LOGINPoint de Vue : Elara Moretti
Après la réunion dans le bureau, Damian m'avait renvoyée à la suite sans un mot d'excuse ou de commentaire. J'étais secouée, le son des menaces et la mention d’hommes à faire disparaître résonnant encore dans mes oreilles. J’ai compris ce qu'il faisait : il ne voulait pas que je m'enfuie par peur, il voulait que je m'enfuie par terreur. Il voulait que je comprenne que le danger était partout, et que seule sa prison me protégeait. L’après-midi s’est écoulé dans un ennui tendu. La villa était vaste, mais les murs étaient oppressants. Je suis retournée dans la suite, incapable de me concentrer sur quoi que ce soit. La seule chose qui m’obsédait était cette porte verrouillée dans l’aile Ouest et ce nom : Périza. Une femme. Une menace. Vers minuit, je suis revenue dans le bureau de Damian. Non pas pour lui faire face, mais pour me vider la tête. Il n’était pas là. Le bureau était étonnamment apaisant dans l'obscurité. Les lumières de la ville formaient des étoiles distantes derrière les fenêtres. Épuisée par deux jours de tension et de manque de sommeil, je me suis écroulée sur le sofa en cuir et me suis endormie, sans même m'en rendre compte. J'ai été tirée du sommeil non pas par un bruit, mais par une présence. Une chaleur. J'ai ouvert les yeux à moitié, mais je n'ai pas bougé. Damian était là. Il était tard, et il était resté debout près de la fenêtre, le dos tourné. Sa chemise était ouverte, révélant la ligne dure de ses côtes et la musculature de son dos. Je ne voyais pas la cicatrice dans l'obscurité, mais je savais qu'elle était là. Il s'est approché lentement, son pas était léger pour un homme de sa stature. Il s'est arrêté juste au-dessus du sofa où j'étais allongée. Je me suis retenue de respirer. Mon cœur battait la mesure d'une peur nouvelle et étrange. Il n'était pas en colère ; il semblait... fatigué. Épuisé par le poids de son rôle et de ses secrets. Il a tendu une main, et mon corps s'est figé, anticipant le contact. Mais sa main n'a pas touché ma peau. Elle a effleuré la mèche de cheveux qui était tombée sur mon visage. Il l'a repoussée doucement. Un geste d'une tendresse inattendue, qui m'a déstabilisée plus que n'importe quelle menace. Puis il s'est penché. Son ombre a enveloppé mon visage. J'ai senti son souffle sur mes lèvres. Il sentait le whisky, la nuit, et quelque chose de dangereux et d'indompté. Ses lèvres ont trouvé les miennes. Le baiser n'était pas possessif ou cruel. Il était rapide, brutal, et plein d'une frustration profonde et d'un désir refoulé. C'était le contact volé d'un homme qui se battait contre ses propres règles. C'était un secret partagé, un aperçu d'une humanité qu'il tentait désespérément d'enterrer. Le contact a duré moins d'une seconde, mais il a suffi à mettre le feu à ma peau. Puis, il s'est retiré brusquement. Il s'est redressé, le corps raide, comme s'il venait de recevoir une décharge électrique. Ses yeux, sombres et impénétrables, sont restés sur moi. « Fais semblant de ne rien avoir senti, Elara, » a-t-il murmuré, sa voix rauque de rage, une rage dirigée contre lui-même. Il s'est retourné, s'éloignant à grands pas vers la porte. Mais avant de l'atteindre, il a tiré son téléphone. Il a donné des ordres en italien, sa voix redevenue dure, coupante. « Je veux qu'on triple la surveillance. On la tient à l'œil. Assurez-vous qu'elle ne bouge pas du périmètre. L'aile Est est bouclée jusqu'à nouvel ordre. La Périza ne doit pas l'approcher. » Il n'avait pas l'air de se soucier de moi. Mais son besoin soudain et urgent de me protéger, juste après ce baiser, était une confession silencieuse. J'ai senti son baiser. Et j'ai entendu son besoin. La Périza était en ville, et elle venait pour le Capo. Et pour une raison qu'il n'expliquait pas, il avait besoin que je sois en sécurité.Point de Vue : Elara Moretti L'odeur des pneus brûlés et le hurlement des sirènes étaient une symphonie de chaos. Ils ont brutalement mis fin à l'incendie de notre désir. J'ai arraché la veste que Damian m'avait jetée. C'était un vêtement lourd, doublé, étonnamment protecteur. Je n'étais pas à moitié nue et terrifiée, j'étais la femme du Capo, obligée de fuir son propre château. Damian était déjà devant la bibliothèque, tirant un vieux livre pour révéler la porte dérobée. Il m'a attrapée par le bras, sa prise de fer, et m'a tirée dans le passage secret. « Ne fais pas de bruit, » a-t-il murmuré. Sa voix était revenue au ton froid et impitoyable du Capo en situation de crise. Il n'y avait plus aucune trace de l'amant désespéré d'il y a quelques secondes. Le passage était étroit, sombre et sentait la terre humide et la moisissure. Les murs pressaient ma robe. Nous avancions à tâtons, la seule lumière provenant du faible éclairage de sa montre. De derrière nous, les bruits de l
Point de Vue : Elara Moretti Le baiser de Damian n'était pas tendre. C'était un acte de possession, une revendication féroce. La frustration accumulée depuis notre mariage, la peur, le désir interdit, tout a explosé entre nous. J'ai répondu à sa ferveur avec une urgence que je ne me connaissais pas. Le sentiment était confus : il était mon geôlier, le responsable de mon malheur, mais il était aussi le seul homme à pouvoir me protéger de la tempête qu'il avait lui-même provoquée. Il m'a soulevée sans effort, mes jambes s'enroulant instinctivement autour de sa taille. Son corps était dur comme de l'acier contre le mien. Il m'a portée jusqu'à notre chambre, nous jetant sur le lit avec une force brute. Le linge de lit a volé. « Je te veux, Elara. Je te veux depuis le premier jour. Et je n'attendrai plus un seul instant, » a-t-il murmuré, sa voix rauque, les yeux noirs brûlants. La règle du "pas de consommation" était brisée. Le contrat formel avait cédé la place à la nécessité
Point de Vue : Elara Moretti Après l'attaque, nous sommes restés confinés dans la planque jusqu'au petit matin. L'instinct de survie de Damian était impressionnant, sa vigilance absolue. Il avait refusé que je le soigne davantage, mais il avait accepté que je reste près de lui. Quand nous sommes retournés à la villa, les mesures de sécurité avaient été triplées, comme il l'avait ordonné la nuit du baiser volé. C'est dans l'agitation du matin que je suis tombée sur un visage familier mais inattendu : Luca, un vieil homme qui avait été le garde du corps personnel de mon père, avant que ce dernier ne s'endette. Luca semblait maintenant faire partie du personnel de sécurité extérieur de Damian, affecté à la nouvelle surveillance. Je l'ai intercepté près de la cuisine. « Luca ! Qu'est-ce que tu fais ici ? » Il m'a regardée avec des yeux lourds, pleins de pitié et de résignation. « La Capo m'a repris, Signora. Quand le vieux Capo a cédé la dette de votre père... il a cédé aussi
Point de Vue : Elara Moretti Après notre confrontation, le silence de Damian était moins intimidant que son aveu. J'ai besoin de toi. Ces mots résonnaient dans ma tête. Je ne savais toujours pas si ce besoin était la stratégie de guerre d'un Capo ou la peur d'un homme brisé. Le lendemain, il a décidé que j'allais l'accompagner. Pas à un gala, mais à une réunion dans un lieu neutre en ville. « Tu viens. Tu restes dans la voiture. Les vitres sont blindées. Ne bouge pas. » Son ordre était brutalement simple. J'ai obéi. Assise sur le siège passager d'un SUV noir, je le regardais s'éloigner, son costume anthracite se fondant dans la foule. Un homme de sa garde est resté à mes côtés, l'air aussi immobile qu'une statue. L'attente a duré quarante minutes. C'est quand j'ai vu Damian revenir, le visage sombre et pressé, que quelque chose a mal tourné. Il n'était qu'à dix mètres quand l'enfer s'est déchaîné. Un van blanc, banalisé, a déboulé de la rue latérale. Au lieu de ralentir
Point de Vue : Elara Moretti Le trajet de retour à la villa s'est fait dans un silence glacé. L’air dans la limousine était si lourd qu'il aurait pu briser les vitres. La main de Damian était un étau sur ma cuisse. Il n'avait pas lâché ma main depuis que la Périza, Isabella, avait planté sa graine empoisonnée. Dès que la porte de la suite s'est refermée derrière nous, je me suis libérée de son contact, ma rage surpassant ma peur. « C'est pour ça ! » ai-je lancé, ma voix tremblant de frustration. J'ai arraché le collier de diamants de mon cou et l'ai jeté sur le lit. « La règle du ‘pas de consommation’ ! C'est parce que tu n’as pas besoin de moi dans ce lit, tu avais déjà Isabella ! » Damian s'est immobilisé. Il était en train de retirer sa veste. Lentement, il l'a laissée tomber au sol. Ses yeux, noirs et sans fond, se sont braqués sur moi. Pour la première fois, j'ai vu au-delà de la colère : il y avait de la douleur et une rage contenue qu’il dirigeait contre lui-même. «
Point de Vue : Elara Moretti J'avais passé les deux jours suivants sous haute surveillance, sans revoir Damian. Le baiser volé dans son bureau était devenu une obsession, une preuve troublante qu'il y avait une fissure dans son armure de glace. Le troisième soir, l’ordre est tombé : « Préparez la Signora Vannucci. » J'ai été habillée, coiffée, et transformée en la femme parfaite du Capo. Ma robe, d'un vert émeraude riche, était somptueuse, mais elle me donnait l'impression d'être une statue de collection, magnifique et inutile. L'événement était un gala caritatif organisé par une famille alliée de la Mafia. Le salon était rempli d'hommes en costume onéreux et de femmes qui arboraient plus de diamants que la richesse de mon père. L'atmosphère était polie, mais l'air vibrait de pouvoir et d'intrigues. Dès que nous sommes entrés, la tension a augmenté. Damian, à mon bras, était une force de la nature. Il était le centre d'attention, et je n'étais que son accessoire, le trophée







