LOGINTara Le silence après le départ des hommes est dense, mais d’une qualité différente. La tension géopolitique s’est dissipée, laissant place à un autre type de gravité, plus intime, héritée de mère en fille. Mike et mon père sont partis au fumoir ou à ce qu’ils appellent ainsi, qui ressemble sans doute davantage à une salle de guerre miniature pour parler « détails opérationnels ». Un prétexte. Ils ont besoin de s’affronter, de se jauger sans le filtre civilisant de notre présence.Ma mère me fait signe d’un mouvement élégant du menton.— Viens, piccola. Laisse-les jouer avec leurs cigares et leurs cartes. Nous avons des choses à nous dire.Nous nous retirons dans la chambre d’amis la plus spacieuse, celle donnant sur le lac. Elle a déjà fait mettre un service à thé en porcelaine fine, du Darjeeling première récolte qui embaume la pièce. Elle s’assied sur le canapé, se débarrasse de ses escarpins avec un soupir de soulagement presque imperceptible, et me regarde.— Alors, dit-elle en
Tara Puis vient mon père. Auracio « La Morte » Ferrari. L’homme se déplace avec une lenteur calculée, une présence qui absorbe tout l’oxygène autour de lui. Son costume est parfait, mais on devine la puissance brute contenue. Ses yeux, d’un gris métallique, trouvent les miens d’abord. Une lueur d’affection réelle, aussitôt masquée par une vigilance de fauve. Puis ils se tournent vers Mike. Et là, le silence qui s’installe est d’une qualité différente. Ce n’est pas seulement le face-à-face de deux prédateurs alpha. C’est la rencontre des héritiers d’une haine ancienne, teintée du dégoût résiduel de devoir parfois collaborer, et de la méfiance absolue de voir son sang mêlé à celui de l’ennemi.Mike ne baisse pas les yeux. Il soutient le regard de mon père, sans défi agressif, mais avec la froide assurance de celui qui sait qu’il détient quelque chose de précieux pour l’autre.C’est ma mère qui brise le sortilège, de sa voix mélodieuse et précise, glaçante de politesse.— Tara, cara. Tu
Tara Ses lèvres quittent les miennes, laissant derrière elles le goût du défi et du whisky. Un pacte scellé dans l’obscurité. Il ne dit rien d’autre, se contentant de poser un dernier regard lourd de sens sur moi avant de retourner vers le lit, son corps se déplaçant avec la grâce silencieuse d’un grand prédateur. La trêve est finie. Un nouveau front vient de s’ouvrir.Je reste un moment à la fenêtre, le drap serré contre ma poitrine, sentant encore la chaleur de ses mains sur mes épaules. Fais-moi la guerre. Pour la première fois, la bataille a un nom, un objectif au-delà de la survie ou de la domination. C’est terrifiant. C’est exaltant.Les deux jours suivants sont un exercice de tension exquise. Mike est… attentif. Pas tendre, pas doux ces mots n’existent pas dans son lexique. Mais il est présent, d’une manière aiguisée. Il observe mes préparatifs pour l’arrivée de mes parents avec l’intérêt concentré qu’il porterait à une manœuvre sur un échiquier. Il sent que ce n’est pas juste
TARALe whisky coule dans ma gorge, un feu liquide qui contraste avec la torpeur moite de mon corps. À côté de moi, Mike respire profondément, calmement. Son bras, lourd et possessif, est jeté sur mes hanches, sa main sur mon ventre comme pour marquer son emprise même dans le sommeil.La guerre continue demain.Ses mots résonnent dans le silence, bien après que l’écho de nos gémissements se soit éteint. Une trêve. C’est tout. Une suspension des hostilités, un pillage des corps. Aussi intense, aussi dévastateur soit-il.Je ferme les yeux, mais ce n’est pas le sommeil qui vient. C’est une pensée lancinante, devenue familière, qui creuse son sillon derrière mon front endolori.Quand ?Quand va-t-il tomber amoureux de moi ?La question est absurde. Ridicule. Faible. Dans le monde qu’il a construit, l’amour est une faille, une vulnérabilité. Un luxe trop coûteux. Il a besoin de loyauté, de désir, d’obéissance. Il a besoin d’un territoire. Et je suis, apparemment, un territoire qu’il aime c
MIKEJe n’ai pas l’intention de m’arrêter.Son ordre résonne encore dans l’air moite entre nous , fais-moi la guerre et quelque chose de primitif, de définitif, se fige dans ma poitrine. Ce n’est plus un jeu. C’est une revendication. Une conquête. La sueur sur sa peau luit comme de l’huile sous la lumière basse, et elle sent le jasmin, le tabac, et nous, cet arôme musqué et sauvage que nous fabriquons ensemble.Mes hanches s’abaissent. Je l’encastre d’une poussée unique, si profonde et si complète que nos os semblent s’entrechoquer. Le souffle lui est arraché, son cri se noie dans notre baiser. Elle s’enroule autour de moi, ses jambes enserrant ma taille comme des serpents, ses talons s’enfouissant dans le bas de mon dos, m’attirant plus profondément, exigeant plus.Je commence à bouger.Ce n’est pas un rythme, pas au début. C’est une punition. Un assaut. Je la prends en la clouant au matelas, chaque coup de reins est un coup porté, chaque retrait une menace. La tête de mon sexe frott
MIKELa nuit enveloppe Chicago d’un manteau de brume et de néons tremblants, mais ici, au trente-cinquième étage, rien ne compte hormis l’électricité qui crépite entre nous. La ville gémit en contrebas, ses rues agitées comme une bête blessée, mais dans cette suite aux murs de marbre noir et aux draps de soie écarlate, il n’y a plus de lois, plus de règles , juste nous, et le poids de ce que nous venons d’accomplir.Le marteau repose sur la table basse, son manche en acajou luisant sous la lueur des lampes halogènes, sa tête lourde et menaçante comme un rappel de ce que j’ai dû briser pour en arriver là. Un symbole, oui. Mais pas celui qui compte ce soir. Pas quand elle est là, adossée contre le bar en onyx, les lèvres ourlées d’un rouge aussi sombre que le vin qu’elle sirote. Ses yeux , dorés, presque félins , me suivent tandis que je ferme la porte derrière moi, verrouillant le monde dehors.— Tu as mis du temps, murmure-t-elle, la voix rauque, comme si elle avait déjà crié mon nom







