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Chapitre 3

Penulis: Juliette Sorel
À peine ai-je franchi le seuil de la maison des Laurent qu'un des gardes du corps m'a violemment poussée à genoux.

Le vieux monsieur Laurent m'a regardée d'un air détaché, comme s'il contemplait un déchet.

« Va rester à genoux dehors pendant un jour et une nuit. »

Alors, en plein hiver, vêtue de tissus trop légers, je me suis retrouvée agenouillée dehors.

Une caméra avait été installée devant moi, le vieux monsieur Laurent m'a saisi le menton en me lançant :

« Tu oses blesser ma petite‑fille, je ferai en sorte que tes parents voient leur fille chérie se faire torturer par moi ! »

J'ai regardé la petite caméra et j'ai esquissé un sourire amer.

Malheureusement, c'était impossible : je n'ai jamais été la chérie de mes parents, ils n'allaient pas s'apitoyer sur mon sort.

La nuit a semblé interminable, peu à peu ma vision s'est brouillée et je me suis évanouie.

Ce n'était qu'un seau d'eau glacée qui m'a remise en état, suivi d'un coup de pied brutal dans le dos.

« Quand tu frappais, tu étais si fière, non ? Pourquoi es‑tu si faible maintenant ? »

J'ai brusquement craché une giclée de sang qui s'est répandue sur la neige immaculée, comme une fleur qui venait d'éclore.

Le vieux monsieur Laurent a soufflé avec mépris, a demandé au garde de lui passer un couteau, et il l'a fait glisser sur ma joue.

« Ma petite‑fille porte trois cicatrices sur le visage, rends‑m'en dix fois autant. »

Je me suis mise à trembler de peur, puis j'ai fermé les yeux, désespérée, tandis qu'une douleur aiguë traversait ma joue.

J'ai hurlé de douleur, j'ai lutté, je me suis couverte le visage ensanglanté de mes mains.

Mais sur l'écran, mes parents et Lucien célébraient dans un restaurant le « miracle » : ma sœur avait échappé à la punition.

Trois jours plus tard, je suis apparue devant Lucien, le visage couvert de cicatrices. Il s'est figé un instant, manifestement sans me reconnaître.

Après deux secondes, il m'a regardée avec compassion, les yeux embués de larmes.

« Léa… tu as vraiment souffert… Ne t'inquiète pas, je vais te compenser ! Je prendrai soin de toi toute ma vie ! »

Il m'a serrée fort dans ses bras, mais quand il a vu mon visage défiguré, il a détourné le regard.

Il m'avait aimée au premier regard, cinq ans plus tôt, fasciné par mon visage qu'il appelait « le plus beau du monde ».

Il m'avait poursuivie avec frénésie, m'avait offert des cadeaux onéreux et m'avait essuyé les larmes quand je lui racontais les injustices familiales.

Il m'avait promis un nouveau foyer, le bonheur et la joie.

À ce moment‑là, il m'aimait vraiment, mais quand tout cela avait‑il commencé à basculer ?

Sans doute lors du mariage, quand il avait vu pour la première fois ma sœur : un visage identique au mien, mais plus fragile, suscitant davantage de protectivité.

Il était tombé amoureux de moi à cause de ce visage, et de la même manière, il serait tombé amoureux de ma sœur qui me ressemblait tant.

Par nouveauté, il s'était même mis à préférer ma sœur.

À cette pensée, je l'ai repoussé avec dégoût et je suis montée à l'étage.

Mais peu de temps après, j'ai entendu sa voix sur le balcon en train de parler avec mes parents au téléphone.

« Heureusement qu'elle n'a eu que le visage amoché, pas d'autres blessures, sinon cela aurait compromis les tests. »

Chacun de ses mots m'a transpercée comme une lame.

À cet instant, j'ai cru que mourir bientôt serait peut‑être une délivrance.

Je n'aurais plus à affronter tout cela.

Les yeux rougis, j'ai ouvert la porte et j'ai découvert ma sœur allongée dans mon lit.

Elle a d'abord été surprise par mes cicatrices, puis elle a tapé sur le lit en riant, essoufflée d'excitation.

Sa vigueur trahissait toute forme de maladie.

Je savais depuis longtemps qu'elle simulait la maladie : à l'école je l'avais déjà vue jeter ses comprimés dans le ruisseau.

Je l'avais dit à mes parents, mais cela m'avait valu des gifles et des reproches.

« Léa, tu ne me ressembles enfin plus, maintenant ton mari va complètement t'oublier. »

Elle a caressé les cicatrices sur mon visage, comme un serpent venimeux qui tirait la langue.

Je lui ai saisi le poignet et j'ai murmuré : « Tant mieux s'il se détourne. »

« Il t'appartiendra complètement. »

Il restait trois jours avant le début des essais, et ma vie touchait déjà à sa fin.

À ce moment-là, le médicament agirait dans mon corps, je serais couverte d'éruptions et je vomirais de douleur.

Finalement, il déclencherait des complications : détresse respiratoire, arrêt cardiaque, et je resterais là, froide et puante.

Que ressentiraient mes parents et Lucien alors ?

Du choc ? De la peur ? Verseraient‑ils une larme de tristesse pour moi ?

Je supposais que non, j'étais une personne que personne n'attendait, et mon départ ne ferait que les réjouir.

Trois jours ont filé, et mes parents, accompagnés de Lucien, m'ont conduite en personne au centre de recherche pharmaceutique.

À l'entrée du laboratoire, mes parents serraient ma sœur dans leurs bras, ravis comme si le traitement avait déjà porté ses fruits.

« Le travail finit toujours par payer, Isabelle, tes jours difficiles vont enfin se terminer. »

« On ira fêter ça tout à l'heure au resto que tu adores. »

Lucien a regardé la scène avec tendresse et lui a pris la main.

« Quand tu iras mieux, que dirais‑tu d'un tour du monde ? »

C'était moi qui risquais ma vie, et pourtant leurs pensées restaient tournées vers ma sœur.

Je croyais m'être résignée, mais à l'instant final, la douleur m'a transpercée.

Alors je n'ai pas pu m'empêcher de leur demander :

« Si je mourais dans le laboratoire, seriez‑vous attristés ? »
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