~~~~~ Melrick Hart ~~~~~
Je la regarde partir avec l'homme qui est venu la chercher. Veronica est étrange, c'est vrai, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine excitation. J'ai saisi l'opportunité comme Cassie me l'a conseillé, et maintenant, j'ai un rendez-vous. C'est tout simplement parfait. J'espère juste qu'elle ne va pas m'envoyer balader demain.
Je suis sur le point de me rasseoir, le cœur léger, lorsque mon téléphone vibre dans ma poche. Un appel de Cassandra. Le sourire aux lèvres, je décide d'y répondre pour lui parler du rendez-vous. Mais quand je décroche, ce sont des sanglots qui m'accueillent.
_ Cassie, dis-je, paniqué. Qu'est-ce qu'il y a ?
_ Rick... Rick, s'il te plaît, rejoins-moi... Rejoins-moi à l'hôpital.
Mon cœur sursaute. Des pensées sombres me traversent l'esprit en un éclair, mais je les chasse rapidement.
_ Qu'est-ce qui se passe, Cassie ? je demande en essayant de masquer mon anxiété.
_ Rick... C'est notre fils... C'est Roy.
J'ai en même temps le tournis. Je n'ai pas besoin de plus d'explications. Sans attendre une seconde de plus, je me dirige vers la sortie, mes jambes presque en pilote automatique. Je tombe sur Marc qui discute avec Devy.
_ Bro, tu rentres déjà ? me lance-t-il lorsqu'il me voit. Mais la soirée vient à peine de commencer, mec.
_ Roy est à l'hôpital, lui réponds-je en le dépassant à grandes enjambées.
Je vois son visage changer instantanément.
_ Quoi ? Mais tu y vas en marchant ? dit-il, visiblement inquiet. Viens, je t'y dépose.
Je hoche la tête sans vraiment répondre et me faufile vers la sortie. L'adrénaline pulse dans mes veines alors que je monte dans sa voiture. Chaque seconde compte maintenant.
_ Qu'est-ce qui s'est passé ? demande Marc en démarrant le moteur.
Je secoue la tête, incapable d'articuler les mots qui me brûlent les lèvres. Au fond de moi, j'espère que ce n’est rien de grave. Je veux croire que c'est juste une fausse alerte.
_ Je ne sais pas... Cassie a juste dit que Roy était à l'hôpital...
Marc ne dit rien d'autre et se concentre sur la route, mais je peux sentir son inquiétude à travers le silence qui s'installe entre nous. J'essaie de respirer profondément pour garder mon calme.
Nous arrivons enfin devant l'hôpital. Je sors précipitamment de la voiture avant même que Marc ait eu le temps d'arrêter complètement le véhicule.
_ Attends ! crie-t-il après moi.
Mais je n'écoute pas et file à l'intérieur du bâtiment froid et impersonnel. Les murs blancs semblent se refermer sur moi alors que je cherche désespérément des réponses.
Je vais directement au comptoir d'accueil et demande avec une voix tremblante :
_ Où est mon fils ? Roy... Il est ici ?
La réceptionniste me regarde avec compassion mais aussi avec une certaine distance professionnelle.
_ Pouvez-vous donner le nom, s'il vous plaît ?
Je balbutie le nom de mon fils, Roy Marion Hart, et j'attends avec impatience qu'elle consulte son ordinateur. Chaque seconde semble durer une éternité jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers moi.
_ Je vais vous montrer où il se trouve...
Je sens mon cœur battre à tout rompre alors qu'elle se dirige vers un couloir. À chaque pas que je fais, j'essaie d'imaginer le sourire joyeux de Roy et ses rires innocents pour chasser les pensées sombres qui menacent de me submerger.
Lorsque nous atteignons sa chambre, je prends une profonde inspiration avant d'entrer. Ce que je vois à l'intérieur me fige sur place : Cassie est là, assise à côté du lit où Roy repose inconscient, des machines bourdonnant autour de lui.
Je m'approche lentement et prends la main de mon fils dans la mienne. Mon cœur se brise en voyant son visage pâle et son corps immobile.
_ Roy... chuchotai-je en essayant de retenir mes larmes.
Cassie tourne lentement la tête vers moi, ses yeux rougis par les pleurs remplis d'une douleur indescriptible.
_ Rick... Je suis tellement désolée...
_ Qu'est-ce qui s'est passé ? je lui demande en continuant de regarder mon fils.
Les larmes coulaient sur ses joues alors qu'elle se mit à me raconter :
_ Sa fièvre avait baissé alors j'ai décidé de lui donner à manger. Il avait à peine fini son repas que sa respiration est devenu bruyant. Il semblait essoufflé alors j'ai essayé de le calmer...
Elle fit une pause, essayant de contrôler sa douleur puis continua :
_ Il a commencé à se tordre de douleur. Il pleurait sans arrêt. Puis... Puis...
Elle pleurait de plus belle. Je me suis tournée vers elle et je l'ai prise dans mes bras. Elle continua en pleurant :
_ Il s'est évanoui, dit-elle. Notre bébé s'est évanoui.
Je ne sais même pas quand les larmes se sont mises à couler de mes yeux. S'il arrive quelque chose à mon fils, j'en mourrais.
_ Le docteur a dit ce qui a causé ça ? je demande.
Elle hoche la tête et me dit :
_ Rick... Roy souffre d'une cardiopathie congénitale.
Mon cœur manque un battement.
Je sors et ferme la porte derrière moi d’un geste vif car je n'ai pas envie qu'il voit mes enfants et je n'ai pas envie non plus qu'ils le voient. Je le fixe et il me fixe. _ Qu’est-ce que tu fais ici ? je murmure, les bras croisés. Tu n'as alors rien retenu de ce qu'on s'est dit hier ? Je le fixe sans ciller, bien que tout mon corps hurle de l’intérieur. _ Tu crois vraiment que j’allais repartir comme ça sans revoir mon fils ? réplique-t-il d’un ton bas. Je suis venu voir Roy. _ Non. BMa réponse est immédiate. Je ne prends même pas le temps d’y mettre des formes. _ Cassandra… commence-t-il. _ Tu n’as aucun droit sur lui, Melrick. Aucun, le coupé-je, sans attendre. Tu ne l’as pas vu grandir et tu ne sais rien de sa vie. Et aujourd’hui, tu débarques ici comme si tu pouvais t’improviser père ? Je retiens ma voix de trembler. Je lui tiens tête mais mes entrailles sont nouées. _ J’ai toujours été son père, que tu le veuilles ou non, siffle-t-il. Il a mon sang
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Le soleil monte doucement dans le ciel au dehors. Il est à peine sept heures du matin, mais la maison bourdonne déjà. Célina est la première à apparaître, encore ensommeillée, un doudou dans les bras. Je lui tends un bol de lait chaud et elle me gratifie d’un sourire, les yeux encore collés de sommeil. Quelques minutes plus tard, Sienna surgit dans la pièce en courant. Elle grimpe sur sa chaise et me dit : _ Maman, on fait des pancakes aujourd’hui ? Je souris malgré moi. C’est notre petit rituel du samedi matin, mais aujourd’hui, on est mardi. Néanmoins, je cède. _ D’accord, mais seulement si tu aides à la pâte. Elle tape dans ses mains, ravie, pendant que je sors les ingrédients. Roy descend enfin. Il a toujours été matinal, mais il aime trop râler. C’est sa façon de protester contre le réveil. Je le salue d’un baiser sur la tempe, mais je remarque que son regard est songeur ce matin. Il semble ailleurs et préoccupé. Je n’insiste
~~~~~ Grégory Smith ~~~~~ Je pousse la porte de chez moi et je le referme doucement. Au salon, comme je m’y attendais, ma mère est assise dans son fauteuil préféré, les jambes croisées, un livre à la main et ses lunettes glissées sur l’arête de son nez. Elle ressemble à une vieille reine anglaise en pleine inspection de ses sujets. Sauf qu’ici, le seul sujet, c’est moi. Je m’approche à pas comptés, mais évidemment, elle relève la tête avant que j’aie franchi la moitié du salon. Rien ne lui échappe, même pas à son âge. _ Bonsoir, Majesté, dis-je avec un large sourire en m’inclinant légèrement. Elle lève les yeux au ciel et sourit en coin. _ Arrête ton cinéma, Greg, et viens m’embrasser. Je m’exécute sans tarder et l’embrasse tendrement sur la joue. Je prends place sur le canapé en face d’elle, m’étire comme si j’avais couru un marathon… alors que j’ai seulement dîné et failli embrasser une femme qui me hante depuis des mois. Je suis fatigué, oui, mais de pensées.
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je ne vais pas bien, pas du tout après ce qui s'est passé aujourd'hui. Melrick à Boston, ça change tout. Je n'ai pas envie qu'il décide de m'enlever mon fils et encore moins mes deux petites princesses. Je ne sais pas ce que je dois faire pour ne pas les perdre. Ce sont mes enfants... les miens. Je refuse de le laisser me les enlever. Je touille distraitement la sauce dans la casserole lorsque Greg, adossé au plan de travail à côté de moi, tente une nouvelle approche pour m’aider. J'ai d'abord refusé car je voulais cuisiner seule, perdre mon esprit dans quelque chose de de simple, sans avoir à penser à tout ce qui m'angoisse. Mais Greg a insisté avec une telle douceur que je n'ai pas eu le cœur de refuser plus longtemps. Ainsi, nous voilà, côte à côte, lui découpant des légumes avec soin, et moi m'occupant des plats principaux. Pendant de longues minutes, nous travaillons en silence. Puis, naturellement, Greg engage la conversation : _ Tu cui
Je reste quelques secondes planté là, incapable de bouger, encore sonné par ce que je viens de voir. Cependant, lorsque je vois la voiture de Greg s’éloigner lentement du trottoir, mon instinct reprend le dessus. Sans perdre de temps, je remonte dans le taxi qui m'attend à quelques mètres. _ Suivez cette voiture noire, vite, ordonné-je au chauffeur. Sans poser de questions, il démarre tout en gardant une distance raisonnable pour ne pas éveiller de soupçons. Le cœur battant à tout rompre, je fixe intensément la voiture de Greg, comme si ma vie en dépendait. Je dois savoir où ils vont. Je dois comprendre quelle place cet homme a prise dans la vie de mon fils... et peut-être aussi dans celle de Cassandra. Après quelques minutes de trajet, Greg s’arrête devant une petite glacerie située dans une rue. Je demande au chauffeur de s’arrêter également, un peu plus loin, pour que je puisse observer sans être vu. À travers la vitrine, je les aperçois. Greg achète des glaces aux
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Dès que la porte du bureau claque derrière Melrick, je reste figée quelques secondes, incapable de bouger et incapable de respirer. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je serre les poings, je ferme les yeux et j'inspire profondément pour calmer les tremblements de mon corps. Il est ici à Boston. Oh mon Dieu !! Comment je peux faire pour cacher mes enfants maintenant ? Je m'effondre dans ma chaise, la tête entre les mains. Ce n'est pas le moment de paniquer, Cassandra. Ce n'est vraiment pas le moment. Je dois garder mon sang-froid. Je tends la main vers mon téléphone et compose nerveusement le numéro de Lenny. Elle décroche au bout de la deuxième sonnerie. _ Allô, Cassie ? _ Lenny, écoute-moi bien, dis-je avec urgence. Melrick est ici à Boston. Je viens juste de le voir à l’hôpital. Un silence inquiet s'installe au bout du fil. _ Quoi ? Mais... tu es sûre que c'est lui ? _ On vient tout juste de disc