EmilyJe suis adossée contre le mur froid de la villa, le souffle court, le cœur battant à un rythme infernal. La soirée vient de basculer dans une tension électrique. Victorio est parti après un appel urgent, laissant derrière lui une ombre de danger qui s’accroche à l’air. Lorenzo est resté, son regard perçant fixé sur moi comme s’il essayait de lire dans mes pensées.— Tu crois pouvoir le manipuler ? murmure-t-il, sa voix basse et tranchante.Je relève les yeux vers lui, croisant son regard glacial.— De quoi tu parles ?Un sourire carnassier s'étire sur ses lèvres.— Ne fais pas l’innocente, Emily. J’ai vu comment il te regarde. Victorio est peut-être aveuglé par ton joli minois, mais moi, je vois clair dans ton jeu.Je ressens une pointe glacée dans ma colonne vertébrale. Lorenzo est dangereux. Peut-être même plus dangereux que Victorio, parce qu'il n'a pas cette faille qu'est l'attirance. Il ne ressent rien. Il est calculateur, froid, prêt à m'éliminer à la moindre erreur.— Si
EmilyJe coupe l’eau, attrape une serviette et me sèche rapidement. La vapeur danse autour de moi alors que je sors de la salle de bain. Dans la chambre, Victorio est déjà debout, habillé d’un pantalon noir et d’une chemise entrouverte. Il est assis sur le rebord du lit, une cigarette entre ses doigts, le regard perdu dans le vide.Il lève les yeux vers moi lorsque j’entre.— Tu pars déjà ? murmure-t-il.— J’ai besoin de prendre l’air.Un sourire à peine visible étire ses lèvres. Il se lève, s’approche de moi avec cette grâce prédatrice qui le rend si fascinant. Ses doigts effleurent ma joue.— Tu ne peux pas fuir éternellement, Emily.Je soutiens son regard, me forçant à ne pas trembler sous la chaleur de son toucher.— Je ne fuis pas.— Non ? Alors pourquoi est-ce que je sens cette peur dans ton regard ?Sa main glisse le long de ma mâchoire, descendant lentement jusqu’à la courbe de mon cou.— Ce n’est pas de toi que j’ai peur, dis-je dans un souffle.— Vraiment ?Il s'approche dav
VictorioLe silence de la nuit est lourd, étouffant. Assis dans mon bureau faiblement éclairé, un verre de whisky à la main, je fixe la flamme vacillante de la bougie posée sur le bureau. La lumière danse sur le cristal du verre, projetant des reflets ambrés sur le bois sombre. Mon esprit est pourtant ailleurs, centré sur une seule personne : Emily.Elle est une énigme que je n’arrive pas à résoudre. Douce et féroce à la fois. Fragile et pourtant dangereuse. Je devrais me méfier d’elle — je le sais. Mais il est déjà trop tard pour ça.La porte du bureau s'ouvre doucement. Lorenzo entre sans un bruit, son long manteau noir glissant sur le sol de marbre. Il s'avance, le regard dur.— Tu es sûr de ce que tu fais ? demande-t-il d'une voix froide.Je bois une gorgée de whisky avant de répondre.— De quoi parles-tu ?— Emily. Elle fouille, Victorio. Elle pose des questions. À Livia.Je serre les dents, posant le verre avec force sur le bureau.— Qui te l’a dit ?— J’ai mes sources.Il s’app
EmilyLa nuit est tombée depuis longtemps, mais je reste éveillée, allongée dans le grand lit de Victorio. Le drap de soie glisse sur ma peau nue alors que la lumière de la lune traverse les lourds rideaux. Victorio dort à côté de moi, son bras musclé posé sur ma taille. Sa respiration est calme, régulière, mais je sais qu'il ne dort jamais profondément. Un homme comme lui ne peut jamais vraiment baisser sa garde.Je tourne légèrement la tête, observant son visage. Même endormi, il dégage une aura de danger et de contrôle absolu. La mâchoire serrée, les cils sombres qui contrastent avec sa peau légèrement hâlée… Il est parfait, et pourtant, je sens le poids de l’ombre qui l’entoure.Je devrais partir. Maintenant.Mais je n’en suis pas capable.Je l’aime.Le simple fait de le penser me fait peur. L’aimer, c’est accepter de plonger dans sa noirceur. C’est devenir une partie de ce monde brutal.Je glisse lentement hors du lit, prenant soin de ne pas le réveiller. Je récupère sa chemise n
VictorioLe silence dans le manoir est presque anormal. D’habitude, même au cœur de la nuit, j’entends le bruit léger des pas de mes hommes qui veillent dans les couloirs, le frottement des bottes contre le marbre du hall d’entrée, le craquement lointain du bois des fenêtres face au vent nocturne. Mais là, il n’y a rien. Un vide total.Je suis assis dans mon bureau, une cigarette à moitié consumée coincée entre mes doigts. La lumière tamisée éclaire la pièce d’une lueur orangée, projetant des ombres menaçantes sur les murs couverts de livres anciens. Le verre de whisky devant moi est encore plein, une goutte de condensation glissant lentement le long du cristal.Emily dort à l’étage. J’ai veillé jusqu’à ce qu’elle s’endorme, la regardant respirer calmement, ses cheveux éparpillés sur l’oreiller. Elle est magnifique dans son sommeil, si vulnérable, si parfaite. Et c’est bien ça le problème.Elle est devenue ma faiblesse.Lorenzo l’a vu. Il a senti cette brèche dans mon armure et il com
EmilyJe me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Mon souffle est court, mes mains tremblantes alors que je me redresse dans le lit immense. La chambre est plongée dans l'obscurité, seulement éclairée par la faible lueur des lampes murales. Mes doigts s'enfoncent dans les draps en soie, cherchant une ancre dans cette sensation de panique qui me ronge.Un cauchemar. Encore un.Je passe une main sur mon visage, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. Mais les images sont encore là, gravées derrière mes paupières fermées. Des ombres, du sang, et cette sensation oppressante d’être traquée.La porte de la chambre s’ouvre brusquement, me tirant de mes pensées.— Emily ?Je me fige.Victorio se tient dans l’embrasure de la porte, une ombre massive projetée par la lumière du couloir. Il est vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise entrouverte, révélant la ligne musclée de son torse. Son regard est sombre, perçant, mais une inquiétude sourde danse dans ses prunelle
EmilyJe n'ai pas dormi de la nuit. Les paroles de Lorenzo résonnent encore dans mon esprit comme une mélodie empoisonnée. Livia nous a trahis. J’ai du mal à y croire. Livia a toujours été là. Toujours présente, fidèle à Victorio. Elle faisait partie de la famille, du clan. Comment aurait-elle pu nous trahir ? Pourquoi maintenant ?Allongée dans le lit, les draps froissés autour de mes jambes, je fixe le plafond, le cœur en vrac. Victorio est parti tard dans la nuit avec Lorenzo. Je ne sais pas où ils sont allés ni ce qu’ils comptent faire, mais je n’aime pas ce silence pesant qui s’est installé dans la maison.La porte de la chambre s’ouvre doucement. Mon souffle se bloque.— Emily ?Je me redresse aussitôt. Victorio se tient dans l’embrasure de la porte, une ombre massive se découpant dans la lumière du couloir. Il est encore vêtu de sa chemise noire, mais elle est légèrement froissée, et je remarque une trace sombre sur le col.— Tu es rentré, soufflé-je.Il ferme la porte derrière
VictorioLa nuit est lourde, chargée d’électricité. L'air sent la pluie, et une tension presque palpable flotte dans l'obscurité. J'avance dans la ruelle, mes pas résonnant sur le sol humide. Lorenzo marche à mes côtés, son visage sombre et fermé. Il porte son éternel costume noir, impeccablement taillé, malgré le fait que nous nous dirigions vers une possible embuscade.— Tout est en place ? demandé-je, sans le regarder.— Oui, murmure Lorenzo. Les hommes sont postés autour de l’entrepôt. Livia ne pourra pas sortir sans se faire repérer.J’acquiesce, mais une part de moi refuse encore de croire qu’elle ait pu nous trahir. Livia fait partie du clan depuis que nous sommes enfants. Elle était presque une sœur. Pourquoi ?— Tu crois qu’elle va venir seule ?Lorenzo secoue lentement la tête.— Pas une chance. Les Rossi sont trop intelligents pour l’envoyer seule dans la gueule du loup. Ils vont vouloir te tester.Un sourire sans joie étire mes lèvres.— Qu’ils essaient.Lorenzo me jette u
EmilyLe silence dans la pièce est lourd, presque tangible, comme une pression qui pèse sur ma poitrine.Lorenzo est à mes côtés, calme, implacable, un homme qui semble toujours avoir tout sous contrôle. Mais aujourd'hui, il y a une différence. Il y a une sorte d'aura différente autour de lui, quelque chose de plus sombre, plus intense. Et cela a un goût amer dans ma bouche, comme si quelque chose se préparait.Je le regarde, et il ne me quitte pas des yeux. Ses lèvres se tendent légèrement en un sourire. Pas un sourire chaleureux. Un sourire qui annonce un changement. Un bouleversement.Je suis là, à ses côtés, prête à tout. Prête à tout pour le suivre, pour comprendre ce qui nous lie, pour accepter ce que je suis devenue dans cet univers où il fait les règles.Il me prend la main d'un geste assuré, puis me conduit au centre de la pièce. Des hommes sont là, des membres de son organisation. Des visages fermés, des regards calculateurs. Chaque personne ici a une place bien définie, une
EmilyIl n'y a pas de retour en arrière.Je l’ai su dès que j’ai prononcé ce mot. « D’accord ». Il a emporté toute ma vie avec lui.Ce simple mot a fait basculer l’équilibre précaire que j'avais tenté de maintenir pendant des mois.Je me revois encore dans ce petit appartement, les photos de famille que j’ai soigneusement rangées dans un tiroir. Je me revois encore en train de lutter contre le poids de la vérité, contre mes propres convictions. Mais maintenant, tout cela semble si lointain, si secondaire.Lorenzo ne m’a pas laissée le temps de réfléchir davantage. Il m’a prise dans ses bras, et tout est devenu flou.Il y a quelque chose d’envoûtant dans la façon dont il me touche, comme s’il savait exactement où me saisir pour me faire oublier tout le reste. Je me sens à la fois vivante et morte, prête à tout et à rien, et tout ce que je croyais savoir de ma propre existence se dissout peu à peu dans la chaleur de son corps contre le mien.Il m’a demandé de tout laisser derrière moi.
LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyIl dort. Enfin. Je le regarde, allongé sur le flanc, les traits détendus pour une fois, comme si la violence s’était éloignée, juste un instant. Comme si l’homme qu’il aurait pu être reprenait possession de son corps. Mais ce n’est qu’un leurre. Une illusion fragile. Je suis éveillée. Et je pense. Trop. L’air est lourd. L’obscurité complice. Et dans le silence, les questions remontent, une à une, comme des aiguilles sous la peau. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suis Emily Reyes. Agent fédérale. Spécialisée en criminologie comportementale. Formée pour traquer, manipuler, démasquer. Pas pour… aimer. Encore moins un homme comme lui. Et pourtant, je suis là. Nue dans son lit. Désarmée. Troublée par le moindre de ses gestes. Enchaînée à quelque chose que je ne peux ni nommer, ni fuir. Est-ce que je regretterai ? C’est la question qui tourne sans fin. Celle qui m’empêche de respirer. Est-ce que je regretterai d’avoir tout quit
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu
LorenzoJe n’ai même pas pris le temps d’essuyer mes mains. Le sang sèche déjà sous mes ongles, dans les lignes de ma paume, comme une mémoire que je ne peux pas effacer. Emily ne dit rien. Elle ne me regarde plus de la même manière. Mais elle reste. Et c’est bien ça le plus dangereux.Le corps gît encore au sol. Une traînée écarlate s’étend jusqu’à la flaque de pluie entrée par le toit éventré de l’usine. Le sang et l’eau forment une mare trouble, comme un cauchemar dissous dans le réel. Dante s’est écarté, son visage fermé comme à son habitude, mais je vois son cou raidi, ses mâchoires crispées. Même lui sent que cette nuit, quelque chose a changé.Emily m’a suivi. Elle a vu. Elle n’a pas détourné les yeux.Et ça… Ça me retourne plus que je ne veux l’admettre.— Il avait des infos sur les cargaisons ? demandé-je d’une voix sèche.Dante hoche la tête.— Ils comptent frapper sur deux fronts. L’un par la route. L’autre par quelqu’un de l’intérieur.Je plisse les yeux. Ce mot. Intérieur
LorenzoElle me regarde, un mélange de détermination et d’incertitude dans son regard. Mais elle acquiesce, lentement, prenant une profonde inspiration avant de s’installer à mes côtés.— Je suis prête, murmure-t-elle.Les phares de la voiture s’allument, et le moteur rugit dans la nuit. La pluie continue de tomber, mais je n’y prête plus attention. La route est devant nous, et tout ce qui compte maintenant, c’est ce qui va suivre. Nous allons frapper fort. Et personne ne pourra nous arrêter.EmilyLa pluie tambourine encore sur le toit de la voiture, amplifiée par le silence tendu qui règne à l’intérieur. J’ai les yeux fixés sur la route détrempée, les mains posées sur mes cuisses, immobiles, comme si le moindre mouvement risquait de faire éclater l’équilibre précaire qui m’habite. Tout va trop vite. Les mots de Melaine tournent encore dans ma tête comme des crochets venimeux. Sa voix douce, ironique, cette façon de m’observer comme si elle savait déjà ce que je ne voulais pas admett