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Chapitre 6 : Marqués par la Lune

Author: Millie
last update Last Updated: 2025-05-02 21:24:42

Isalys resta immobile, les genoux enfoncés dans la terre humide du temple. Autour d’elle, les flammes vacillaient, rendant l’atmosphère irréelle. Son souffle était court, son cœur tambourinait dans sa poitrine, mais ce n’était plus uniquement le sien. Elle entendait un second rythme, plus grave, plus profond — celui de Thorne.

Le lien était réel.

Il vibrait en elle comme un fil invisible. Chaque émotion de l’Alpha l’effleurait à présent. Sa colère contenue. Sa fatigue ancienne. Son besoin d’elle. C’était vertigineux. Et terrifiant.

Thorne, lui, restait à genoux, la tête baissée. Ses épaules tressaillaient. Il luttait, elle le sentait. Pas contre elle, mais contre la déferlante d’émotions que ce lien avait réveillées.

Vaena rompit le silence.

— Le rituel est accompli. L’éclipse s’achève. Vous êtes liés.

Les membres de la meute, silencieux, s’inclinèrent l’un après l’autre avant de quitter le cercle. Il ne restait plus que Vaena, Thorne… et elle.

Vaena s’approcha d’Isalys et lui tendit la main.

— Viens. Tu dois te reposer. Le lien est trop frais.

Mais Isalys secoua la tête. Ses yeux restaient fixés sur Thorne.

— Laissez-nous seuls.

Vaena la dévisagea longuement, puis acquiesça.

Une fois la Bêta partie, Isalys s’approcha lentement de Thorne. Il ne bougeait pas. Elle posa sa main sur son épaule. Ce contact réveilla quelque chose de violent. Elle le vit redresser brusquement la tête. Son regard était d’un or incandescent, ses crocs légèrement visibles.

— Tu ressens ça ? chuchota-t-il. Ce feu ? Cette rage ?

Elle hocha la tête.

— Oui. Et je sens ta peur aussi.

— Je ne ressens jamais la peur.

— Tu mens, Thorne.

Il serra les dents, mais ne la repoussa pas. Il finit par se relever lentement, la surplombant de toute sa hauteur.

— Ce lien… Je ne le voulais pas. Je le redoutais. Mais maintenant qu’il est là, je suis incapable de m’en détacher.

Isalys leva le menton.

— Et moi donc.

Le silence s’installa de nouveau, mais il n’était plus aussi lourd. Il était chargé. Comme si chaque mot prononcé depuis l’éclipse avait une portée nouvelle.

— Que va-t-il se passer maintenant ? demanda-t-elle.

— Tu vas changer. Doucement. Tu commenceras à ressentir les choses comme nous. À comprendre les instincts de la meute. Tu ne seras plus jamais seule, Isalys. Même dans ta tête.

— Et toi ?

Il s’approcha d’elle. Très près. Sa main frôla la sienne.

— Moi, je ne serai plus jamais vide.

Le retour à la vallée fut un tumulte.

Dès le lendemain, la nouvelle du lien se répandit. Certains se réjouissaient, d’autres restaient méfiants. Isalys comprit rapidement que la politique de la meute était un champ de bataille silencieux. Le lien avec Thorne lui conférait un pouvoir qu’elle n’avait jamais voulu. Et pourtant, elle le portait maintenant.

Elle fut introduite officiellement comme la Compagne de l’Alpha lors du conseil de la meute. Une assemblée où chaque clan de la Vallée était représenté.

Thorne ouvrit la séance par un discours bref :

— La Lune a choisi. Mon lien avec Isalys est scellé. Quiconque remet en cause sa place remet en cause la volonté divine.

Un grondement d’approbation monta de l’assemblée… mais pas unanime. Isalys vit plusieurs regards s’échanger. Des murmures. Des tensions. Vaena, à ses côtés, murmura :

— Il y aura des opposants. Ce lien fait peur.

— Pourquoi ?

— Parce que tu n’es pas des nôtres. Et pourtant, tu es liée au plus puissant d’entre nous. Certains verront cela comme une faiblesse. D’autres comme une opportunité.

Isalys déglutit.

Elle comprenait. Trop bien.

Cette nuit-là, elle ne parvint pas à trouver le sommeil. Alors elle sortit. Pieds nus encore une fois. Suivant une pulsation dans son sang. Un appel.

Elle trouva Thorne dans la forêt, nu, accroupi, à moitié transformé. Ses griffes creusaient la terre. Son dos frémissait de rage.

Elle sentit sa douleur comme une vague dans sa poitrine.

— Thorne…

Il tourna la tête, ses yeux dorés luisants de fièvre.

— Quelqu’un a tenté de briser le cercle sacré ce soir. Un avertissement.

— De qui ?

Il se releva, menaçant.

— Je ne sais pas encore. Mais je trouverai. Et je tuerai.

Isalys s’approcha. Posant sa main sur son torse nu.

— Tu n’es pas seul. N’oublie pas ce que nous sommes maintenant.

Son regard se radoucit. Il posa sa main contre sa joue.

— Tu es mon ancre, Isalys.

Et dans ce moment suspendu, elle sut que malgré les ombres qui approchaient, malgré les secrets tapis sous la terre… elle tiendrait bon.

Pour lui.

Pour eux.

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