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Chapitre 22 : Vertige d'un prénom

Author: Clara Wynter
last update Last Updated: 2025-09-08 06:25:06

La nuit avait cette couleur ambivalente qui transforme les tours de verre en miroirs d’encre. Dans les étages, la lumière se raréfiait, se resserrait sur quelques îlots obstinés : des écrans oubliés, une veilleuse de sécurité, la ligne rouge d’un détecteur. Tout le reste se dissolvait dans une pénombre douce, respirante, où chaque bruit semblait poser une main sur l’épaule.

Mila poussa la porte de la salle des archives. Le souffle tiède du système d’aération y brassait une odeur de papier, de carton et de poussière propre, ce parfum de mémoire qui calme et inquiète tout à la fois. Elle passa la paume sur le bord d’une boîte, chassa des grains invisibles, puis laissa ses doigts s’attarder — geste sans objet, manière de retarder l’instant où elle devrait choisir : appeler, ou se taire.

Elle avait encore le dossier noir en tête. Pas le contenu, qu’elle avait refermé avec une rigueur presque superstitieuse, mais ce qu’il avait réveillé : un poids sourd, une diagonale d’empathie qu’elle ne
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    La salle des archives était plongée dans une demi-pénombre, éclairée seulement par une lampe halogène fatiguée dont la lumière jaunâtre dessinait des halos irréguliers. L’air sentait le papier vieilli, un mélange de poussière, de colle et de cuir abîmé. Mila aimait ce parfum discret : il avait quelque chose de rassurant, comme si les fantômes des années passées se tenaient en silence autour d’elle.Ce soir-là pourtant, ce n’était pas un refuge. C’était un piège.Elle avait entrepris de classer de vieux dossiers internes, des contrats scellés et oubliés. En tirant un carton trop lourd, elle découvrit, au fond de l’étagère métallique, un dossier noir sans étiquette, épais, glissé de travers. Son instinct se crispa. Dans un lieu où chaque dossier avait une référence stricte, cette anomalie criait le secret.Ses doigts hésitèrent, frôlant le carton comme si celui-ci pouvait lui brûler la peau. Puis elle céda. Le sortir, l’ouvrir, ce ne serait pas une faute professionnelle, se persuada-t-e

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