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Chapitre 3

ผู้เขียน: Jeanne Chino
« Ah, j'ai oublié… tu ne peux pas boire de lait. Attends, je vais te faire la soupe, d'accord ? » Maman s'est précipitée pour désamorcer la situation, paniquée à l'idée que quelqu'un puisse remarquer qu'elle se soucie davantage de sa fille adoptive que de moi.

Clac. Papa a violemment posé sa tasse sur la table et a lancé, visiblement agacé :

« Tu fais toujours trop d'histoires ! C'est toi qui l'as trop gâtée ! Voilà pourquoi elle est devenue insupportable à son âge ! On doit emmener Delphine pour son inscription à sa nouvelle école, on n'a pas de temps à perdre ! »

Si ça avait été moi, dans le passé, cette phrase m'aurait brisé le cœur. J'aurais éclaté en sanglots et retourné la maison. Mais cette fois, je ne ressentais plus rien. Rien qu'un grand vide.

Je me suis assise en silence à l'extrémité de la table. J'ai vu Delphine, la tête baissée sur son assiette, un léger sourire satisfait au coin des lèvres. Mais quand elle a relevé les yeux, son visage était déjà empreint de tristesse.

« Papa, ne dis pas ça de Marion… Elle n'est pas comme moi. Elle a grandi dans l'amour et l'insouciance, c'est normal qu'elle soit un peu gâtée. Ça prouve seulement que vous l'aimez beaucoup… »

Encore une fois, mes parents — ces deux saints auto-proclamés — étaient bouleversés. Comment le monde pouvait-il contenir une enfant aussi pure, aussi gentille ? Face à elle, moi — l'enfant qui avait tout depuis toujours — je paraissais ingrate, capricieuse, et indigne. Dans leurs regards, je lisais une déception nouvelle, plus lourde encore que celle d'hier.

Mais ça m'était égal. Dans ma vie d'avant, j'avais déjà coupé les ponts avec eux. Je ne tenais plus à savoir ce qu'ils pensaient de moi.

Je pourrais me forcer à bien traiter Delphine. Me faire passer pour une petite sœur docile et facile à manipuler. Dans ce rôle, j'aurais été leur gentille fille, celle qui grappille quelques miettes de l'attention qu'ils réservaient à Delphine.

Mais cette fois, je voulais que Delphine comprenne que l'amour et l'affection qu'elle avait arrachés par la ruse, à coups de stratégies, ne valaient rien à mes yeux.

Quand leur « petite famille de trois » est rentrée après avoir fait les démarches pour l'école, j'avais déjà vidé ma chambre et déplacé toutes mes affaires dans la chambre de bonne, au fond du couloir.

Je ne lui avais pas vraiment cédé la place. J'avais juste besoin de préserver mon espace vital.

Papa m'a caressé la tête avec un sourire bienveillant.

« Marion est vraiment une enfant gentille… Tu es bien la bonne fille de ton père. »

Un enfant normal aurait peut-être été heureux d'entendre cette phrase. Mais moi, avec une vie de plus derrière moi, j'en avais saisi le véritable sous-entendu : Pour être une « bonne fille », je devais, moi aussi, faire preuve de compassion envers Delphine, sacrifier mon propre bonheur, et lui céder tout ce qu'elle voulait.

Sans prévenir, Delphine a fait irruption dans ma chambre pour la visiter. En voyant la panoplie complète de matériel de dessin que mes parents m'avaient offerte auparavant, son visage est soudain devenu livide. Elle s'est précipitée dans les bras de maman, en pleurant faiblement.

« Bouhou… moi aussi, j'aimerais pouvoir dessiner comme Marion, insouciante, sans me soucier de rien… »

Maman m'a regardée avec gêne. Elle a hésité un long moment, puis a fini par dire :

« Je suis désolée, Marion… Pour ne pas blesser Delphine, tu pourrais… ranger tes affaires de dessin pour l'instant ? »

Encore une fois. Depuis que Delphine était apparue dans ma vie, mon espace vital n'avait cessé de se réduire. Petit à petit, on m'avait enlevé le droit d'aimer, de rêver, jusqu'à ce que même mes passions et mes envies deviennent illégitimes.

Dans ma vie d'avant, c'était pareil. Delphine ne pouvait pas dessiner trop longtemps à cause de ses problèmes de vue, alors moi aussi, on m'avait forcée à réduire mon temps de dessin.

Moi, fille de peintre, je n'avais pas le droit d'acheter du matériel artistique quand j'en avais envie, ni de suivre des cours de dessin comme les autres enfants. Tout ça, juste parce que Delphine risquait d'en être attristée si elle me voyait faire ce qu'elle ne pouvait pas faire.

Mais elle, elle avait le droit de s'asseoir sur les genoux de papa, d'apprendre à dessiner main dans la main avec lui, de voir chacune de ses œuvres encadrée, accrochée fièrement au mur. Les miennes ? Cachées au fond d'un vieux carton à dessin, comme si elles n'avaient jamais existé.
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