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La prison

last update Last Updated: 2025-05-27 22:02:08

De retour chez moi, je n’avais pas encore repris mon souffle après les accusations de Dante. Mon cœur battait encore trop vite. Mes pensées tournaient en boucle. C’est là que mon téléphone a sonné.

— Bonjour, Mademoiselle Lila. Je suis le directeur des ressources humaines de Bregman & Co. Je vous appelle à propos de votre embauche prévue pour lundi.

Enfin une bonne nouvelle. Un souffle d’air au milieu du chaos.

— Bonjour, Monsieur. Je suis ravie de vous parler. Je suis prête à commencer.

Mais sa voix a changé. Plus froide. Plus dure.

— Nous avons décidé d’annuler votre embauche. Après vérification, nous avons relevé des incohérences dans votre dossier.

Je suis restée figée.

— Quoi ? Pardon ? Il doit y avoir une erreur…

— Vos diplômes ne correspondent pas. Nous avons contacté les écoles. Il semble que vous les ayez falsifiés. Une plainte figure aussi dans votre dossier universitaire. Renvoi pour comportement violent et immoral.

— C’est faux. Tout est faux. Je n’ai rien falsifié !

— L’information nous a été transmise par Monsieur Dante. C’est bien votre fiancé ?

Un frisson m’a glacée jusqu’aux os. Mes doigts se sont crispés sur le téléphone.

— Il a fait ça ? C’est lui qui vous a dit ça ?

— Nous ne pouvons pas poursuivre votre recrutement. Bonne chance.

La ligne a été coupée. Juste comme ça. Sans la moindre émotion. Comme si je n’étais qu’un dossier à effacer.

Je suis restée debout, le téléphone encore à l’oreille. Mes mains tremblaient. Mon cœur cognait dans ma poitrine. Il avait tout détruit. Mon travail, mon avenir, ma dignité. Dante avait tout effacé. Comme si je n’avais jamais existé.

J’ai couru chez mes parents. Ils comprendraient. Ils m’aideraient. Ils étaient ma dernière chance.

La porte était entrebâillée. L’air dans la maison était glacial. J’ai poussé doucement et je suis entrée.

Papa lisait le journal, comme si de rien n’était. Maman tenait une tasse de thé. Quand ils m’ont vue, leurs visages se sont figés.

— Papa ? Maman ? J’ai besoin de vous. S’il vous plaît…

Personne ne bougeait. J’ai avancé, le cœur serré.

— Ils ont détruit mon dossier. Je ne sais pas comment. Je n’ai rien fait. Vous devez me croire.

Ma mère a baissé les yeux. Mon père a refermé son journal d’un coup sec.

— Lila, tu sais que Dante peut tout faire. Il a du pouvoir.

— Et alors ? Vous êtes mes parents ! Vous devez me soutenir !

Son regard s’est assombri. Il s’est levé. Il ne m’a même pas regardée dans les yeux.

— Tu n’es plus notre fille. Tu es une honte. Une traînée. Je ne veux plus jamais te revoir ici.

— Non. Papa… dis pas ça. S’il te plaît…

Je me suis tournée vers ma mère, mais elle a reculé. Comme si je la dégoûtais.

Puis la voix de mon père a retenti, tranchante :

— Jetez-la dehors.

Deux domestiques m’ont attrapée par les bras. J’ai crié. Supplié. Mais ils m’ont poussée dehors. Comme une moins que rien. La porte s’est refermée avec violence.

La pluie m’a frappée en plein visage. Mes cheveux collaient à ma peau. J’étais trempée, glacée. Seule.

Je marchais sans but, les yeux embués. Et puis j’ai senti une main sur mon épaule.

— Lila Anderson, vous êtes en état d’arrestation pour tentative de meurtre.

Je me suis figée.

— Quoi ? Non… non, c’est une erreur ! Je n’ai rien fait !

Mais les menottes ont claqué sur mes poignets. Froides. Cruelles.

Je suis montée dans la voiture sans me débattre. Je n’avais plus la force. Plus rien n’avait de sens.

Le commissariat sentait la sueur et l’humidité. On m’a poussée dans une cellule sombre. Le sol était dur, glacial.

Et puis elles sont arrivées.

Des femmes. Trois, peut-être quatre. Leurs regards me dévoraient. L’une a craché par terre.

— Alors, la bourgeoise ? On a tué quelqu’un et on pense que la prison, c’est un palace ?

Je ne comprenais pas. Je reculais, mais elles se sont rapprochées.

— Tu crois qu’on va t’accueillir gentiment ? Ici, t’es rien. Juste une autre salope.

Une gifle m’a renversée. Puis un coup dans le ventre. J’ai tenté de me protéger, mais elles me frappaient de tous les côtés. Les coups pleuvaient. J’entendais leurs rires. Je sentais leur haine.

— Tu crois qu’il va venir te chercher, ton petit prince ? Il t’a vendue. Il t’a abandonnée.

Chaque mot me faisait plus mal que les coups.

Je me suis repliée dans un coin. Je ne pleurais même plus. Je n’avais plus de larmes. Juste un vide immense en moi.

Elles revenaient chaque nuit. Me frapper. Me briser. Me salir.

Et un soir, l’une d’elles a murmuré à mon oreille :

— T’es juste un jouet. Un jouet que Dante a brisé.

C’est là que j’ai compris. Il m’avait détruite. J’étais seule. Vraiment seule.

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