Sébastien
J'avais dix-sept ans lorsque j'ai appris avoir été adopté. J'ai toujours su que quelque chose clochait. Je ne ressemblais à aucun de mes parents ni même à mes frères et soeurs.
Mais là encore j'aurais pu ressembler à un parent éloigné, comme un grand oncle par exemple, ou un arrière grand-parent.
Mais ce qui m'a mis la puce à l'oreille a été ce qui s'est déroulé un soir d'été au camps des jeunes loups, situé au sud de la forêt qui appartient à notre meute. Un camps destiné aux jeunes des meutes qui composent le royaume des loups. Notre royaume comprend quatre meutes: le royaume du Topaze dans lequel se trouve le palais royal, la meute du Diamant bleu, celle du Soleil ambré et enfin la mienne, la meute de la Lune d'argent. Ce camps est ouvert aux jeunes loups âgés de treize à dix-huit ans durant les vacances d'été, dans lequel on nous apprends à nous débrouiller en pleine nature avec les moyens du bord; un peu comme un camps de scout je dirais.
Une nuit cet-été là, mon coeur se mit à battre la chamade et je me sentais d'un coup tout transpirant. Je décidais de sortir de mon lit pour aller me rafraîchir dans le lac, avant de retourner dans le cabanon dans lequel je logeais pour l'été. Je partageais ce cabanon avec Maël, mon petit frère de quatorze ans, Louis mon meilleur ami et Daniel, un jeune de la meute du Soleil ambré qu'on a rencontré lors de notre premier été ici, il y a deux ans.
La pleine lune était présente ce soir-là et éclairait le chemin jusqu'au lac. Soulagé d'arrivé, je plongeais rapidement dans l'eau. Malgré la fraîcheur du lac, j'étais brûlant, et les sueurs froides n'en finissaient pas. D'un coup, une vague de douleurs atroces commença à m'envahir.
Sans comprendre ce qui se passait, je me retrouvais recroqueviller sous l'eau en train de suffoquer. La panique m'envahit lorsque je sentis mes os bouger, craquer... La douleur était insupportable et dura plusieurs minutes. Ce fut les minutes les plus longues de ma vie. Et j'avais peur que la douleurs ne s'arrête pas, peur que je finissse noyé dans le lac sans pouvoir retrouver ma famille... mes amis... Ella...
Soudain, la douleur s'arrêta. Je réussis à trouver un semblant d'équilibre et à sortir de l'eau. Mais ce que je ne m'attendais pas à voir étaient mes mains, mes jambes mais aussi tout mon corps recouverts de fourrure. Une fourrure noire comme l'ébène, tellement noir que des reflets bleu étaient visibles sous la lune.
Les transformations en loup ont lieu lorsqu'on atteint dix-huit ans de manière générale, donc je ne m'attendais pas à me transformer aussi tôt. Mais ce qui me choqua le plus était la forme de mon loup. Je tenais en effet sur deux jambes au lieu de quatre pattes. En contemplant mon reflet dans l'eau, je compris ce que j'étais...
...Un Lycan
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Louis
-"Nooon ! S'il vous plaît noooon !!!" cria Maël dans son sommeil.
"Encore un cauchemar ?" demanda Daniel, réveillé par son cri également.
"Encore et toujours à cause de son livre de zombies... ça l'empêche pas de recommencer à le lire avant de dormir en tous cas !" Je répondais en rigolant.
"Hé Maël! C'est bon réveille-toi, c'était qu'un rêve !"
"Hein...de quoi ???? Louis... sérieusement ? Pourquoi tu me réveilles alors qu'il fait encore nuit putain ?!"
"T'es sérieux ? C'est toi qui nous réveille en hurlant parce-que tu flippes et tu te plains ? Allez rendors-toi va!" je lui rétorquais en lui lançant mon oreiller sur la tête.
"Désolé les gars, c'est encore le mec du donjon qui voulait m'abattre... il avait un mix de hâche et de tronçonneuse...mais hey, il est où Seb ?" nous dit Maël, en tournant sa tête frénétiquement pour parcourir la chambre à la recherche de son frère.
"C'est vrai, j'avais même pas remarqué qu'il était plus là ! Il est sûrement sorti pour pisser... ou se vider les boules en pensant à Ella!" je lui répondais en explosant de rire et en checkant la main de Daniel.
"hahaha...c'est sûr!" dit Maël en ricanant.
En se regardant, tous les trois, la même idée nous vint:
"On va le prendre en flag ????" dis-je à mes amis avec un regard malicieux, exprimant à haute voix la même idée qui nous passa par la tête.
Sans perdre de temps, on se précipitait dehors pour surprendre notre ami.
Mais aucune trace de lui dans les bois. On marcha donc en direction du lac au cas où il serait parti se laver.
"Seb? T'es où mec ?" appela Daniel.
Aucune signe visuel de Seb, mais on se mit à entendre des grognements inhabituels d'un coup.
"Quand est-ce qu'on peut commencer à flipper quand une scène comme ça se passe dans un film ?" dit Maël en se collant à moi.
"C'est rien, sûrement les chiens d'Annie qui font la ronde!" je lui répondais en me retournant vers lui. Annie était la gardienne du camps, elle possédait deux dobermans qu'elle avait dréssé pour protéger le camps et qui restaient tranquilles avec les jeunes du camps.
C'est alors que j'entendis un grognement plus près cette fois, et que je vis les visages de Maël et Daniel se contorsionner de peur. Je me retournais pour suivre du regard ce qu'ils fixaient et je vis devant moi la bête la plus térrifiante que j'avais pu voir dans ma courte vie. Une sorte de moitié loup-moitié homme, debout avec de la fourrure et des dents acérées.
"UN LY...." cria Daniel, et ce fut la dernière chose dont je me souvenais avant de tomber dans les vapes.
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Maël
"UN LYCAAAAN !!" cria Daniel.
"un lycan... ?? LOUIIIIIIIIIS !!!! je criais de toutes mes forces en le voyant tomber raide parterre à la vue du monstre apparu devant nous.
"PUTAIN LOUIS!!!" criait Daniel. Je voulais fuir sans me retourner mais on ne pouvait pas abandonner Louis. Il le boufferait direct !
Après un petit moment, je me rendis compte que le monstre ne nous attaqua pas.
"MMMM... MMMMM" se mit à grommeler le monstre "MMMaèèè"
Je regardais la bête qui essayait de dire quelque-chose. Je fixais son regard et d'un coup, il me semblait familier. Des yeux gris bleu profond. Et je comprenais.
La bête devant moi n'était autre que mon frère.
SébastienJe bus avec avidité, comme si mes lèvres n’avaient pas touché l’eau depuis des jours — ce qui était sans doute le cas. Quelques minutes plus tard, la jolie dragonne revint, portant à la fois de quoi étancher ma soif et un bol de bouillon fumant. Je ne fus pas mécontent de pouvoir enfin avaler quelque chose, surtout après avoir respiré la bonne odeur du gibier et des épices qui mijotaient encore.Mon corps, encore engourdi par plusieurs jours d'inconscience, peinait à se mouvoir. Vénizia, attentive, se proposa de m’aider à manger. La scène avait quelque chose d’étrangement intime, mais ma faim prit le dessus sur ma gêne, et je me laissai faire. À chaque cuillerée qu’elle portait à mes lèvres, nos regards se croisaient en silence, lourds de sens. Alors, quand la voix de Roman interrompit notre échange muet, je lui en fus presque reconnaissant."Je n’voulais pas le croire tant que je ne l’avais pas vu de mes yeux ! Tu es bien réveillé…""Est-ce que je t’ai manqué ?" répliquai-j
SébastienLe noir. Tout autour de moi était plongé dans le noir. Je ne savais pas où j'étais, dans quel état, ni même ce que je faisais là. Aucun bruit ni aucune lumière ne m'entourait. J'étais plongé dans l'obscurité la plus totale. Est-ce que j'avais toujours ressenti ce silence ? Peut-être étais-je endormi ? Ou ...mort ?La dernière chose dont je me souvienne est la chute de l'assassin de mon frère dans le précipice... Et après, trou noir ! Peut-être qu'il fallait que j'ouvre les yeux et que je me lève pour pouvoir appercevoir la lumière à nouveau. Je ne savais même pas si j'étais allongé ou debout ! Mes yeux semblaient cligner malgré l'obscurité, ils étaient donc ouverts... Où étais-je ? Qu'est-ce que je faisais ici ?Soudain, un son léger, aigu, résonna dans l’immensité silencieuse, qui me fit me redresser aussitôt. Je suppose que je devais être assis maintenant. Une pointe de crainte m’envahit, vite remplacée par la curiosité. Après quelques secondes, le bruit revint, plus disti
Ella"Aaargh" "Ça va aller, mordez-ça !" ordonnai-je doucement à l'un des bléssés, dont une partie du dos avait été arrachée, laissant la peau déchirée et pendante. J’avais commencé à recoudre un côté après l’avoir repositionné, mais la plaie était si vaste que chaque point prenait de longues minutes, et son agonie semblait interminable. Je lui avais fait inhaler un anesthésiant, mais son effet était insuffisant face à l’ampleur de sa blessure.Je savais qu’un sédatif plus puissant aurait pu l’envelopper dans un sommeil artificiel, l’arrachant à sa douleur. Mais ces remèdes précieux devaient être réservés aux cas les plus désespérés : lorsque le corps devait être ouvert ou qu’un membre devait être amputé. Nous n’en possédions pas assez pour offrir ce répit à tous nos blessés.Une vingtaine de minutes plus tard, mes mains engourdies cessèrent enfin leurs gestes mécaniques. Le souffle court, je laissai tomber l’aiguille et le fil dans la bassine rougie par le sang."C’est terminé…" sou
EllaDes heures et des heures s'étaient écoulées depuis la terrible nouvelle qui m'avait brisée de l'intérieur. Je n'avais plus la notion du temps : nuit et jour se confondaient et filaient trop vite, beaucoup trop vite pour mon esprit engourdi. Je n'avais pas la force de me lever pour aider sur le camp, ni même pour manger. Il fallait pourtant que je me ressaisisse : les bruits qui venaient de l'extérieur indiquaient que les blessés n'en finissaient pas. La guerre avec le Zangar avait bel et bien commencé, et moi, je restais là, immobile, inutile.J'avais tant pleuré que je me sentais vidée. Je ne savais plus qui j'étais maintenant qu'une part de mon cœur avait disparu avec l'amour de ma vie. Mon âme semblait vide, elle-aussi ; j'errais dans un corps hanté par le souvenir de Sébastien. J'avais besoin d'avancer, mais j'ignorais comment rallumer la flamme qui s'éteignait peu à peu en moi.Était-il possible de se relever de cette douleur ? D'autres avant moi étaient passés par là, j'en
Rose-Anna(Flashback) "Où est-il... le messager ?" je demandai à Ytéris, les yeux fixés sur le visage endormi de ma meilleure amie."Il était avec Féras avant qu'Ella ne perde conscience. Il doit être dans une des tentes maintenant..." Je hochai la tête, en me redressant doucement."Reste auprès d'elle jusqu'à ce que je revienne. S'il te plaît.""Compte sur moi!" me dit mon ami, avant que je ne me précipite à l'extérieur, prête à interroger l'homme dragon sans attendre.J’aperçus Féras devant la tente secondaire et me précipitai vers lui :"Où est le messager ?""Dans cette tente, mais Rose…"Je m’étais déjà dirigée vers l’entrée lorsqu’il m’interpella, le regard grave. Je le fixai, silencieuse, attendant qu’il termine sa phrase."Il est dans un sale état. Quoi que tu veuilles lui demander, fais vite, et laisse-le se reposer."Ytéris n’était pas du genre à donner des ordres. Toujours souriant, prêt à charmer ou à plaisanter, il était rarement sérieux, sauf quand la situation l'exigea
Ella"Il faut manger Liam, où vous ne pourrez pas vous rétablir !" j'implorai le jeune guerrier, qui se força à sourire pour ne pas me peiner."J'ai perdu un bras Ella, je ne pourrai jamais retrouver la force que j'avais..." murmura-t-il, une pointe d’amertume dans la voix. Je comprenais sa désillusion et son aigreur. À sa place, je serais dévastée. Je savais combien sa vie allait changer, surtout lorsqu’il tenterait de se transformer."Liam-""Ella, s'il vous plaît, n'insistez pas." J'expirai dramatiquement, partagé entre respecter sa demande et le pousser dans ses retranchements. Je misai sur le premier et décidai de le laisser se reposer.Liam était un veuf de vingt-sept ans, ayant perdu sa compagne et sa petite fille dans un accident quelques années plus tôt. Ces quelques jours passés à soigner ses blessures nous avaient permis de discuter et de nous découvrir peu à peu. C’était un homme d’une gentillesse rare et d’un respect remarquable pour son âge. Comme Lucas, il faisait parti