Entre tes mains

Cassandra Moreau, 42 ans, est une figure incontournable du monde des affaires. À la tête de Moreau Financial Group, un empire financier mondialement reconnu, elle est redoutée, respectée, et souvent craint par ceux qui croisent son chemin. Chaque décision qu’elle prend est calculée, précise, et souvent brutale. Ceux qui travaillent sous sa direction savent qu’une erreur peut être fatale pour leur carrière. Cassandra dirige d’une main de fer, mais ce qu’ils ne voient pas, c’est la fragilité sous cette surface glacée.

Le matin, son réveil sonne à six heures précises, dans une chambre immaculée aux couleurs sobres : des tons de gris, de blanc et de noir qui renforcent l’aura de discipline et de contrôle qui l’accompagne partout. Elle se lève sans un mot, le visage impassible, et s’habille d’un tailleur sur mesure qui reflète à la perfection son statut de femme d’affaires puissante. Aucun sourire ne vient éclairer ses traits. Son regard est déjà déterminé, comme une arme prête à frapper.

Le miroir du vestibule la regarde sans jugement. Il reflète une silhouette élancée, impeccable, mais derrière cette apparence glacée se cache un océan d’émotions contenues. Son mari, Jean, est décédé il y a cinq ans dans un accident de voiture. Ce tragique événement l’a laissée brisée, mais elle n’a jamais montré sa douleur. Elle a préféré construire un mur d’acier autour de son cœur, devenant cette dirigeante impitoyable que tout le monde admire, mais que personne n’ose approcher. Elle a enfoui ses souvenirs de bonheur sous une pile de dossiers et de réunions, se consacrant uniquement à son entreprise pour ne pas sombrer dans le vide.

Elle descend les escaliers de son immense villa, une maison moderne de verre et d’acier perchée sur les hauteurs de la ville. À travers les fenêtres du hall, la ville de Paris s'étend sous ses pieds, magnifique et indifférente. Elle se tient là, immobile, son regard plongé dans l'horizon, tandis qu’un bruit discret se fait entendre : son chauffeur l'attend dans la voiture. Le temps est précieux, et chaque minute doit être utilisée à bon escient.

Dans son bureau au sommet de son entreprise, elle entre en scène comme une reine sur son trône. Les murs en verre offrent une vue imprenable sur la ville, mais elle n’y prête aucune attention. Elle s’assoit à son bureau, une large table en bois sombre, impeccablement rangée, comme si la perfection était la seule norme qu’elle accepte. Le seul objet personnel visible est une photo encadrée d'elle et de son défunt mari, prise lors de leur mariage, mais elle ne la regarde jamais.

Chaque jour, elle dirige avec autorité, ses décisions marquées par une logique implacable et un sens de la stratégie hors du commun. Elle consulte des rapports financiers, signe des contrats et dirige des négociations avec une efficacité redoutable. Elle ne montre jamais de faiblesse, mais derrière son visage de marbre, les souvenirs de son passé la hantent.

Les quelques rares occasions où elle doit se rendre à des événements mondains sont une épreuve. En public, elle est parfaite : son maquillage est impeccable, sa robe d’un noir profond dessine des lignes élégantes, mais aucun sourire ne frôle ses lèvres. Les hommes qui l’entourent la regardent, captivés par son aura de puissance et de beauté froide, mais elle les ignore, leur offrant à peine une attention. Ses interactions sont calculées, professionnelles, mais jamais personnelles.

Le soir, lorsqu’elle rentre chez elle, l’immense villa est vide de tout éclat. Le silence est oppressant. La maison ne reflète que son désir de contrôle. À travers les fenêtres, la ville brille, mais elle est seule dans cette grande demeure. Elle s’assoit dans le fauteuil en cuir du salon, un verre de vin rouge à la main, et regarde la lueur de la ville au loin. Il n’y a personne avec qui partager ce moment. Personne à qui parler. Tout ce qu’elle a construit, elle l’a fait seule.

Les pensées la tourmentent parfois. Elle se demande si elle est encore capable de ressentir quelque chose. Si elle est condamnée à cette vie de solitude, où les émotions sont un luxe qu’elle ne peut se permettre. La dernière fois qu’elle a aimé, c’était son mari. Mais il est parti, emporté dans l’accident. Depuis, il n’y a eu qu'un vide qu’elle s’est jurée de ne jamais combler.

Cependant, ce soir-là, comme tous les autres, le téléphone sonne. Un nouveau projet, une nouvelle réunion. Le monde extérieur frappe à la porte. Et avec ce coup de fil, une autre journée commence.