour que je puisse observer sans être vu. À travers la vitrine, je les aperçois. Greg achète des glaces aux
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Dès que la porte du bureau claque derrière Melrick, je reste figée quelques secondes, incapable de bouger et incapable de respirer. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je serre les poings, je ferme les yeux et j'inspire profondément pour calmer les tremblements de mon corps. Il est ici à Boston. Oh mon Dieu !! Comment je peux faire pour cacher mes enfants maintenant ? Je m'effondre dans ma chaise, la tête entre les mains. Ce n'est pas le moment de paniquer, Cassandra. Ce n'est vraiment pas le moment. Je dois garder mon sang-froid. Je tends la main vers mon téléphone et compose nerveusement le numéro de Lenny. Elle décroche au bout de la deuxième sonnerie. _ Allô, Cassie ? _ Lenny, écoute-moi bien, dis-je avec urgence. Melrick est ici à Boston. Je viens juste de le voir à l’hôpital. Un silence inquiet s'installe au bout du fil. _ Quoi ? Mais... tu es sûre que c'est lui ? _ On vient tout juste de disc