VictorioLa nuit est tombée depuis longtemps lorsque je me glisse dans le grand salon du manoir. La lumière tamisée des lampes en cristal projette des ombres dansantes sur les murs de pierre. Mes pas sont feutrés sur le parquet, mon souffle régulier malgré la tempête qui gronde en moi.Lorenzo est assis dans un fauteuil de cuir noir, une jambe nonchalamment posée sur l’accoudoir, une cigarette entre ses doigts. La fumée s’élève lentement dans l’air, créant un voile trouble autour de lui.— Tu es tendu, Vic, murmure-t-il en levant les yeux vers moi.Je m’avance, le regard sombre.— J’ai toutes les raisons de l’être.Lorenzo sourit, un sourire en coin, celui qu’il adopte quand il veut provoquer.— Vraiment ?Je serre la mâchoire, les poings crispés le long de mon corps.— Emily m’a dit quelque chose d’intéressant.Son sourire s’élargit.— Oh ? Et qu’est-ce qu’elle t’a dit ?Je le fixe intensément.— Que le traître dans mes rangs… c’est toi.Son sourire se fige une fraction de seconde av
VictorioLe soleil est déjà haut dans le ciel quand je me réveille, le corps tendu, la tête lourde. La nuit dernière tourne encore en boucle dans mon esprit. Lorenzo. Le FBI. Les cadavres à l’entrepôt.J’ai besoin de réponses. Maintenant.Je me lève d’un bond et traverse le manoir à grandes enjambées, ignorant les regards que m’adressent les hommes postés dans les couloirs. J’arrive devant la porte du bureau de Lorenzo et l’ouvre sans frapper.Il est là, assis derrière son immense bureau en bois massif, une cigarette entre les doigts. Il lève calmement les yeux vers moi, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.— Vic. Tu es matinal.Je claque la porte derrière moi, mes yeux brûlant de colère.— Assieds-toi, propose-t-il en désignant le fauteuil face à lui.Je reste debout, le fixant avec une intensité glaciale.— Explique-toi. Tout de suite.Lorenzo tapote la cendre de sa cigarette dans le cendrier de verre.— De quoi veux-tu que je m’explique ?— Tu sais très bien de quoi je p
VictorioLa nuit est tombée, enveloppant la ville dans une obscurité pesante. Une pluie fine frappe les fenêtres du manoir, et le silence qui règne dans les couloirs est presque oppressant.Je suis assis dans le grand salon, un verre de whisky à la main. Les mots de Melaine résonnent encore dans ma tête."Lorenzo n’est pas le seul traître."Qui ? Qui pourrait être assez proche pour me trahir de l’intérieur ?J’ai toujours eu un instinct infaillible. J’ai toujours su quand on me mentait. Mais cette fois… cette fois, tout semble se brouiller.Le bruit d'une porte qui s'ouvre me tire de mes pensées. Emily entre dans la pièce, vêtue d'un pantalon noir moulant et d'un débardeur sombre. Ses cheveux humides retombent en cascade sur ses épaules, et son regard est aussi sombre que la nuit à l'extérieur.— Tu n’arrives pas à dormir ? demande-t-elle en s’approchant.— Non.Elle s’installe en face de moi, ses yeux perçant les miens.— Tu as l’air préoccupé.Je bois une gorgée de whisky, savourant
VictorioLa nuit est sombre lorsque je quitte le manoir. Le vent glacial me fouette le visage alors que je descends les marches de pierre, les mains dans les poches de ma veste en cuir. Mon esprit est en ébullition. Lorenzo m’a informé que Hawkins voulait me voir d’urgence, et ce n’est jamais bon signe.Je monte dans la voiture noire garée devant le portail. Lorenzo est au volant, son visage fermé, éclairé par la lueur pâle des réverbères.— Il a dit pourquoi ? demandé-je en claquant la portière.— Non, répond Lorenzo, le regard fixé sur la route. Mais il avait l’air… tendu.Je plisse les yeux. Si Hawkins est tendu, c’est qu’un problème sérieux vient de surgir.— Allons-y, dis-je.Lorenzo démarre, la voiture filant silencieusement dans la nuit. Les rues sont désertes, l’air chargé d’une tension palpable.Mon esprit reste accroché à Emily. Elle est restée au manoir. Je l’ai personnellement enfermée dans l’aile privée, sous surveillance constante. Elle ne pouvait pas sortir, et personne
VictorioLe club est toujours aussi bruyant. La musique résonne dans mes tempes alors que je sors de l’alcôve privée où Melaine vient de me laisser avec plus de questions que de réponses. Elle a toujours été douée pour ça — m'approcher, me séduire, puis s’évaporer en laissant derrière elle un goût amer de méfiance.Je longe le couloir qui mène à la sortie du club, mes épaules tendues sous le cuir de ma veste. Lorenzo m’attend dehors, adossé à la voiture, une cigarette entre les lèvres.— Alors ? demande-t-il sans lever les yeux.— Elle joue à un jeu dangereux, dis-je en allumant une cigarette à mon tour.Lorenzo me jette un regard en coin.— Tu crois qu’elle est mêlée à la fuite ?— Non, mais elle sait quelque chose. Melaine ne revient jamais sans une raison précise.Je tire une longue bouffée, le goût amer de la nicotine me calmant à peine.— Tu veux que je la surveille ?Je secoue la tête.— Non. Si elle sent qu’on la suit, elle va disparaître. Je vais la laisser venir à moi.Lorenz
VictorioLa nuit est tombée depuis longtemps quand je sors sur la terrasse du manoir. L’air est lourd, chargé de l’humidité de la mer toute proche. J’allume une cigarette, le rouge incandescent de la braise illuminant brièvement le contour de mes doigts.Mes pensées sont en désordre. Emily. Melaine. Le traître dans nos rangs.Je suis certain qu’Emily n’est pas responsable. Elle n’aurait aucun intérêt à trahir le clan — surtout maintenant, alors qu’elle sait que je suis prêt à tout pour la protéger. Mais Melaine… Elle joue à un jeu dangereux. Elle est revenue trop soudainement. Et elle sait trop de choses.— Tu comptes rester là toute la nuit ?Je me retourne et découvre Lorenzo adossé au chambranle de la porte-fenêtre. Il a changé de chemise — une noire cette fois — et tient un verre de whisky à la main.— Je réfléchis.— Ça se voit, répond-il en s’approchant.Je tire une longue bouffée de ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier posé sur la balustrade.— Tu as trouvé quelque
VictorioLe silence règne dans le bureau, seulement troublé par le tic-tac lent et régulier de l'horloge accrochée au mur. Les rideaux sont tirés, plongeant la pièce dans une pénombre oppressante. Assis derrière le grand bureau de bois massif, je fais tourner distraitement un verre de whisky entre mes doigts. Le liquide ambré scintille faiblement sous la lumière tamisée de la lampe de bureau.— Tu comptes rester là à boire toute la nuit ?Je lève à peine les yeux lorsque Lorenzo entre dans la pièce, refermant la porte derrière lui. Il s’avance d’un pas mesuré, les mains dans les poches de son pantalon noir.— Peut-être, répliqué-je d’une voix froide.— Melaine a semé le doute, hein ?Je serre la mâchoire et pose brutalement le verre sur le bureau.— Elle ne fait jamais rien sans raison. Si elle est venue jusqu’ici pour me dire ça, c’est qu’elle sait quelque chose.Lorenzo s’approche du bureau, son regard sombre et perçant.— Tu crois qu’elle est impliquée ?Je secoue la tête.— Non. M
VictorioL'air est lourd ce soir, chargé d'une tension sourde qui vibre sous la surface. Les couloirs du manoir sont plongés dans une obscurité inquiétante, seulement brisée par la faible lumière des appliques murales. Je marche d’un pas rapide, le bruit de mes chaussures résonnant sur le marbre froid. Derrière moi, Lorenzo me suit de près, son visage fermé et concentré.— Il est temps, dit-il simplement.Je hoche la tête.— Hawkins a frappé un de nos entrepôts. Il ne l’a pas fait au hasard. Il savait exactement où chercher.Lorenzo serre la mâchoire.— Ce qui confirme ce qu’on sait déjà : le traître est parmi nous.Je me retourne vers lui, mon regard dur.— Oui. Et je vais le démasquer ce soir.Nous atteignons le grand salon, où plusieurs de mes hommes sont rassemblés. Les visages sont tendus, marqués par l'inquiétude et la colère. Melaine est assise dans un fauteuil, une jambe par-dessus l’autre, un sourire énigmatique sur le visage. Elle lève les yeux vers moi quand j’entre.— Alor
LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyIl dort. Enfin. Je le regarde, allongé sur le flanc, les traits détendus pour une fois, comme si la violence s’était éloignée, juste un instant. Comme si l’homme qu’il aurait pu être reprenait possession de son corps. Mais ce n’est qu’un leurre. Une illusion fragile. Je suis éveillée. Et je pense. Trop. L’air est lourd. L’obscurité complice. Et dans le silence, les questions remontent, une à une, comme des aiguilles sous la peau. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suis Emily Reyes. Agent fédérale. Spécialisée en criminologie comportementale. Formée pour traquer, manipuler, démasquer. Pas pour… aimer. Encore moins un homme comme lui. Et pourtant, je suis là. Nue dans son lit. Désarmée. Troublée par le moindre de ses gestes. Enchaînée à quelque chose que je ne peux ni nommer, ni fuir. Est-ce que je regretterai ? C’est la question qui tourne sans fin. Celle qui m’empêche de respirer. Est-ce que je regretterai d’avoir tout quit
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu
LorenzoJe n’ai même pas pris le temps d’essuyer mes mains. Le sang sèche déjà sous mes ongles, dans les lignes de ma paume, comme une mémoire que je ne peux pas effacer. Emily ne dit rien. Elle ne me regarde plus de la même manière. Mais elle reste. Et c’est bien ça le plus dangereux.Le corps gît encore au sol. Une traînée écarlate s’étend jusqu’à la flaque de pluie entrée par le toit éventré de l’usine. Le sang et l’eau forment une mare trouble, comme un cauchemar dissous dans le réel. Dante s’est écarté, son visage fermé comme à son habitude, mais je vois son cou raidi, ses mâchoires crispées. Même lui sent que cette nuit, quelque chose a changé.Emily m’a suivi. Elle a vu. Elle n’a pas détourné les yeux.Et ça… Ça me retourne plus que je ne veux l’admettre.— Il avait des infos sur les cargaisons ? demandé-je d’une voix sèche.Dante hoche la tête.— Ils comptent frapper sur deux fronts. L’un par la route. L’autre par quelqu’un de l’intérieur.Je plisse les yeux. Ce mot. Intérieur
LorenzoElle me regarde, un mélange de détermination et d’incertitude dans son regard. Mais elle acquiesce, lentement, prenant une profonde inspiration avant de s’installer à mes côtés.— Je suis prête, murmure-t-elle.Les phares de la voiture s’allument, et le moteur rugit dans la nuit. La pluie continue de tomber, mais je n’y prête plus attention. La route est devant nous, et tout ce qui compte maintenant, c’est ce qui va suivre. Nous allons frapper fort. Et personne ne pourra nous arrêter.EmilyLa pluie tambourine encore sur le toit de la voiture, amplifiée par le silence tendu qui règne à l’intérieur. J’ai les yeux fixés sur la route détrempée, les mains posées sur mes cuisses, immobiles, comme si le moindre mouvement risquait de faire éclater l’équilibre précaire qui m’habite. Tout va trop vite. Les mots de Melaine tournent encore dans ma tête comme des crochets venimeux. Sa voix douce, ironique, cette façon de m’observer comme si elle savait déjà ce que je ne voulais pas admett
VictorioLa pluie n’a pas cessé. Elle martèle le toit du motel avec une intensité qui me fait presque oublier la tension palpable qui envahit l’air autour de moi. Le bruit de l’eau tombant sur le métal est monotone, presque apaisant, mais il ne parvient pas à étouffer le tumulte dans mon esprit. Les mots de Melaine résonnent encore dans mes oreilles, des échos désagréables qui s’infiltrent dans chaque recoin de mes pensées.Je jette un regard furtif vers Emily, toujours là, silencieuse à mes côtés. Elle semble être dans son propre monde, perdu dans la pénombre de la pièce. Sa respiration est calme, mais je peux voir les signes de l’agitation sous-jacente qui la traverse. Son regard est distant, presque absent, et malgré sa tentative de rester forte, je sais qu’elle lutte contre quelque chose de plus grand qu’elle. Quelque chose qu’elle ne me dit pas. Mais je peux lire entre les lignes.Je brise le silence, ma voix douce mais ferme.— Tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse ?Elle se
VictorioLa pluie s’est intensifiée. De grosses gouttes s’écrasent contre le pare-brise de la voiture alors que je fixe la route devant moi, le regard noir. Emily est à mes côtés, son visage éclairé par la faible lumière des lampadaires qui défilent. Elle ne dit rien, mais je sens sa tension. Ses doigts crispés sur le tissu de son pantalon, sa respiration mesurée, presque forcée.— On devrait s’arrêter pour la nuit, propose Dante depuis le siège passager.— Non, on continue, répliqué-je froidement.Dante me jette un regard en coin.— On ne peut pas rouler éternellement, capo. On a besoin de repos, et elle aussi.Il désigne Emily d’un signe de tête. Je me tourne vers elle. Ses yeux brillent faiblement dans l’obscurité, mais elle ne dit rien.— Je vais bien, murmure-t-elle.Je serre la mâchoire.— On va s’arrêter une heure, dis-je à contre-cœur. Pas plus.Dante sourit légèrement.— Comme tu voudras, capo.Il s’engage sur une petite route secondaire, et quelques minutes plus tard, nous a