SOFIALe silence est doux. Engourdi.Trompeur.Nos corps sont encore emmêlés sous les draps, nus, chauds, lents.Et pendant un instant, je me dis que je pourrais me rendormir contre lui.Juste un instant.Ralentir. Oublier.Mais la pensée revient. Implacable.Une question.La seule que je n’ai pas encore posée.Celle que je redoute, mais qui me brûle depuis des semaines.Quand vais-je partir ?Je reste là, figée, mon regard sur le plafond pâle. Le poids de son bras autour de ma taille me paraît tout à coup immense. Étouffant.Pas parce qu’il me serre trop fort.Parce qu’il ne veut pas me lâcher.Je me redresse lentement. Son bras glisse contre ma hanche, mais il ne bouge pas.Pas encore.Il respire toujours profondément.Mais son corps a changé de rythme.— Elio… ?Il ne répond pas. Pas tout de suite.Mais je sens la tension.Il est éveillé. Il l’était avant moi, j’en suis certaine.Il attendait que je parle.Alors je le fais.Ma voix est calme, presque douce. Mais tranchante. Une lam
SofiaQuelque chose me tire du sommeil.Un frisson ce n'est pas de froid , ni d’angoisse.Non. Une chaleur précise, aiguë, presque sacrée.Une langue , des lèvres , un souffle.Entre mes cuisses.Il est là , déjà.Et je le sens me goûter comme s’il voulait tout comprendre de moi. Comme s’il cherchait la mémoire de mon corps dans chaque frémissement.Je reste immobile.Je retiens mon souffle.Je flotte entre sommeil et extase, entre oubli et offrande.Sa langue s’attarde , dessine , presse et recommence.Il me savoure lentement, sans jamais presser mes hanches, sans chercher à me contenir.Il m’encourage à m’ouvrir , à vibrer.Il attend que mon corps lui parle, vraiment.Un gémissement monte de ma gorge, brut, désordonné.Il s’arrête une seconde. Pas pour me laisser respirer.Pour savourer ce qu’il vient de provoquer.Puis il reprend, plus profond, plus assuré, plus ancré.Il me dévore.Avec la patience d’un homme qui veut mériter chaque soupir.Avec la dévotion d’un condamné en quête
SofiaLorsque j’ouvre les yeux, la lumière est déjà là.Pas vive. Pas brutale. Une clarté douce, poudrée, presque irréelle, qui effleure les draps comme une main hésitante. La chambre semble figée dans une sorte de paix fragile, comme si la nuit, en se retirant, avait laissé derrière elle une trêve silencieuse provisoire, peut-être. Mais réelle.Et moi, je suis là. Nue, allongée sur les draps froissés, les muscles endoloris, le cœur encore battant de trop de choses.Il n’est plus dans le lit. Mais je sens qu’il est là.Je tourne légèrement la tête. Il est assis au bord du lit, torse nu, les épaules basses, le dos courbé. Il ne dit rien. Il ne bouge pas. Ses doigts triturent quelque chose entre ses mains un fil du drap, un souvenir, je ne sais pas. Mais tout en lui crie l’inquiétude. Le doute. Et cette fatigue particulière des hommes qui viennent de traverser une nuit qu’ils ne savent pas comment réparer.Il a l’air d’un garçon perdu dans un corps d’homme. D’un roi déchu dans une chamb
SofiaJe ne dors pas.Je feins peut-être un abandon, mais mes yeux sont ouverts, rivés à l’obscurité. Le silence est lourd, presque insolent, saturé de ce que nos corps ont crié à notre place.Il ne m’a pas touchée depuis. Il est là, tout près, mais il n’a rien dit. Rien demandé. Rien promis.Elio respire calmement, la main encore posée autour de ma taille comme un sceau invisible. Mais son calme est un mensonge je sens son pouce trembler légèrement, comme si sa propre peau refusait l’immobilité.Je pourrais fuir. Me glisser hors du lit. Ramasser mes vêtements. M’enfermer dans une autre pièce. Je pourrais.Mais je reste.Je suis allongée sur le côté, les cuisses douloureuses, le souffle court, l’âme fendue. Mon cœur bat trop vite, ma gorge est sèche, et pourtant je me surprends à vouloir qu’il me touche encore. Je hais ce désir. Il me salit. Il me dépouille.Et lui, là, dans mon dos, brûle sans dire un mot.— Tu ne dors pas, murmuré-je enfin, sans me retourner.Un souffle. Puis sa voi
SofiaJe crois m’être assoupie.Mais ce n’était pas un véritable sommeil plutôt une extinction passagère, brutale, comme si mon corps, vidé de toute volonté, avait sombré dans l’ombre le temps d’un battement de cœur.Je flotte encore dans cette demi-conscience trouble, là où la pensée s’efface et où le corps seul continue d’exister. Une torpeur chaude, poisseuse, collée à ma peau nue.Et puis je perçois quelque chose.Un souffle. Une bouche. Une langue.Une présence indistincte, qui s’insinue contre moi sans un mot, sans un bruit, sans hésitation.Au départ, je crois rêver. Mon esprit, encore embrumé, tente de donner sens à l’irréel qui se déploie entre mes jambes. Mais la lenteur est trop réelle, la précision trop charnelle, pour être une illusion. Une bouche m’explore, s’impose, goûte ma fatigue comme une offrande. Les doigts viennent ensuite, ancrés dans mes hanches, exigeants, impérieux.Je voudrais parler, protester, fuir cette main étrangère qui ne l’est pas vraiment, mais ma go
SofiaSes lèvres quittent les miennes, mais ses mains restent. Il ne parle pas. Il n’a pas besoin. Tout en lui hurle le silence après la tempête, ou peut-être juste un calme plus dangereux encore. Son regard me traverse comme un éclat de verre : coupant, précis, sans échappatoire.Je comprends que ce n’est plus un jeu.Pas vraiment.C’est une reddition. Ou une guerre.— Déshabille-toi.Pas une demande. Pas un ordre.Un ultimatum.Je reste droite. Mon souffle s’accélère.— Et si je dis non ?Il s’approche lentement , tel un prédateur magnétique. Son regard s’accroche au mien, brûlant d’un feu que je prétends ne pas ressentir.— Alors je le ferai à ta place. Mais tu sais que tu préfères m’obéir. Même quand tu détestes ça.Je serre les dents.— Je ne suis pas ta chose, Elio.— Non , tu es pire que ça. Tu es à moi… même quand tu luttes contre. Tu l’es dans ta rage, dans ta fuite, dans ce regard qui cherche la guerre juste pour sentir que je suis là.Je voudrais hurler , le gifler à nouvea