CHAPITRE 5 : ÊTRE PRÊTE POUR LA LAISSER PARTIR

Une heure après le transfert, la première visite a eu lieu, j’ai respecté les consignes du médecin mais après mon retour auprès de ma mère, j’ai constaté plusieurs choses qui m’ont énervé.

Tous les médicaments que j’ai laissé au pied du lit ont disparus, alors qu’ils ont prescrit les mêmes sur l’ordonnance. Ils demandent à ce que je change la position de ma mère toutes les heures, alors qu’aucun infirmier ne veuille m’aider et que je ne peux pas faire appel à une aide extérieure. À chaque fois qu’on fait appel à leurs services, ils disent qu’ils ont autre chose à faire. J’ai toujours pensé que les personnels de santé sont des personnes bienveillantes mais je me suis trompée sur toutes les lignes en me référant au cas de cet hôpital.

Quelques membres de la famille m’ont demandé de rentrer à la maison pour récupérer des affaires et me reposer un peu. J’ai accepté tout en leur faisant une promesse de revenir le lendemain à la première heure.

Je me suis réveillée tôt pour me rendre à l’hôpital. C’est la fête des mères et la mienne est en train de se battre entre la vie et la mort.

Elle dormait encore à mon arrivée. Dès son réveil, je lui souhaite une bonne fête en embrassant son front. Elle me répond en puisant toutes ses forces pour parler :

« Alya, j’ai très mal »

« Je sais ma petite Maman, essaie de te rendormir afin de ne pas sentir les douleurs »

Elle ferme les yeux et se rendort. Il est midi et c’est l’heure de la visite des proches, presque tous les membres de la famille sont présents pour rendre visite à ma mère. Elle a une perte de mémoire et ne se souvient plus de ses sœurs, de son frère et des autres membres de la famille. Elle ne se souvient même plus de ma sœur. Elle la confond avec Isa qui est ma cousine, la petite sœur d’Ella. La seule personne que ma mère n’a jamais oublié malgré sa perte de mémoire, c’était moi. Après les heures de visite, ma mère se rendort, ma sœur reste avec elle dans la chambre et je suis à l’extérieur quand mon téléphone sonne.

« Oui allo ? »

« Bonjour Madame, Je suis le docteur Bien-Aimé, votre tante m’a appelé pour me demander si je pourrais suivre votre mère à domicile car selon elle, l’environnement à l’hôpital ne vous convient pas ? »

« Oui, quand pourriez-vous commencer ? »

« Je suis disponible de suite »

« Très bien, je vais signer une lettre de décharge et nous allons nous occuper de la sortie de ma mère tout de suite. En même temps je vais envoyer quelqu’un pour vous récupérer chez vous, envoyez-moi votre adresse s’il vous plaît »

Je me rends directement à l’accueil pour demander un exemplaire de la lettre de décharge à remplir pour faire sortir ma mère de l’hôpital. La personne à l’accueil se fâche après moi et hausse le ton :

« Cette personne fait une insuffisance rénale, vous seriez responsable s’il lui arrive quelque chose »

« Parce qu’avec vous elle ne risque rien ? Vos personnels crient sur les gardes-malade, vos stagiaires n’arrivent pas à trouver les veines pour une prise de sang et se permettent de faire des malades des cobayes, quand on demande après vous, vous osez dire que vous êtes débordés alors que vous êtes en train de faire un jeu sur votre ordinateur »

« N’oubliez pas que c’est un hôpital public, vous n’aurez pas un service de luxe »

« Mais ça ne vous permet pas non plus de maltraiter les malades et leurs familles. Si ma mère devrait mourir, j’aimerais que ce soit dans les meilleurs conditions donc merci d’autoriser sa sortie pour qu’elle quitte au plus vite cet endroit s’il vous plaît »

J’ai quitté cet hôpital en me promettant à moi-même de ne plus jamais y revenir si jamais je tombe malade tant que ces conditions ne changent pas.

On arrive à la maison au même moment que le médecin qui va suivre ma mère à domicile. Il me prévient que le départ de ma mère serait inévitable et qu’elle pourrait perdre connaissance à tout moment pour ne plus se réveiller. Je me suis rapprochée de ma mère et je l’appelle, elle ne répond plus mais ses yeux recherchent mon visage désespérément. Je prends sa main gauche et je lui murmure à l’oreille :

« Tu es déjà à la maison »

Elle referme ses yeux et se rendort.