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Le jour se lève, gris et froid. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. La sensation de cette bouche sur ma peau est un tatouage brûlant. Je descends, poussée par une force que je ne comprends pas. Mes pas me ramènent au piano. La pièce est baignée d’une lumière pâle.
Je m’assois. Le bois est froid sous mes doigts. Je ferme les yeux, cherchant la mélodie du rêve, cette valse obsédante. Mes doigts effleurent les touches, hésitants. Une note. Puis une autre. Ce n’est pas ça.
Soudain, une main se pose sur la mienne.
Une main réelle. Froide comme le marbre, mais solide.
Je retiens un cri, les yeux s’écarquillant. Personne. Mais je la sens. La pression est ferme, précise. Elle guide mes doigts, les pose sur des touches que je n’avais pas choisies.
Une mélodie naît. Lente, sensuelle, profondément mineure. Celle de mon rêve.
— Lysander… je souffle, le nom m’échappant comme une évidence.
La pression sur ma main se fait plus forte. Un acquiescement. Un frisson de terreur et d’excitation me parcourt. Je suis en train de jouer un duo avec un fantôme.
Sa présence m’enveloppe. Je sens comme un souffle dans mes cheveux, une froideur dans mon dos qui contraste avec la chaleur qui monte en moi. La musique s’amplifie, devient plus complexe, plus riche que ce que je pourrais jouer seule. C’est sa partition. Son histoire. Elle parle de désir, de frustration, d’une attente centenaire.
La main invisible quitte la mienne, glisse le long de mon bras. Je ferme les yeux, me laissant emporter. Les doigts de brume remontent jusqu’à mon épaule, effleurent mon cou. Je joue plus fort, les notes se bousculent, un crescendo de sensations. Je sens des lèvres sur ma nuque, un contact glacé et brûlant à la fois. Un gémissement m’échappe, se mêlant à la musique.
— Arrête… je murmure, mais ma voix est une prière, pas un ordre.
La musique ne s’arrête pas. Elle devient plus sauvage. La main invisible se pose sur ma taille, m’attirant en arrière contre un torse qui n’existe pas, mais dont je sens la forme, la solidité. Un poids. Une force. Je suis immobilisée, jouant pour lui, pour cet esprit qui me possède par la musique et le toucher.
Soudain, un coup sec à la porte d’entrée.
La musique s’arrête net. La présence s’évapore comme fumée. Je suis seule, haletante, le corps vibrant, les joues en feu. La déconnection est violente.
Je me lève, chancelante, et vais ouvrir.
Gabriel.
Il se tient là, sourire incertain, un sac de voyage à la main.
— Anya ? J’ai appelé ton portable… J’étais inquiet. Tu as disparu.
Son regard se fait plus intense, plus sombre.
— Je me suis souvenu de ce que tu m’avais dit sur ce lieu. Ton héritage maudit. Je n’ai pas pu rester sans rien faire.
Je le dévisage, incapable de formuler une phrase. Il voit mon état, ma confusion, la fièvre dans mes yeux.
— Anya ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu as l’air…
— Je n’ai pas dormi, je balbutie.
Il entre, referme la porte. Sa présence humaine, tangible, devrait être un réconfort. C’est une intrusion. Une dissonance.
— Cette maison… elle n’est pas saine, Anya. Il faut partir.
Il s’approche, pose une main sur mon front. Sa main est chaude, vivante. Elle ne devrait pas me sembler si étrangère.
— Tu brûles.
Son contact, si normal, si rassurant, me fait presque mal. Je recule.
— Je vais bien, Gabriel. Juste fatiguée.
Son regard se durcit. Il sent le mensonge. Il sent autre chose.
— Il se passe quelque chose ici. Je le sens.
Il fait un pas vers moi, protecteur, déterminé. À cet instant, un accord violent, discordant, retentit dans le salon.
Le piano.
Gabriel sursaute, se tourne vers la pièce voisine.
— Qu’est-ce que c’était ?
Je reste figée, le sang glacé dans mes veines. Je sais ce que c’était. Un avertissement. Une manifestation de jalousie.
— Rien, je dis. Le bois qui travaille. La maison est vieille.
Je prends le bras de Gabriel, l’entraîne vers la cuisine, loin du piano. Loin de lui.
Mais je le sens. La présence. Elle nous suit. Elle est dans l’air, un parfum de cendre froide et de colère.
Gabriel me parle, sa voix est un bruit de fond. Je ne l’écoute pas. Je suis encore dans la musique, sous le toucher de ces mains invisibles.
J’ai invoqué un démon, et un ange est venu me sauver.
Mais dans l’obscurité qui grandit en moi, je ne sais plus lequel est lequel.
AnyaLe premier son est un gémissement. Le mien. Il déchire le silence de plomb, si faible, si humain après la symphonie démoniaque. Chaque muscle crie, chaque nerf est une corde trop tendue qui vibre encore de l'horreur. Le froid du parquet mord ma peau nue, constellée de marbrures bleutées qui ne sont pas tout à fait des ecchymoses, mais l'empreinte de doigts spectrals.Je me redresse, le corps lourd, étranger. Le vide en moi est une chambre d'écho glaciale. Lysander n'est plus ce murmure constant, cette présence enveloppante. Il s'est retiré dans les profondeurs du manoir, blessé, furieux. Je le sens, comme on sent une tempête se préparer au loin. Sa colère est un frisson dans la pierre, un goût de cendre et de métal sur ma langue.Mes yeux se posent sur Gabriel.Il gît près du mur, inconscient, une fine traînée de sang coulant de sa tempe sur le bois ciré. Le livre d'exorcisme est ouvert à côté de lui, ses pages semblent brûlées sur les bords. La vue de son sang, si rouge, si viva
AnyaLa musique est devenue ma respiration. Elle coule de mes doigts sans effort, un poison doux qui nourrit la présence en moi et autour de moi. Lysander est un murmure constant dans mon esprit, une basse profonde qui accompagne chaque pensée. Je ne sais plus où je finis, où il commence. Le manoir est notre corps à tous les deux, ses murs notre peau, ses ombres notre sang.C'est lui qui perçoit le premier la perturbation. Une vibration dans le silence, un grésillement dans la parfaite harmonie de notre isolement. Un moteur de voiture. Il se fige, et je me fige avec lui. Sa colère est un éclair froid dans mes veines.— Il revient.Le nom de Gabriel est comme une souillure dans notre espace partagé. Je ressens un écho lointain, un pâle reflet de ce qui fut autrefois de l'amour. Maintenant, ce n'est qu'une irritation. Une note discordante.— Laisse-moi faire, je murmure, mes doigts effleurant les touches du piano dans un glissando menaçant.La porte d'entrée s'ouvre. Il n'a même pas pri
AnyaLes jours qui suivent sont un brouillard. Je ne vis plus que la nuit, aux heures où sa présence devient plus tangible, plus exigeante. Le manoir n'est plus une maison, c'est une scène. Et je suis à la fois le public captif et l'artiste forcée.Je me tiens devant le piano, mais je ne joue pas. Je suis jouée.Ce soir, c'est différent. L'air est chargé d'une tension nouvelle, électrique, presque violente. La présence de Lysander n'est plus une caresse insistante, c'est un étau. Il est là, derrière moi, et je peux presque distinguer les détails de son visage – l'arête orgueilleuse du nez, la courbe cruelle de la bouche. Il se matérialise, et chaque parcelle de mon être crie à la fois en avertissement et en invitation.— Tu as fui le monde des mortels. Maintenant, plonge dans le mien.Sa voix n'est plus un écho. C'est une vibration physique dans l'air, qui fait frissonner la coupe de vin posée sur le piano, vide depuis des jours.— Je… je ne sais pas comment.Un rire bas, sans joie.—
AnyaLe claquement de la porte résonne encore dans la maison. Le silence qui suit est pire que tout. C'est un silence complice, chargé du triomphe glacial de Lysander. Je reste immobile au milieu du salon, tremblante, le corps encore vibrant du choix que je viens de faire. J'ai choisi l'ombre contre la lumière. La partition contre la vie.La présence se densifie à nouveau derrière moi. Ce n'est plus une forme de brume, mais une impression de solidité, de froideur vivante. Je sens une main, plus réelle que jamais, se poser sur mon épaule. Les doigts sont longs, froids, et leur contact me transperce comme une aiguille de glace et de feu.— Tu as choisi la musique, Anya. Tu as choisi l'éternité.Sa voix n'est plus un simple murmure dans ma tête. Elle résonne dans la pièce, un baryton velouté qui caresse l'air et fouille mon âme. Elle est d'une beauté à vous glacer le sang.Je me retourne. Il n'est plus tout à fait une ombre. Je distingue la coupe altière d'un visage, des yeux d'un gris d
AnyaGabriel a insisté pour rester. Il a allumé un feu dans la cheminée de la cuisine, une tentative futile de chasser l'humidité et l'oppression. La lumière des flammes danse sur son visage, si humain, si réel. Il me parle de son dernier concert, de la ville, de tout sauf de ce qui importe. Sa voix est un doux ronronnement qui heurte les murs silencieux du manoir.Moi, je suis ailleurs. Chaque parcelle de ma peau se souvient. La pression des doigts de brume sur ma main, la brûlure des lèvres sur ma nuque. La musique de Lysander tourne en boucle dans ma tête, une mélodie parasite. Je sens son regard sur moi, pesant, possessif, même ici, avec Gabriel à mes côtés.— Tu n'écoutes pas, Anya.La voix de Gabriel me ramène brutalement. Il a posé sa main sur la mienne. Elle est chaude. Trop chaude. Elle me brûle.— Désolée. Je suis fatiguée.Son regard se fait insistant, inquiet.— Cette maison te dévore. Je le vois. Partons. Maintenant. Nous pouvons être à Paris avant minuit.Paris. La norma
AnyaLe jour se lève, gris et froid. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. La sensation de cette bouche sur ma peau est un tatouage brûlant. Je descends, poussée par une force que je ne comprends pas. Mes pas me ramènent au piano. La pièce est baignée d’une lumière pâle.Je m’assois. Le bois est froid sous mes doigts. Je ferme les yeux, cherchant la mélodie du rêve, cette valse obsédante. Mes doigts effleurent les touches, hésitants. Une note. Puis une autre. Ce n’est pas ça.Soudain, une main se pose sur la mienne.Une main réelle. Froide comme le marbre, mais solide.Je retiens un cri, les yeux s’écarquillant. Personne. Mais je la sens. La pression est ferme, précise. Elle guide mes doigts, les pose sur des touches que je n’avais pas choisies.Une mélodie naît. Lente, sensuelle, profondément mineure. Celle de mon rêve.— Lysander… je souffle, le nom m’échappant comme une évidence.La pression sur ma main se fait plus forte. Un acquiescement. Un frisson de terreur et d’excitation me pa





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