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Chapitre 3 – Entre le piège et le désir

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-03-20 21:27:26

Alessia

J’attrape mon téléphone sur la table de chevet. 3 h 12.

Aucun message. Aucun appel.

Je pousse un soupir tremblant, posant ma main contre ma poitrine pour tenter de calmer la panique sourde qui s’agite en moi. Lorenzo est parti. Il a respecté ma décision.

Alors pourquoi est-ce que j’ai cette sensation persistante que quelque chose ne va pas ?

Un bruit.

Infime. Presque imperceptible.

Je me redresse dans le lit.

— "Qui est là ?"

Silence.

Je tends l’oreille, le cœur prêt à exploser. Puis je l’entends de nouveau. Un craquement léger, un bruit de pas.

Mon sang se glace.

Je me lève lentement, le souffle suspendu. J’attrape une lampe de chevet comme une arme improvisée et avance à pas feutrés vers le salon.

— "Qui est là ?" je répète, la voix tremblante.

Le craquement résonne à nouveau. Plus proche cette fois.

Je contourne le canapé, le cœur battant dans mes tempes. La porte d’entrée est fermée, mais le loquet a été déverrouillé.

Mon souffle s’arrête.

La lumière du lampadaire de la rue filtre à travers les rideaux, projetant une ombre massive sur le parquet.

— "Tu ne devrais pas laisser ta porte déverrouillée."

Sa voix est un murmure rauque, dangereux.

Je me fige.

Il est là.

Lorenzo est appuyé contre le mur près de la porte, les bras croisés, l’ombre de son sourire glacial se dessinant sous la faible lumière.

— "Comment es-tu entré ?"

Son sourire s’élargit légèrement.

— "Je t'avais dit que ce n'était pas difficile."

Je resserre ma prise sur la lampe.

— "Sors de chez moi."

Il ne bouge pas.

Ses yeux glissent lentement sur moi, du haut de mon débardeur jusqu'à mes jambes nues.

— "Tu es plus vulnérable que tu ne le crois, Alessia."

Je serre les dents.

— "Je ne suis pas vulnérable."

Il s’avance d’un pas. Puis d’un autre.

— "Non ? Alors pourquoi tes mains tremblent-elles ?"

Je recule d’un pas, le souffle court.

— "Je t’ai demandé de partir."

Il s’arrête à quelques centimètres de moi. La chaleur de son corps me frôle, le parfum subtil de son après-rasage s'infiltrant dans mes poumons.

— "Je ne suis pas venu pour te faire peur."

— "Alors pourquoi es-tu là ?"

Son sourire s’efface.

Son regard devient sombre, perçant.

— "Tu crois pouvoir m’ignorer, Alessia ? Tu crois que je vais disparaître simplement parce que tu le demandes ?"

Je plante mes yeux dans les siens.

— "Si je le veux, oui."

Un silence tendu s’installe entre nous. Ses yeux se fixent sur mes lèvres, puis sur ma gorge, puis remontent lentement jusqu’à mes yeux.

— "Tu es vraiment prête à en assumer les conséquences ?"

Je déglutis.

— "Quelles conséquences ?"

Il avance d'un pas supplémentaire, me forçant à lever le menton.

Sa main se glisse lentement le long de mon bras nu, déclenchant une décharge électrique dans tout mon corps.

— "Si tu veux vraiment me chasser de ta vie, fais-le maintenant."

Sa main atteint ma taille. Il ne me touche pas vraiment, mais la proximité de son contact me brûle littéralement.

— "Repousse-moi."

Je reste immobile, paralysée entre la peur et le désir.

— "Alessia."

Sa voix est basse, rauque, dangereusement douce.

— "Repousse-moi."

Je lève la main, posant mes doigts contre son torse.

Sa poitrine est dure sous mes doigts, son souffle lent mais profond.

Je pourrais le faire.

Je pourrais le repousser.

Mais je n’en ai pas la force.

— "C’est bien ce que je pensais."

Son sourire s’étire lentement. Sa main glisse sur ma hanche, s'attarde une seconde de trop.

— "Tu peux prétendre que tu ne veux pas de moi. Mais ton corps, lui, ne ment pas."

Je ferme les yeux, ma respiration devenant erratique.

— "Je te déteste."

— "Non. Ce qui t’effraie, c’est que tu ressens la même chose que moi."

Ses lèvres frôlent mon oreille.

— "Tu peux lutter autant que tu veux, Alessia. Mais tu es à moi."

Je rouvre les yeux.

— "Je ne suis pas à toi."

Il rit doucement, s'écartant de quelques centimètres.

— "Tu ne le crois même pas toi-même."

Il recule enfin, me laissant pantelante et tremblante.

— "Je vais te laisser ce soir, mais ne pense pas que c’est fini."

Il s’approche de la porte, pose la main sur la poignée.

— "Je te veux, Alessia. Et tu sais quoi ?"

Je serre les dents.

— "Quoi ?"

Son sourire s’élargit, cruel et magnifique.

— "Je vais t’avoir."

Il ouvre la porte, disparaît dans la nuit.

Je reste figée, la main posée sur ma poitrine, tentant de reprendre mon souffle.

Il a raison.

Il est déjà trop tard pour lui échapper.

La nuit est interminable.

Je ne dors pas. Je ne ferme même pas les yeux.

Le bruit sourd de la porte qui s’est refermée derrière Lorenzo résonne encore dans mes oreilles, imprimé dans ma mémoire comme une menace silencieuse. Il est parti. Mais son ombre est restée ici, dans cette pièce.

Mon corps est tendu, ma peau frissonne encore là où ses doigts ont frôlé ma hanche. Ce n’est pas seulement la peur qui s’attarde dans mes veines, mais une chaleur trouble, insidieuse, dangereuse.

Je me lève lentement du canapé, traversant la pièce avec précaution, comme si Lorenzo pouvait encore surgir de l’ombre. Mes jambes sont faibles, mon souffle court.

Je ne devrais pas me sentir ainsi.

Je ne devrais pas le désirer.

Mais c’est là, en moi. Inévitable. Irrationnel.

Je m’effondre dans la salle de bain, ouvrant le robinet d’eau froide. Mes mains tremblent tandis que je passe de l’eau sur mon visage.

— "Réveille-toi, Alessia."

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