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LE PRIX DE LA TENTATION
LE PRIX DE LA TENTATION
Author: Déesse

Chapitre 1 : Le début de la chute

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-09-03 02:49:53

Marco

Je n’oublie pas ce jour. Celui où tout bascule. La vie que j’avais construite, confortable, stable, avec ma femme et ma fille, commence à se déliter comme un vieux papier froissé. C’est un vendredi matin. Le soleil filtre à peine à travers les rideaux, et le bruit des voitures sur l’asphalte humide me parvient comme un murmure lointain. Je me lève plus tôt que d’habitude, sans trop savoir pourquoi. Peut-être un pressentiment. Le genre de sensation qui serre la gorge, qui me dit que quelque chose ne va pas, mais je ne sais pas quoi.

Je m’habille machinalement, attendant le bruit familier du café qui commence à couler dans la machine. Claire, ma femme, est déjà dans la cuisine, préparant le petit déjeuner pour notre fille. Elle a l’air plus fatiguée que d’habitude. Peut-être que, comme moi, elle sent que quelque chose cloche.

Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. La porte de mon bureau, celle où je travaille depuis des années, je vais la franchir pour la dernière fois. Ma situation, jusque-là stable, va connaître un tournant brutal. L’équipe des ressources humaines me convoque, m’annonce que mon poste est supprimé. Les chiffres ne se maintiennent pas. Les clients se font rares, et les réductions budgétaires ont raison de mon rôle dans l’entreprise.

L’ironie, c’est que je n’ai même pas le temps de me préparer à cette annonce. Je croyais naïvement que tout continuerait comme avant. Les heures passent, je travaille dur, je gère des équipes, je me donne à fond. Et soudain, tout s’effondre.

Quand je quitte ce bureau ce jour-là, je sens cette lourdeur dans mon ventre, ce poids du monde qui s’abat sur mes épaules. En chemin vers la voiture, les mots du directeur des ressources humaines tournent en boucle dans ma tête : "Nous sommes désolés, mais la décision a été prise." Politesse, apparence de soin, mais coup de poignard dans le cœur. Qu’est-ce que je vais dire à Claire ? Et à Emma, notre fille de six ans ? Comment annoncer que tout change ?

À la maison, Claire remarque mon air abattu. Elle sait que quelque chose cloche, mais n’ose pas poser de questions tout de suite. Elle me sert le café, sans un mot, attendant que je brise le silence. Mais comment le faire ? Comment expliquer que, du jour au lendemain, je me retrouve sans emploi, sans perspective immédiate, dans une société qui ne pardonne pas aux hommes comme moi, un homme de famille dans la quarantaine, avec juste quelques années d’expérience ? La pensée m’angoisse.

Enfin, je parle, maladroit et précipité :

— Claire… je… j’ai perdu mon travail. C’est fini. Le poste a été supprimé.

Elle me regarde un moment, immobile, comme si elle attendait un miracle. Mais il n’y en a pas. Il n’y a que cette froide réalité.

— Qu’est-ce que tu veux dire, Marco ? Tu veux dire que tu es… viré ?

— Oui. J’ai perdu mon poste. Ils ont coupé tous les budgets, et j’étais déjà sur la sellette.

Elle s’assoit lentement, ses jambes semblent soudain refuser de la soutenir. Son visage se fige, un voile d’inquiétude dans ses yeux.

— Mais… comment allons-nous faire ?

Je ne sais pas quoi répondre. Les économies sont maigres, le crédit immobilier pèse lourd, et nos projets d’avenir semblent s’éloigner à chaque mot que je prononce. Claire s’inquiète. Et je sens que ce n’est pas un simple revers à surmonter. Non. C’est quelque chose de bien plus profond.

— Je vais trouver une solution, Claire. Je te le promets. Peut-être qu’on pourra réduire certaines choses, peut-être que je trouverai quelque chose rapidement. Mais je vais m’en sortir.

Je dis ça comme si c’était vrai, mais dans ma tête, c’est un mensonge. Comment être sûr de quoi que ce soit ?

Les jours suivants sont empreints d’une lourde incertitude. Je peine à me concentrer sur autre chose que mes recherches. Chaque entretien est une déception, chaque porte se ferme plus vite que la précédente. Je n’ai aucune idée de comment rebondir. Les annonces d’emploi demandent toutes des qualifications que je n’ai pas. Les entreprises ne cherchent plus des hommes de ma génération. Et le désespoir grandit.

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