로그인Le monde tira un rideau de lumière sur la nuit.
Ly ouvrit les yeux avant l’alarme. La pâleur de l’aube posait sur les murs une nuance d’argile claire, et les sons connus — goutte de robinet, pas du voisin du dessus, souffle de la rue — revenaient comme des oiseaux que l’on croyait perdus. Elle resta allongée, paumes à plat sur le drap, prenant la mesure de ce corps qui lui appartenait de nouveau. Chaque respiration l’ancrerait, chaque geste compterait. L’eau du robinet frappa la porcelaine ; le café coula dans la tasse, noir et franc, libérant une vapeur amère. Elle le porta à ses lèvres. C’était mieux qu’un souvenir : c’était du présent. Sur la table, son téléphone vibra. Aurion : « Un éclat à la fois. Trop de lumière aveugle. » Elle ferma les yeux, avala le message comme on avale une hostie de promesse. Un éclat. Pas une explosion. Pas un cri. La précision d’une épingle. Elle boutonna sa chemise, lissa sa jupe, noua ses cheveux. Dans le miroir, un regard qu’elle connaissait et qu’elle ne se pardonnerait plus de trahir. — Allons-y, dit-elle bas. Aujourd’hui, on avance. • Le hall de MDLSC sentait la cire, l’ascenseur et l’ambition. Les vigiles échangèrent un salut, une réceptionniste la dévisagea une seconde de trop, comme si le monde avait bougé d’un millimètre et qu’elle seule l’avait senti. Ly badgea. Bip. Le son résonna clair dans son sternum, comme un métronome interne qui se remet en marche. Son bureau l’attendait : le même plateau blanc, la même plante qui survivrait à toutes les négligences, la même fenêtre avec sa bande de ciel. Elle alluma l’écran. Les dossiers se déplièrent comme des tiroirs mentaux : ARCHIVES, PROJETS, VISUELS, COMPTES. Elle savait où regarder, désormais — aux jonctions, là où le fil s’effiloche, aux dates qui ne collent pas, aux pièces jointes absentes. Un clic, puis un autre. Une PJ restituée. Un nom de fichier réajusté. Un sous-dossier replacé à sa racine. Elle ne bougeait pas vite ; elle bougeait juste. À mesure qu’elle rectifiait, une sensation calme l’envahit — comme si chaque élément retrouvait sa gravité. Dans le couloir, on s’installait. Des rires trop matinaux, des talons qui racontent. Les premiers mails tombèrent : Bonjour équipe, Rappel réunion, Point planning. La porte s’ouvrit. — Double espresso, comme tu l’aimes. Rita entra, deux gobelets en main. Toujours la même précision dans la démarche, le même sourire confectionné. Elle posa le café, s’assit sur le bord du bureau, croisa la jambe, son parfum s’étala comme une nappe sur l’air. — Merci, dit Ly, sans chaleur ni froideur. Une ligne droite. — Oh, te raidis pas si tôt, rit Rita. On a toute une journée à conquérir. D’ailleurs… j’ai lu ton rapport. Propre, vraiment. Peut-être inverser la conclusion et le schéma ? La direction aime qu’on la prenne par la main. — Je m’en souviendrai. — Tu sais que je dis ça pour t’aider. Le ton. La douceur savonneuse. Une main qui se pose sur l’avant-bras comme on appose un tampon. Avant, Ly aurait eu un réflexe de gratitude. Aujourd’hui, elle observa. Tu veux placer ta marque sur mon travail. Elle sourit — poli, opaque. Puis retourna à l’écran. — On file à la réunion ? lança Rita. Je t’attends. — J’arrive. Rita sortit. Ly resta quatre secondes immobile, ce micro-temps qui décide de la journée. Puis elle prit son carnet et suivit. • La salle de réunion était une boîte de verre tempérée. Au mur, trois mots : Création. Excellence. Héritage. Ly avait longtemps cru à ce triptyque. Aujourd’hui, elle voyait la devise comme une photo retouchée. Les chefs de projet s’installèrent, Flore au fond — stylo, carnet, regard appliqué. Rita prit la parole sans qu’on le lui demande, posture ouverte, voix modulée avec cet art qu’elle maniait à la perfection. — Pour le nouveau compte Pallas, dit-elle, je propose une direction visuelle organique, plus émotionnelle. Je me sens alignée avec la marque. Ly pourra m’assister sur la partie technique pour la mise au net des compositions. Les têtes hochèrent, mécaniques. Ly entendit l’ancienne elle se crisper dans un coin intérieur, prête à s’excuser pour exister. Elle la fit taire avec douceur. — D’accord, dit Ly. Et pour éviter les doublons, je propose qu’on alterne : Rita à la direction, moi à la cohérence et à la structuration. C’est ce qu’on avait fait sur Venera, et le rendu avait été salué. Le nom tomba comme une pièce dans une machine. Rita cligna. Deux secondes, pas plus. Venera — le projet où son nom à elle, Ly, avait disparu dans la dernière version avant envoi. Un souffle remonta du fond. — Oui, murmura Flore. C’était plus fluide à deux. Et… la structure avait aidé la créa. Des regards glissèrent vers Flore, puis vers Ly, puis vers Rita — ce triangle qu’on dessine sans vouloir. Rita sourit à Flore avec une douceur trop nette. — Quelle mémoire, Flore. On peut toujours compter sur toi. — J’essaie d’être juste, répondit Flore, timidement. Juste. Le mot s’accrocha à Ly comme un galon discret. On passa au planning. Rita reprit de l’assurance, étalant des mots comme des soies : organique, sensibilité, épure, incarné. Ly compléta avec des briques : jalons, versions, validations, délais. On aurait pu croire à une harmonie. Mais, dessous, la mécanique s’ajustait différemment. Les oreilles qui comptent avaient entendu Venera. Les regards qui savent lire avaient vu Flore dire juste. La réunion s’acheva sur des parfait et des on y va. Les chaises raclèrent. Avant de sortir, Rita se pencha sur Ly. — Et n’oublie pas de demander le brief original de Flore, hein. On évitera les surprises. — Bien sûr, dit Ly. (Elle ajouta, si bas que seul l’air put l’entendre :) Je l’ai déjà. • La matinée se retendit comme un fil. Ly travailla au milieu du bourdonnement — claviers, imprimantes, agrafes. Flore passa deux fois, posant un dossier, demandant une validation. La seconde fois, elle resta, un peu gauche. — Je… j’ai retrouvé la première version de Mira. Ton nom figure dans le dossier source, pas sur le P*F final. Tu veux que… ? — Renvoie la version source au chef de projet, répondit Ly, ton égal. Sans commentaire. Les fichiers parlent. Flore hocha, étonnée, rassurée, puis s’éloigna avec la précaution de celles qui se réveillent. À onze heures vingt, Rita resurgit, cheveux impeccables, humeur huilée. — Tu as revu ta mise en page ? (Elle ne regardait pas l’écran.) Vraiment, si tu inverses, ça fera plus impact. Et puis, (elle glissa un regard vers la baie vitrée) j’ai proposé qu’on mette mon visuel en ouverture. Tu sais comme je… — Le visuel d’ouverture doit raconter l’axe, coupa doucement Ly. Je le choisirai en fonction du récit, pas des préférences. Rita eut un minuscule recul — ce geste que même les meilleurs acteurs ne savent pas effacer. Puis elle rit, modulée. — Tu es cash, toi, aujourd’hui. — Je suis claire. Le mot claire éclaira la discussion puis s’éteignit. Rita se reprit, pivota sur un compliment. Ly la laissa filer. À sa table, deux stagiaires chuchotaient ; leur chuchotement changea de timbre en voyant l’échange — pas de scandale, juste une onde. Midi approcha. Ly décrocha son manteau. — Déj’ ? lança Rita, trop vite. — Je rejoins quelqu’un, répondit Ly. On se retrouve après. Rita eut ce sourire d’inventaire où l’on compte ce qui vous échappe. Elle disparut. • Le café était à deux rues, une enclave de bois blond et de tasses épaisses. Aurion l’attendait, assis au fond, dos à la vitre comme ceux qui savent lire les reflets. Il leva les yeux et, sans bouger, changea la densité de l’air. — Tu as déplacé du poids, dit-il. (Il ne posa pas la question. Il constata.) — J’ai donné un nom à un souvenir, et une place à une pièce jointe, répondit-elle. Pour commencer. — Et Flore ? — Elle se réveille. Pas par obéissance. Par justice. Aurion acquiesça, comme si elle venait d’énoncer une règle du monde. — Il y a des cœurs qui s’aimantent aux vérités. Ce sont ceux-là qui tiennent les toits quand la tempête passe. — Tu parles comme si tu regardais la ville d’au-dessus, sourit Ly. — J’ai appris à regarder autrement, dit-il sans ironie. Ils burent en silence. Le bruit du percolateur tenait lieu de ponctuation. Avant de partir, Aurion posa une phrase sur la table comme on pose une carte. — Ne la pousse pas. Laisse-la marcher vers le bord. Les chutes les plus nettes sont celles où personne ne croit tomber. • L’après-midi fut une longue couture. Ly s’installa sur le fil Pallas et commença à coudre : brève au chef de projet pour confirmer les jalons, point de versionnement dans le dossier, note publique (visible de tous) : « Remise en ordre structure dossiers / pièces jointes pour clarté ». Pas d’accusation. De la lumière. À quatorze heures douze, Flore lui envoya un message privé : “J’ai relayé ton tri au chef. Merci. Ça soulage.” Ly répondit : “On respire mieux quand ça s’aligne.” À quinze heures, un ping de groupe : “Merci Ly pour la remise en ordre — plus lisible pour tous.” signé Flore. Une banalité courageuse. Dans l’open space, les regards glissèrent vers Ly, puis vers Rita. Cette dernière gardait son masque, mais ses gestes perdaient un millimètre de fluidité. Chaque mail qui mentionnait ordre et clarté lui usait un atome de vernis. À quinze heures trente, Ly glissa une épingle : un mail poli à Flore, en copie au chef — “je te confirme que la PJ manquante sur le transfert 08:14 a sauté, merci pour le renvoi 08:16”. Factuel. Dater, c’est raconter. L’air changea encore — imperceptible, mais changea. À seize heures, Rita apparut sur le seuil, sourire au cordeau. — Tu as vu les mails de Flore ? Elle s’emballe un peu, non ? Elle veut… tout contrôler, maintenant. — Elle veut que ce soit juste, corrigea Ly. — Toi aussi, tu as changé de ton… — Non. J’ai changé de peur. Rita resta suspendue, puis décocha un rire trop rapide. — On boit un truc ce soir ? — J’ai un rendez-vous, répondit Ly. Le masque eut une micro-faille. Rita recula, se heurta à la poignée en sortant, sourit trop, s’en alla. • La lumière baissait quand Flore repassa, hésitant sur le seuil. — Je peux te déranger une minute ? — Viens. Flore s’assit, droite, mains jointes, comme à l’école. — Je… j’ai toujours été de son côté. Enfin, pas “de son côté” contre toi — je croyais simplement… qu’elle avait raison. Elle parle si bien, Rita. On a envie de la suivre. Et puis… (elle respira) quand je vérifie les dates, les fichiers… ça ne colle pas. Pas depuis longtemps. Je crois… je crois que je n’ai pas voulu voir. — On ne voit pas ce qui nous sauverait si on n’a pas la force de changer après, dit Ly. Tu vois maintenant. C’est suffisant. Flore hocha, les yeux brillants. — Si tu veux, je peux t’aider à archiver et à sécuriser les versions. Ça compliquera les… disparitions. — Fais-le, répondit Ly. (Elle ajouta, douce :) Merci. Flore sourit, rose, et partit, avec cette démarche prudente des gens qui viennent d’oser. Ly resta seule. Le néon vibra. Elle posa les doigts sur le clavier sans taper. Une question, nue, monta : Et si je devenais comme elle ? L’envie de gagner sans pureté, le goût de l’emprise. Elle la regarda en face, cette ombre-là, et la nomma. — Non, dit-elle à voix basse. Je n’ai pas besoin qu’on m’admire pour respirer. Elle éteignit l’écran. • La nuit posa sa joue contre la vitre de l’étage. La ville en bas clignotait, clapotement de feux, fenêtres allumées. Ly traversa les couloirs désertés, les open spaces devenus des mers d’écrans noirs, et poussa la porte de la terrasse. Aurion l’attendait, silhouette découpée sur la nappe indigo du ciel. Le vent portait des odeurs de pluie et d’asphalte chaud. Il se tourna. Dans ses yeux, une lueur que la ville n’avait pas donnée. — Alors ? — Les choses se déplacent, répondit-elle. À peine. Mais je l’entends. — Elle ? — Rita. Son rire accroche. Ses mails sonnent creux. Elle regarde les écrans comme si son nom allait tomber. Et Flore… Flore se tient un peu plus droite. — Les maisons se redressent quand on enlève le poids qui les tord, dit-il. Ils restèrent près de la rambarde, épaule presque contre épaule. La ville faisait son bruit d’océan mécanique. Ly pensa à la femme qu’elle avait été, à celle qu’elle devenait — et à la ligne invisible entre lucidité et cruauté. — J’ai eu peur, aujourd’hui, murmura-t-elle. Une seconde. De prendre goût à la lame. — La lame coupe ce qu’on agite. La lumière dessine ce qu’on laisse apparaître, répondit Aurion. Tu n’as pas tranché. Tu as montré. Elle tourna vers lui un regard qui voulait demander mille choses et n’en posa aucune. Il tendit la main, remit derrière son oreille une mèche qui battait au vent — un geste humain, simple, presque intime. — Un éclat à la fois, dit-elle. — Jusqu’à ce qu’elle se brûle à sa propre lumière, confirma-t-il. Elle ferma un instant les yeux. Sous ses paupières, elle vit des cartes se retourner une à une. Pas de bruit, pas de gloire. La vérité n’a pas besoin d’applaudissements. — Demain, reprit-elle, je sécurise Venera et Mira, je propose un jalon visible au chef, et je laisse Flore présenter la restitution du tri. Je veux qu’on l’entende. — Donne à la lumière plusieurs voix, approuva Aurion. Ils restèrent là jusqu’à ce que le froid leur rappelle qu’ils appartenaient aux vivants. En repartant, Ly croisa son reflet dans la vitre : elle, et derrière elle, l’ombre nette d’une aile qui n’appartenait pas au ciel. — On continue, dit-elle. Et la nuit, en bas, eut l’air d’acquiescer.L’après-midi s’étira comme une toile trop tendue.Ly travaillait sans lever la tête, mais elle sentait les regards glisser sur elle, encore et encore, comme des mains invisibles cherchant une faille.Dans sa première vie, elle les aurait ressentis comme des coups de chaleur dans la nuque.Dans celle-ci… elle les accueillait comme des indicateurs. Des capteurs.Des signaux.Elle n’était pas une proie.Elle était un point focal.Et chacun se demandait pourquoi.•À quinze heures, alors qu’elle revenait d’une réunion de répartition des projets, elle entendit son nom dans un couloir.Pas de façon frontale.Pas annoncée.Pas complimentée.Chuchotée.— … Ly Moon…— … tu l’as vue ce matin ?— … elle était pas comme ça avant…— … tu crois qu’elle a fait de la chirurgie ?— … son fiancé, c’est qui déjà ?— … un gars très riche apparemment…Elle passa devant les deux employés.Ils se turent immédiatement.Mais leurs regards restèrent fixés sur elle, comme s’ils essayaient de comprendre une én
La musique vibrait encore derrière eux, mais dès que Ly franchit la porte-fenêtre, tout se calma.La nuit les engloutit d’un souffle.Fraîche, sombre, presque douce.Le balcon donnait sur toute la ville.Des lumières dispersées, des carrefours en mouvement, des immeubles où l’on voyait, très loin, des silhouettes passer derrière des rideaux.Un contraste saisissant avec l’intérieur :le luxe, le bruit, les gens qui se toisaient derrière des sourires.Ici, rien que l’air.Rien que la nuit.Rien qu’elle.Ly s’appuya au rebord, les mains posées sur la pierre froide.La robe rouge suivit le mouvement comme si elle avait été cousue pour ce balcon.Elle inspira profondément.Pour la première fois depuis des heures, elle put respirer sans réfléchir.Elle ferma les yeux.Un instant.Juste un.Puis une présence discrète, silencieuse, se posa à sa droite.Aurion.Il ne parla pas.Il ne se racla pas la gorge.Il n’attendit pas qu’elle l’autorise.Il se plaça à côté d’elle, à la même distance qu’
La soirée s’étirait comme un ruban doré : conversations qui se déplaçaient, rires qui montaient, coupes qu’on remplissait encore et encore.Pour un œil inattentif, rien n’avait changé.Mais l’équilibre, lui, avait bougé.Ly le sentait sans pouvoir le nommer.Quelque chose, dans la pièce, s’organisait contre elle.Elle en avait l’habitude.Dans l’autre vie, ces choses-là se tramaient dans des couloirs, derrière des portes, dans des conversations de machine à café.Sauf que cette fois, elle n’était plus celle qui ne voyait rien.Elle le sentait dans :•la manière dont certains regards glissaient vers elle, puis vers Aurion, puis vers Nolan,•la crispation très légère de la mâchoire du PDG quand il passait près d’eux,•le rire trop aigu de Rita, qui sonnait comme un verre fissuré.Elle ne savait pas encore d’où le coup viendrait.Mais elle savait qu’il viendrait.Et c’était presque rassurant.On se prépare mieux à une tempête qu’on a déjà traversée.•Nolan reparut le premier.Il
Le nom de Nolan glissa dans la salle comme une lame tiède.Pas encore dangereuse, mais assez vive pour entailler tout ce qu’elle touchait.Ly sentit l’air changer autour d’elle.La lumière des lustres devint trop forte, trop blanche.Les conversations, d’abord lointaines, se mirent à bourdonner dans ses oreilles comme un essaim pressé.Nolan Reyes.Un nom assez banal pour disparaître dans une foule.Un visage suffisamment lisse pour inspirer la confiance.Un sourire parfait, étudié, calibré.Un homme qui dans sa première vie n’avait jamais haussé le ton… sauf pour dire des choses qui tuaient.Et pourtant, dans cette vie-ci, il n’était qu’un consultant comme un autre.Un inconnu.Mais Ly savait.Elle seule savait.Et ça changeait tout.Elle inspira lentement, profondément.La robe rouge se souleva légèrement avec sa respiration, comme si elle partageait un seul souffle avec elle.Elle resta droite.Immobile.Pas une mèche ne trembla.À côté d’elle, Aurion sentit la tension avant même q
Le studio avait la même odeur que ce matin : poudre, laque, métal tiède des projecteurs.Pourtant, en y revenant, Ly eut l’impression de franchir une autre frontière. Comme si la journée n’avait été qu’un très long couloir, et que la vraie porte s’ouvrait seulement maintenant.Maëlle les attendait, appuyée contre la coiffeuse, bras croisés, silhouette fine dans son tailleur noir.— J’ai vu les premières photos sur un fil privé, lança-t-elle dès que Ly entra.Une lueur brilla dans ses yeux.— Ça va faire du bruit.Ly sentit un petit battement dans sa poitrine.— Dans quel sens ? demanda-t-elle, la voix plus rauque qu’elle ne l’aurait voulu.— Dans tous les sens, répondit Maëlle. Mais ce n’est pas ton problème. Viens. Ce soir, on finit de casser le décor.Elle l’amena devant le grand miroir.Ly se vit : trench noisette, top taupe, pantalon noir, maquillage parfait, cheveux lissés qui tombaient sur ses épaules.Elle avait l’air différente de ce matin… et pourtant encore trop proche de l’
Le réveil n’eut même pas le temps de sonner.Ly ouvrit les yeux d’un coup, comme si son corps savait que cette journée ne supportait pas le bruit agressif d’une alarme. La lumière filtrait doucement à travers les rideaux, dessinant des lignes pâles sur le parquet. Pendant quelques secondes, elle ne bougea pas. Elle écouta.Pas de bourdonnement dans la poitrine.Pas de poids écrasant au creux du ventre.Pas cette angoisse sourde qui lui tenait la gorge dans sa première vie.Le silence, ce matin-là, n’était pas vide. Il était… disponible.Son téléphone vibra sur la table de nuit.Elle tendit la main, l’attrapa sans se presser.Aurion « 10h. Je t’attends en bas.Habille-toi simplement.Aujourd’hui, on s’occupe du reste. »Elle relut le message une deuxième fois, puis une troisième.Pas Star l’ange, pas la voix blanche entre deux mondes.Aurion, l’héritier dont la presse décortiquait chaque apparition, l’homme avec lequel elle était officiellement fiancée… et qu’elle connaissait moins bi







