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Le travail

last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-29 15:12:05

Quand le bus s’est arrêté dans un quartier cossu, aux larges avenues bordées d’arbres parfaitement taillés, aux immeubles modernes et élégants, je suis descendue. Ici, tout brillait d’une propreté presque irréelle. Le genre d’endroit où je n’avais jamais mis les pieds avant.

Je ne savais pas ce que je cherchais. Un banc. Un endroit où pleurer. Une réponse. Mais ce que j’ai trouvé, c’est une affiche discrète, collée sur la vitrine d’un bar chic et discret, au décor soigné, avec des tables en bois verni et des luminaires modernes :

“Recherche agent d’entretien — Poste avec logement et repas inclus. Se présenter sur place.”

Mon cœur a bondi dans ma poitrine.

J’ai hésité. Moi, dans un quartier pareil ? Qui voudrait embaucher une ancienne détenue, sale et cassée, dans un endroit où chaque détail compte ? Mais je n’avais pas le luxe de reculer.

Je suis entrée.

Je franchis la porte du bar avec une boule au ventre, le cœur battant trop vite, les mains moites. À l’intérieur, l’air était frais, parfumé au citron et au bois ciré. C’était un endroit propre, élégant, avec des luminaires en cuivre et des banquettes en velours bordeaux. Je ne m’attendais pas à un lieu aussi huppé. Immédiatement, je me sentis de trop.

Un homme d’une quarantaine d’années, en chemise impeccable et lunettes carrées, s’approcha de moi avec un regard suspicieux.

— Vous venez pour l’annonce ? demanda-t-il.

J’acquiesçai d’un hochement de tête. Il me détailla de haut en bas.

— Vous avez une pièce d’identité ?

Je sortis doucement la vieille carte que j’avais gardée, abîmée, presque effacée. Il la prit, la consulta, puis me rendit un regard incertain.

— Vous avez quel âge… Lila ?

— Vingt-sept ans, répondis-je. Ma voix sortit rauque, brisée, comme si mes cordes vocales avaient oublié comment vibrer.

Il haussa un sourcil.

— Votre voix… Qu’est-ce que vous avez ? Un rhume ? Une opération ?

Je baissai les yeux, hésitai. Puis je murmurai :

— Un incendie.

Il fronça les sourcils.

— Un incendie ?

— J’ai inhalé beaucoup de fumée. Ma voix ne s’en est jamais remise.

Je regrettai aussitôt d’avoir dit ça. Trop d’informations, trop tôt. Mais il ne posa pas plus de questions.

Il consulta sa montre.

— Vous avez quelques minutes pour un court entretien ?

— Bien sûr, dis-je en redressant légèrement les épaules.

Il m’indiqua une table au fond, à l’écart, et s’assit face à moi. Son ton devint un peu plus professionnel.

— Bien. Nom complet ?

— Lila Anderson.

— Expériences professionnelles ?

Je marquai un temps. Il me fallait choisir mes mots avec précision.

— J’ai fait pas mal de ménages… dans des cuisines collectives, des dortoirs, des sanitaires. J’ai travaillé à l’entretien dans une grande structure pendant plusieurs années. Nettoyage quotidien, lessive, désinfection… tout ce qui touche à l’hygiène.

Ce n’était pas un mensonge. C’était juste… un pan de vérité déguisé. Je prie le ciel pour qu’il ne me demande pas le nom ce soi-disant “grande-structure”.

Il prit des notes.

— Formation ? Diplôme ?

Je sentis mon estomac se nouer. Là, je dus faire un choix.

J’avais un bac professionnel, quelques modules de gestion, une licence en administration et même un master en gouvernance d’entreprise. J’avais travaillé dur pour ça. Mais tout avait été effacé le jour où Dante Whitemore avait déclaré que mes diplômes étaient faux, que je les avais achetés, falsifiés… Ce mensonge avait suffi à entacher tous mes dossiers.

Depuis, c’était comme si mon nom était synonyme de fraude. Même si ce n’était pas vrai. Même si je les avais obtenus honnêtement, avec des nuits blanches.

Mais qui me croirait maintenant ?

Je baissai les yeux, et choisis la sécurité.

— J’ai le brevet. Et j’ai appris le reste sur le terrain. Beaucoup de travail manuel.

Juste ce qu’il fallait. Pas trop. Pas assez pour attirer l’attention. Après tout, c’était un poste de ménage. On ne demande pas de bac +5 pour laver des sols.

Je sentais pourtant mon cœur battre plus fort dans ma poitrine. Le goût amer du mensonge me restait sur la langue. Mais la peur… La peur de perdre cette chance, si maigre soit-elle, me faisait taire le reste.

Il hocha la tête, toujours concentré sur son carnet.

— Famille, proches dans le coin ?

Je secouai la tête, gardant mes traits neutres.

— Non. Je suis seule.

Son regard se fit un peu plus perçant, mais il n’insista pas.

— Vous avez déjà travaillé dans un bar ?

— Non. Mais je peux apprendre vite.

Il hocha lentement la tête.

— À votre âge, on place généralement comme serveuse. Les pourboires sont bons, surtout ici. On a une clientèle fidèle, assez chic. Mais vous avez l’air…

Il ne termina pas sa phrase. Je devinai ce qu’il pensait. Usée. Éteinte. Pas le genre qu’on met devant les clients pour faire bonne impression.

— Vous êtes plutôt discrète, hein ? Peu sociable ?

Je ne répondis pas. Mon silence était une réponse en soi.

Il soupira et posa son carnet.

— Bon. Il reste un poste d’agent d’entretien. Nettoyage avant et après les services. Toilettes, cuisines, sols. Ce n’est pas très glorieux, le salaire est minimal. Mais le poste inclut une chambre à l’arrière et deux repas par jour.

Il me regarda comme pour me laisser une porte de sortie.

— C’est toujours mieux que rien, ajouta-t-il.

Je relevai les yeux vers lui. Il n’avait aucune idée à quel point il avait raison.

— Je prends, dis-je, simplement.

Il me fixa un instant, puis hocha la tête.

— D’accord. Je vous montre votre chambre.

Je le suivis en silence, à travers un couloir propre et carrelé. Mon cœur battait fort. J’avais un toit. Un lit. De quoi manger.

Je l’ai remercié d’un murmure. Ce n’était pas grand-chose mais pour moi, c’était un début.

Un premier pas vers quelque chose de nouveau.

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