Chapitre 3

Régis m'a jeté un regard glacial lorsque je me suis relevée : « Alors comment ? Tu as fini de jouer la comédie ? »

« Diana, si tu veux pas voir Laurine, dis-le carrément. Pas besoin de faire du cinéma. »

Néo, debout à ses côtés, a enchaîné avec une candeur cruelle : « Maman, tu m'as toujours dit d'être honnête... Pourquoi tu mens, toi ? »

À un âge où les enfants sont censés être proches de leur mère, ses paroles m'ont transpercé le cœur comme une lame de glace.

« Bon, puisque tu vas bien, on part à l'hôpital. »

Et en un instant, la maison spacieuse s'est vidée de toute présence.

Ma brève syncope avait laissé mon corps plus fragile encore. La douleur sourde s'est intensifiée, devenant de plus en plus insupportable. J'ai avalé un flacon entier d'antalgiques pour l'étouffer à peine.

Puis le brouillard m'a envahie à nouveau, et je me suis effondrée sur le canapé...

« Papa, tu crois que tata Laurine aime les roses ? On pourrait décorer toute la maison avec ces fleurs ! » La voix enthousiaste de Néo m'a tirée de ma torpeur.

J'ai ouvert les yeux. La lumière crue du jour persistait, j'avais donc dormi là toute une journée et toute une nuit... Et eux, visiblement, n'étaient pas rentrés hier soir...

J'ai tenté de me lever pour chercher à manger, mais Néo m'a barré le passage : « Maman, t'as oublié ? Aujourd'hui, c'est la sortie de tata Laurine ! On fait une fête ! »

Une fête ?

Personne ne m'en avait soufflé mot.

Régis a froncé les sourcils, lançant un avertissement silencieux à Néo avant de se tourner vers moi : « Le dîner est réservé à l'Hôtel de Soleil doré. Je vais chercher Laurine. Tu te débrouilleras pour y aller seule. »

Sur ce, ils ont replongé tous deux dans leurs préparatifs festifs, me laissant telle une intruse dans ma propre maison.

Je n'aurais jamais imaginé que Régis, lui qui méprisait toute forme de romantisme, puisse créer une ambiance si chaleureuse.

Cette patience, cette tendresse... il ne me les avait jamais offertes. Sans doute parce que je n'étais pas celle qu'il aimait vraiment.

Quant à leur fête de famille, je n'avais nulle envie d'y participer. « Je ne me sens pas bien, je n'irai pas », ai-je déclaré d'une voix éteinte.

Régis, visiblement soulagé que je ne vienne pas gâcher leur bonheur, a acquiescé d'un hochement de tête.

Après un maigre petit-déjeuner, je me suis recouchée. Mon état empirait de jour en jour, seule la position allongée soulageait un peu mon inconfort.

Alors que je sombrais dans un sommeil agité, mon téléphone a sonné.

J'ai répondu machinalement. C'était Régis.

Je n'ai compris un mot de ce qu'il disait et j'ai raccroché par réflexe.

Je ne savais combien de temps s'était écoulé avant qu'un bruit violent ne déchire le silence de la chambre.

Le vacarme m'a réveillée en sursaut. Les yeux injectés de sang, j'ai fixé la porte de la chambre où se tenait Régis, le visage déformé par la colère.

En quelques enjambées, il était sur moi, arrachant violemment ma couette :

« Diana, tu te prends pour qui ? Nous t'attendons comme des imbéciles pendant que tu fais la belle au lit ? »

« Si tu as un problème, dis-le carrément au lieu de jouer les divas ! »

« Tu sais que c'est à cause de toi que Laurine a dû retourner à l'hôpital ? »

Ses reproches m'ont laissée stupéfaite.

De quoi parlait-il ? Ils m'attendaient ? Je lui avais pourtant clairement dit que je ne viendrais pas ! Que lui prenait-il ?

Avant même que je ne puisse réagir, une poigne de fer a emprisonné mon poignet.

Une douleur aiguë m'a transpercée immédiatement, multipliée cent fois, et mon dos s'est mis à brûler atrocement. Bientôt, des perles écarlates perlaient sur ma peau pâle, traçant des sillons sanglants sur ma chair...