Je me tenais devant la coiffeuse, fixant mon reflet comme si je contemplais une étrangère. Mes cheveux, disciplinés pour une fois, retombaient en vagues souples sur mes épaules. Je n’avais pas osé quelque chose de trop sophistiqué, je n’avais pas les moyens de rivaliser avec les femmes que je savais présentes ce soir-là. Des femmes parfaites, riches, à l’allure élégante et naturelle, celles qui appartiennent à ce monde auquel je ne fais que m’agripper maladroitement.Derrière moi, j’entendis la voix grave de Dante :— Dépêche-toi, Lila. Nous devons partir dans moins d’une heure.Je baissai les yeux vers la robe posée sur le lit. Une robe que je n’avais pas choisie. C’était lui. Bien sûr que c’était lui. Soie noire, décolleté discret mais élégant, fendue sur le côté. Trop belle, trop chère pour moi. Mes doigts effleurèrent le tissu avec une certaine appréhension.— C’est… trop, murmurai-je. Je ne peux pas me montrer comme ça.Dante s’approcha, son ombre imposante se reflétant dans le m
Je me suis surprise à faire une grasse matinée ce matin-là. Le silence de la maison, habituellement pesant, paraissait étrangement apaisant.Je descendis dans la cuisine, pieds nus, persuadée de trouver la pièce vide. Mais Dante était déjà là, en chemise claire, manches retroussées, concentré sur… une poêle. Je me figeai, incapable de retenir un sourire surpris.— Tu cuisines ?Il releva les yeux, et un coin de sa bouche se courba.— Ne me sous-estime pas, Lila. Je ne suis pas seulement doué pour les affaires.Je m’approchai, amusée.— J’avoue que je ne t’imaginais pas derrière des fourneaux.Il haussa un sourcil en penchant la tête.— Alors c’est l’occasion de me découvrir autrement.Une odeur d’omelette parfumée emplissait la pièce. Dante déposa une assiette devant moi avec un air presque solennel.— Goûte.Je le regardai avec suspicion, mais je pris une bouchée. La saveur simple, réconfortante, me fit sourire.— Pas mal du tout.— "Pas mal du tout" ? répéta-t-il en feignant l’indig
Je le suivis malgré moi jusqu’à sa chambre. J’avais beau traîner les pieds, il ne me laissait aucune échappatoire. Ses pas étaient assurées, implacable, et je n’avais d’autre choix que de lui emboîter le mouvement. Chaque battement de mon cœur cognait dans ma poitrine comme un tambour.Quand il ouvrit la porte de sa chambre, j’eus un instant de recul.— Ce soir, tu dors ici, déclara-t-il sans même se retourner.Je m’arrêtai sur le seuil.— Non… je peux retourner dans ma chambre. Je n’ai pas besoin de—Il fit volte-face, me coupa d’un regard noir.— Lila. J’ai dit : ce soir, tu dors ici. Pas de discussion.Je baissai les yeux, serrant les poings. J’aurais voulu protester, trouver un prétexte, mais sa voix ne laissait aucune place à la négociation.— Je ne suis pas une prisonnière, murmurai-je.— Non, mais tu es à moi. Et je décide où tu dors.Son ton était sec, tranchant, et pourtant, il y avait dans sa manière de le dire une chaleur sourde qui m’ébranlait plus que je ne voulais l’adme
Je suis restée un long moment immobile. Je ressentais encore la sensation de ce que Dante venait de me faire. Je brûlais d’un feu insatiable. Ma conscience ne cessait de me reprocher comment ai-je pu me laisser faire aussi facilement ?— Tu regrettes ? demanda-t-il, sa voix grave brisant le silence.Je relevai les yeux vers lui. Ses prunelles étaient d’une noirceur insondable, mais pas une ombre de doute, pas un soupçon de remords. Moi seule étais en morceaux.— Je… je ne sais pas…Un sourire étira ses lèvres, cruel et tendre à la fois.— Peu importe. Tu finiras toujours par revenir vers moi.Je sentis ma poitrine se serrer.— Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Comment peux-tu dire m’aimer alors que tu es celui qui a détruite toute ma vie : mon passé et mon avenir ?Il colla son corps contre le mien. Il prit mon menton entre ses doigts et m’oblige à le regarder. — Parce que tu es mienne, Lila. Et je ne partage pas. Personne d’autre n’a le droit de poser un seul doigt sur toi. Tu compr
Le film touchait à sa fin. J’ai raté une bonne partie de l’histoire car j’étais trop consciente de sa présence, trop attentive au moindre de ses gestes.Je pris une inspiration et brisai le silence.— Dante, est-ce que… je peux me retirer pour préparer le dîner ?J’enfonçai mes ongles dans l’accoudoir.Dante tourna la tête vers moi avec une tranquillité qui m’agaçait presque.— Ce n’est pas la peine.Je fronçai les sourcils.— Pas la peine ?— J’ai déjà demandé à ce que tout soit préparé.Bien sûr. Pourquoi avais-je imaginé qu’il me laisserait au moins cette échappatoire ? Je mordis ma lèvre inférieure avant de poser la question qui me brûlait depuis le matin.— Dante… est-ce que tu penses toujours appliquer ta… punition ?Ses yeux sombres se fixèrent dans les miens, un éclat dur traversant leur calme apparent. Il ne se donna même pas la peine de feindre l’hésitation.— Tu croyais que j’allais y renoncer ?— Je... Je pensais que ... que tu ... tu avais oublié… ou que tu... que tu as.
Dante se redresse légèrement et me fixe avec cette intensité qui donne l’impression qu’il voit à travers moi.— Alors… qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ce soir ?Je cligne des yeux, surprise. Ai-je bien entendu ? Je lâche un petit rire incrédule.— Pardon ? Tu viens bien de me demander ce que moi je veux faire ?Son regard se durcit à peine, une ombre d’agacement traverse ses traits, mais il ne mord pas à l’hameçon.— Je te pose juste la question, Lila. C’est tout.— Oui, mais… ça ne te ressemble pas. Toi, tu décides toujours, tu imposes. Là, j’ai presque l’impression de parler à un autre homme.Il lève les yeux au ciel et se lève lentement, ses mains dans les poches.— Est-ce que ça te plairait de… regarder un film ensemble ? À la maison.Je le fixe, la bouche entrouverte.— Tu plaisantes ?— Non.Il ne sourit pas. Pas même un rictus ironique. Mon cerveau essaie de comprendre la logique derrière cette proposition. Dante Withemore, l’homme qui respire le contrôle et la froideur, qui