Chapitre 7

Pendant mon séjour à l'hôpital, je me suis consacrée à préparer mon transfert pour la Crête d'Argent, souhaitant quitter au plus vite ce lieu chargé de souvenirs douloureux.

Un jour, Kade est venu me rendre visite. Vêtu de noir, il tenait un bouquet à la main.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » lui ai-je lancé froidement.

« Je voulais voir comment tu allais. » Il s'est approché de mon lit, son regard se posant sur mon bras bandé.

« Tu as vu ? Tu peux partir. »

« Anya, à propos de l'autre soir… » a-t-il marqué une pause, les yeux toujours fixés sur mes blessures, « tu n'aurais pas dû te trouver à cette cérémonie. »

Après une pause, j'ai éclaté d'un rire sec : « Donc c'est de ma faute ? »

« Ce n'est pas ce que j'ai dit », a-t-il répliqué en fronçant les sourcils, « mais Solène n'est pas encore habituée à la vie de la meute. Tu pourrais faire un effort. »

« Un effort ? » Je n'en croyais pas mes oreilles, « C'est moi qui suis blessée, et tu me demandes de comprendre celle qui en est responsable ? »

« Elle ne l'a pas fait exprès ! » a-t-il élevé la voix, « Pourquoi toujours être si agressive ? »

« Sors ! » J'ai fermé les yeux, « Immédiatement ! »

Il est resté immobile quelques secondes avant de partir en claquant la porte.

Cette rencontre houleuse était notre dernière. Il n'est jamais revenu.

...

Quelques jours plus tard, alors que je quittais le bureau du guérisseur avec mon rapport final, je suis tombée sur Kade aidant Solène à sortir du cabinet de fertilité. Un service réservé aux lignées Alpha.

Quand il m'a aperçue, ses yeux dorés-ambre ont trahi un éclair de panique. Il a presque instinctivement retiré sa main de la taille de Solène.

Celle-ci a affiché une gêne fugace avant de reprendre son sourire : « La fête d'anniversaire de notre mère approche. Tu devrais venir, elle pense souvent à toi. »

Sans un mot, j'ai voulu m'éloigner, mais Kade m'a brusquement attrapé le poignet : « Que fais-tu ici ? »

« Lâche-moi ! » ai-je tenté de me dégager.

« Dis-moi la vérité ! » Sa poigne s'est resserrée, réveillant ma douleur.

« Contrôle de routine pour mes anciennes blessures », ai-je répliqué glacialement, « pourquoi ce soudain intérêt ? Dommage que je ne sois plus un louveteau, certaines plaies mettent du temps à guérir. »

Ma réponse l'a laissé sans voix.

Il ne comprenait pas pourquoi il perdait toujours le contrôle en ma présence.

Était-ce ma nouvelle attitude pleine qui le déstabilisait à ce point ?

Se prenait-il parfois à regretter l'admiration qui brillait autrefois dans mon regard ?

« Combien de temps encore vas-tu jouer à ce jeu ? Trop poussé, cela cesse d'être charmant. »

Je n'ai pas daigné répondre, tournant les talons pour partir.

Je sentais son regard chargé d'émotions contradictoires peser sur moi, mais je n'avais nulle intention de me retourner.

J'avais anticipé toutes les formalités de transfert.

Au moment où je m'apprêtais à prendre congé des anciens de la meute, une dernière mission m'a été confiée : « L'invitation pour l'anniversaire de ta mère est arrivée, et elle a expressément demandé ta présence. Ce serait malvenu de décliner… »

Personne ne la connaissait mieux que moi : en apparence, elle accordait une importance primordiale à la « réputation familiale ».

La diplomatie au sein de la meute faisant aussi partie des devoirs d'un guerrier, je n'avais aucune raison valable de refuser.

« Après cette cérémonie, je souhaite partir plus tôt pour la Crête d'Argent, afin de me familiariser avec le territoire. »

« D'accord. La période de transition initiale était de deux semaines. Puisque tu as terminé en avance, les jours restants te sont accordés comme congé. Profites-en. »

J'ai acquiescé avant de me retirer.

...

Le jour de la réception, je suis entrée dans la salle de bal en tenue officielle de guerrière.

À vrai dire, les mondanités remplies d'élites et de personnages influents n'ont jamais été mon fort.

Un serviteur m'a conduite à l'aile privée où ma mère siégeait, majestueuse, à la place d'honneur.

Je me suis tenue à distance, lui adressant un salut martial formel.

Ignorant ma réserve, elle a tenté de briser la glace par des paroles familières, cherchant à utiliser les liens du sang pour estomper la gêne.

Je suis largement restée silencieuse.

Cette femme que l'on appelait ma mère m'était étrangère. Je n'avais que faire de cette démonstration maternelle tardive, surtout lorsqu'elle ne servait qu'à apaiser sa propre conscience.

Ce n'était qu'au moment de son discours qu'elle a relâché ma main.

Le temps semblait l'avoir épargnée, et elle rayonnait toujours autant sur l'estrade. Ce spectacle m'a arraché malgré moi une pensée pour mon père, qui, lui, portait sur son corps vieillissant le poids de tous les combats livrés pour la meute…

Une clameur de stupéfaction collective m'a tirée brutalement à ce souvenir. En levant les yeux, j'ai croisé une forêt de regards fixés sur moi, tous porteurs d'une étrange et lourde intensité.