LOGINSébastien
Je pense que je le savais au fond. J'aimais ma famille mais je sentais qu'il y avait quelque-chose, que j'étais différent de ma fratrie. Pas seulement physiquement, mais j'étais aussi plus solitaire, moins jovial. Mais d'avoir été abandonné à la naissance et adopté par des parents que j'avais toujours considéré comme les miens biologiquement parlant... non, j'étais loin de cette idée. Non seulement j'étais un lycan, mais mes parents biologiques ne voulaient pas de moi.
Plus tard ce soir-là, je prévenais mes parents que je voulais en parler à mes frères et soeurs et on décidait de leur en parler à la fin du repas.
Lucas et Emma étaient choqués mais m'ont tout de suite fait comprendre que je restais leur frère. Lucie ne comprenait pas trop mais insista sur le fait qu'elle était toujours ma petite soeur et que je restais son frère préféré. Mais Maël... Maël était...triste ? Pas un mot, il resta silencieux tout au long de cette discussion. De tous, c'était avec lui que je partageais le plus de choses. Alors sa réaction me peina.
"J'me disais bien aussi que c'était pas normal que t'hérites de cet allure de Shawn Mendes alors que je ressemble à David Chauvet !" me lançait Lucas avec un sourire en coin.
"David Chauvet hmm... version chip alors?" Emma lui répliqua en me checkant la main. On éclata de rire tous les deux. Mon frère lui tira une mèche de cheveux pour lui faire payer ses paroles et me balança son poing dans le bras pour avoir oser rire à ça, puis il éclata de rire à son tour.
"Bien les enfants, à qui le tour de vaisselle ?" nous demanda notre mère avec un sourire en coin. Mais on voyait bien que ses yeux étaient rouges.
"A moi Maman !" je lui répondis sans attendre. Chacun débarassa son assiette, pendant que je retrouvais ma mère dans la cuisine.
"Tu vois, rien ne change. Toujours la même routine chez les Deslords."
"Toujours" je lui répondis en la prenant dans mes bras et en lui faisant un bisou sur le front.
Après avoir terminé la vaisselle, je décidais d'aller retrouver mon frère dans notre chambre. Au moment d'y entrer, je m'apperçus qu'il n'y était pas. Alors je décidais d'aller voir dehors, dans l'arbre sur lequel on avait tenté de fabriquer une cabane il y a quelques années, mais qui n'était toujours pas terminée. Il n'y avait qu'une plateforme, avec deux murs. On l'appelait la cab, sans vouloir prononcer le mot entier tant qu'elle n'était pas terminée.
En sortant de la maison, je le vis allongé sur la plateforme.
"Depuis quand tu t'sens de dormir dans la cab? La nuit, tout seul en plus ?" lui dis-je avec un sourire en coin.
Mais Maël ne sourit pas. Je ressentis comme un pincement au coeur. "Maël... ça y est ? Il suffit d'apprendre qu'on a pas le même sang pour qu'tu décides de m'zapper ?"
"Arrêtes Seb, tu sais qu'c'est pas ça ! "
"Alors c'est quoi ?"
"Si j'suis plus ton frère alors j'suis quoi maintenant ? Louis est ton meilleur pote alors la place est déjà prise ! Mais pour moi tu restes mon frère et mon meilleur ami, et maintenant t'as une famille avec potentiellement d'autres frères... et peut-être des princes en plus ! Alors à côté de ça, moi j'suis quoi ? J'fais pas le poids ! " me dit mon petit frère avec des yeux humides et un peu enervé.
"Ca m'fait vraiment mal d'entendre ça tu sais ? Tu es et tu seras toujours mon frère, sans ou pas sang! Tu sais qu'je considère Louis comme un frère aussi, alors qu'on partage pas le même sang non plus. Et toi et moi on est et on sera toujours aussi proches ! C'est vous ma famille Maël !"
"Je sais mais... j'sais pas... j'suis dégouté, et énervé, et saoulé et... triste putain !"
"Je sais... moi aussi." et sur ces mots je le pris dans mes bras comme je le faisais quand je le réconfortais quand il était petit.
"Du coup, tu seras peut-être pas autant gâté par la nature que moi au final..." Je lui dis pour détendre l'atmosphère en souriant. Mon frère laissa échapper un rire discret.
"J'm'en fous d'ça!". "...Enfin, je l'serai peut-être plus...!" il ajouta.
"Hmm j'espère pas pour ta future compagne ou elle risque de fuir en la voyant!" je lui répondis. Et on éclata de rire tous les deux.
"C'est possible ça? Que ma future compagne ne veuille pas de moi à cause de sa taille j'veux dire ?"
"Nan, les meufs ont peur au début mais elle s'y font, enfin j'pense..."
"T'as déja... fait des trucs avec une meuf ?" me demanda Maël.
"Maël !"....c'est gênant!"
"Quoi ? T'es mon frère ! Si c'est pas Lucas ou toi qui me conseillez, alors qui d'autre ?"
"Va voir Lucas."
"Seb! S'te plaît! Raconte-moi! Je sais pas comment on doit gérer une meuf."
"Nan! J'ai jamais couché. Mais j'utilise ma main souvent..."
"Mais le soir de l'anniversaire de Luc, avec Louis vous avez suivi Claudia et Lou dans une des chambres!"
Flashback
Sébastien - quelques mois auparavant
"ça y est j'pense que j'suis prêt, mec! Ce soir je vais goûter au plaisir des femmes." me dit Louis.
"Quoi ? avec qui ? Y' a qu'des meufs plus âgées ce soir! Si c'était pas les vingts ans de Luc, on serait même pas là!"
"Mais justement, t'as rien compris! certaines meufs aiment bien les p'tits jeunes. Observe et apprends!" me dit Louis en voyant Lou arriver près de nous avec Claudia, deux amies de mon frère.
"Hey Lou, ça va ?" dit Louis avec un sourire charmeur.
"Qu'est-ce que tu veux Louis?
"Bin... ça vous dirait de vous offrir à nous ce soir ?"
"Quoi? Et si t'allais plutôt réviser le brevet!" lança Claudia en rigolant avec Lou. "On a vingt ans Louis, vous avez quoi seize, dix-sept ? On joue pas dans la même catégorie". Je vis Lou poser sa main sur le bras de Claudia pour la stopper.
"Attends Clau', peut-être qu'on pourrait passer un petit moment avec les garçons en privé?" Claudia la regarda surprise, puis compris dans son regard qu'elle avait une idée derrière la tête.
"C'est vrai ? Suivez-nous, y'a une chambre de libre à l'étage !" répondit Louis tout excité en prenant la main de Lou pour la mener au premier.
EllaLes jours qui suivirent virent l’état d’Oncle Adam s’améliorer peu à peu. Nous étions prêts, enfin, à regagner le Palais du Topaze.Trois jours s’étaient écoulés depuis que la Reine avait dépêché ses messagers, porteurs des nouvelles de notre armée. À cette heure, ma mère devait déjà savoir… savoir que Vincent ne reviendrait pas. Cette pensée me serra le cœur, même si j'étais soulagée de la mort de mon bourreau. Je m'en voulais de ne pas avoir trop pensé à elle ces derniers temps. J’aurais voulu lui écrire, lui parler, la consoler — mais mon propre chagrin emplissait tout l’espace de mon âme, ne laissant place à rien d’autre que le silence et la douleur. Autour de nous, une dizaine de dragons demeurés pour garder le Riom se tenaient prêts, majestueux et impassibles, sous les ordres du Général. À son appel, ils prirent leur forme animale pour nous transporter jusqu’au Palais du Roi Cyrus.La Reine Ariana se tenait là, avec ses enfants, pour nous faire ses adieux. Elle rayonnait d
Ella Nous étions à présent réunis dans le vaste bureau du Roi Nolas. La Reine, droite et digne malgré la fatigue qui voilait son regard, avait pris place derrière le bureau royal, dans le fauteuil qu’elle occupait désormais en l'absence de son époux. Son fils à sa droite et le Général à sa gauche, tous les deux debouts. Oncle Adam avait expressément demandé à assister à l’entretien lorsque viendrait le moment de rapporter les nouvelles du front. Aussi, sur ordre de Toras, l’un des domestiques du palais fut envoyé sans tarder pour le faire quérir."Alors... aucune avancée !" La voix de la Reine trembla légèrement, son ton voilé par une amertume contenue. "Deylanor demeure prisonnière, et pendant ce temps, nos armées s’amenuisent, déchirées par des pertes toujours plus lourdes." Sa gorge se serra à la fin de sa phrase, comme si les mots eux-mêmes lui pesaient. Nous venions à peine d’achever notre récit, et seuls oncle Adam, Liam et les deux dragons présents avaient pu apporter des nouv
EllaLe soir venu, nous rejoignîmes le grand hall du Palais, où le repas avait été dressé en notre honneur. De hautes torches couraient le long des murs de pierre, projetant sur les tentures des ombres dorées qui dansaient au rythme des flammes. Le parfum des mets se mêlait à celui du bois brûlé et de la cire fondue, emplissant l’air d’une chaleur apaisante après tant de jours passés dans le froid et la peur. La Reine Ariana, fidèle à la bienveillance qu’on lui connaissait, nous invita à demeurer quelques jours de plus au Palais avant de repartir pour le Topaze. Elle insista, presque maternelle, sur la nécessité de repos et de soins. Compte tenu de l’état d’Oncle Adam, il nous fut impossible de refuser.Je m’installai à la grande table qui traversait presque tout le hall — un véritable banquet, capable d’accueillir plus d’une centaine de convives — avec Rose à mes côtés. À la place d’honneur siégeait la Reine, entourée de ses enfants : la princesse Érine, une jeune fillette à la prest
Ella Nous faisions nos adieux à nos camarades, à nos mentors, et aux soldats que nous avions soignés et appris à connaître au milieu de ce chaos. Je terminai mes adieux avec Vérys, la remerciant pour tout ce qu’elle m’avait appris et pour le soutien qu’elle m’avait offert après l’annonce de ma... grossesse, avant de me rapprocher du convoi."Prête à rentrer ?" une voix familière, douce et grave à la fois, me fit sursauter doucement. Je me retournai."Liam..." Son sourire fit naître le mien, malgré mes yeux gonflés de larmes après toute une matinée de pleurs. "Je crois...."Étais-je vraiment prête ? Partir, c’était accepter la mort de Sébastien. C’était m’éloigner de lui, de son corps — où qu’il ait pu être enterré… si tant est qu’il l’ait été.Sa promesse de me retrouver flottait encore dans l’air, en suspens, vouée à ne jamais s’accomplir.J’avais mal. Atrocement. Et je ne savais pas comment avancer avec cette douleur constante qui me rongeait le cœur. Les rares instants où elle m
Rose-AnnaJ’observais mon père, étendu sur le tapis qu’il n’avait plus quitté depuis trois jours, au fond de notre tente. On m'avait laissé l'amener dans notre tente pour le surveiller de près. Ses traits, autrefois durs et décidés, semblaient s’être adoucis sous le poids de la fatigue et de la douleur. Après lui avoir soigné ses blessures, il avait sombré dans un sommeil profond, presque comateux, qui dura douze heures. À son réveil, il semblait dans un meilleur état mais paraissait encore faible — mais après ce qu’il avait enduré, comment aurait-il pu en être autrement ?Il était temps de rentrer. Je ne pouvais m’empêcher d’éprouver un certain soulagement en constatant que mon père se rétablissait au moment même où Ella devait elle aussi regagner la meute. Jamais je n’aurais quitté le camp sans lui — c’était pour lui, avant tout, que j’étais venue.Un pincement au cœur me traversa pourtant à l’idée de partir. Quitter ces visages devenus familiers, laisser derrière nous des blessés qu
SébastienJ’émergeai lentement du sommeil, les paupières lourdes, le corps engourdi. L’air était froid, humide et chargé d’une odeur de moisissure qui me donna presque la nausée. Le cliquetis des chaînes sur le pavé, ou peut-être le simple frottement du métal, résonnait dans le silence oppressant. Était-ce cela, ou la morsure glaciale de la pierre sous mon visage qui m’avait réveillé ? Peu importait.Les souvenirs me revinrent par fragments : la forêt, la nuit, Roman et nos hommes à mes côtés, progressant pour rejoindre Cyrus et les siens de l’autre côté du Palais. Un cri, des bruits confus… puis le noir complet. La douleur lancinante à l’arrière de mon crâne me confirma qu’un coup m'avait été porté.Je restai un moment immobile, les yeux fixés sur le mur froid et humide, suivant du regard une ombre floue qui glissait lentement, avant de rassembler la force de me redresser."Sébastien ! Réveille-toi !"La voix de Roman, éraillée par la fatigue, fendit l’obscurité. Je me tournai lenteme







