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Chapitre 8

ผู้เขียน: Jeanne Chino
« Elle est malade des yeux, pas aveugle non plus. Pourquoi faudrait toujours lui céder la place ? »

La proviseure a tapé doucement sur le front de Maxime pour le rappeler à l'ordre. Puis, elle m'a prise dans ses bras, et en me caressant doucement le dos, comme une vraie mère, elle a dit :

« Dans ce cas, tu vas devenir ma filleule. Un enfant aussi adorable, s'ils n'en veulent pas, moi j'en veux bien. »

Je me suis effondrée dans ses bras, en larmes. À côté de nous, Maxime a murmuré dans sa barbe :

« Si tu deviens sa fille… ça veut dire qu'on est frère et sœur maintenant ! »

J'ai passé au lycée la période la plus paisible de toute ma vie. Même pendant les vacances d'hiver et d'été, je restais souvent en internat sous prétexte d'étudier.

Mes parents n'avaient de toute façon plus vraiment le temps de s'occuper de moi. Apparemment, ils emmenaient Delphine partout pour consulter des médecins, et en même temps, ils l'inscrivaient à tout un tas de cours privés. Ils étaient si occupés qu'ils avaient presque laissé tomber les affaires de la famille. Même mon argent de poche avait été sérieusement réduit. Heureusement, j'avais depuis longtemps atteint une forme de liberté financière. Même sans un sou des Laurent, je vivais très confortablement.

Dès mon plus jeune âge, j'avais eu un bon instinct pour l'investissement dans l'art. Mais dans ma vie d'avant, sous l'influence toxique de mon père et de Delphine, j'avais cru que mêler l'art à l'argent était honteux.

Ils m'avaient servi de beaux discours, mais en cachette, ils avaient revendu les œuvres que j'avais repérées, en en tirant des bénéfices… sans jamais m'en avoir reversé un centime. Dans cette nouvelle vie, j'avais vite vu clair dans leur vrai visage, et j'avais confié mes investissements uniquement à la personne en qui j'avais le plus confiance : la proviseure. En voyant les chiffres grimper sur mon compte, j'ai ressenti une sécurité que je n'avais jamais connue. Finalement, savoir gagner sa vie était bien la chose la plus essentielle.

Ce week-end-là, la proviseure et Maxime avaient dégagé du temps exprès pour m'emmener pique-niquer dans un parc près du lycée. Tandis que la proviseure était allée garer la voiture, Maxime et moi étions allés nous installer sur la pelouse. J'attendais cette journée avec impatience… mais tout mon enthousiasme s'est évaporé à la seconde où j'ai aperçu la famille Laurent qui arrivait droit vers nous.

Delphine tenait le bras de Léo, tandis que mes chers parents, que je n'avais pas vus depuis longtemps, suivaient derrière avec leurs sourires habituels. En me voyant, leurs visages se sont figés un instant.

Aussitôt qu'elle m'a vue, Delphine a pris un air effrayé et s'est cachée derrière Léo, comme si j'allais lui sauter dessus. Avec sa tête de petite fleur fragile, elle a déclenché d'un coup la fibre protectrice de Léo, qui s'est mis à me lancer un regard noir.

« T'étais censée étudier... mais en fait, tu faisais autre chose, hein ? »

Quand Delphine a vu Maxime à mes côtés, elle a mordu sa lèvre, visiblement contrariée.

« Marion, tu es en rendez-vous avec ton copain ? Papa et Maman se faisaient tant de souci pour toi… Tu ne viens même plus à la maison pendant les vacances, tu mens, tu nous évites… Depuis que tu es au lycée, tu n'es plus la même... »

Mes parents, eux aussi, me regardaient avec horreur.

« Marion Laurent ! À ton âge, mentir à tes parents pour traîner avec un garçon ? Tu veux nous tuer de chagrin ou quoi ? »

« Tu comptes devenir comme Delphine un jour ? Obéissante et respectueuse ?! »

Chacun d'eux me lançait sa réplique comme une pierre, sans même me laisser le temps de m'expliquer. Même Maxime, qui connaissait déjà l'histoire de leur favoritisme, semblait sous le choc face à leur capacité à m'attaquer ainsi, à quatre contre une.
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