เข้าสู่ระบบLa soirée touchait à sa fin, mais l’air du hall restait saturé. Les rires, les applaudissements polis, le cliquetis des coupes — tout cela formait un voile superficiel. Sous la surface, une tension plus dure vibrait, invisible mais palpable.Alec s’était éloigné des convives pour rejoindre un petit salon annexe, un espace tapissé de boiseries sombres, réservé aux discussions privées. Ethan Marlow y était déjà, une coupe de vin rouge à la main, adossé avec nonchalance contre un fauteuil en cuir.— Reyford, dit-il avec un sourire mesuré, comme s’il l’attendait.Alec referma la porte derrière lui. Le bruit se coupa aussitôt, ne laissant que le souffle feutré du chauffage et le léger cliquetis du verre contre la bague qu’Ethan faisait tourner distraitement.Leurs regards s’accrochèrent, se jaugèrent. Ni l’un ni l’autre ne cilla.— Vous avez un talent certain, Marlow, lança Alec d’un ton parfaitement poli. Celui d’entrer dans une pièce comme si elle vous appartenait déjà.Ethan inclina lég
La soirée poursuivait son cours, mais l’air semblait chargé de quelque chose que Mila seule percevait. Comme si les lustres du grand hall, pourtant éclatants, diffusaient une lumière plus dure, presque crue, qui soulignait les visages et les ombres.Elle venait de reposer sa coupe à moitié vide quand une voix grave, polie mais marquée d’un accent anglais feutré, s’éleva à sa droite.— Pardonnez-moi… vous êtes bien Mademoiselle Andrews ?Mila tourna la tête. Un homme venait d’apparaître dans son champ de vision, comme s’il s’était détaché de la foule. Il portait un costume bleu nuit parfaitement taillé, une chemise claire sans cravate — une audace subtile dans ce genre de réception — et un manteau gris jeté négligemment sur son bras. Ses cheveux bruns, légèrement ondulés, étaient coiffés sans raideur, comme si le vent avait participé à son allure étudiée.Mais ce furent ses yeux qui accrochèrent Mila : un gris clair, presque translucide, avec une intensité calculée. Il souriait, mais c
La salle du gala ressemblait à un décor de théâtre trop brillant pour être réel. Les lustres suspendus diffusaient des éclats d’or qui se reflétaient dans les coupes de champagne et sur les nappes immaculées. Chaque convive semblait jouer un rôle : rires appuyés, conversations vides mais stratégiques, poignées de main comme des contrats muets.Le parquet, ciré à l’excès, renvoyait le bruit des talons et des pas. Les effluves de parfums se mélangeaient : notes fleuries de jasmin, bois précieux, musc entêtant. Mila avançait prudemment parmi ces fragrances comme si chacune pouvait la trahir.Elle se savait tolérée ici, invitée de seconde zone sous prétexte de représenter « l’esprit d’équipe » de Reyford Corp. Une formule polie pour justifier la présence de quelques employés hors cadre. Elle avait appris à se tenir droite, à occuper le minimum d’espace, à observer plus qu’à parler.Et pourtant, chaque fois que son regard effleurait la silhouette d’Alec, elle sentait son équilibre vaciller
La nuit était tombée sur la tour Reyford comme un couvercle hermétique. Du haut du trente-deuxième étage, les lumières de la ville formaient un damier mouvant, mais à l’intérieur, seuls les bureaux éclairés rappelaient que certains esprits ne s’autorisaient jamais de repos.Mila gravit l’étage du département stratégie d’un pas mesuré, les muscles tendus. Dans ses bras, un dossier trop épais pour justifier sa présence à cette heure, mais assez lourd pour servir de prétexte. Elle avait appris à marcher comme une ombre dans cette tour : pas pressés, silhouette discrète, gestes retenus. Pourtant, cette nuit-là, chaque battement de son cœur résonnait comme un coup de talon sur le marbre.Elle inspira profondément avant de pousser la porte du bureau d’Alec.La pièce n’était éclairée que par une lampe basse, posée sur le coin du bureau en acajou. La lumière sculptait ses traits avec une dureté presque théâtrale : pommettes saillantes, mâchoire serrée, ombres sous les yeux. Sa cravate était d
La journée avait été trop longue. Mila sortit des locaux de Reyford Corp. en fin d’après-midi, la fatigue nouée entre ses omoplates comme une corde trop serrée. L’air extérieur, saturé de pluie, la gifla avec une brutalité bienvenue.Son parapluie tremblait sous les bourrasques. Elle descendit la rampe du parking, ses talons claquant dans l’écho métallique. C’est alors qu’elle le vit.Pas comme une impression fugace, pas comme une silhouette indistincte au détour d’une ruelle. Non. Cette fois, il était là. Clair.Un homme, grand, silhouette élancée, manteau gris à la coupe sévère, capuche rabattue partiellement. Immobile. Debout près d’un lampadaire qui clignotait faiblement. Ses mains étaient dans ses poches, mais sa posture avait quelque chose de trop attentif.Leurs regards se croisèrent un instant. Elle ne distingua pas bien ses traits, mais le choc fut réel : ce n’était pas un passant distrait. Il était venu pour ça. Pour elle.Mila sentit ses jambes s’alourdir. Elle se força à d
La nuit s’était abattue sur la ville avec la lourdeur d’une chape de plomb. Les lampadaires diffusaient leur halo orangé dans la bruine, transformant les trottoirs en coulées de cuivre liquide. Mila pressa le pas, son sac serré contre elle. Chaque claquement de ses talons lui semblait trop sonore, trop exposé. Elle sortait à peine du métro et il restait encore trois rues avant l’immeuble qu’elle partageait avec Clara.La vibration de son portable brisa le silence. Elle sursauta, sortit l’appareil d’une main tremblante.— Émilie ? souffla-t-elle.La voix de son amie, d’ordinaire légère et ponctuée de rires faciles, avait une gravité inhabituelle.— Mila, écoute-moi bien. Tu n’es pas seule.Mila se figea. Le souffle court, elle jeta un regard par-dessus son épaule. À vingt mètres derrière elle, un homme marchait. Simple silhouette sombre, capuche rabattue, mains dans les poches. Il n’allait pas vite, mais il ne ralentissait pas non plus. Toujours à la même distance.— Comment tu…— Ne p







