Chapitre 3

Davy est arrivé en voiture à l'endroit où il m'avait abandonnée.

Les rayons du soleil matinal caressaient les arbres au bord de la route, et la brume ne s'était pas encore complètement dissipée. Sur la route déserte, il n'a vu aucune trace de moi.

À cet instant, une panique intense l'a envahi, celle de perdre quelque chose de précieux.

Et ce sentiment a atteint son paroxysme lorsqu'il a lu le message que je lui avais envoyé.

Pendant ce temps, je faisais mes valises, le cœur si lourd que j'avais envie de pleurer. J'avais pourtant décidé d'abandonner cette relation, mais la douleur était insupportable.

Davy m'a appelée. Je n'ai pas répondu, mais il n'a pas abandonné, insistant encore et encore.

Pourtant, la veille, ce même Davy qui m'avait promis de me protéger toute ma vie avait choisi Laura plutôt que moi…

Quand j'étais enfant, je m'étais perdue et avais erré jusqu'à l'âge de dix ans avant que ma famille ne me retrouve. À cette époque, mes parents avaient déjà une fille du même âge que moi.

Sale et dépenaillée, je me tenais dans le salon, face à Laura, vêtue d'une robe de princesse depuis l'étage. Dans ses yeux, j'avais vu du mépris et du dégoût, comme si je n'étais qu'une hyène crasseuse sortie d'une décharge.

Elle avait proposé de m'apprendre les manières nobles, mais n'avait cessé de m'humilier devant les domestiques. Elle m'avait interdit de manger à table et avait déchiré les jolies robes et les poupées que mes parents m'offraient. Elle leur racontait toujours que, après avoir trop longtemps erré, j'étais devenue asociale, égoïste et menteuse...

Pour m'intégrer dans cette famille, je m'étais faite docile et obéissante. Même lorsque Laura me harcelait, je supportais tout en silence. Mais cela n'avait fait qu'encourager ses manigances.

Peu à peu, ma famille me prenait en aversion. Ils disaient qu'entre Laura et moi, l'une était une jeune fille distinguée, et l'autre, une pétasse mal élevée. J'avais, selon eux, adopté les mœurs vulgaires des loups-garous errants et étais bien moins raffinée que Laura… la fille de notre cuisinière...

Oui, c'était à ce moment-là que j'avais compris : celle que mes parents chérissaient comme leur propre fille était en réalité la fille de notre cuisinière…

Durant ces années où tout le monde me méprisait, Davy était le seul à vouloir être mon ami. Mais aujourd'hui, cet homme, mon sauveur qui m'avait acceptée, était sur le point, lui aussi, de m'abandonner…

Ne parvenant pas à me joindre, Davy a pris directement la route avec Laura et Anne pour venir chez moi.

Depuis que Laura avait rompu avec son compagnon, elle venait de plus en plus souvent dans ma maison, comme si cette villa était sa propriété privée... Et à vrai dire, c'était presque le cas. Nous avions toujours gardé une chambre pour elle, celle avec la meilleure lumière de toute la villa. Même lorsqu'elle n'était pas là, la pièce était nettoyée chaque jour, et personne n'avait le droit d'y entrer.

En me voyant descendre l'escalier, Davy s'est avancé à grands pas et m'a serrée dans ses bras : « Rébecca, je sais que tu es en colère. Désolé... Tu peux me pardonner ? »

À sa vue, les larmes me sont montées brusquement aux yeux.

Voyant mes pleurs, Davy a paniqué. Il a essuyé maladroitement mes larmes du bout des doigts, tout en me réconfortant sans cesse.

C'était alors que Laura s'est levée du canapé et, d'un geste agacé, a fait tomber le fruit qu'Anne venait de croquer.

Puis elle s'est tournée vers moi, le regard troublé et nerveux, et m'a dit d'une voix tremblante : « Rébecca, je suis désolée... J'ai vraiment cru que c'était toi qui nous avais invitées pour ce voyage... Tout est de ma faute. Tu peux ne plus en vouloir à Davy ? »

« II a passé toute la nuit pour conduire... J'avais peur qu'il lui arrive un accident... »

Laura allait continuer, mais Davy l'a interrompue. Ses yeux étaient pleins de remords en me regardant, mais ses paroles m'ont glacé le cœur : « Rébecca, elle n'y est pour rien. C'est entièrement ma faute. Je n'aurais jamais dû oublier de venir te chercher. Laura est innocente, elle ne savait rien. »

Je suis restée plantée là sans mot dire, comme si un seau d'eau glacée m'avait été jeté dessus.

Depuis hier, je souffrais de ce que Davy m'avait fait. Alors, en le voyant, j'avais juste envie de lui demander : « Pourquoi m'as-tu abandonnée si brusquement ? »

Mais je n'ai obtenu aucune réponse. Tout ce que j'ai entendu, c'était lui défendre une autre femme. Il avait peur que je m'en prenne à Laura, peur que je l'accuse... alors il a choisi d'endosser toute la faute...