Le soleil peinait encore à percer les rideaux épais de la chambre quand Nigel ouvrit les yeux. L’odeur dans la pièce était différente. Trop douce. Trop familière. Et surtout, trop dérangeante.Il tourna la tête, lentement, le corps engourdi par un mélange d’épuisement et de tension retenue. Son regard se posa sur elle.Ryse.Elle dormait, la tête tournée vers le mur, son dos nu partiellement recouvert par le drap. Sa respiration était régulière, calme, comme si de rien n’était. Comme si la nuit qu’ils venaient de traverser n’avait rien de tragique.Mais dans la tête de Nigel, le tumulte grondait.Il se redressa brusquement, repoussant les draps, pris d’un dégoût qu’il ne s’expliquait pas. Il se leva, se passa les mains sur le visage puis dans les cheveux, et jura entre ses dents. Comment avait-il pu… ? Comment avait-il pu se laisser aller à ça ?Et avec elle ? Avec elle ?Comme si elle l’avait senti se lever, Ryse se tourna doucement. Son regard encore ensommeillé se posa sur lui. Ell
Ryse se leva lentement de son lit, sentant la douleur lancinante irradier de sa nuque, là où la marque de Nigel brûlait sous sa peau. Un pic de douleur la fit se plier en deux, l’obligeant à poser une main sur le côté de son cou. La chaleur de la marque semblait s’étendre à chaque respiration, chaque battement de cœur. Elle se força à se lever malgré la souffrance, le corps engourdi par l’inconfort.Elle avait à peine posé un pied hors du lit lorsque son nom résonna, brisé par l’écho de la nuit : “Ryse !” Ce cri, empli de colère et d’angoisse, la fit se figer sur place. Ses mains tremblaient légèrement alors qu’elle se retrouvait dans une sorte de paralysie, incapable de bouger. Elle chercha la source de ce cri, son cœur battant la chamade.À peine eut-elle le temps de réfléchir que la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement, et Nigel entra dans la pièce. Son visage était marqué par une expression qui oscillait entre la colère et la préoccupation. Ryse recula instinctivement, sentant
Le week-end arriva bien plus vite que Ryse ne l’avait imaginé. Toute la semaine, la maison avait été animée par des allées et venues incessantes. Des ouvriers s’affairaient à aménager le jardin que Nigel lui avait promis. Depuis sa chambre, elle les entendait travailler, planter, creuser, ériger des treillages pour les rosiers grimpants.Elle aurait aimé descendre et observer de plus près, mais elle savait que la gouvernante veillait. Nigel avait été clair : elle ne devait pas sortir seule, et cela la frustrait terriblement. Pourtant, lorsqu’elle vit le résultat final, une joie enfantine l’envahit.C’était magnifique.Le jardin était conçu comme un petit havre de paix, avec un banc en bois blanc sous un grand cerisier, une allée bordée de buissons fleuris et une fontaine en pierre qui chantonnait doucement. Tout était exactement comme elle l’avait décrit lorsqu’elle avait timidement exprimé ses préférences.Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit… bien.Aujourd’hui, Nig
Le lendemain matin, après une nuit agitée par le poids de ses pensées, Ryse décida d’appeler Nigel. Elle n’aimait pas lui parler, mais elle devait au moins essayer d’obtenir un semblant de liberté.Elle inspira profondément avant de composer son numéro. Le téléphone sonna plusieurs fois avant qu’il ne décroche enfin.— Quoi encore ? demanda-t-il d’un ton sec.Ryse serra le poing. Il ne prenait même pas la peine d’être courtois avec elle. Pourtant, elle ne se laissa pas intimider et s’efforça de garder une voix neutre.— J’aimerais savoir si je peux sortir de temps en temps… juste pour aller au marché ou me promener un peu.Il y eut un silence, comme s’il réfléchissait à sa demande. Puis, il éclata de rire, un rire froid et moqueur.— Tu veux sortir ? répéta-t-il. Tu crois vraiment que tu es en vacances ?Ryse sentit son estomac se nouer. Elle savait qu’il refuserait, mais elle ne s’attendait pas à une telle condescendance.— Ce n’est pas ça, tenta-t-elle d’expliquer calmement. C’est j
Après le déjeuner, Nigel reposa sa serviette sur la table et sortit quelques billets de sa poche pour payer l’addition. Éloïse, toujours accrochée à son bras, lui lança un regard interrogateur.— On y va ? demanda-t-elle en souriant.— Oui, mais je vais d’abord raccompagner Ryse, répondit Nigel d’un ton neutre. Toi, rends-toi directement à l’entreprise, je te rejoins là-bas.Éloïse fronça légèrement les sourcils, mais ne fit pas de commentaire. Elle déposa un baiser léger sur la joue de Nigel avant de s’éloigner.Ryse suivit Nigel en silence jusqu’à la voiture. Elle s’installa à l’arrière, comme à l’aller. Nigel ne fit aucun commentaire et démarra.Un silence pesant s’installa dans l’habitacle, seulement troublé par le bruit du moteur. Ryse se mordait la lèvre, hésitant à parler. Finalement, elle prit son courage à deux mains et lâcha d’une voix tremblante :— Je ne veux plus qu’Éloïse dise que c’est son enfant.Nigel, qui était concentré sur la route, tourna légèrement la tête vers e
Le trajet jusqu’à la clinique s’était déroulé dans un silence pesant. Ryse se sentait étouffée à l’arrière de la voiture, consciente du regard d’Éloïse qui la scrutait de temps à autre à travers le rétroviseur. Son cœur battait à un rythme irrégulier, non pas par excitation, mais par appréhension. Elle savait que cette visite était importante, qu’elle marquerait une nouvelle étape irréversible dans sa vie.Lorsque Nigel gara la voiture devant l’imposante clinique privée, Ryse inspira profondément. Le bâtiment immaculé se dressait devant eux, symbole d’un monde auquel elle n’avait jamais appartenu. Elle sentit une boule d’angoisse se former dans sa gorge.— Descends, ordonna simplement Nigel en ouvrant sa portière.Ryse s’exécuta sans un mot et le suivit dans l’entrée du bâtiment. L’intérieur était luxueux, à l’image du reste de la famille Harris. Tout était fait pour le confort des patients : des fauteuils moelleux, une douce musique en fond et un parfum de lavande qui flottait dans l
Demain.Elle posa une main sur son ventre encore plat et soupira doucement.Elle devait se préparer.Ryse descendit lentement les escaliers, le bois craquant légèrement sous ses pas. Depuis qu’elle vivait ici, elle avait pris l’habitude de dîner seule dans la grande salle à manger, entourée de domestiques discrets qui s’assuraient qu’elle ne manque de rien. Pourtant, malgré toute cette attention, elle ne s’était jamais sentie aussi isolée.Assise à la longue table, elle joua distraitement avec sa fourchette avant de prendre une bouchée du repas préparé pour elle. Chaque soir, elle s’efforçait de manger correctement, consciente que ce n’était plus seulement pour elle, mais aussi pour l’enfant qu’elle portait.Mais ce soir-là, une idée germa dans son esprit.Un téléphone.Cela faisait deux semaines qu’elle était ici, coupée du monde. Pas de nouvelles de Leonie, de la maison où elle avait grandi, et encore moins de contact avec l’extérieur. Si elle avait un téléphone, peut-être pourrait-
Il ne répondit pas.Elle détourna les yeux, sentant les larmes lui monter aux paupières. Elle ne voulait pas pleurer devant lui, pas encore.— “Fais ce que tu veux,” murmura-t-elle finalement en saisissant la poignée de sa valise.Sans lui accorder un regard de plus, elle entra dans la maison.Derrière elle, Nigel referma la porte. L’écho du verrou tournant dans la serrure résonna dans la maison vide, comme un sceau final sur son isolement.À peine Ryse eut-elle franchi le seuil de la maison qu’un groupe de femmes apparut devant elle. Elles semblaient l’attendre, prêtes à la recevoir.L’une d’elles, une femme élégante d’une quarantaine d’années aux cheveux noirs soigneusement attachés, s’avança la première. Son regard perçant analysa Ryse de la tête aux pieds avant de lui adresser un sourire professionnel.— “Bienvenue, madame.”Le mot résonna étrangement aux oreilles de Ryse. Elle n’avait jamais été appelée ainsi auparavant.Avant même qu’elle ne puisse répondre, une autre femme plu
La journée était morne, le ciel voilé par d’épais nuages gris. L’air était lourd, pesant, à l’image du poids qui s’était installé dans la poitrine de Ryse depuis la signature du contrat de mariage.Dans sa chambre, elle pliait méthodiquement ses vêtements et les rangeait dans une valise, bien qu’elle n’ait pas réellement besoin de déménager. Elle devait désormais vivre ici, dans cette immense maison qui lui semblait plus froide que jamais. Pourtant, elle avait besoin de s’occuper, de se concentrer sur quelque chose pour ne pas penser à l’avenir qui l’attendait.Elle venait tout juste de poser une pile de robes soigneusement pliées sur le lit lorsqu’un bruit violent retentit. La porte s’ouvrit avec fracas, claquant contre le mur.Ryse sursauta violemment, son cœur manquant un battement.Nigel se tenait dans l’encadrement de la porte, son regard brûlant de colère. Il avançait d’un pas rapide, furieux, ses traits déformés par la rage.— “Toi…” gronda-t-il, la voix tremblante d’émotion.R