Share

Le parfum de l’omega
Le parfum de l’omega
Author: dainamimboui

Chapitre 1

Author: dainamimboui
last update Huling Na-update: 2025-04-02 22:33:14

Le frottement du chiffon contre le bois poli résonnait doucement dans la chambre baignée de lumière. Ryse s’appliquait, passant le tissu humide sur chaque surface avec la minutie d’un travail qu’elle connaissait par cœur. Elle venait de finir de faire le lit, et les draps blancs parfaitement tendus donnaient à la pièce un aspect immaculé. Ici, tout devait être parfait, impeccable, sans la moindre trace de poussière ou de négligence.

Elle repoussa une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et recula de quelques pas pour inspecter son travail. La grande chambre d’amis, qui n’avait pas été occupée depuis des mois, était désormais prête. D’un geste automatique, elle ramassa son seau et son chiffon, puis se dirigea vers le couloir silencieux.

Les journées de Ryse étaient toujours les mêmes : du matin au soir, elle s’occupait du nettoyage, du linge, parfois de la cuisine quand on avait besoin d’aide. C’était une routine bien rodée, une existence discrète au sein de cette immense demeure où elle avait grandi sans jamais vraiment y appartenir.

Elle longea le couloir aux murs ornés de tableaux anciens et poussa la porte de la chambre suivante. Une brise légère entrait par la fenêtre entrouverte, soulevant légèrement les rideaux blancs. Ici, l’air sentait la lavande, l’odeur familière des draps fraîchement lavés. Ryse commença son travail avec la même application, effaçant toute trace de poussière avant de lisser le couvre-lit d’un geste précis.

Son esprit vagabonda un instant alors qu’elle replia une couverture. Aujourd’hui, Nigel revenait.

Dix ans.

Dix ans depuis qu’il était parti pour les États-Unis, emportant avec lui l’image du grand frère qu’il avait toujours été pour elle. Il l’avait protégée, écoutée, soutenue, surtout après la mort de sa mère. Mais il était parti, et le temps avait fait son œuvre. E aujourd’hui.

. Nigel était le fils héritier de la famille Harris. Son retour ne changerait rien à son quotidien.

Lorsqu’elle eut terminé la dernière chambre, elle descendit au rez-de-chaussée, ses pas légers à travers les longs couloirs. L’air se chargeait déjà d’odeurs appétissantes, et lorsqu’elle entra dans la grande cuisine en pierre, l’atmosphère chaleureuse la fit sourire malgré elle.

« Ah, Ryse ! Tu tombes bien ! » s’exclama Martha, la cuisinière, en essuyant ses mains pleines de farine sur son tablier. « Viens m’aider à éplucher ces légumes, le dîner doit être prêt à temps ! »

Ryse posa son seau dans un coin et retroussa ses manches avant de prendre place à la grande table de bois massif. Elle attrapa un couteau et une carotte avant de commencer à éplucher avec l’aisance de l’habitude.

« La maison est prête pour son retour ? » demanda Martha en pétrissant une pâte avec énergie.

Ryse hocha la tête sans lever les yeux. « Oui, tout est en ordre. »

Martha poussa un soupir. « Je me demande à quoi il ressemble maintenant… Dix ans, c’est long. Il était un beau garçon, il doit être devenu un homme impressionnant. »

Ryse esquissa un petit sourire. « Peu importe à quoi il ressemble, il ne va pas passer ses journées avec nous en cuisine. »

La cuisinière éclata de rire. « Ça, c’est sûr ! Un héritier comme lui a d’autres préoccupations. »

Ryse continua son travail en silence, laissant Martha discuter avec les autres domestiques. Elle était reconnaissante de ces moments simples, où elle pouvait s’occuper sans penser à ce qui l’attendait. Car même si elle se disait que rien ne changerait, une petite part d’elle savait que l’arrivée de Nigel marquerait un tournant..

Et même si Ryse n’éprouvait pour lui qu’un attachement fraternel, elle savait que cette maison ne serait plus jamais la même.

Le soleil déclinait doucement à travers les grandes fenêtres de la cuisine lorsqu’elle termina ses tâches. Le dîner était presque prêt, la maison était impeccable. Tout était en place pour accueillir le fils prodigue.

Le jour déclinait lentement, teintant le ciel d’orange et de rose à travers les rideaux fins de la chambre de Ryse. Assise sur le bord de son lit, elle laçait distraitement sa cheville fine, profitant du rare moment de répit que lui offrait la fin de sa journée. Ses muscles endoloris par les heures de travail protestaient légèrement, mais elle avait l’habitude.

Elle ferma les yeux un instant, laissant le silence de sa chambre l’envelopper. Dans cette maison où elle avait grandi en tant que fille de la domestique mais depuis la mort de sa mère , elle n’avait plus eu de véritable place. Ni vraiment domestique, ni vraiment membre de la famille, elle naviguait entre les deux mondes sans s’attarder sur ce que cela signifiait.

Mais ce soir, ce silence fut soudain brisé.

Des éclats de voix résonnèrent depuis le rez-de-chaussée, portés par l’enthousiasme d’une réunion longtemps attendue. Des rires, des exclamations, un accueil chaleureux qui ne pouvait signifier qu’une chose : Nigel était enfin rentré.

Ryse ouvrit les yeux, fixant le plafond dans l’obscurité naissante de sa chambre. Elle hésita un instant, puis se leva, lissant sa robe d’un geste automatique. Elle ne s’attendait pas à grand-chose de cette soirée, mais quelque chose l’attirait tout de même vers le salon. Peut-être une simple curiosité, peut-être ce besoin inconscient de voir de ses propres yeux à quel point il avait changé.

Ses pas furent légers dans l’escalier alors qu’elle descendait, effleurant la rambarde de bois poli. Plus elle approchait du grand salon, plus les voix devenaient distinctes, emplies d’émotion et de joie.

Lorsqu’elle franchit l’encadrement de la porte, la scène qui s’offrit à elle lui parut presque irréelle.

Au centre de la pièce, madame Harris serrait un homme dans ses bras, les yeux brillants de larmes.

« Mon fils… Mon garçon, te voilà enfin ! »

Il était grand. Beaucoup plus grand que dans ses souvenirs.

Nigel Harris n’était plus le jeune homme qu’elle avait connu. Son dos large, sa stature imposante, tout en lui dégageait une force tranquille, une prestance naturelle qui imposait le respect. Son visage, sculpté par les années, arborait des traits plus marqués, une mâchoire forte, des yeux sombres où l’ombre du passé s’était mêlée à la maturité. Son costume élégant lui donnait un air distingué, bien loin du garçon insouciant qui parcourait autrefois les couloirs de cette maison.

Ryse resta en retrait, observant la scène sans un mot.

À côté de Nigel, une jeune femme se tenait droite, le regard curieux mais empreint d’une certaine douceur. Elle était belle. D’une beauté délicate et raffinée, avec ses cheveux bruns soigneusement coiffés et sa robe parfaitement ajustée à sa silhouette élancée. Une femme qui appartenait à son monde.

« Mère, je te présente Éloïse », c’est ma fiancée , déclara Nigel en se tournant vers elle.

Éloïse s’inclina légèrement, un sourire charmant aux lèvres. « C’est un plaisir de vous rencontrer enfin, madame Harris. Nigel m’a beaucoup parlé de vous. »

Madame Harris lui adressa un sourire poli, mais Ryse, elle, remarqua l’éclat fugace dans les yeux de la maîtresse de maison. Un éclat indéchiffrable, peut-être même un soupçon de déception.

Mais tout cela ne concernait pas Ryse. Elle n’était qu’une simple observatrice de cette scène qui n’avait rien à voir avec elle.

Pourtant, lorsque Nigel redressa la tête, son regard balaya la pièce et croisa le sien.

Un instant suspendu.

Ryse sentit son cœur rater un battement. Pas à cause d’un quelconque trouble romantique – non, ce n’était pas cela. Mais ce regard… Ce regard qui la fixait comme si elle était une étrangère.

Comme si elle n’avait jamais existé.

Nigel n’eut aucune réaction. Aucune reconnaissance dans ses yeux.

Juste une indifférence polie.

Ryse sentit un frisson glisser le long de son dos. Dix ans s’étaient écoulés, et il ne restait plus rien du garçon qui la prenait dans ses bras lorsqu’elle pleurait.

Elle n’était plus qu’une ombre parmi tant d’autres dans cette maison qui l’avait vue grandir.

Et ce soir, plus que jamais, elle en prit pleinement conscience.

Chapitre 2 (suite)

Le silence entre eux dura une fraction de seconde, mais il sembla s’étirer à l’infini.

Ryse n’était pas du genre à attendre quoi que ce soit de Nigel, pas après tant d’années. Pourtant, elle se surprit à avancer d’un pas, puis d’un autre, jusqu’à se retrouver face à lui. Il était encore plus impressionnant de près, son aura écrasante, presque intimidante. Elle déglutit légèrement, puis, dans un geste aussi naturel que maladroit, elle lui tendit la main.

« Bon retour, Nigel. »

Patuloy na basahin ang aklat na ito nang libre
I-scan ang code upang i-download ang App

Pinakabagong kabanata

  • Le parfum de l’omega    Chapitre 55

    Et au premier étage, dans une chambre lumineuse décorée de tons bleus et blancs, le petit Rygel remuait dans son sommeil, loin de tout ce tumulte d’adultes. Il ne savait pas encore qu’il venait d’être arraché à l’amour pur d’une mère, qu’il était devenu l’enjeu d’un combat silencieux, entre amour, douleur, possession et regrets.Une semaine s’était écoulée depuis l’arrivée de Rygel chez Nigel. Une semaine faite de silences tendus, de routines imparfaites et de pleurs trop longs la nuit. L’enfant, autrefois paisible dans les bras de sa mère, s’agitait, pleurait sans cesse, refusait de s’alimenter correctement. L’infirmière Brigitte, qui avait veillé sur lui avec tout le professionnalisme qu’on attendait d’elle, commençait à s’inquiéter.Ce matin-là, Rygel avait vomi deux fois et s’était mis à gémir sans relâche. Brigitte posa sa main sur son front moite, fronça les sourcils, et le berça tout doucement. Malgré ses gestes tendres, le petit continuait de pleurer, de hurler, jusqu’à s’endo

  • Le parfum de l’omega    Chapitre 54

    La salle d’audience était froide, silencieuse, presque irréelle. Chaque banc occupé semblait porter le poids d’un drame que personne n’osait nommer. D’un côté, Nigel, vêtu de noir comme s’il était venu enterrer quelque chose — ou quelqu’un. À ses côtés, Éloïse, droite et calme, jouant parfaitement le rôle de la compagne dévouée. En face, Ryse, fragile silhouette dans une robe beige trop large, les traits tirés par les nuits sans sommeil, les cernes creusant son regard brisé. À sa droite, Charles, droit, ferme, les mains serrées sur son dossier, prêt à tout pour défendre Ryse. Plus loin, Léonie, silencieuse, venue en observatrice mais incapable de rester indifférente. Le juge, une femme dans la cinquantaine au visage sévère, feuilletait les documents d’une main rapide. — Madame Ryse Harris, Monsieur Nikola Nigel Harris Après étude du dossier, auditions des deux parties et considérations des preuves fournies, nous allons statuer sur la garde de l’enfant, Nikola-Rygel Harris. Un si

  • Le parfum de l’omega    Chapitre 53

    Nigel la fixa un moment, puis soupira longuement. Il s’avança de quelques pas et, sans un mot, laissa ses phéromones se libérer dans l’air.Ryse sentit l’atmosphère s’alourdir d’un coup. Une vague invisible s’insinua dans son esprit, chaude, étouffante, irrésistible. Ses pupilles se dilatèrent, son cœur s’affola. Son esprit, déjà fatigué par les nuits sans sommeil, se retrouva envahi par cette présence dominante, impérieuse.— Nigel, murmura-t-elle, la voix brisée. Arrête… s’il te plaît… pas ça…Mais il ne répondit rien.Il s’assit face à elle, les yeux rivés aux siens, et appuya doucement le stylo dans sa main.— Signe.Elle tenta de résister, de se lever, de fuir cette sensation envahissante. Mais ses jambes ne répondaient plus. Sa volonté flanchait, noyée sous cette pression olfactive qui brouillait ses pensées. Dans un geste mécanique, elle abaissa la plume et signa. Trois fois.Une larme roula sur sa joue.Nigel reprit aussitôt les feuilles, les rangea dans sa sacoche sans un mot

  • Le parfum de l’omega    Chapitre 52

    Le soleil s’élevait à peine dans le ciel que Léonie se trouvait déjà dans son bureau, les mains jointes sous son menton, le regard fixe sur l’écran de son téléphone. La conversation qu’elle s’apprêtait à avoir n’était pas banale. Elle le savait. Mais elle n’en pouvait plus de rester les bras croisés.Elle inspira profondément avant de composer le numéro de son fils.Il décrocha au bout de quelques sonneries, la voix un peu sèche, à peine réveillée.— Maman ? Tout va bien ?— Non, Nigel. Rien ne va. Il faut qu’on parle.Un silence. Puis un soupir.— Je suppose que ça a à voir avec Ryse.— Bien évidemment. Elle m’a tout dit. Tu veux lui prendre son enfant, l’arracher à elle comme s’il s’agissait d’un objet ! Tu as perdu l’esprit ?Nigel resta un moment silencieux avant de répondre avec une étonnante froideur :— Je n’ai pas perdu l’esprit. C’est justement parce que je sais ce que je fais que je prends cette décision. C’est la meilleure chose à faire.— Meilleure pour qui ? Pour toi ? Po

  • Le parfum de l’omega    Chapitre 51

    Elle hésita, puis lui tendit son fils, les mains tremblantes. Elle alla s’asseoir dans le canapé pendant que Charles berçait le petit.— Il a les yeux de sa mère, dit-il doucement. Et son cœur aussi, j’espère…Ryse enfouit son visage entre ses mains, secouée par des sanglots silencieux.— Je ne veux pas qu’il me l’enlève, Charles. Il n’a jamais voulu de lui. Il a été cruel, froid, absent. Et maintenant, il vient me le voler. Comme si j’étais incapable. Comme si j’étais… rien.Charles la rejoignit sur le canapé, toujours tenant Rygel contre lui, et la regarda avec une intensité calme.— Écoute-moi bien. Tu n’es pas rien, Ryse. Tu es sa mère. Tu as tout sacrifié pour cet enfant. Tu l’as porté. Tu l’as aimé. Tu continues à te battre seule, chaque jour. Ce que Nigel fait… c’est lâche. C’est une tentative désespérée de contrôle. Mais il ne gagnera pas.Elle releva les yeux, pleins d’espoir mêlé à la peur.— Tu peux m’aider ?— Je vais tout faire pour, répondit-il d’un ton résolu. Je vais c

  • Le parfum de l’omega    Chapitre 50

    grande villa de Nigel baignait dans un silence paisible, brisé par les bruits de marteaux, de perceuses et de cartons qu’on ouvrait à la hâte. Dans une des pièces du deuxième étage, une armée de décorateurs installait ce qui serait bientôt la chambre de Nikola-Rygel.Éloïse tournait sur elle-même, observant chaque détail : les murs bleu pastel ornés de petits nuages en relief, le grand berceau blanc laqué, les meubles adaptés à la taille d’un nourrisson. Il y avait des peluches dans un coin, des vêtements pliés sur une commode, et un tapis moelleux en forme d’ours.Elle souriait de toutes ses dents, heureuse, presque euphorique.— C’est parfait, murmura-t-elle. Vraiment parfait.Nigel, appuyé contre l’encadrement de la porte, observait la scène sans dire un mot. Il n’avait pas participé aux choix de la décoration. Tout avait été confié à Éloïse, qui s’en était donné à cœur joie.— Tu vois, dit-elle en se retournant vers lui, tu n’avais pas à t’inquiéter. Rygel sera bien ici. Je me su

Higit pang Kabanata
Galugarin at basahin ang magagandang nobela
Libreng basahin ang magagandang nobela sa GoodNovel app. I-download ang mga librong gusto mo at basahin kahit saan at anumang oras.
Libreng basahin ang mga aklat sa app
I-scan ang code para mabasa sa App
DMCA.com Protection Status