تسجيل الدخولLidiaLa douleur est une lame qui s’enfonce, tord et déchire. Elle a commencé comme un simple pincement, une réminiscence désagréable de la bagarre avec cette hyène d’Inès. Mais maintenant, c’est un incendie qui ravage mon bas-ventre. Une pression sourde, intolérable, qui semble vouloir m’arracher quelque chose de vital.Je suis recroquevillée sur le sol en marbre froid de l’entrée, à quelques mètres seulement de l’endroit où j’ai jeté Inès dehors. La victoire, si amèrement acquise, a un goût de cendre. Mon peignoir de soie est trempé de sueur froide. Je claque des dents.— Aidez… moi, je parviens à souffler.Un garde, attiré par les bruits, arrive en courant. Son visage, d’ordinaire impassible, affiche une panique brutale en me voyant ainsi, repliée sur moi-même.— Madame Lidia !— L’hôpital… Tout de suite, ordonné-je entre deux spasmes.Je n’ai pas la force d’en dire plus. Ils me portent, deux hommes maintenant, vers la voiture. La tête me tourne. À travers la vitre de la limousine,
InèsLa douleur me transperce, une brûlure acide et traîtresse qui se tord dans mes entrailles. Ce n’est pas seulement la chute, ni la rage d’avoir été humiliée par cette femelle de Lidia. C’est autre chose. Quelque chose qui germe en moi, malgré moi, et qui me rappelle que mon corps, lui aussi, peut me trahir.Je titube dans l’allée gravillonnée, les lumières de la villa d’Ézran se refermant dans mon dos comme des yeux moqueurs. Chez Ézran ? CHEZ ÉZRAN ? Cette phrase de Lidia tourne en boucle dans mon crâne, une scie qui me déchire les méninges. Qui est-elle pour me dire ça ? Pour claquer cette porte à mon nez ? Elle se prend pour la maîtresse des lieux, l’épouse en titre, alors qu’elle n’est qu’un utérus sur pattes, un pion dans un jeu qu’elle croit maîtriser. Elle pense avoir gagné ? Elle a gagné quoi, au juste ? Le droit de se faire abandonner un peu plus tard ? Le droit d’élever un enfant dont le père la méprise ?Je serre les poings, les ongles entaillant ma paume. Ma robe est d
GraciasLe sommeil est une mer trop calme pour des naufragés assoiffés de rivages nouveaux. J'émerge d'un seul souffle avec lui, comme si nos systèmes nerveux, désormais entrelacés, refusaient toute autonomie. L'aube n'est qu'une suggestion lilas à l'horizon, une pâle promesse qui vole la clarté des étoiles sans encore offrir celle du jour.Mon regard le trouve dans la pénombre persistante. Il n'y a plus de question, plus d'hésitation. Seulement une reconnaissance foudroyante, un vertige partagé. Nos bouches se cherchent avant même que nos bras ne s'enlacent, et ce baiser n'est plus une exploration, mais une affirmation. Un goût familier et pourtant toujours nouveau : la nuit sur sa langue, le sel de nos peurs évaporées, l'essence même de notre réconciliation.— Je te sens encore en moi. Partout.Mes mots, simples et crus, semblent l'embraser comme une traînée de poudre. Sa main se pose sur mon ventre, paume à plat, comme pour sentir l'écho de sa présence en moi. Je gémis, un son bas
Ézran Le sommeil ne fut qu’une brève trêve, une éclipse dans la nuit encore jeune. Je somnolais, enveloppé par son souffle et le rythme apaisé de son cœur contre le mien, lorsqu’un mouvement me tire de ma torpeur. Sa main, légère et pourtant brûlante, se déplace sur mon torse. Ses doigts tracent des cercles lents, hésitants d’abord, puis plus assurés, comme s’ils redessinaient les frontières d’un territoire nouvellement conquis.Je baisse les yeux. Elle me regarde déjà, son visage baigné par la lueur argentée de la lune maintenant haute dans le ciel. Il n’y a plus de trace de la peur ou de la timidité de la première fois. Son regard est sombre, intense, chargé d’une curiosité affamée.— Tu ne dors pas ? murmuré-je, ma voix rauque de sommeil et d’émotion persistante.Elle ne répond pas avec des mots. Elle se soulève sur un coude et, d’un geste d’une audace soudaine qui me coupe le souffle, elle pose ses lèvres sur la fine ligne qui barre mon abdomen, la cicatrice d’une vieille bataill
Ézran La paix qui suit l'absolution est un océan aux eaux profondes et calmées. Nous restons enlacés un long moment, debout au cœur de la grande pièce, son front toujours contre mon sternum, mes mains parcourant son dos comme pour m'assurer de sa réalité. Le monde extérieur a cessé d'exister. Il n'y a plus que le souffle partagé, le battement de nos cœurs qui cherchent un rythme commun après s'être si longtemps déchirés.C'est elle qui bouge en premier, se dégageant légèrement de mon étreinte. Elle lève vers moi son regard, et je vois l'écho de la tempête apaisée, mais aussi une nervosité nouvelle, une fragilité qui serre mon cœur. Elle prend ma main, sans un mot, et m'entraîne hors de la pièce, dans l'escalier qui mène aux chambres.Sa chambre est baignée d'une lumière lunaire, les baies vitrées grandes ouvertes sur la nuit étoilée. La brise marine soulève doucement les voilages, apportant avec elle le parfum du sel et des jardins nocturnes. C'est un sanctuaire, son territoire. Le f
La nuit était lourde, saturée des parfums enivrants des jasmins et des orangers du domaine d'Ézran. Inès se glissait entre les ombres, son cœur battant la chamade. Une robe moulante rouge sang, une chevelure parfaitement ondulée, un parfum capiteux : elle était une arme, affûtée pour une seule cible. Ézran. Elle avait suivi sa voiture des yeux plus tôt, le croyant rentré seul après sa dispute publique avec cette idiote de Gracias. L'occasion était trop belle. Tandis que sa sœur pleurnichait sûrement dans son coin, elle, Inès, saurait saisir sa chance. L'ambition brillait dans son regard, plus froide et plus acérée que n'importe quel désir.Elle contourna la piscine illuminée, dont les eaux turquoise reflétaient la lune, et s'approcha de la villa principale. Les portes-fenêtres du salon étaient grandes ouvertes sur la nuit. Elle ajusta son décolleté, afficha un sourire conquérant et fit son entrée.— Ézran ? Je passais dans le coin et...Les mots moururent sur ses lèvres. Ce n'était pa







