L’enchère sombre

Les portes de la salle d'enchères s'ouvrirent dans un grincement sinistre.

Un souffle collectif parcourut la foule. Les captifs, alignés comme des marchandises, furent poussés vers l'avant. Élora et Liora, côte à côte, restaient immobiles, tentant de masquer leur nervosité sous un masque de calme. Leur plan était simple : se vendre au plus offrant, mais à condition d'être achetées ensemble, et de préférence par quelqu'un de relativement "gentil", ou du moins, moins cruel.

Le premier esclave fut amené sur l'estrade. Il était un jeune homme aux cheveux noirs enchevêtrés et aux yeux vides, l'âme brisée par des années de souffrances invisibles. Le cri d'une vente s'éleva, mais une tension particulière se fit sentir dans l'air. Ce n'était pas n'importe quel acheteur qui se profilait.

Derrière la foule, un être gigantesque émergea des ténèbres. Il était entouré d'une aura de pouvoir noir, sa silhouette massive projetant une ombre oppressante. Un démon. Haut de plus de trois mètres, avec des cornes torsadées et des yeux rouge sang qui brillaient d'une lueur malsaine, il avança d'un pas lourd vers l'estrade. Il était un seigneur des ténèbres, réputé pour sa cruauté. Son nom, Murzok, était murmuré dans la foule avec un mélange de crainte et de révérence. Les rumeurs disaient qu'il utilisait ses esclaves pour des rituels impies, les brisant physiquement et mentalement dans des pratiques interdites.

Un silence glacé tomba sur la salle.

"Je prends celui-ci", gronda Murzok d'une voix profonde et gutturale, qui fit trembler les pierres autour de lui. Ses doigts griffus se levèrent, signifiant sa décision. "Il me servira dans mes terres... ou jusqu'à ce qu'il soit inutile. Peu importe."

Le prix fut rapidement négocié, et l'esclave fut conduit sous l'œil cruel du démon. Les chaînes furent serrées autour de ses poignets, et il fut mené hors de l'estrade avec l'air vidé de toute volonté. Les murmures qui suivirent la vente étaient lourds de terreur. Il n'y avait aucun doute sur le sort de cet esclave : il serait soumis à des tortures et des souffrances indescriptibles, une fin atroce à une vie déjà brisée.

Élora se tourna brièvement vers Liora, son cœur battant plus fort. Les enchères allaient bientôt commencer pour elles. Mais la scène de la vente de l'esclave, si rapide et impitoyable, la frappa au plus profond d'elle-même. Elle ne pouvait pas se permettre de finir dans les mains d'un être comme Murzok. Il était plus que démoniaque, il était la manifestation de l'horreur incarnée.

"Nous devons être prudentes", murmura Liora, ses yeux brillants d'une détermination nouvelle. "Ne laisse pas ton cœur se laisser emporter par la peur. Si nous sommes vendues à un démon ou à un être comme lui, tout sera fini avant même que nous ayons eu une chance."

Élora acquiesça silencieusement. Ils avaient vu ce qu'il pouvait faire, et la perspective d'une telle captivité la remplissait de terreur. Il n'y avait pas de place pour la faiblesse ici, pas de place pour la compassion dans ce marché infernal.

L'estrade se vida un instant, mais très vite, un nouvel esclavage prit place. Les enchères reprirent, et des créatures de toutes sortes se pressaient pour faire leurs offres. Le prix montait rapidement pour les captifs qui étaient mis en avant, et Élora sentit le poids de la situation peser de plus en plus lourdement sur ses épaules.

"Ne regarde pas, ne montre aucune faiblesse", souffla Liora à son oreille alors qu'un autre esclavage était présenté. "Nous devons garder notre calme."

Enfin, ce fut leur tour. Liora fut poussée sur l'estrade en premier, suivie d'Élora. Les deux jeunes femmes se tenaient côte à côte, leurs mains effleurant à peine. Le regard de l'assistance se tourna immédiatement vers elles. Elles étaient jeunes, belles, et apparemment en bonne santé.

Les enchères commencèrent. Les premiers prix proposés étaient élevés, mais personne ne semblait trop pressé. Puis, un homme à l'apparence aristocratique leva la main pour faire une offre. Il portait des vêtements sombres et un manteau orné de symboles occultes. Un elfe noir, mais avec un air plus raffiné, plus calculateur.

"Je propose cinq pièces d'or pour les deux", dit-il froidement, son regard analysant minutieusement les deux jeunes femmes.

Élora échangea un regard rapide avec Liora. Le prix était élevé, mais pas encore suffisant pour attirer le regard d'un démon. Et c'était bien ce qu'elles cherchaient.

Un autre enchérisseur se manifesta alors, un personnage plus discret, mais tout aussi dangereux dans son comportement. C'était un sorcier, un marchand d'âmes. Son offre fut plus généreuse, mais Élora savait qu'il ne serait pas le pire.

Les enchères continuaient, la pression montait, mais dans l'ombre, un regard croisa celui d'Élora.Et quel regard... Envoûtant, sombre  Il observait la scène, son expression impassible, mais quelque chose dans sa posture suggérait qu'il suivait leurs moindres gestes.

La salle d'enchères vibrait sous l'excitation du marché, les enchères s'enchaînant avec une rapidité vertigineuse. Élora sentait la pression peser lourdement sur elle, le poids de chaque offre la rapprochant un peu plus de son destin. Elle et Liora se tenaient côte à côte, leurs regards fixés droit devant, immobiles, leurs pensées accrochées à une seule chose : ne pas tomber entre les mains de Murzok.

Lorsque l'elfe raffiné en manteau sombre lança son offre — sept pièces d'or — il ne fut rapidement surpassé que par une voix plus assurée, plus déterminée.

"Vingt pièces d'or pour les deux."

Les regards se tournèrent vers la source de l'offre, et Élora, les yeux légèrement écarquillés, aperçut L'homme au regarde sombre qu'elle avait vus juste avant. Il se tenait là, dans l'ombre, son corps tendu mais silencieux, son regard froid et inexpressif. Il n'avait pas bougé d'un pouce, mais la somme qu'il venait d'offrir résonnait comme un coup de tonnerre dans la salle. La foule se murmura, l'attention captée par la nature implacable de cette offre. Vingt pièces d'or. Une somme considérable, mais c'était le calme dans l'attitude de l'homme qui frappait le plus. Il ne souriait pas, ne montrait aucun signe d'émotion. Il observait, simplement.

Avant même que les murmures ne cessent, "c est Kalen le roi fou " , " il ne vient jamais au enchères

" , " Qui sont elles pour attiré sont attention "

une voix grave s'éleva de l'ombre, empreinte d'une menace palpable.

"Vingt-cinq pièces d'or pour ces deux-là."

Le démon Murzok.

Sa silhouette imposante émergea lentement des ténèbres, sa présence pesant comme une ombre maléfique sur la salle. Chaque pas qu'il faisait semblait affaisser l'air autour de lui, son aura sinistre envahissant la pièce. Il s'avança d'un pas lourd, un sourire cruel étirant ses lèvres, ses yeux luisant d'un rouge vibrant. Ses griffes s'enroulèrent autour de l'air comme des serpents, et son regard se posa sur Élora et Liora avec une convoitise glacée.

"Ces créatures feront un excellent ajout à mes jouets", murmura-t-il, sa voix douce comme un poison, un son qui glissait dans l'âme des spectateurs. "Je les prends."

Le prix était monté de cinq pièces en quelques secondes, et la tension dans la salle était palpable. La peur d'Élora monta en flèche, son esprit courant vers le pire scénario possible. Mais avant même qu'elle ne puisse réagir, l'homme dénommé Kalen se leva légèrement, l'air impassible, comme une silhouette de marbre qui ne laissait rien transparaître de son intention. Ses yeux, froids comme la glace, se fixèrent sur Murzok sans un mot.

"Trente pièces d'or", dit-il enfin, d'un ton bas, calculé. Il n'éleva pas la voix, mais l'intensité dans ses mots était indéniable. "Je les prends."

Il n'y avait pas de défi dans son ton. Pas de colère, pas de hâte. Il avait dit ce qu'il avait à dire, et il laissa les mots se diffuser dans l'air lourd. La salle, déjà tendue, sembla encore se figer. Kalen ne réagissait pas aux provocations. Il n'avait pas besoin de lever la voix. Sa simple présence était une forme de pression, une menace silencieuse.

Murzok, cependant, ne bougea pas tout de suite. Il resta là, les yeux fixés sur Kalen, un rictus de mépris jouant sur ses lèvres. Il s'était attendu à une réponse plus visible, plus passionnée. Mais Kalen ne lui donnait rien de cela. Ce n'était pas un affrontement de force brute, mais un combat d'ombres.

"Tu crois vraiment que tu peux m'empêcher de les prendre ? Tu n'es rien comparé à ce que je suis capable de faire, elfe." Murzok laissa échapper un rire guttural, mais sa voix était moins assurée qu'auparavant.

Kalen ne répondit rien. Il laissa un silence pesant s'installer, et son regard — impassible, froid comme la nuit — se posa sur l'estrade. Il n'avait pas besoin de parler plus. Le regard de Kalen portait toute la menace qu'il fallait.

Les enchères continuèrent, la tension entre les deux acheteurs créant une atmosphère électrique, mais Kalen ne bougea pas. Ses yeux restaient fixés sur Élora et Liora, aussi inaccessibles que l'ombre qui l'entourait.

La salle entière semblait retenir son souffle, le monde entier suspendu à la décision suivante.