VictorioLe soleil est déjà haut dans le ciel quand je me réveille, le corps tendu, la tête lourde. La nuit dernière tourne encore en boucle dans mon esprit. Lorenzo. Le FBI. Les cadavres à l’entrepôt.J’ai besoin de réponses. Maintenant.Je me lève d’un bond et traverse le manoir à grandes enjambées, ignorant les regards que m’adressent les hommes postés dans les couloirs. J’arrive devant la porte du bureau de Lorenzo et l’ouvre sans frapper.Il est là, assis derrière son immense bureau en bois massif, une cigarette entre les doigts. Il lève calmement les yeux vers moi, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.— Vic. Tu es matinal.Je claque la porte derrière moi, mes yeux brûlant de colère.— Assieds-toi, propose-t-il en désignant le fauteuil face à lui.Je reste debout, le fixant avec une intensité glaciale.— Explique-toi. Tout de suite.Lorenzo tapote la cendre de sa cigarette dans le cendrier de verre.— De quoi veux-tu que je m’explique ?— Tu sais très bien de quoi je p
VictorioLa nuit est tombée, enveloppant la ville dans une obscurité pesante. Une pluie fine frappe les fenêtres du manoir, et le silence qui règne dans les couloirs est presque oppressant.Je suis assis dans le grand salon, un verre de whisky à la main. Les mots de Melaine résonnent encore dans ma tête."Lorenzo n’est pas le seul traître."Qui ? Qui pourrait être assez proche pour me trahir de l’intérieur ?J’ai toujours eu un instinct infaillible. J’ai toujours su quand on me mentait. Mais cette fois… cette fois, tout semble se brouiller.Le bruit d'une porte qui s'ouvre me tire de mes pensées. Emily entre dans la pièce, vêtue d'un pantalon noir moulant et d'un débardeur sombre. Ses cheveux humides retombent en cascade sur ses épaules, et son regard est aussi sombre que la nuit à l'extérieur.— Tu n’arrives pas à dormir ? demande-t-elle en s’approchant.— Non.Elle s’installe en face de moi, ses yeux perçant les miens.— Tu as l’air préoccupé.Je bois une gorgée de whisky, savourant
VictorioLa nuit est sombre lorsque je quitte le manoir. Le vent glacial me fouette le visage alors que je descends les marches de pierre, les mains dans les poches de ma veste en cuir. Mon esprit est en ébullition. Lorenzo m’a informé que Hawkins voulait me voir d’urgence, et ce n’est jamais bon signe.Je monte dans la voiture noire garée devant le portail. Lorenzo est au volant, son visage fermé, éclairé par la lueur pâle des réverbères.— Il a dit pourquoi ? demandé-je en claquant la portière.— Non, répond Lorenzo, le regard fixé sur la route. Mais il avait l’air… tendu.Je plisse les yeux. Si Hawkins est tendu, c’est qu’un problème sérieux vient de surgir.— Allons-y, dis-je.Lorenzo démarre, la voiture filant silencieusement dans la nuit. Les rues sont désertes, l’air chargé d’une tension palpable.Mon esprit reste accroché à Emily. Elle est restée au manoir. Je l’ai personnellement enfermée dans l’aile privée, sous surveillance constante. Elle ne pouvait pas sortir, et personne
VictorioLe club est toujours aussi bruyant. La musique résonne dans mes tempes alors que je sors de l’alcôve privée où Melaine vient de me laisser avec plus de questions que de réponses. Elle a toujours été douée pour ça — m'approcher, me séduire, puis s’évaporer en laissant derrière elle un goût amer de méfiance.Je longe le couloir qui mène à la sortie du club, mes épaules tendues sous le cuir de ma veste. Lorenzo m’attend dehors, adossé à la voiture, une cigarette entre les lèvres.— Alors ? demande-t-il sans lever les yeux.— Elle joue à un jeu dangereux, dis-je en allumant une cigarette à mon tour.Lorenzo me jette un regard en coin.— Tu crois qu’elle est mêlée à la fuite ?— Non, mais elle sait quelque chose. Melaine ne revient jamais sans une raison précise.Je tire une longue bouffée, le goût amer de la nicotine me calmant à peine.— Tu veux que je la surveille ?Je secoue la tête.— Non. Si elle sent qu’on la suit, elle va disparaître. Je vais la laisser venir à moi.Lorenz
VictorioLa nuit est tombée depuis longtemps quand je sors sur la terrasse du manoir. L’air est lourd, chargé de l’humidité de la mer toute proche. J’allume une cigarette, le rouge incandescent de la braise illuminant brièvement le contour de mes doigts.Mes pensées sont en désordre. Emily. Melaine. Le traître dans nos rangs.Je suis certain qu’Emily n’est pas responsable. Elle n’aurait aucun intérêt à trahir le clan — surtout maintenant, alors qu’elle sait que je suis prêt à tout pour la protéger. Mais Melaine… Elle joue à un jeu dangereux. Elle est revenue trop soudainement. Et elle sait trop de choses.— Tu comptes rester là toute la nuit ?Je me retourne et découvre Lorenzo adossé au chambranle de la porte-fenêtre. Il a changé de chemise — une noire cette fois — et tient un verre de whisky à la main.— Je réfléchis.— Ça se voit, répond-il en s’approchant.Je tire une longue bouffée de ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier posé sur la balustrade.— Tu as trouvé quelque
VictorioLe silence règne dans le bureau, seulement troublé par le tic-tac lent et régulier de l'horloge accrochée au mur. Les rideaux sont tirés, plongeant la pièce dans une pénombre oppressante. Assis derrière le grand bureau de bois massif, je fais tourner distraitement un verre de whisky entre mes doigts. Le liquide ambré scintille faiblement sous la lumière tamisée de la lampe de bureau.— Tu comptes rester là à boire toute la nuit ?Je lève à peine les yeux lorsque Lorenzo entre dans la pièce, refermant la porte derrière lui. Il s’avance d’un pas mesuré, les mains dans les poches de son pantalon noir.— Peut-être, répliqué-je d’une voix froide.— Melaine a semé le doute, hein ?Je serre la mâchoire et pose brutalement le verre sur le bureau.— Elle ne fait jamais rien sans raison. Si elle est venue jusqu’ici pour me dire ça, c’est qu’elle sait quelque chose.Lorenzo s’approche du bureau, son regard sombre et perçant.— Tu crois qu’elle est impliquée ?Je secoue la tête.— Non. M
VictorioL'air est lourd ce soir, chargé d'une tension sourde qui vibre sous la surface. Les couloirs du manoir sont plongés dans une obscurité inquiétante, seulement brisée par la faible lumière des appliques murales. Je marche d’un pas rapide, le bruit de mes chaussures résonnant sur le marbre froid. Derrière moi, Lorenzo me suit de près, son visage fermé et concentré.— Il est temps, dit-il simplement.Je hoche la tête.— Hawkins a frappé un de nos entrepôts. Il ne l’a pas fait au hasard. Il savait exactement où chercher.Lorenzo serre la mâchoire.— Ce qui confirme ce qu’on sait déjà : le traître est parmi nous.Je me retourne vers lui, mon regard dur.— Oui. Et je vais le démasquer ce soir.Nous atteignons le grand salon, où plusieurs de mes hommes sont rassemblés. Les visages sont tendus, marqués par l'inquiétude et la colère. Melaine est assise dans un fauteuil, une jambe par-dessus l’autre, un sourire énigmatique sur le visage. Elle lève les yeux vers moi quand j’entre.— Alor
VictorioLe manoir est plongé dans un silence pesant. Même le vent à l'extérieur semble s’être arrêté, comme si la nature elle-même retenait son souffle en attendant le coup fatal qui allait bientôt tomber.Je suis assis dans mon bureau, le dos droit, les doigts croisés sous mon menton. Devant moi, Antonio et Lorenzo sont debout, les visages fermés. Emily est assise sur le canapé près de la cheminée, le regard perdu dans les flammes qui dansent.— Il est temps, dis-je d'une voix calme mais tranchante.Antonio fronce les sourcils.— Tu es certain que c’est ce soir ?— Hawkins a frappé trop fort, trop précisément. Il savait où trouver nos points faibles. Quelqu’un dans le clan lui a parlé.Antonio hoche lentement la tête.— Tu veux qu’on procède comment ?Je me lève lentement, ajustant le col de ma chemise.— On resserre les rangs. On bloque toutes les sorties du manoir. Personne ne sort, personne ne rentre jusqu’à ce qu’on ait identifié le traître.Lorenzo serre les poings.— Et si c’e
EmilyLe temps est désormais une notion relative. Il n’a plus la même couleur, la même densité. Tout est devenu un jeu d’équilibre entre l’ombre et la lumière, entre les instants suspendus et ceux qui dévalent sur moi avec la violence d’un orage. Le monde de Lorenzo est un monde de contradictions, de failles invisibles, de pièces de théâtre où les acteurs portent des masques de fer.Et moi, je fais partie de ce théâtre. Je suis l’actrice et la spectatrice, mais je n’ai plus de rôle défini. Ce que je suis, ce que je deviens, tout est entre ses mains. Et dans un coin de ma tête, il y a ce murmure, cette voix, qui me demande sans cesse : "Est-ce que tu regrettes ?"Lorenzo m’a prise sous son aile, m’a intégrée dans sa sphère. J’ai abandonné tout ce que je connaissais, tout ce que j’étais, tout ce que j’avais construit. Et maintenant, tout est flou. J’avance, aveugle, dans ce monde de ténèbres, attirée par la promesse d’un pouvoir illimité, par cette force qu’il incarne, par cette intensi
EmilyLe temps semble suspendu, comme un dernier souffle, une ultime inspiration avant l’inévitable. Je suis là, devant lui, avec cet anneau à mon doigt, et je sens tout le poids de ma décision s’écraser sur mes épaules. Chaque mouvement, chaque pensée me renvoie à la même question : ai-je fait le bon choix ? Mais, en moi, tout est clair, d’une clarté glacée. Ce monde, je l’ai choisi. Lui, je l’ai choisi.Lorenzo, avec sa manière implacable de commander et de manipuler, me regarde. Ses yeux sombres brillent d’une intensité difficile à décrire, une profondeur où s’entrelacent désir et domination. Il me prend dans ses bras, doucement cette fois, presque tendrement. Mais ce n’est jamais vraiment doux. Jamais vraiment tendre. Ce n’est que le masque d’un homme qui s’abandonne à la possession.Il m’embrasse. Et tout se joue dans ce baiser, tout se scelle. Ce n’est pas un baiser comme un autre. Ce n’est pas une simple déclaration. C’est un pacte. Un vœu. Une promesse de servitude, de loyauté
EmilyLe silence dans la pièce est lourd, presque tangible, comme une pression qui pèse sur ma poitrine.Lorenzo est à mes côtés, calme, implacable, un homme qui semble toujours avoir tout sous contrôle. Mais aujourd'hui, il y a une différence. Il y a une sorte d'aura différente autour de lui, quelque chose de plus sombre, plus intense. Et cela a un goût amer dans ma bouche, comme si quelque chose se préparait.Je le regarde, et il ne me quitte pas des yeux. Ses lèvres se tendent légèrement en un sourire. Pas un sourire chaleureux. Un sourire qui annonce un changement. Un bouleversement.Je suis là, à ses côtés, prête à tout. Prête à tout pour le suivre, pour comprendre ce qui nous lie, pour accepter ce que je suis devenue dans cet univers où il fait les règles.Il me prend la main d'un geste assuré, puis me conduit au centre de la pièce. Des hommes sont là, des membres de son organisation. Des visages fermés, des regards calculateurs. Chaque personne ici a une place bien définie, une
EmilyIl n'y a pas de retour en arrière.Je l’ai su dès que j’ai prononcé ce mot. « D’accord ». Il a emporté toute ma vie avec lui.Ce simple mot a fait basculer l’équilibre précaire que j'avais tenté de maintenir pendant des mois.Je me revois encore dans ce petit appartement, les photos de famille que j’ai soigneusement rangées dans un tiroir. Je me revois encore en train de lutter contre le poids de la vérité, contre mes propres convictions. Mais maintenant, tout cela semble si lointain, si secondaire.Lorenzo ne m’a pas laissée le temps de réfléchir davantage. Il m’a prise dans ses bras, et tout est devenu flou.Il y a quelque chose d’envoûtant dans la façon dont il me touche, comme s’il savait exactement où me saisir pour me faire oublier tout le reste. Je me sens à la fois vivante et morte, prête à tout et à rien, et tout ce que je croyais savoir de ma propre existence se dissout peu à peu dans la chaleur de son corps contre le mien.Il m’a demandé de tout laisser derrière moi.
LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyIl dort. Enfin. Je le regarde, allongé sur le flanc, les traits détendus pour une fois, comme si la violence s’était éloignée, juste un instant. Comme si l’homme qu’il aurait pu être reprenait possession de son corps. Mais ce n’est qu’un leurre. Une illusion fragile. Je suis éveillée. Et je pense. Trop. L’air est lourd. L’obscurité complice. Et dans le silence, les questions remontent, une à une, comme des aiguilles sous la peau. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suis Emily Reyes. Agent fédérale. Spécialisée en criminologie comportementale. Formée pour traquer, manipuler, démasquer. Pas pour… aimer. Encore moins un homme comme lui. Et pourtant, je suis là. Nue dans son lit. Désarmée. Troublée par le moindre de ses gestes. Enchaînée à quelque chose que je ne peux ni nommer, ni fuir. Est-ce que je regretterai ? C’est la question qui tourne sans fin. Celle qui m’empêche de respirer. Est-ce que je regretterai d’avoir tout quit
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu