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Chapitre 2 : Premier affrontement

Penulis: Millie
last update Terakhir Diperbarui: 2025-04-10 13:18:50

L’audience commence dans une demi-heure.

Zola est déjà là, assise au premier rang dans la salle vide, le dossier ouvert sur ses genoux. Elle relit encore, même si elle connaît chaque ligne. Le rapport du commissariat. Les témoignages contradictoires. Les traces d’intervention modifiées.

Un vice de procédure pourrait tout faire s’effondrer.

Elle respire lentement. Pose les doigts sur la couverture cartonnée. Il ne faut rien laisser paraître.

Les bancs commencent à se remplir. Un huissier entre, puis un journaliste au regard fouineur et à l’appareil malicieux. Le juge n’est pas encore là. Zola reste droite, concentrée.

Puis, il arrive.

Erwan Delcourt.

Costume impeccable, attaché-case en cuir, cheveux châtains coiffés avec négligence maîtrisée. Il avance calmement, comme s’il avait tout son temps. Comme s’il avait déjà gagné.

Il la voit, incline légèrement la tête en guise de salut. Elle répond d’un regard bref, neutre. Elle ne détourne pas les yeux.

Il s’installe, sort quelques feuilles, puis croise les jambes. Il ne semble pas inquiet. Zola, elle, sent sa mâchoire se crisper.

Le juge entre.

Les échanges commencent. Zola se lève, expose les faits, ligne après ligne, sans trembler. Elle a préparé son intervention, mesuré chaque mot. Elle déroule le fil.

Erwan la laisse parler sans l’interrompre. Il la regarde, mais pas comme les autres. Pas avec condescendance. Avec… attention.

Quand vient son tour, il se lève. Sa voix est plus posée que celle de Zola, plus souple. Il commence par souligner les incohérences de l’enquête, met le doigt sur les points flous. Et il le fait avec une aisance qui agace Zola. Il parle comme on danse.

— Madame le Substitut du procureur a présenté une version admirablement structurée des faits. Mais parfois, l’ordre masque les zones d’ombre…

Elle serre les dents. Ce n’est pas une attaque frontale. C’est plus subtil. Un glissement.

Elle répond. Contre-argumente. Son ton est un peu plus sec que prévu, mais ferme. Elle ne veut pas se laisser prendre.

Le juge semble apprécier la joute. Le public aussi. C’est technique, tendu, propre.

L’audience dure plus d’une heure. À la fin, les deux parties sont invitées à remettre des notes écrites. Le juge lèvera la séance dans quelques jours.

Dans le couloir, alors qu’elle s’éloigne, Zola entend derrière elle :

— C’était impressionnant.

Elle se retourne. Erwan est là, à quelques mètres.

Elle ne répond pas. Pas tout de suite.

— Votre plaidoirie. Précise. Chirurgicale. On ne voit pas ça tous les jours.

— Je fais mon travail, répond-elle simplement.

Il sourit. Pas moqueur. Juste… intrigué.

— Je sais. Et c’est pour ça que je vous garde à l’œil.

Elle s’éloigne sans un mot de plus. Mais une chose est sûre : elle sait désormais qui est Erwan Delcourt. Et il ne faut pas le sous-estimer.

****

Le restaurant est calme à cette heure-là. Une brasserie chic, un peu trop lumineuse pour Zola, mais c’est Mélodie qui a choisi.

Elle est déjà installée à une table près de la baie vitrée, téléphone à la main, sourire aux lèvres. Quand elle aperçoit Zola, elle lève les bras comme si elles ne s’étaient pas vues depuis six mois. Il ne s’est écoulé que dix jours.

— Zoooo !

Zola grimace. Mélodie l’appelle toujours comme ça, même en public. Elle s’assoit en face d’elle, retire sa veste, et pose son dossier sur la banquette.

— Tu travailles pendant le déjeuner ?

— Je révise l’affaire de ce matin. Ça m’obsède un peu.

Mélodie fait une moue faussement exaspérée.

— Tu sais que la terre ne s’écroulera pas si tu t’accordes trente minutes de paix, hein ?

Zola ne répond pas tout de suite. Elle observe son amie : coiffure impeccable, robe fluide couleur crème, ongles manucurés. Mélodie dégage une énergie qu’elle envie parfois. Tout semble plus simple avec elle.

— Alors ? Raconte, dit Mélodie en attrapant la carte.

— C’était un affrontement serré. L’avocat était très…

Elle s’interrompt, cherche le bon mot.

— … efficace.

— Ah bon ? Un nouveau ?

— Erwan Delcourt.

Mélodie lève un sourcil.

— Erwan Delcourt ?! Sérieusement ? Le mec brillant avec la gueule de pub Hugo Boss ?

Zola soupire.

— Je ne l’ai pas regardé comme ça.

— Mais moi oui. Je suis tombée sur une vidéo de lui en conférence il y a quelques mois. Même moi j’avais envie de signer une procuration rien que pour l’entendre parler.

Zola esquisse un sourire malgré elle. Mélodie s’emballe toujours, mais elle sait doser son humour.

— Il est bon, c’est vrai, reconnaît Zola. Mais il sait qu’il l’est, et ça me met sur les nerfs.

— Tu devrais aimer ça. Un peu de répondant, ça te change des collègues à demi-morts que tu côtoies au tribunal.

Zola baisse les yeux sur son verre d’eau. Elle remue doucement le liquide du bout des doigts.

— Je veux juste faire mon boulot sans qu’on me teste à chaque phrase.

Mélodie penche la tête.

— Ou peut-être que t’en as marre de toujours tout contrôler. De toujours devoir prouver que t’es assez. Assez forte. Assez sérieuse. Assez inattaquable.

Zola ne répond pas. C’est le genre de phrases que Mélodie lâche comme des flèches. Douces, mais précises.

Le serveur arrive. Elles commandent.

— Tu sais, reprend Mélodie, plus doucement, ça ne ferait pas de toi une mauvaise magistrate si tu vivais un peu en dehors du tribunal.

Zola soupire.

— Je n’ai pas le temps pour vivre. Et je n’ai pas envie qu’un homme s’imagine que je suis un défi à relever ou un mystère à percer.

— Je parlais pas d’hommes. Je parlais de toi.

Un silence s’installe. Pas pesant. Juste… dense.

Mélodie sourit, change de sujet. Elles parlent vacances, famille, les collègues de la banque que Mélodie supporte à peine. Mais quelque chose est resté suspendu, entre le thé citron et le pain grillé.

Zola pense à Delcourt. Pas à son sourire. Pas à ses yeux.

Non.

À ses arguments. À sa posture. À la pression qu’il lui a mise.

Et à cette petite voix en elle qui s’est réveillée. Celle qui dit :

Il va falloir t’imposer. Il va falloir t’exposer.

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