LOGINTara
Ce matin, j’ai surpris ma mère en train de parler toute seule , elle fait ça quand un souci la préoccupe et qu’elle n’a pas encore trouvé de solution. Je me demande quel problème l’obsède cette fois. Toute la nuit, mes pensées ont été occupées par mon cher fiancé. Il est si beau, avec ce regard assassin qu’il me lance souvent… Je vais dompter ce fauve. Je vais le conquérir.
Je descends chercher ma sœur dans sa chambre, mais ses prétendants ont apparemment eu la même idée que moi : ils montent la garde devant sa porte comme deux vigiles. Hum… ces hommes sont pas mal du tout. Délicieux, même. Mais je préfère mon grognon de fiancé ; j’aime les défis, et lui en est un. Il sera bientôt à moi.
Je salue les fiancés de ma sœur et pousse la porte. Elle est déjà prête, assise sur son lit ; on dirait qu’elle attend quelque chose.
— Bonjour ma chérie. Si tu es déjà prête, pourquoi restes‑tu là ?
— Dès que j’ai ouvert la porte, ils étaient là et m’attendaient. Sauf que je n’ai pas envie de les voir.
— Tu devrais te réjouir d’avoir deux beaux hommes sous le charme. Si tu continues à les fuir, quelqu’un d’autre viendra leur tourner autour pendant que tu te caches. Tu me suis ? Veux‑tu les voir regarder d’autres femmes pendant que toi tu joues les effarouchées ?
— Non… mais ils sont trop envahissants.
— C’est peut‑être mieux pour toi : tu es timide. Laisse‑les s’occuper de toi. Souviens‑toi que tu mérites ces deux hommes. Ils sont à toi, rien qu’à toi. Fais‑en ce que tu veux.
Elle me sourit. Bon signe. J’espère que je n’ai pas créé un monstre.
Je vais frapper à la porte de la suite de mon fiancé. Hier, j’ai demandé à ma sœur de m’aider à repérer sa chambre via les caméras de surveillance , il n’aime pas la foule ; soit il est dans sa chambre, soit il traîne seul dans le jardin avec son téléphone.
Je frappe et j’annonce, gaiement :
— Room service !
Aucun bruit. Je répète, et enfin il ouvre. Il a l’air surpris de me voir. Je le pousse pour entrer et je tombe sur une scène qui me glace : deux femmes nues, profondément endormies dans son lit. Evidemment, elles n’ont pas fermé l’œil de la nuit.
Je me tourne vers lui, ivre de colère :
— Peux‑tu m’expliquer ce que ces… prostituées font ici ?
— Tu veux que je te fasse un dessin ? répond‑il, narquois.
Je m’approche du lit, tire une des femmes par les cheveux et la secoue :
— Imbéciles ! Vous ne saviez pas qu’il est fiancé ? Sortez de cette suite !
— Laisse‑les, dit Mike calmement. On n’a pas encore fini, j’ai payé pour trois jours et on en a à peine profité.
Il a payé pour trois jours ? Avec deux femmes ? Il se moque de moi.
Je sors mon arme du sac, la pointe furieuse. Ma main tremble mais ma voix est froide :
— Vous avez une minute pour sortir de cette suite, sinon je vous colle une balle dans la tête.
À la vue de l’arme, elles se redressent en panique et s’habillent à la va‑vite. Nues, elles filent dans le couloir, honteuses et effarées. Je ne peux retenir un rire féroce.
Puis je me tourne vers lui. Sans trop réfléchir, je lui tire dans la cuisse.
— Que ce soit la dernière fois que tu me trompes. La prochaine fois, la balle pourrait remonter plus haut ; et crois‑moi, le perdant ce sera toi. Une fois hors d’état, je m’en fiche, j’irai baiser avec qui je veux.
Il pousse un cri, la main serrée sur la cuisse, du sang coule. Fou de rage, il se jette sur moi et m’agrippe au cou. Putain. Il m’étrangle. Je me débats, mais plus je lutte, plus sa prise se resserre. Entre ses dents serrées, il souffle :
— Ne recommence plus jamais à pointer une arme sur moi. Jamais.
La pièce tourne autour de moi ; je sens l’air manquer. Mes pensées se bousculent. Ce mariage promet d’être explosif et dangereux.
Tara Puis vient mon père. Auracio « La Morte » Ferrari. L’homme se déplace avec une lenteur calculée, une présence qui absorbe tout l’oxygène autour de lui. Son costume est parfait, mais on devine la puissance brute contenue. Ses yeux, d’un gris métallique, trouvent les miens d’abord. Une lueur d’affection réelle, aussitôt masquée par une vigilance de fauve. Puis ils se tournent vers Mike. Et là, le silence qui s’installe est d’une qualité différente. Ce n’est pas seulement le face-à-face de deux prédateurs alpha. C’est la rencontre des héritiers d’une haine ancienne, teintée du dégoût résiduel de devoir parfois collaborer, et de la méfiance absolue de voir son sang mêlé à celui de l’ennemi.Mike ne baisse pas les yeux. Il soutient le regard de mon père, sans défi agressif, mais avec la froide assurance de celui qui sait qu’il détient quelque chose de précieux pour l’autre.C’est ma mère qui brise le sortilège, de sa voix mélodieuse et précise, glaçante de politesse.— Tara, cara. Tu
Tara Ses lèvres quittent les miennes, laissant derrière elles le goût du défi et du whisky. Un pacte scellé dans l’obscurité. Il ne dit rien d’autre, se contentant de poser un dernier regard lourd de sens sur moi avant de retourner vers le lit, son corps se déplaçant avec la grâce silencieuse d’un grand prédateur. La trêve est finie. Un nouveau front vient de s’ouvrir.Je reste un moment à la fenêtre, le drap serré contre ma poitrine, sentant encore la chaleur de ses mains sur mes épaules. Fais-moi la guerre. Pour la première fois, la bataille a un nom, un objectif au-delà de la survie ou de la domination. C’est terrifiant. C’est exaltant.Les deux jours suivants sont un exercice de tension exquise. Mike est… attentif. Pas tendre, pas doux ces mots n’existent pas dans son lexique. Mais il est présent, d’une manière aiguisée. Il observe mes préparatifs pour l’arrivée de mes parents avec l’intérêt concentré qu’il porterait à une manœuvre sur un échiquier. Il sent que ce n’est pas juste
TARALe whisky coule dans ma gorge, un feu liquide qui contraste avec la torpeur moite de mon corps. À côté de moi, Mike respire profondément, calmement. Son bras, lourd et possessif, est jeté sur mes hanches, sa main sur mon ventre comme pour marquer son emprise même dans le sommeil.La guerre continue demain.Ses mots résonnent dans le silence, bien après que l’écho de nos gémissements se soit éteint. Une trêve. C’est tout. Une suspension des hostilités, un pillage des corps. Aussi intense, aussi dévastateur soit-il.Je ferme les yeux, mais ce n’est pas le sommeil qui vient. C’est une pensée lancinante, devenue familière, qui creuse son sillon derrière mon front endolori.Quand ?Quand va-t-il tomber amoureux de moi ?La question est absurde. Ridicule. Faible. Dans le monde qu’il a construit, l’amour est une faille, une vulnérabilité. Un luxe trop coûteux. Il a besoin de loyauté, de désir, d’obéissance. Il a besoin d’un territoire. Et je suis, apparemment, un territoire qu’il aime c
MIKEJe n’ai pas l’intention de m’arrêter.Son ordre résonne encore dans l’air moite entre nous , fais-moi la guerre et quelque chose de primitif, de définitif, se fige dans ma poitrine. Ce n’est plus un jeu. C’est une revendication. Une conquête. La sueur sur sa peau luit comme de l’huile sous la lumière basse, et elle sent le jasmin, le tabac, et nous, cet arôme musqué et sauvage que nous fabriquons ensemble.Mes hanches s’abaissent. Je l’encastre d’une poussée unique, si profonde et si complète que nos os semblent s’entrechoquer. Le souffle lui est arraché, son cri se noie dans notre baiser. Elle s’enroule autour de moi, ses jambes enserrant ma taille comme des serpents, ses talons s’enfouissant dans le bas de mon dos, m’attirant plus profondément, exigeant plus.Je commence à bouger.Ce n’est pas un rythme, pas au début. C’est une punition. Un assaut. Je la prends en la clouant au matelas, chaque coup de reins est un coup porté, chaque retrait une menace. La tête de mon sexe frott
MIKELa nuit enveloppe Chicago d’un manteau de brume et de néons tremblants, mais ici, au trente-cinquième étage, rien ne compte hormis l’électricité qui crépite entre nous. La ville gémit en contrebas, ses rues agitées comme une bête blessée, mais dans cette suite aux murs de marbre noir et aux draps de soie écarlate, il n’y a plus de lois, plus de règles , juste nous, et le poids de ce que nous venons d’accomplir.Le marteau repose sur la table basse, son manche en acajou luisant sous la lueur des lampes halogènes, sa tête lourde et menaçante comme un rappel de ce que j’ai dû briser pour en arriver là. Un symbole, oui. Mais pas celui qui compte ce soir. Pas quand elle est là, adossée contre le bar en onyx, les lèvres ourlées d’un rouge aussi sombre que le vin qu’elle sirote. Ses yeux , dorés, presque félins , me suivent tandis que je ferme la porte derrière moi, verrouillant le monde dehors.— Tu as mis du temps, murmure-t-elle, la voix rauque, comme si elle avait déjà crié mon nom
MikeLe silence après le coup de marteau est plus bruyant que n'importe quel cri. Un vide sonore chargé de l'horreur de ce qui vient d'arriver. L'odeur du jasmin et des roses se mélange à celle, subtile et métallique, de la peur. Et de l'adrénaline.Kovacs est emmené, ses gémissantes s'estompant dans le couloir. La tache sombre sur le marbre de la table n'est pas du sang, mais la sueur de sa terreur. Tara a posé le marteau. Le geste était d'une grâce mortelle. Elle essuie ses doigts avec un mouchoir de soie, comme si elle venait de terminer une tâche ménagère un peu désagréable.Elle se tourne vers l'assistance.— Maintenant, mes chers amis, le dîner est servi.Sa voix est un velours enveloppant une lame. Personne ne bouge. Ils sont pétrifiés, les yeux rivés sur elle, sur la table, sur le marteau qui repose, objet de cauchemar devenu banal.C'est à ce moment-là que je me pousse du pilier. Le bruit de mes semelles sur le sol de marbre brise le sortilège. Tous les regards se tournent ve







