Chapitre 2

Autrefois, une telle proposition de Régis m'aurait fait éclater de rage.

Il connaissait trop bien mon tempérament. Donc, après avoir annoncé sa décision, s'est-il empressé d'invoquer mes parents pour me convaincre : « Tes parents vieillissent. S'occuper de Laurine leur pèse. C'est à nous de prendre le relais… »

Avant qu'il ne termine, mon fils Néo s'est précipité vers moi, me tirant par le bras d'un air câlin : « Maman, laisse tata Laurine venir ! Je peux lui donner ma chambre ! »

« S'il te plaît, dis oui à Papa… »

Jamais, depuis sa naissance, je ne l'avais vu ainsi. Lui qui ressemblait tant à Régis, toujours distant, esquissant à peine un sourire à mes attentions.

Et voilà qu'il se mettait à jouer les tendres… pour...Laurine....

J'ai serré les poings si fort que mes ongles ont creusé des traces rouges dans ma paume.

Un profond soupir, j'ai écarté doucement Néo. Et d'une voix glacée, j'ai répondu : « C'est d'accord. S'il n'y a rien d'autre, je vais me reposer. »

Je me suis réfugiée alors dans la chambre.

À moitié endormie, j'ai perçu la porte s'ouvrir, un courant d'air froid m'effleurant.

Avec un bruit sourd, quelqu'un avait déposé quelque chose sur la table de nuit. Mais la fatigue m'a empêchée d'ouvrir les yeux.

Une voix lointaine, celle de Régis a retenti : « Diana ? Diana ! »

Ne recevant pas de réponse, il m'a secoué le bras avec brusquerie.

La douleur a dissipé ma torpeur et j'ai dû me réveiller.

« Qu'y a-t-il ? » ma voix rauque n'a suscité aucune attention, seulement des reproches.

« Avec tout ce qu'il y a à faire, tu trouves le temps de dormir ? J'ai préparé un bouillon pour Laurine. Je l'emmène à l'hôpital avec Néo. Toi, tu nettoieras la cuisine. »

Quoi ? Il avait cuisiné lui-même ? Quelle ironie !

En toutes ces années de mariage, j'ignorais qu'il savait tenir une casserole. Moi seule avais toujours fait la cuisine, et souvent sous ses critiques...

Alors que je sombrais dans la déception, la voix pressante de l'homme a retenti à nouveau : « Tu restes plantée là à quoi rêver ? Debout, vite ! »

Je connaissais trop bien son caractère. Et sur tout ce qui concernait Laurine, il était d'une minutie exaspérante. Pour éviter une dispute inutile, je me suis pliée à sa demande.

Ce n'était qu'en me voyant sortir du lit qu'il est parti enfin, rassuré, emmenant Néo avec lui.

Dès que leur silhouette a disparu, je me suis laissée retomber sur le matelas.

...

Le lendemain matin, un vacarme m'a tirée brutalement du sommeil. À peine avais-je franchi la porte de la chambre que la voix affolée de Régis m'a accueillie : « Une urgence au bureau. Après avoir conduit Néo à l'école, tu porteras le petit-déjeuner à Laurine. »

Un bruit sourd a retenti soudain, coupant net le tumulte de la maison.

J'avais à peine eu le temps de poser l'assiette sur la table qu'un vertige violent m'a envahie. Puis plus rien, juste l'ombre de Néo se précipitant vers moi dans un flou indistinct.

Est-ce que... peut-être... ils se souciaient encore un peu de moi ?

Hélas, je m'étais une fois de plus bercée d'illusions.

Lorsque j'ai rouvert les yeux, j'étais toujours étendue sur le sol. Un froid glacial semblait s'infiltrer dans mes muscles jusqu'à l'os.

« Papa, si j'étais pas arrivé vite, le petit-déjeuner de Laurine finissait à la poubelle ! »

Régis a caressé la tête du petit avec fierté : « Tu es formidable ! Laurine sera tellement contente. »

Leur conversation ne tournait qu'autour de Laurine, comme si mon corps inerte à leurs pieds n'existait pas.

Une douleur aiguë m'a transpercé le cœur à répétition. Un goût métallique a envahi ma gorge. Je me suis relevée péniblement, chancelante. Le bruit, pourtant discret, a attiré enfin leur attention.