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Chapitre 5

Author: dainamimboui
last update Last Updated: 2025-09-15 20:48:57

Les élèves éclatent en applaudissements et exclamations. Clara incline gracieusement la tête, recevant l’admiration comme si elle y était née.

Noah, lui, n’applaudit pas. Il ne peut pas. Ses mains restent posées sur sa table, glacées. Son regard se perd vers la fenêtre, vers le ciel, comme s’il espérait que l’air frais l’arrache à cette pièce. Mais il sent déjà le poids des regards. Certains de ses camarades ont remarqué son silence. Ils ricanent, murmurent, lui lancent des coups de coude discrets.

Adrian, bien sûr, ne rate rien. Il tourne la tête et croise le regard de Noah. Un sourire carnassier, presque imperceptible, se dessine sur ses lèvres. Comme s’il attendait ce moment. Comme si, même dans une journée qui lui appartient, il trouvait encore le moyen de piétiner Noah.

Le cœur de l’Oméga se serre. Il voudrait disparaître. Mais il reste là, prisonnier.

L’équipe repart après quelques dernières paroles solennelles, laissant derrière eux un silence empli d’excitation. Dès qu’ils quittent la salle, les élèves éclatent en discussions. On commente la beauté de Clara, l’assurance d’Adrian, la grandeur de l’événement.

Noah, lui, sent son corps lourd, chaque mot autour de lui résonnant comme un écho douloureux. La soirée approche. Et il sait, au fond, qu’il n’en sortira pas indemne.

La cloche vient à peine de sonner que Noah s’apprête à ranger ses affaires dans son sac. Ses mains tremblent légèrement, comme à chaque fois que la foule d’élèves se lève d’un seul coup, bruissante, bruyante, étouffante. Il espère, naïvement, que cette journée se terminera calmement. Mais il n’a pas le temps de franchir la moitié de la classe qu’une ombre imposante se dresse devant lui.

Adrian.

Le brun est plus grand d’une tête, ses épaules larges barrent presque le passage. Son regard est sombre, son sourire carnassier. Son parfum d’Alpha imprègne déjà l’air autour de Noah, agressif, suffocant. Le cœur de l’Oméga s’emballe, ses doigts se crispent sur la lanière de son sac.

— Hé, Miller.

La voix claque, sèche, autoritaire. Avant que Noah ne puisse répondre, Adrian s’avance, saisissant brutalement son cou de sa main chaude et ferme. Ses doigts appuient sur la peau fragile, non pas assez pour l’étrangler, mais suffisamment pour lui faire sentir qu’il est entièrement à sa merci.

Les rires étouffés de deux camarades d’Adrian s’élèvent derrière lui. Clara, un peu en retrait, ne dit rien, se contentant d’observer la scène avec un sourire froid qui tranche avec la douceur polie qu’elle avait affichée devant la classe quelques instants plus tôt.

— Dis-moi, Noah, pourquoi t’as pas applaudi ?

Le souffle d’Adrian caresse son visage. Noah détourne les yeux, incapable de soutenir ce regard perçant. Son cœur bat si fort qu’il en a mal à la poitrine.

— Quoi ? T’es jaloux ? Ou juste haineux de mon bonheur ?

Chaque mot est craché comme un venin. Noah tremble, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Son silence semble attiser davantage la colère de l’Alpha. Les doigts d’Adrian se resserrent légèrement, accentuant la pression. Le monde de Noah se rétrécit à cette poigne brutale, à ce parfum dominant qui écrase tout.

Il voudrait crier, protester, mais son corps ne lui obéit pas. Il est figé par la peur, par cette sensation familière et humiliante d’être réduit à néant devant les autres. Ses yeux s’embuent, mais il refuse de laisser une larme couler. Pas devant eux. Pas devant lui.

Adrian le fixe encore une seconde, puis relâche brutalement sa prise, comme s’il jetait un jouet cassé. Noah tousse légèrement, massant instinctivement sa gorge douloureuse.

— Tch. T’es vraiment une tapette.

Le mot, lancé avec mépris, résonne dans la salle qui se vide peu à peu. Les amis d’Adrian éclatent de rire, amusés par cette humiliation gratuite. Noah baisse la tête, tente de se faire invisible, d’avaler sa douleur comme il l’a toujours fait.

Il sent encore la chaleur de cette main sur son cou, comme une brûlure invisible.

Adrian, lui, semble satisfait. Il jette un dernier regard plein de dédain avant de s’éloigner, Clara accrochée à son bras, ses amis à ses côtés. Ils quittent la salle dans un éclat de voix, comme si rien ne s’était passé. Comme si ce n’était qu’un divertissement de plus dans leur quotidien.

Noah reste seul, cloué sur place, le souffle court. Ses doigts tremblent encore. Il se sent ridicule, faible. Une partie de lui voudrait disparaître, une autre hurle en silence.

Pourquoi lui ? Pourquoi toujours lui ?

Il sait qu’Adrian a tout pour plaire : la beauté, la force, le charisme, l’assurance. Une fiancé parfaite, un avenir tout tracé, une meute entière qui l’admire. Et lui, Noah, qu’a-t-il ? Rien, si ce n’est cette marque invisible d’Oméga récessif qui l’a condamné à devenir la proie de leurs cruautés.

Il ferme les yeux, essayant de reprendre contenance. Mais les mots d’Adrian résonnent encore dans sa tête, venimeux, collants : tapette. Comme si ce seul mot suffisait à effacer toute son existence, à réduire sa personne à une insulte.

Quand enfin il trouve la force de bouger, la salle est vide. Ses jambes le portent mécaniquement dans le couloir, parmi les autres élèves qui discutent, rient, planifient leur soirée. Personne ne remarque sa gorge rougie, ses yeux trop brillants. Personne ne voit le combat silencieux qu’il mène pour rester debout.

Dans son sac, ses cahiers semblent peser une tonne. Ses pas sont lourds, mais il garde la tête baissée, s’accrochant à une seule idée : rentrer chez lui. Là-bas, au moins, le monde est plus calme, même si la douleur persiste.

Adrian est déjà loin, sûrement à rire avec Clara, à savourer l’admiration de tous. Noah, lui, ne peut s’empêcher de se demander combien de fois encore il devra supporter ça. Combien de fois il sera rabaissé avant que quelqu’un ne vienne enfin le protéger.

Mais au fond, il sait qu’il est seul.

Et que cette solitude, Adrian en est le maître incontesté.

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