— Je n’ai jamais voulu ça, moi non plus, dit-elle d’une voix tremblante, un sanglot dans la gorge. Mais je ne peux pas forcer Nigel à être ce qu’il n’est pas. Il… il a peur de ce bébé, il a peur de ce qu’il représente. Et je ne peux pas lui en vouloir pour ça. Mais je suis seule, Léonie. Je suis seule avec ce bébé. Et ça me fait mal de penser qu’il grandira sans son père, qu’il n’aura pas ce qu’il mérite.Léonie hocha la tête avec compréhension, mais une profonde tristesse dans les yeux. Elle savait que cette souffrance était celle que Ryse portait depuis le début, et elle se sentait responsable, en partie. Elle n’avait pas su anticiper la souffrance de cette jeune femme. Elle n’avait pas vu les signes de détresse. Et aujourd’hui, elle était face à une réalité qu’elle n’aurait jamais voulu affronter.— Tu n’es pas seule, Ryse, dit Léonie avec douceur, en essuyant ses larmes. Je serai toujours là pour toi. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider. Mais je ne peux pas for
Le trajet de retour dans la voiture fut silencieux. Ryse était assise à l’arrière avec Léonie, les mains toujours serrées sur les échographies comme sur un bijou sacré. Elle ne parlait pas, mais son regard disait tout : la fierté discrète, la tendresse déjà immense pour ce petit garçon qui grandissait en elle.Nigel conduisait sans un mot, les sourcils légèrement froncés, concentré sur la route plus que nécessaire.Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison de Ryse, Léonie proposa de l’accompagner à l’intérieur, prétendant vouloir lui parler un peu avant de rentrer. Ryse accepta sans hésiter et embrassa doucement Léonie avant de monter se reposer. Elle savait. Elle sentait que quelque chose allait se dire.Nigel resta sur le perron, les clés toujours en main, prêt à retourner dans sa voiture, mais Léonie l’arrêta d’une voix ferme.— Toi, reste là. On va parler.Il soupira bruyamment, leva les yeux au ciel et croisa les bras comme un adolescent contrarié.— Maman…— Non, Nigel. Ça suffit m
Ryse prit place à l’arrière de la voiture, juste à côté de Léonie. Le véhicule sentait bon le cuir et les fleurs fraîches, sûrement un parfum de la gouvernante. La jeune oméga gardait les mains jointes sur ses genoux, le regard légèrement baissé. Elle pouvait sentir la présence imposante de Nigel à l’avant, le dos droit, le visage fermé, concentré sur la route. Elle aurait voulu s’enfoncer dans le siège, disparaître.Mais à côté d’elle, Madame Harris lui adressait des sourires rassurants. Elle posa délicatement une main sur celle de Ryse.— Dis-moi, ma chérie… Est-ce que tu es bien traitée ici ?Ryse cligna des yeux, hésita. Devait-elle dire la vérité ? Dire qu’elle vivait dans la solitude ? Qu’elle ne recevait ni visite, ni appel ? Qu’elle mangeait seule et pleurait la nuit dans son oreiller, en se demandant comment elle allait élever un enfant dans cette ambiance ?— Oui… ça va, murmura-t-elle, fuyante.Léonie fronça les sourcils. Elle ne la croyait pas une seule seconde. Le ton de
Depuis le jour où Nigel avait quitté sa maison après leur dernière altercation, Ryse avait eu l’impression que tout avait changé. Elle avait espéré qu’il reviendrait, qu’il viendrait la voir, qu’il s’excuserait pour les choses cruelles qu’il lui avait dites. Mais les jours s’étaient transformés en semaines, et Nigel n’avait fait aucun effort pour renouer le contact avec elle.Elle se retrouvait seule, confinée dans cette grande maison, entourée par un luxe qui ne faisait plus que souligner son isolement. Elle n’avait jamais été une femme qui aimait se faire dorloter. Mais être enfermée ici, sans personne pour lui tenir compagnie, lui faisait plus de mal qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle avait besoin de savoir où en était leur relation, où en était leur futur. Le bébé grandissait dans son ventre, mais l’absence de Nigel, son indifférence apparente, rendait tout encore plus difficile à vivre.Elle s’était accrochée à l’idée qu’il finirait par revenir vers elle. Mais après plusieurs sema
Ryse resta un moment dans le salon, le regard figé sur l’endroit où Nigel venait de disparaître. Les paroles qu’il avait prononcées, si cruelles et blessantes, résonnaient encore dans son esprit. Elle n’arrivait pas à oublier la manière dont il l’avait traitée, comme si elle n’était rien de plus qu’un simple objet. Mais plus que cela, c’était la douleur dans ses yeux, cette froideur qu’il affichait alors qu’il lui lançait des menaces. Il ne la comprenait pas. Ni lui, ni personne d’ailleurs. Elle était fatiguée de jouer ce rôle d’ombre dans la vie des autres.Elle se leva lentement, ses mains tremblant légèrement alors qu’elle caressait doucement son ventre. Le regard perdu dans le vide, elle se dirigea vers la cuisine. Le silence de la maison lui paraissait oppressant, chaque pas résonnant dans le hall comme un écho de la tension qui régnait dans l’air. Elle n’avait jamais voulu tout cela. Cette vie. Ce mariage forcé. Ce bébé. Mais elle n’avait pas le choix. Le destin l’avait conduite
Le soleil peinait encore à percer les rideaux épais de la chambre quand Nigel ouvrit les yeux. L’odeur dans la pièce était différente. Trop douce. Trop familière. Et surtout, trop dérangeante.Il tourna la tête, lentement, le corps engourdi par un mélange d’épuisement et de tension retenue. Son regard se posa sur elle.Ryse.Elle dormait, la tête tournée vers le mur, son dos nu partiellement recouvert par le drap. Sa respiration était régulière, calme, comme si de rien n’était. Comme si la nuit qu’ils venaient de traverser n’avait rien de tragique.Mais dans la tête de Nigel, le tumulte grondait.Il se redressa brusquement, repoussant les draps, pris d’un dégoût qu’il ne s’expliquait pas. Il se leva, se passa les mains sur le visage puis dans les cheveux, et jura entre ses dents. Comment avait-il pu… ? Comment avait-il pu se laisser aller à ça ?Et avec elle ? Avec elle ?Comme si elle l’avait senti se lever, Ryse se tourna doucement. Son regard encore ensommeillé se posa sur lui. Ell