Aurore se réveillait toujours avant le soleil. Ce n’était pas une habitude imposée, mais une conséquence de la douce tranquillité de la campagne. Dans la petite maison en pierre qui avait été le rêve de ses parents pendant des années, chaque matin semblait être une bénédiction. Les volets étaient ouverts, laissant entrer une lumière douce qui baignait la chambre d’un éclat doré. À cette heure-là, la maison était encore calme, le seul bruit étant celui des oiseaux qui s’éveillaient et du vent léger soufflant entre les arbres du jardin.
Elle prit un instant pour respirer profondément, appréciant l’air frais et la sensation d’être en parfaite harmonie avec la nature. Depuis qu’elle était toute petite, ses parents lui avaient appris à savourer ces moments simples. Ils lui avaient montré que la beauté ne résidait pas seulement dans les grandes choses, mais aussi dans les petites qui composent le quotidien. C’était dans le chant d’un oiseau au matin, dans la chaleur d’un café partagé avec sa mère, dans le sourire de son père quand il lui expliquait comment prendre soin des fleurs du jardin. La maison elle-même semblait respirer cette simplicité, cette générosité de la nature. Les murs en pierre, porteurs des histoires d’antan, avaient été restaurés avec soin. Chaque recoin était imprégné du travail de ses parents, qui avaient mis tout leur cœur dans ce lieu. Le parquet grinçait légèrement sous les pas d’Aurore, comme pour saluer son réveil. La cuisine, ouverte sur le jardin, était le cœur battant de la maison. Le matin, les rayons du soleil s’y faufilaient par la fenêtre, éclairant les étagères remplies de pots de confitures maison, de bocaux de légumes conservés pour l’hiver et de tasses en céramique. Aurore se leva et se dirigea vers la fenêtre. De là, elle pouvait voir le potager de ses parents, les rangées de légumes soigneusement alignées, prêts à offrir leur récolte. Ses yeux s’attardèrent sur les petites fleurs sauvages qui bordaient la clôture, qu’elle avait souvent cueillies pour les offrir à sa mère. Tout était paisible ici. Le silence du matin était comme un ami, qui, sans mots, lui rappelait combien la vie pouvait être simple et belle. Ses parents, Marie et Henri, avaient acquis cette maison il y a presque dix ans. Ce n’était pas un grand château, mais c’était leur rêve. Ils l’avaient achetée après des années de travail acharné, de sacrifices et d’économies. Aurore se souvenait encore du jour où ils avaient signé le contrat chez le notaire. Ses parents n’avaient pas beaucoup de biens matériels, mais ils possédaient quelque chose de bien plus précieux : leur indépendance, leur petit havre de paix, et une vie qu’ils s’étaient construite ensemble. Elle s’assit à la table de la cuisine où sa mère, déjà debout, préparait le petit-déjeuner. Marie était une femme petite et vive, au sourire éclatant, toujours prête à faire rire Aurore avec une blague ou une histoire de son enfance. Henri, son père, était plus calme, plus réservé, mais son amour pour sa famille se lisait dans chacun de ses gestes. Il avait un regard doux, qui savait se faire rassurant même dans les moments de doute. Aurore était la chanceuse héritière de cette combinaison parfaite de douceur et de simplicité. Le matin, elles prenaient toujours le temps de discuter. Marie aimait raconter ses petites anecdotes de la journée précédente, ou parler de la météo qui dictait la gestion du jardin. Aurore adorait ces moments. C’était sa façon à elle de se sentir connectée à la terre, aux saisons, et surtout à sa famille. Tout semblait aller si lentement ici, comme si le temps lui-même était plus doux, moins pressé. “Tu veux des œufs ou des crêpes ce matin ?” demanda Marie en se tournant vers Aurore, une main sur les hanches, un sourire en coin. “Des crêpes, comme d’habitude,” répondit Aurore, le sourire aux lèvres. Elles se lançaient souvent dans des rituels simples, mais toujours avec cette joie qui rendait chaque matin unique. Au-delà de la fenêtre de la cuisine, elle apercevait la colline boisée qui surplombait leur maison, et les champs qui s’étendaient à perte de vue. C’était là, sur cette colline, que ses parents avaient installé leur petit potager, leur jardin, et où Aurore elle-même avait planté des arbres fruitiers. Cette parcelle de terre, elle en était fière, parce que c’était le fruit de l’effort familial. Tout avait été fait avec soin, et chaque plante qui y poussait portait l’empreinte d’un amour partagé. Il n’y avait rien de luxueux dans cette maison, mais tout en elle respirait la richesse des petites choses bien faites. Et Aurore, en grandissant, avait appris à reconnaître cette richesse. Elle savait que ce n’était pas la taille d’une maison ni l’apparence de la décoration qui comptait, mais l’âme qui y résidait, et l’amour qui y était semé à chaque geste quotidien. Alors qu’elle se préparait à rejoindre sa mère pour le petit-déjeuner, Aurore prit un moment pour observer à nouveau la nature autour d’elle. Elle se sentait en paix ici. Dans cette maison, dans ce jardin, avec ses parents, tout semblait parfaitement en place. C’était dans cette simplicité que résidait sa véritable richesse, une richesse qu’elle chérissait chaque jour un peu plus.Les jours s’étaient transformés en mois, et le temps semblait s’écouler à une vitesse incroyable pour Damien et Aurore. Ils avaient construit un monde à eux, une petite bulle de bonheur au cœur de la tourmente qui avait jadis façonné la vie de Damien. Mais aujourd’hui, le passé n’avait plus de prise sur leur présent. Ensemble, ils formaient une famille qui respirait l’amour et la tendresse, un amour silencieux et pourtant si profond qu’il était palpable dans chaque geste, chaque regard.Damien était devenu un père exceptionnel. Il n’avait jamais envisagé la paternité de cette manière, mais Anna, leur petite fille, l’avait fait découvrir un amour qu’il n’avait jamais cru possible. Le matin, il se levait en douceur, veillant à ne pas réveiller Aurore, pour préparer le biberon d’Anna. Puis, avec des gestes tendres, il réveillait sa petite princesse, la couchant sur ses genoux pour lui donner son biberon, un sourire attendri aux lèvres. Il était un papa attentionné, un papa qui faisait to
Les jours avaient passé, les semaines s’étaient enchaînées, et Aurore sentait le poids du silence de Damien s’alourdir de manière insupportable. Il n’était plus aussi présent, même lorsqu’ils étaient ensemble. Il lui offrait des gestes tendres, mais derrière chaque sourire se cachait une forme de distance, comme une barrière invisible qu’il avait construite entre eux, qu’elle ne comprenait pas.Elle n’avait jamais été une personne impatiente, mais cette distance lui rongeait l’âme. La confiance qu’elle avait en Damien commençait à vaciller. Elle sentait bien qu’il lui cachait quelque chose. Elle avait beau être sensible à son besoin de garder des zones d’ombre, elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le comprendre. Il avait partagé tant de choses avec elle, mais il restait toujours une zone de non-dit, un secret qu’il refusait de dévoiler.Un matin, alors qu’ils se retrouvaient dans le petit appartement de Damien, après qu’il l’ait prise dans ses bras pour un petit-déjeuner silencie
Après l’annonce de la grossesse, Aurore avait espéré que tout se déroulerait comme dans un conte de fées. Que Damien serait là pour elle, à chaque étape de cette aventure nouvelle. Mais, contrairement à ce qu’elle imaginait, quelque chose avait changé dans leur dynamique. Damien s’était peu à peu effacé, comme une ombre qui se dérobe dans la lumière.Les premiers jours après l’annonce étaient passés dans un tourbillon d’émotions. Aurore s’était sentie à la fois heureuse et terrifiée par cette nouvelle étape de sa vie. Mais ce qui la perturbait le plus, c’était l’attitude distante de Damien. À chaque fois qu’elle cherchait des réponses dans ses yeux, elle y trouvait un océan de silence, comme si tout ce qui s’était passé entre eux avant n’était qu’un lointain souvenir.Elle l’avait appelé plusieurs fois, mais ses appels semblaient se perdre dans le vide. Lorsqu’ils se voyaient, il était là physiquement, mais son regard était ailleurs, détaché, presque comme s’il était en train de s’éch
Les jours passaient comme un rêve éveillé pour Aurore. L’année scolaire touchait à sa fin, et le soleil printanier éclairait ses journées. Ses cours étaient bientôt terminés, et avec l’été qui approchait à grands pas, les derniers mois avaient été marqués par une passion grandissante entre elle et Damien. Les nuits qu’ils passaient ensemble, entre moments torrides et tendres câlins, semblaient suspendues dans une bulle d’amour intense. Tout était parfait, ou presque.Ce matin-là, cependant, quelque chose clochait. Alors qu’elle se levait pour partir en cours, Aurore ressentit une nausée soudaine qui la fit s’arrêter net dans son geste. Elle porta une main à sa bouche, sentant un léger vertige la saisir. Son estomac se tordait de manière étrange, comme si quelque chose n’allait pas. Elle essaya de balayer cette sensation et de se concentrer sur sa journée, mais plus elle y pensait, plus la nausée se faisait pressante.En arrivant à la fac, elle croisa Sarah, toujours aussi énergique et
Les jours qui suivirent l’ultimatum de Damien à Simon furent d’une étrange tranquillité. À première vue, la menace semblait s’être dissipée, mais Aurore savait au fond d’elle que Simon n’avait pas renoncé. Il avait l’habitude d’obtenir ce qu’il voulait, d’imposer sa présence, de contrôler les situations. Mais cette fois, quelque chose semblait avoir changé.Un matin, alors qu’Aurore se dirigeait vers la fac, elle aperçut Simon pour la dernière fois, accoudé contre un poteau, observant l’horizon avec un air pensif. Il la fixa un instant, comme pour lui dire adieu, mais sans un mot. Puis il tourna les talons et s’éloigna sans même un dernier regard.Aurore resta figée, son cœur battant la chamade. Ce geste, ce silence, était comme une libération. Simon n’était plus là, il avait disparu de sa vie. Bien sûr, la peur persistait encore dans un coin de son esprit, mais au fond d’elle, elle savait qu’elle pouvait désormais respirer librement. Damien avait fait ce qu’il fallait pour qu’elle so
Les jours qui suivirent l’altercation entre Simon et Damien furent tendus. Aurore n’arrivait pas à oublier la violence qui se dégageait de Simon, cette froideur qu’il avait laissée derrière lui. Il continuait à la suivre de près, ses gestes de plus en plus intrusifs, ses regards de plus en plus insistants. Damien l’avait menacé, mais la menace semblait n’avoir eu que peu d’effet. Simon n’était pas le genre d’homme à reculer facilement.Ce soir-là, Aurore était en route vers sa voiture après un cours tardif. La nuit était tombée, et la rue où elle se trouvait était déserte. Elle accéléra le pas, mais une sensation étrange s’empara d’elle, comme si quelqu’un l’observait. Elle se retourna brièvement et aperçut Simon qui s’avançait à grands pas, un sourire qui lui glaça le sang sur les lèvres.— Tu es toujours aussi pressée de partir, Aurore, dit-il d’une voix basse, un ton presque mielleux. Tu sais, je pourrais t’accompagner, si tu veux. Il n’y a pas de mal à vouloir un peu de compagnie.
Les jours suivant la déclaration de Damien étaient étranges pour Aurore. D’un côté, elle ressentait cette vague de sécurité et de confort en étant avec lui, mais de l’autre, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de réfléchir à l’évolution de leur relation. Elle n’avait pas l’habitude de vivre une histoire aussi intense, aussi passionnée. Damien était différent de tous les hommes qu’elle avait rencontrés, avec ses silences, ses regards envoûtants et sa manière de la protéger, de la tenir à l’écart des dangers… Mais il y avait aussi cette part d’ombre, ce secret qu’il n’avait jamais révélé, qui laissait Aurore dans l’incertitude, même si elle l’aimait plus que tout.Simon, de son côté, ne cessait de hanter ses pensées. Bien qu’Aurore lui ait clairement dit qu’elle ne recherchait pas plus qu’une amitié, il semblait de plus en plus insistant. Un jour, alors qu’elle quittait le cours de psychologie, elle le retrouva devant la porte, attendant visiblement qu’elle sorte.— Salut, Aurore. Il
Les semaines passaient à une vitesse folle. Aurore se sentait de plus en plus ancrée dans sa nouvelle vie d’étudiante. Ses cours étaient enrichissants, ses amitiés se renforçaient, et la relation avec Damien continuait à évoluer dans un cadre intime, fait de gestes tendres, de promesses murmurées et de silences lourds de non-dits. Ils n’avaient jamais parlé de l’avenir, mais ils semblaient avancer, main dans la main, dans la même direction.Un jour, lors d’un cours de psychologie, Aurore fit la connaissance de Simon, un étudiant de sa promotion. Il était assis juste à côté d’elle et avait un sourire charmeur, un regard franc et une énergie débordante. Ils commencèrent à discuter à la fin du cours, échangeant des idées sur la matière, puis, petit à petit, des sujets plus personnels. Aurore appréciait sa compagnie. Simon était intelligent, drôle et attentionné, mais ce qu’elle ne comprit pas tout de suite, c’est qu’il avait vu dans cette complicité amicale quelque chose de bien plus int
Les jours qui suivirent le déjeuner chez les parents de Damien furent un tourbillon de moments partagés, d’instants volés dans la quiétude de la relation naissante entre Aurore et lui. Les petites attentions se multipliaient. Chaque rencontre, chaque échange devenait une promesse silencieuse. Mais, dans l’ombre, un événement du passé de Damien commençait à se profiler, menaçant l’équilibre fragile qu’ils avaient instauré.Aurore, elle, ne voyait que la surface. L’homme qu’elle apprenait à connaître petit à petit lui apparaissait comme un être complexe, mais attachant. Il y avait ce mystère qui l’entourait et la fascinait, mais aussi une douceur qui la rassurait. Damien semblait lui offrir davantage de son temps, de sa confiance. Parfois, il laissait échapper de petites bribes de son passé, des gestes, des regards, mais il n’y avait jamais de mots clairs. Elle n’insistait pas. Il y avait quelque chose dans l’air, dans la manière dont il la regardait parfois, comme si son passé – un pas