Nigel ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun son n’en sortit.
Sa mère continua : « Tu crois que je ne comprends pas ton rejet, tes craintes ? Je ne suis pas aveugle, Nigel. Je sais que quelque chose te hante, quelque chose lié aux omégas. Mais ce n’est pas une raison pour ignorer ce que tu es. » Elle marqua une pause, puis ajouta avec une fermeté implacable : « Ryse sera ta femme. Je ne veux plus en entendre parler. » Le silence qui s’installa fut écrasant. Nigel dévisagea sa mère, une lueur de colère et d’incompréhension dans les yeux. Il aurait voulu crier, argumenter, tout envoyer valser… mais face à l’assurance tranquille de Léonie, il se sentit impuissant. Léonie se leva à son tour, lissant les plis de sa robe avec une élégance mesurée. « Tu as toujours été un homme fier, Nigel. Mais réfléchis bien à ce que je t’ai dit. Car cette fois, il n’y aura pas d’alternative. » Et sur ces mots, elle tourna les talons et s’éloigna lentement, le laissant seul avec ses pensées tourmentées. Nigel se leva brusquement, le regard brûlant de colère, et se tourna vers sa mère sans la moindre hésitation. « Je n’épouserai jamais Ryse. » Sa voix était ferme, tranchante, comme si chaque mot était une promesse de rébellion. « Peu importe ce que tu dis. Je ne le ferai pas. » Léonie le fixa un instant, son visage impassible malgré la tempête dans ses yeux. Elle savait que son fils était têtu, que les principes qui le guidaient étaient parfois difficiles à ébranler, mais elle n’avait jamais imaginé qu’il irait jusqu’à la révolte ouverte. Mais il en était ainsi. Il avait sa propre vision des choses, et il s’y accrochait. « Très bien, » répondit-elle, sa voix calme mais pleine de détermination. « Mais souviens-toi, Nigel, que tu ne peux pas échapper à ta destinée. » Il ne répondit rien, mais d’un geste brusque, il tourna les talons et se dirigea vers la porte du jardin. Léonie le regarda partir, mais n’émit aucun son. Elle savait qu’il avait besoin de respirer, de prendre du recul, de réfléchir à ce qu’il venait d’entendre. Mais alors qu’il s’éloignait, une vague d’inquiétude la submergea. Elle savait que la situation avec Ryse ne se réglerait pas aussi facilement. Au même moment, dans la cuisine, Ryse se tenait près de la table, son esprit en proie à un tourbillon de pensées. Son cœur battait fort, chaque battement résonnant dans sa poitrine comme un écho douloureux. Elle avait entendu la conversation entre Nigel et sa mère, et bien qu’elle sache que ce mariage n’était pas ce qu’elle voulait, cela ne faisait pas moins mal. Elle n’avait jamais imaginé que tout se passerait ainsi, qu’elle serait obligée de vivre dans l’ombre d’une situation qu’elle n’avait pas choisie. Soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule, la tirant de ses pensées. Éloïse. La jeune femme la fixait avec un regard sévère, les bras croisés sur sa poitrine. « Tu ne vas pas me dire que tu pleures encore, n’est-ce pas ? » La voix d’Éloïse était acerbe, presque accusatrice. Ryse se tourna lentement, les larmes aux yeux. « Éloïse, je… » Elle ne savait pas comment répondre. Tout semblait si confus dans sa tête. « Ne joue pas à la victime, Ryse, » la coupa Éloïse d’un ton glacial. « C’est ce que tu voulais, non ? Après tout, c’est toi qui as manipulé la situation pour que Nigel te remarque. Alors pourquoi pleurer maintenant ? Pourquoi faire comme si tout cela t’échappait ? » Les mots d’Éloïse frappèrent Ryse comme une gifle, douloureux et cruels. Elle sentit ses épaules se tendre sous la pression des reproches, mais elle n’osa pas répondre. Que pouvait-elle dire ? Qu’elle n’avait jamais voulu ça ? Qu’elle n’avait jamais cherché à être au centre de l’attention de Nigel, même si les choses avaient évolué ainsi ? Mais Éloïse ne lui laissait pas le temps de réfléchir. Elle poursuivit, son ton se faisant de plus en plus méprisant. « Tu savais très bien que tout ça finirait ainsi. Tu savais qu’un alpha comme Nigel n’allait jamais accepter une oméga dans sa vie, surtout après tout ce qui s’est passé. Alors pourquoi t’entêter à faire la pauvre victime ? » Ryse baissa les yeux, ne supportant plus le regard d’Éloïse. Les mots de la bêta étaient comme des poignards dans son cœur, et elle sentait la colère monter en elle, mais elle n’osait pas répondre. Éloïse, satisfaite de l’avoir réduite au silence, s’éloigna finalement. « C’est pathétique, Ryse. Tu ferais bien de te réveiller. » La porte de la cuisine se referma doucement derrière elle, laissant Ryse seule avec ses pensées tourmentées. Elle se laissa glisser lentement contre le mur, se repliant sur elle-même. Pourquoi tout était-il si compliqué ? Pourquoi devait-elle toujours se retrouver prise entre deux feux ? Nigel, Éloïse, sa propre place dans cette maison, tout semblait se mélanger dans un tourbillon de confusion. Elle n’avait pas de réponses, seulement un vide immense qui se creusait à l’intérieur d’elle-même. Les bruits de pas dans le couloir résonnèrent à travers la cuisine, et Éloïse se redressa soudainement, ses yeux fixés sur la porte qui menait au salon. Elle reconnut immédiatement le pas ferme et déterminé de Léonie. Sans perdre un instant, Éloïse s’éloigna de Ryse, son regard se posant sur la jeune oméga, toujours tremblante et secouée par les paroles acérées qu’elle venait d’entendre. Mais il n’était pas question de s’attarder. Elle ne voulait pas être prise en flagrant délit de confrontation. D’un pas précipité, elle traversa la cuisine et s’éclipsa par la porte arrière, disparaissant dans les couloirs du manoir. Ryse, encore sous le choc de l’attaque verbale d’Éloïse, se retrouva seule. Elle se laissa lentement glisser sur le sol froid, les larmes perlant à ses yeux. De l’autre côté de la maison, dans leur chambre, Nigel était en train de jeter quelques affaires dans une valise. Il semblait agité, ses gestes brusques et précipités. Un mélange de colère et de frustration marquait ses traits alors qu’il jetait des vêtements et des objets personnels sans vraiment se soucier de les plier. La porte s’ouvrit avec un bruit sourd, et Éloïse entra dans la pièce, visiblement inquiète. « Nigel… qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-elle, sa voix tremblante. Nous partons, Éloïse. » Les mots qu’il prononça étaient simples, mais pleins de signification. Il ne lui laissa pas le temps de répondre immédiatement. Il posa ses mains sur la valise ouverte, fermant doucement le zip. « Je ne peux plus supporter cette vie ici. Je… » Il se tourna vers elle, son regard se durcissant sous l’effet de la tension accumulée. « On part. Et je veux que tu viennes avec moi. » Il se rapprocha d’elle d’un pas, son regard ancré dans le sien. Éloïse sentit son cœur battre plus fort. Elle savait ce que cela signifiait. Il s’agissait d’une rupture totale avec la vie qu’ils avaient menée jusqu’ici. Et elle savait, au fond d’elle, qu’elle était prête à tout pour être à ses côtés, même si cela signifiait renoncer à tout ce qu’elle avait connu. Sans un mot, elle s’approcha de lui, prenant sa main. Il ne pouvait pas y avoir de retour en arrière maintenant. Ils s’éloignaient de ce monde, de ces règles, et ils allaient tout recommencer ailleurs. Ensemble. Elle lui sourit doucement, et d’un ton calme, presque apaisé, elle répondit : « Je viens avec toi, Nigel. » Il la fixa longuement, comme s’il cherchait à comprendre si elle était vraiment prête à faire ce sacrifice. Mais il n’y avait aucun doute dans ses yeux. Elle le suivrait partout. Elle l’aimait, et c’était tout ce qui comptait. Sans dire un mot de plus, il attrapa sa valise et se dirigea vers la porte. Éloïse, un dernier regard jeté à la chambre qu’ils laissaient derrière eux, emboîta le pas. Ils n’avaient plus rien à faire ici. Ils étaient prêts à affronter leur avenir, ensemble, main dans la main, déterminés à tourner la page de cette vie qu’ils avaient toujours connue.La porte s’ouvrit brusquement, et Nigel entra dans la chambre avec la même colère qu’il avait laissée dans son véhicule. Son regard était froid, son visage marqué par une frustration profonde. Ryse, allongée sur le lit, redressa la tête à l’instant où elle entendit ses pas lourds se rapprocher. Elle savait qu’il venait de loin, qu’il n’allait pas la laisser tranquille.— Alors comme ça, tu as laissé un autre alpha entrer dans la maison ? sa voix rugit dans la pièce. Tu n’as vraiment aucune dignité, Ryse. Comment oses-tu ?Ryse ne bougea pas, ses yeux fixés sur le sol. Elle savait que tout ce qui venait de Nigel n’était qu’une projection de ses propres démons, une tentative de la rabaisser, de lui faire sentir sa honte. Mais pour une raison qu’elle ne comprenait pas, la colère qu’elle avait ressentie plus tôt s’était dissipée, laissant place à une lourde sensation de tristesse.— Tu m’entends ? insista-t-il, avançant d’un pas déterminé. C’est toi qui as fait ça, Ryse. Toi ! Tu as laiss
Ryse retourna s’asseoir sous le manguier du jardin, le petit sac posé sur ses genoux. Elle ouvrit l’enveloppe, lut les instructions et prit la première dose.Le vent était doux ce soir-là, et pour la première fois depuis des jours, elle se sentit un peu moins seule. Elle caressa doucement son ventre et murmura :— Tant pis si ton père ne veut pas être là. Moi, je le serai. Toujours.Et quelque part en elle, un minuscule coup répondit, comme un battement d’ailes.Quelques heures après son départ de chez Ryse, Charles se trouvait chez lui, plongé dans ses dossiers. Il avait pris soin de vérifier que Ryse avait bien pris ses vitamines et qu’elle allait commencer son traitement correctement. Mais une part de lui restait inquiète. Inquiète de l’absence de Nigel, inquiet du manque d’implication de ce dernier dans la grossesse de Ryse. Il savait que Nigel n’était pas du genre à montrer ses sentiments, mais il aurait dû faire plus, pour Ryse et pour l’enfant.Un coup de téléphone brisa le sil
— Je n’ai jamais voulu ça, moi non plus, dit-elle d’une voix tremblante, un sanglot dans la gorge. Mais je ne peux pas forcer Nigel à être ce qu’il n’est pas. Il… il a peur de ce bébé, il a peur de ce qu’il représente. Et je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Mais je suis seule, Léonie. Je suis seule avec ce bébé. Et ça me fait mal de penser qu’il grandira sans son père, qu’il n’aura pas ce qu’il mérite.Léonie hocha la tête avec compréhension, mais une profonde tristesse dans les yeux. Elle savait que cette souffrance était celle que Ryse portait depuis le début, et elle se sentait responsable, en partie. Elle n’avait pas su anticiper la souffrance de cette jeune femme. Elle n’avait pas vu les signes de détresse. Et aujourd’hui, elle était face à une réalité qu’elle n’aurait jamais voulu affronter.— Tu n’es pas seule, Ryse, dit Léonie avec douceur, en essuyant ses larmes. Je serai toujours là pour toi. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider. Mais je ne peux pas for
Le trajet de retour dans la voiture fut silencieux. Ryse était assise à l’arrière avec Léonie, les mains toujours serrées sur les échographies comme sur un bijou sacré. Elle ne parlait pas, mais son regard disait tout : la fierté discrète, la tendresse déjà immense pour ce petit garçon qui grandissait en elle.Nigel conduisait sans un mot, les sourcils légèrement froncés, concentré sur la route plus que nécessaire.Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison de Ryse, Léonie proposa de l’accompagner à l’intérieur, prétendant vouloir lui parler un peu avant de rentrer. Ryse accepta sans hésiter et embrassa doucement Léonie avant de monter se reposer. Elle savait. Elle sentait que quelque chose allait se dire.Nigel resta sur le perron, les clés toujours en main, prêt à retourner dans sa voiture, mais Léonie l’arrêta d’une voix ferme.— Toi, reste là. On va parler.Il soupira bruyamment, leva les yeux au ciel et croisa les bras comme un adolescent contrarié.— Maman…— Non, Nigel. Ça suffit m
Ryse prit place à l’arrière de la voiture, juste à côté de Léonie. Le véhicule sentait bon le cuir et les fleurs fraîches, sûrement un parfum de la gouvernante. La jeune oméga gardait les mains jointes sur ses genoux, le regard légèrement baissé. Elle pouvait sentir la présence imposante de Nigel à l’avant, le dos droit, le visage fermé, concentré sur la route. Elle aurait voulu s’enfoncer dans le siège, disparaître.Mais à côté d’elle, Madame Harris lui adressait des sourires rassurants. Elle posa délicatement une main sur celle de Ryse.— Dis-moi, ma chérie… Est-ce que tu es bien traitée ici ?Ryse cligna des yeux, hésita. Devait-elle dire la vérité ? Dire qu’elle vivait dans la solitude ? Qu’elle ne recevait ni visite, ni appel ? Qu’elle mangeait seule et pleurait la nuit dans son oreiller, en se demandant comment elle allait élever un enfant dans cette ambiance ?— Oui… ça va, murmura-t-elle, fuyante.Léonie fronça les sourcils. Elle ne la croyait pas une seule seconde. Le ton de
Depuis le jour où Nigel avait quitté sa maison après leur dernière altercation, Ryse avait eu l’impression que tout avait changé. Elle avait espéré qu’il reviendrait, qu’il viendrait la voir, qu’il s’excuserait pour les choses cruelles qu’il lui avait dites. Mais les jours s’étaient transformés en semaines, et Nigel n’avait fait aucun effort pour renouer le contact avec elle.Elle se retrouvait seule, confinée dans cette grande maison, entourée par un luxe qui ne faisait plus que souligner son isolement. Elle n’avait jamais été une femme qui aimait se faire dorloter. Mais être enfermée ici, sans personne pour lui tenir compagnie, lui faisait plus de mal qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle avait besoin de savoir où en était leur relation, où en était leur futur. Le bébé grandissait dans son ventre, mais l’absence de Nigel, son indifférence apparente, rendait tout encore plus difficile à vivre.Elle s’était accrochée à l’idée qu’il finirait par revenir vers elle. Mais après plusieurs sema