Chapitre 2 : L'Échange Cruel

Point de Vue : Elara Moretti

Le mot n'est jamais sorti de ma gorge. Non.

Comment prononcer un non qui était la condamnation à mort de l'homme qui m'avait donné la vie, aussi irresponsable soit-il ? Damian le savait. Il voyait la guerre dans mes yeux, le dégoût dans ma bouche, et la capitulation dans mes genoux tremblants.

Je n'ai pas pu dire Oui. J'ai dit le nom de mon père.

« Laissez-le partir, » ai-je réussi à articuler, ma voix à peine un murmure, mon menton toujours prisonnier de son gant de cuir. « Il n'est plus votre problème. »

Un éclair de quelque chose – peut-être une surprise fugace, peut-être de l'admiration pour mon audace – a traversé les yeux de Damian. Il a relâché mon menton et a reculé, s'asseyant de nouveau sur le bureau. Son regard s'est déplacé vers mon père, qui fixait le sol, incapable de nous regarder.

« Aldo Moretti est libre, » a déclaré Damian, sa voix résonnant désormais dans la pièce silencieuse. Il a fait un signe subtil à un homme posté près de la porte. « Mais si vous revenez ne serait-ce que poser un pied sur mon territoire, je ne le laisserai pas s'en tirer avec une simple dette. C'est clair ? »

Mon père n'a fait qu'acquiescer lourdement avant d'être escorté hors de la pièce. Il n'a pas dit au revoir. Il ne m'a pas regardée. Il est parti, me laissant derrière, le prix de sa liberté.

Quand la porte a claqué, le silence est revenu, seulement rompu par le tic-tac discret d'une horloge coûteuse. Nous étions seuls. Moi, la monnaie d'échange. Lui, le Capo, mon acheteur.

« Dans vingt-quatre heures, tu seras ma femme, » a-t-il affirmé, sa voix ne laissant aucune place au doute. « Le contrat sera signé devant un notaire, c'est légal. Tes droits sont simples. »

Je me suis redressée, puisant dans un réservoir de force que je ne savais pas posséder. « Et quels sont mes "droits", Monsieur Vannucci ? L'air ? La nourriture ? »

Il a soupiré, ce qui aurait pu passer pour de l'ennui si ses yeux n'étaient pas si alertes. « Tu auras tout le confort que mon argent peut t'offrir. Tu pourras poursuivre tes études d'art si tu le souhaites, dans les limites de la propriété. Et en retour, tu seras silencieuse. Tu seras belle. Et tu ne feras jamais, jamais, de tentatives d'évasion. »

Il a glissé du bureau et a fait le tour de la pièce, s'arrêtant devant une armoire vitrée. Il a pris une coupe à champagne vide et l'a fait tourner entre ses doigts, puis l'a brisée contre la cheminée avec une force surprenante. Le verre a explosé.

« C'est ce qui arrive aux choses qui ne respectent pas mes règles, Elara, » a-t-il dit sans même me regarder, ses yeux fixés sur les éclats. « J'ai des milliers d'ennemis. Tu es ma plus grande vulnérabilité et je t'utiliserai comme un bouclier si nécessaire. Tu es ma prisonnière, ma femme, et ma propriété. »

Il s'est approché de moi de nouveau. J'ai reculé d'un pas avant de me raidir, refusant de montrer ma peur.

Il n'a pas hésité. Il a saisi mon bras fermement, sa chaleur brûlant à travers le tissu de ma robe. Il m'a tirée contre son torse dur. Je pouvais sentir la force brute qui émanait de lui, et le parfum sombre de son eau de Cologne. La proximité était terrifiante, mais étrangement... électrisante.

Il a penché la tête et son murmure était un ordre :

« N'essaie jamais de t'enfuir. Le mariage sera consommé si je le décide. Et si tu tentes de t'échapper, je te retrouverai. Et tu le regretteras. » Il a marqué une pause, ses yeux s’ancrant dans les miens. « Maintenant, va te préparer pour ton nouveau rôle, mia sposa. »